lundi 14 juin 2010

Entrevue avec Rachid Taha

KousKous Klan

À la fois festif et charismatique, Rachid Taha devrait de nouveau nous faire entrer dans une transe collective lors de son passage aux Francos


Claude André

Toujours inquiétant de téléphoner au camarade Rachid. Sa réputation de noceur le poursuit et le journaliste se demande s’il tombera sur un de ces jours où il se remet d’une goguette assassine.

S’il ne se gêne pas pour exprimer ses nombreuses opinions, toujours imprégnées d’une certaine culture libertaire, le rocker se fait aussi très discret lorsqu’on lui demande de quoi sera composé son prochain spectacle ou s’il viendra avec une grosse équipe de musicien. «Je viendrai avec une équipe normale, quoi», rigole-t-il depuis Paris visiblement de bonne humeur ce jour-là.

On lui cause de sa tante qui pratiquait le vaudou, comme nous l’apprend l’excellente bio Rock la Casbah qui lui est consacrée (Flammarion, 2008) et de cette écume quasi mystique que l’on peut ressentir lors de ses spectacles. «Le vaudou ? Oui, bien sûr, complètement. C’est un côté de ma vie, un côté sorcier. Parce que la musique nous soigne, ça me permet de me soigner parfois», lance-t-il- avant de répondre, comme la plupart des adeptes précisons-le, que non il ne pratique pas.

Et si cette icône contemporaine qui compte Patti Smith, Brian Eno, Mick Jones et Robert Plant parmi ses idoles doit encore se soigner, ce serait, semble-t-il, de moins en moins de ses excès nocturnes. «On devient un peu plus vieux, on récupère moins vite, c’est sûr. Mais il est vrai que le métier est un peu plus dur qu’avant. Avec les histoires d’Internet…Aussi, l’industrie du disque ne va pas très bien en ce moment».

Peut-être aussi pour ce la que, bien que toujours fidèle à son habitude de métisser les genres musicaux et les culture, son dernier encodé «Bonjour», sur lequel on retrouve la chanson titre en duo avec Gaëtan Roussel, est également plus pop que les précédents comme l’illustre d’ailleurs cla pochette fushia et cette chemise mexicano-kitsh qu’il arbore sourire béat. «C’est mon côté un peu mariachi. (rires du journaliste).  Non mais c’est vrai. Du reste c’est typiquement français parce que le mot mariachi vient de mariage. Ce sont d’ailleurs les Français qui y ont exporté la trompette et le mariachi au Mexique», poursuit-il enthousiaste.

Puis on le relance au sujet de ce spectacle à venir. «À quoi vous attendre? Je ne le sais pas du tout. Je suis un peu dans l’ignorance. Ça va être une surprise pour moi et pour vous. Je joue un peu ma coquette là…(rires). Mais il y aura beaucoup de chansons de «Bonjour» et je suis en train de faire le tri parmi mes quelques 80 chansons».

En attendant son séjour chez-nous, il écoutera encore et toujours les chansons de Johnny Cash qu’il adore entre deux séances de chaabi. Cette musique classique arabe qu’il affectionne tant sans parler des films western de John Ford. Et, qui sait, quelques petites sessions de vaudous, cette activité qui n’est pas si loin des rites du rock finalement. Inch’Allah.


Bonjour
Outre le duo «Bonjour» avec Gaëtan Roussel, la présence du leader de Louise Attaque se fait manifeste sur le huitième opus studio de Rachid Taha. Coréalisateur avec Mark Plati (Les Rita Mitsouko, Bowie, Bashung…), Roussel insuffle une énergie rock et permet encore une fois à Rachid Taha de proposer un savant amalgame entre l’Orient et l’Occident. Malaxage que nous ne saurions étiqueter tant il touche à des genres différents qui vont de l’électro hip-hop au chaâbi en passant par le rock lent, les trompettes sublimes et les effluves latines. Entre écorchures, engagements humanistes, hommages aux anciens, légèreté amoureuse et réconciliation Juifs et Arabes, ce fils d’Oran propose peut-être son album le plus pop et favorisera sans doute l’adhésion d’une légion de nouveaux adeptes. *** 1/2




Rachid Taha en collaboration avec  Dominique Lacout
Rock la casbah
Flammarion, 2008, 348 p.
Si vous êtes fan de Rachid Taha et/ou de rock, nous ne saurions trop vous recommander cette bio cosignée par Domique Lacout qui nous a déjà donné des ouvrages sur Lavilliers mais aussi l’immense Léo Ferré. On retrouvera d’ailleurs la large influence de la pensée anarchiste de Ferré dans le parcours de Rachid Taha qui, bien que de gauche, ne se gêne pas pour critiquer ses pairs artistes dont Coluche, par exemple. Outre les anecdotes propres à ses débuts dans le milieu de la contre-culture avec le groupe Carte de Séjour, Taha raconte avec beaucoup de tendresse son enfance algérienne, sa position d’immigrant et ses influences artistiques en émaillant son propos de textes de chansons et autres contes. On y apprend une foule de choses savoureuses dont le fait qu’il faille demander la légion d’honneur pour espérer  l’obtenir. Tiens tiens… Savoureux. CA.


Rachid Taha sera en spectacle ce mardi 15 juin à 21h00 au Métropolis dans le cadre des FrancoFolies de Montréal.



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