dimanche 10 octobre 2010

Moran : L'exutoire

Moran par Victor Diaz Lamich
L’exutoire 

Fort de son second opus, le très beau Mammifères, Moran saborde avec ses mots riches et sa voix granuleuse la scène du Petit Medley tous les mercredis d’octobre.


Accompagné de ses corsaires Sly Coulombe (batterie, percus, voix) et Thomas Carbou (guitares et voix), il nous est encore loisible de découvrir  le dernier spectacle de cet artiste hélas trop méconnu du grand public mais néanmoins en nomination pour le Félix de l’auteur-compositeur de l’année au prochain gala de l’Adisq.

C’est que le patronyme Moran apparaît désormais sur la courte liste des artistes qui maitrisent l’art de façonner des chansons profondes et accrocheuses, celles qui explorent avec panache les zones parfois sombres de l’âme humaine pour en faire des exutoires.

Avec une approche souvent plus canaille qu’angélique, le trentenaire a lancé Tabac, le jour même de l’interdiction de fumer dans les lieux publics après avoir gagné, auparavant, le concours Ma Première Place des Arts sans même y inclure Balcon la pièce qui avait fait craquer le jury qui lui a décerné alors le prix de la meilleur chanson. «Tu l’aimes ! Je suis content que tu me dises cela parce qu’il y a plein de gens qui ne connaissent que la version de la Place des Arts. Un premier jet très spontané. C’est un truc que je vivais à ce moment là. Il est très rare que j’écrive sur un drame ou quelque chose de beau au moment où cela se produit. J’ai tendance à fermer ma gueule, attendre que sa passe et en parler après», dit-il au sujet de cette pièce subtilement perverse adressée à une ex mais qui cause du lointain futur. Une sorte de lettre enchansonnée qu’il avait interprété en sanglots et qui se retrouve, fort heureusement, sur Mammifères. Le titre de son dernier chapitre, et le mot n’est pas fortuit pour cette plume d’écrivain, paru en janvier 2010.

Des collaborations

Un encodé encensé par les tripeux de chansons dont l’auteur de ces lignes et sur lequel on retrouve aussi deux morceaux en duo avec sa conjointe Catherine Major, dont la très belle Los Angeles.

Au fait, si on y savoure la voix lumineuse et nuancée de Catherine Major, le couple semble avoir résisté à la tentation de faire un album orchestré par cette titulaire d’un prestigieux prix de l’Académie Charles-Cros. « C’est sûr que si on ne respectait pas à la base profondément ce que l’on fait un et l’autre, nous aurions du mal à nous endurer.  Au départ, je pensais l’inviter à jouer du piano et à travailler sur les arrangements puis j’ai réalisé que tout le monde la sollicitait pour cela. Je me suis dit, pour une fois, elle va venir faire mes chansons», explique Moran qui suit pour sa part une démarche plus indépendante.

Ce qui ne l’a pas empêché de donner la réplique à la grande Anna Karina dans un long métrage où il y interprétait aussi des chansons signées Philippe Katerine. « Ça été génial de faire ce film. Il a été diffusé à Los Angeles, en Asie, il existe et j’y tiens un premier rôle mais je ne l’ai jamais vu. Les producteurs sont disparus. Ça ne peut pas avoir donné un grand film mais il est sûrement très sympathique» conclut Moran qui, après avoir appris la guitare à trente ans, prévoit écrire son premier scénario à quarante.


Tous les mercredis jusqu'au 27 octobre à 20 h au Petit Medley à Montréal.
Catherine Major sera sur scène avec Moran les 20 et 27.

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