jeudi 4 octobre 2007

L'artiste doit-il s'engager?



Alors qu’on lui reprochait l’hypermédiatisation de la distribution de riz qu’il avait organisé en Éthiopie affamée, le co-fondateur de Médecins sans frontières et ancien ministre socialiste maintenant sous Sarkozy déclara : « Que celui qui reste assis sur son cul me lance la première pierre.» 

Il est évidemment beaucoup plus facile d’être cynique que de retrousser ses manches et se cracher dans les mains.

Mais lorsque l’on voit des rock stars à la Bono et son prêchi-prêcha moralisateur déménagé aux Pays Bas afin de payer moins de ces impôts qui pourraient aider les plus démunis, on se dit : « Il y a des coups de pieds au cul qui se perdent. »

Qu’on le veuille ou non, il importe d'afficher une certaine vertu lorsque l’on prétend faire la morale aux autres. 

Car c’est bien de cela qu’il s’agit. 

Or, oui cette morale est légitime. Mais encore faut-il que celui qui la dispense soit sincère.

L’artiste, un être ultra sensible par définition, doit, à mon sens, comme le disait Rimbaud au sujet de la poésie, s’emparer du feu de Prométhée pour éclairer la Cité (lire éveiller les consciences). 

Depuis sa tribune, au même titre que le simple quidam, il se doit de «prêter assistance à personne en danger». 

Cela s'opère bien sûr par la prise de la parole. Et la parole, c’est le pouvoir. Tout discours est pouvoir.

Mais cette parole, donc cette morale, peut devenir gênante. 

Lorsque par souci pressé d’adhésion à un camp idéologique l’artiste endosse des combats par pur réflexe où encore quand il se mêle dans la joute politique sans être habilité à le faire (Renaud et son idée de génocide des Palestiniens (Miss Magie) ou le discours paranoïaque et antisémite d’un Dieudonné) l'artiste sème la confusion et brouille l'esprit de fans non initiés. 

Comme le font ces artistes genre Sting qui y est allé jadis de sa petite virée chez les indigènes d'Amazonie soit disant pour enregistrer des pièces qui se sont révélées, au final,  fort payantes grâce à un exotisme de pacotille, l'artiste n'est pas engagé mais businessman.

Or, si l’artiste à le devoir d’engagement, il doit se méfier des la démagogie et de la récupération. 

Elles qui, ne l'oublions pas, sont largement distribuées tant à droite qu'à gauche. 

Le chanteur Michel Sardou, bien connu pour ses idées disons réactionnaires, a suscité jadis de nombreuses controverses en France. Mais, fut-il de droite, il fallait une sacrée paire de couilles pour dire aux Français qui affichaient alors un antiaméricanisme des plus primaire -et assurer ainsi un certain équilibre dans le discours triomphant- que si « les Ricains n’étaient pas là, vous seriez tous en Germanie… ».

Oui, l’artiste doit s’engager donc mais avec sincérité. Et s’il espère devenir encore plus noble, et cela n’est pas donné à tout le monde dans ce monde de business-show, s’opposer aux idées reçues à la sauce du moment. 

Ainsi, bien qu' ostracisé dans l’immédiat, il contribuera à long termes à l'avancement de l’humanité.

Mais en vérité, disons-le, en ce monde où la majorité d'entre-eux vit d'une pitance incertaine, qu'est-ce qu'un artiste engagé sinon qu'un artiste qui possède un contrat d'engagement ?


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