mardi 25 octobre 2011

Café de Flore : la dissidence


La Dissidence

Quand des images sublimes, une musique captivante et un désarroi amoureux côtoient une évocation ésotérique racoleuse, on entre en dissidence.

Une Parisienne (efficace Vanessa Paradis) élève courageusement son enfant trisomique dans le Paris grisâtre des années soixante. En parallèle, un DJ en vogue (Kevin Parent, jeu correct, sex-appeal éclatant) doit composer avec la douleur qu’il a provoquée en abandonnant la mère (Hélène Florent, énergique) de ses deux filles et son bonheur trouble pour sa nouvelle flamme (Évelyne Brochu, sensuelle) dans le Montréal lumineux des années 2000.

Réalisateur ultra doué, Jean-Marc Vallée pose un regard lyrique sur Montréal et Paris et ses choix musicaux – qui deviennent ici comme dans le magnifique C.R.A.Z.Y (2005) un personnage en soi – sont top cools. Hélas, cette musique tonitruante donne parfois l’impression de servir de liens entre deux histoires qui ne se juxtaposent toujours pas sans heurts.

En proposant une fable sur l’amour, qui joue avec les codes de la modernité en opposant valeurs humaines nobles et vide clinquant, Vallée, aussi le scénariste, nous demande d’adhérer à certains fantasmes ésotériques propres à l’air du temps.

Si les évocations mystiques se révélaient particulièrement réussies dans Un Prophète ou Biutiful, par exemple, il pourra sembler à de nombreux spectateurs que ce n’est pas le cas dans Café de Flore.

Un film parfois lassant où le malencontreusement drôle, comme la scène chez une voyante, côtoie la remâchée série B, à l’instar de la « zombifiante » séquence finale.

Et que dire de cette manipulation qui consiste à tenter de créer un effet de connivence avec le spectateur en présupposant que l’excessivité pourrait assurer la rédemption des amours perdus, alors qu’on nous présente en fait la folie (personnage de la mère).

Vieux fantasme par ailleurs évoqué par le philosophe Michel Foucault qui a démontré comment la parole du fou était jadis proscrite ou encore présentée comme détentrice d’une ultime vérité. On aimerait y croire…

Quelques observateurs suggèrent un second visionnement aux dissidents, tandis que le film accumule les audiences et les honneurs. Pour notre modeste part, une phrase du regretté Coluche nous vient plutôt en tête : « Ce n’est pas parce qu’ils sont nombreux à avoir tort qu’ils ont raison! »

Café de Flore est présentement à l’affiche, notamment, au Pine St-Adèle et Beaubien à Montréal.
Merci à l'hebdo Accès Laurentides qui a publié ce texte dans son édition en cours.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

je vais t'avouer Claude André en toute anonyme, que juste la photo réclame pour le film m'a semblé super racoleuse, dans le style: dans le monde pourri dans lequel on vit, il y a des gens qui s'aiment et qui s'embrassent etc. J'en ai contre les sentiments fleur-bleue gnan gnan et je n'avais pas le goût d'aller voir le film malgré le talent de JMV juste pour ça.