dimanche 17 octobre 2010

Raphaël nous cause de Pacific 231


Lumière dans la nuit



Propulsé parmi les plus importants créateurs de chansons francophones avec le magnifique Caravane en 2005, Raphaël propose maintenant Pacific 231. Un album conceptuel qui recèle encore une fois sa part de lumière dans la nuit malgré les meurtrissures propres aux vieilles âmes.



L’album se nomme Pacific 231, concept ?
C’est le nom d’une locomotive. J’avais cette chanson offerte par Dick Annegarn Qui n’a pas eu peur de la vitesse des locomotives, une pièce visionnaire sur la modernité. Je voulais peut-être plonger dans ce monde de la crainte du futur. Alors je suis allé sur google, une chose que je fais très bien, et au mot locomotive je suis tombé sur Pacific 231.

La pochette évoque un peu les bédés de Bilal, non ?
Il y a en peu de ça. On pense aussi à La Jetée de Chris Marker (film expérimental de science fiction 1962) ou à Karkovski.

Tu commences l’album avec Terminal 2B un texte déclamé, tu es un fan de slam?
Non, je ne connaissais pas vraiment le slam c’était plus dans l’idée de Léo Ferré. Cette poésie déclamée, cette incantation, quelque chose de cet ordre là.

Un peu comme Renaud jadis, tu déclares ton mépris pour une certaine France. Tu as écrit Le Patriote, au moment de l’expulsion des Roms ?
Non, mais il est vrai que maintenant ça résonne particulièrement avec l’expulsion des Roms mais il y avait déjà ce débat national sur ce qu’est un Français : Le passeport ? La langue ? Justement, le Rom c’est celui qui a son pays avec lui.


Tu t’adresses dans cette chanson à Renaud en ces mots : «Réveille-toi, la France c’est tellement déprimant depuis que t’es parti en vacances.» Lui qui pourtant publie encore des albums engagés, il a entendu ta pièce?
Ce n’était pas dans ce sens là. Je trouve que Renaud a fait énormément pour la chanson en France et c’est plutôt admirable. Je voulais plutôt signifier que cette époque ne permet pas à d’autres mecs de sortir du cadre comme Dutronc ou Gainsbourg l’ont fait aussi. Il n’y avait pas de sarcasme dans le propos quoi.

Ne serait-ce pas imputable au fait qu’il n’y a plus de tabou à briser ? On ne peut plus brûler un billet de banque et scandaliser ainsi les gens comme l’a fait Gainsbourg…
Au contraire. Nous somme beaucoup plus moralistes et beaucoup moins déconnants qu’on ne l’était avant. Quand tu regardes la télé en France il y a 25 ans, tu pouvais déconner, être de mauvaise foi. Aujourd’hui, c’est beaucoup plus sérieux. C’est un peut : rendez-vous, vous êtes cernés (allusion a Sans dec, une vieille chanson de Renaud).

Je crois avoir lu quelque part que certaines des chansons de cet album étaient destinées au regretté Alain Bashung…
Pas vraiment destinées. Je l’ai connu un petit peu car j’ai eu la chance de travailler avec lui fois et de l’entendre chanter certaines de mes chansons c’était quelque chose de l’ordre de la découverte de la parole. C’était éblouissant et j’avais l’impression de n’avoir jamais compris comment chanter avant. Peut-être que cela m’a beaucoup influencé.


Quelles chansons de toi a-t-il interprété ?
Non, nous avons chanté ensemble Chanson pour Patrick Dewaere, une pièce que j’ai écrite. Et à plusieurs reprises Souviens-toi, une chanson de Claude Léveillé.

Tu veux dire Frédéric ?
Ah oui ! Nous l’avons fait ensemble à 5 ou 6 reprises, c’était bouleversant (puis il prend des nouvelles du pauvre Léveillé actuellement très malade).

Qu’est-ce que tu kiffes en ce moment en musique ?
J’aime beaucoup Elvis Perkins. C’est le fils d’Antony Perkins. Il a fait deux disques absolument sublimes. Depuis 2-3 ans, c’est vraiment ce qui m’a le plus ému je crois.



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