mardi 27 mars 2007

PQ: la fin pour Boisclair ?


Oui, je sais, il a mené une bonne campagne. En fait, meilleure que cette chronique d'une mort annoncée par les observateurs.

Mais, sur le plan de son leadership, il est évident qu'André Boisclair vit désormais sur du temps emprunté.

Cruel? Oui, mais c'est la politique.

La nature humaine étant ce qu'elle est, il est plus qu'assuré que les militants du Parti québécois exigeront un sacrifice humain symbolique...

Les membres de l'organisation fondée par René Lévesque ne se gêneront pas pour indiquer la sortie, dans les jours qui suivent, à cet homme qui incarne trop l'urbanité branchée.

Et ce désir sacrificiel devrait également se manifester chez les libéraux qui ont néanmoins subi un cuisant échec hier.

Les penseurs de ce parti se demanderont assurément si Jean Charest pourra leur redonner la victoire dans 18 mois.

Soit lorsque ce gouvernement minoritaire tombera, comme c'est le cas en moyenne, pour les gouvernements qui ne détiennent pas une majorité de sièges.

L'avenir du PQ

Il est évident que Gilles Duceppe lorgne déjà de ce côté-ci de la rivière des Outaouais.

Comme, modestement, je le subodorais en ces pages ouèbes le 20 février dernier, la question n'est plus de savoir si Boisclair quittera le PQ mais bien lequel de Duceppe ou Curzi le remplacera.

Pour ma part, je crois que Duceppe à laissé passer sa chance lorsqu'il à refusé de répondre à l'appel du pied d'une partie de l'establishment du parti à la démission de Bernard Landry.

En plus, bien qu'il ait pris du gallon à cet égard, il n'est pas de ce bois dont ont fait les héros, les sauveurs pour ce peuple québécois encore fortement marqué, dans son inconscient collectif, du sceau de la judéo-chrétienté. Donc des messies.

Or, je le répète, je demeure convaincu que Pierre Curzi, après avoir affûté ses armes à la présidence de l'Union des Artistes où il a fait un boulot admirable selon la plupart de ses pairs, ne s'est pas lancé en politique active pour jouer les seconds rôles.

L'homme a beau afficher une certaine modestie, et c'est ce qui fait notamment son charme, il n'est pas dupe pour autant et possède une envergure certaine comme ses récentes apparitions télés l'ont démontrées.

Dimanche dernier d'ailleurs, le chroniqueur Richard Martineau, qui était de la grand-messe Tout le monde en parle, ne disait-il pas, en évoquant sa récente tournée des régions québécoises en sa qualité d'observateur de la campagne électoral, que les "régions attendent Curzi"?

Ces mêmes régions qui ont donné l'opposition officielle à l'Action démocratique.

Surtout en réaction face aux accommodements raisonnables et de la fameuse position "autonomiste".

Mais le leurre de cette posture de l'ADQ ne saura résister à l'épreuve des faits.

Mario Dumont devra un jour expliquer comment il entend s'y prendre lorsque ses vis à vis d'Ottawa lui brandiront des refus catégoriques à ses revendications en matière d'impôts, par exemple.

C'est un peu comme si un chef syndical se présentait à une table de négociations en annonçant à l'employeur: "on veut des bons salaires mais on ne souhaite surtout pas aller en grève ou vous froisser!".

Il ferait quoi le patron? Il achèterait une dinde à Noël aux employés et dirait au leader syndical: "voilà, tu as eu tout ce que tu voulais, maintenant, laisse-moi vaquer à mes occupations plus sérieuses..."

Bref, pour revenir donc à l'avenir du PQ, bien qu'il aurait déclaré aujourd'hui à Paul Arcan à la radio qu'il était, à 60 ans, trop vieux pour devenir chef de parti, je crois que M. Curzi a surtout fait preuve d'élégance envers celui qui est encore son chef.

Mais n'en croyez que dalle. Lorsque j'ai eu la chance et le privilège de le voir à mes côtés, il y a deux semaines, sur le plateau de l'émission Ici et là, M. Curzi n'a pas bronché lorsque j'ai fait, en ondes, allusion à son éventuel statut de premier ministre.

Et, je crois qu'il ne m'en voudra pas trop d'en parler ici, mais lorsque nous avons causé politique ensemble en nous dirigeant au spectacle de Zachary Richard, M. Curzi m'a semblé, et c'était frappant, l'homme de la situation.

À la fin du concert, après qu'une dame soit venue l'encourager à apporter une part d'âme à la chose publique, je lui ai lancé: "Pierre, téléphonez-moi lorsque vous serez candidat à la direction du PQ".

L'ancien comédien de haut voltige n'a rien répondu et m'a salué dans un grand éclat de rires.

Or, c'est bien connu, au PQ, lorsqu'on ne dit pas non, c'est qu'on dit oui!

vendredi 23 mars 2007

Mes top chansons au Québec des eighties


Il y a quelques années, les magasins Archambault m'ont demandé d'établir un palmarès des 4 dernières décennies en matière de chanson d'ici pour leur site ouèbe. Voici les années 80.

Échec de l’option souverainiste au référendum de mai 80. Une longue déprime s’ensuit. La chanson francophone est quasiment à l’index. On se tait ou on chante en anglais. Reagan arrive, la guerre froide bat son plein. Années sombres et clinquantes. Heureusement, quelques chansons pour nous faire oublier tout ça.

1-Le blues du business man : Claude Dubois
Tiré de Starmania, le célèbre opéra rock signé Luc Plamondon- Michel Berger, cette chanson est devenu un classique chez-nous comme en France. Où elle a été créée par un Claude Dubois épuisé qui revenait d’un séjour aux États-Unis. C’est en appelant son copain Georges Thurston (Boule Noire) qui lui conseillé de “ blower ” les fins de strophes que Dubois a rendu cette mélodie si accrocheuse. Qui ne s’est jamais reconnu dans ce texte fabuleux ?

2-Le cœur est un oiseau : Richard Desjardins
Chanteur engagé, Desjardins marque le retour du genre. Lui qui a longtemps parcouru les sentiers de l’oppression, notamment en Amérique Latine, s’est sans doute inspiré de ses voyages pour composer cet hymne universel à la liberté. Révélé par l’album “ Tu m’aimes-tu ? ” en 1990, Desjardins roulait déjà sa bosse avec la formation Abbittibbi depuis 1975.
Cette chanson a été interprété par son auteur lors des funérailles de Dédé Fortin, ex-Colocs.

3-I’ m Your Man : Leonard Cohen
On ne pouvait passer sous silence l’indéniable apport de ce Montréalais au patrimoine musical tant d’ici que d’ailleurs. Musicalement bien ancré dans le son des années 80, ce tube démontre l’indéniable polyvalence de ce poète-prophète aujourd’hui reclus dans la prière et le mysticisme. Aune femme ne peut demeurer insensible à ce texte ambitieux et à cette voix profonde et étreignante. I’m Your Fan.

4-Ils s’aiment : Daniel Lavoie
Plus de deux millions de fois vendus et autant de fois entendu, ce méga succès a également été traduit en anglais. Ce qui n’a pas altéré la modestie légendaire du beau ténébreux.
Ses références à la menace nucléaire du moment ont fait de cette chanson le catalyseur de toutes les angoisses. Parce qu’en chanson, on peut se faire croire que l’amour triomphe toujours de l’horreur.

5-Alger : Jean Leloup
Avec Jean Leclerc (Leloup), la chanson québécoise s’ouvre pour une des premières fois à des rythmes arabisants. Dans ce texte où fleure bon la joie de vivre et l’innocence pré-pubère, Leloup raconte son enfance en territoire algérien. Même si le principal intéressé reniera l’album “ Menteur ” par la suite (à tort), cette chanson demeure encore aujourd’hui fort en demande sur les pistes de danse et dans les partys bien arrosés.


6-Si j’étais un homme : Diane Tell
En pleine période de désarroi amoureux, Diane Tell a su exprimer le fantasme de nombreuses femmes. «Je l’ai écrite pour me délivrer de mes frustrations», dira-t-elle un jour. Et elle sont nombreuses à s’y être reconnu tandis que les hommes rêvaient, en silence, de se faire embarquer dans cette histoire de soirs de galas et d’amour sur la plage. Une ballade qui a littéralement marqué son époque.

7-La chasse-galerie : Claude Dubois
1981. Séance d’enregistrement de l’album Manitou. Manque une chanson. Dubois s’asseoit et songe à la légende de la Chasse-Galerie (un conte québécois). Après 10 minutes, la chanson, un rock corrosif, est réalisée. Dubois ira à l’ombre et en thérapie quelques temps après pour une histoire de drogue. La GRC lui a sans doute sauvé la vie. À moins que ce ne soit le Grand Manitou. En 84, retour triomphal au Forum en costume de boxeur. Encore aujourd’hui, Dubois est debout.


8-llégal : Corbeau
Avant de poursuivre la remarquable carrière solo qui est la sienne, Marjo était l’égérie de la formation Corbeau. Du rock, du vrai. À la limite du punk. La fougue et l’audace de Marjolaine Morin, ex-mannequin, s’exprimaient tant dans le contenu que dans la forme. «Tu m’fais faire des bêtises dans les rues d’Montréal...» Jamais chose illégale nous aura fait autant de bien.

9- Sunglasses at Night : Corey Hart
Avant d’enfiler l'anneau à Julie Masse, Corey Hart à eu le temps de faire tourner bien des têtes. Ce hit reflète bien l’époque où comme le disait un personnage du film Un zoo la nuit : «Vous autres les jeunes, vous pensez avoir tout inventé parce que vous portez des lunettes soleil la nuit ». No comment.

10- Sheferville : Michel Rivard
Avec cette poignante chanson, Rivard nous raconte comment les spéculateurs ont fermé cette ville minière laissant des centaines de familles sur la paille. Personnage très important de la chanson d’ici, certain lui reproche son opportunisme (retours de Beau Dommage) et son côté boomer parvenu. Quoi qu’il en soit, on ne peut douter de sa sincérité en écoutant Sheferville. Et puis n’a –t-il pas tenu le flambeau allumé pendant les années sombres de la chanson québécoise ?

jeudi 22 mars 2007

La Nuit



C'est le refuge des naufragés
Le pays de ceux qui souffrent
Unique royaume des éclopés
Ou dernier port avant le gouffre

C’est l'étincelle du rêve
Qui fout l'feu à nos passions
C'est l'endroit ou l'on achève
La souffrance de nos illusions

La nuit

Elle parfume de ses caresses
Le grand voile de nos défaites
Ses yeux d'argent ont la noblesse
De la révolte et des poètes

Et lorsqu'elle souffle tendrement
Son vent sucré sur notre peau
On aperçoit des continents
Peuplés d'anges et de chevaux

La nuit

Elle nous entraîne dans son ivresse
Nous fait danser sur ses étoiles
Et on devine cent mille promesses
Dans la blancheur de son teint pâle

Puis lorsqu'elle nous sait envoûté
Laissant glisser enfin sa robe
Pour encore nous mystifier
Elle nous fait cocu avant l'aube

La nuit

Alors elle tend ses verres fumés
Comme quand l'amour a des remords
On laisse un peu sa dignité
Dans le matin qui s'évapore

On cherche en vain dans nos goussets
De la monnaie pour l’dernier cab
Mais on y trouve que des regrets
Une dernière clope pour le voyage

La nuit

Puis on décroche un téléphone
On cherche un port pour accoster
Mais y'a qu'un silence qui résonne
Quand même la nuit veut nous quitter

Quand même la nuit, nous a quitté…

Claude André

mercredi 14 mars 2007

Tu m'indiqueras la sortie!


Reçu hier ce message qui me rassure concernant la soirée slam de lundi dernier :
"Salut Claude,
On a eu de bons commentaires quant à ta performance…!
Voici une photo de toi en action!A très bientôt,
Slamitiés,
Ivy et Sabine


Voici donc ce petit slam écrit par un matin blanc de mes années sombres:

Ce soir je marche sur Montréal
Je me répands sur ses trottoirs
Les junkies fixent les étoiles
Dans le ciel y'a notre histoire

Si tu savais tout ce que j'ai vu
Tout cet alcool s’rait superflu
Si tu voyais tout ce que j’ai bu
Tu caresserais le malentendu

Si tu savais tous ces pays
Qui m’ont refusé l’enfance
Tu comprendrais pourquoi j’m’enfuis
Que je ne crois plus en la chance

Si tu savais combien j’ai mal
Tu m’indiquerais la sortie
À quoi bon rompre les étoiles
S’il n’ y a plus ta galaxie

J’ai entendu souffler l’espoir
Cette promesse d’éternité
Au tribunal d’la grande Histoire
On s’est saoulé à s’en damner

J’ai traversé bien des frontières
Voir si la vie était ailleurs
Parcouru le quart de l’univers
Aucune citée n’a ton odeur

Ce soir je marche sur Montréal
Je me répands sur ses trottoirs
Les junkies fixent les étoiles
Dans le ciel y'a notre histoire

Si tu savais combien je t’aime
Ce feu qui brûle mes entrailles
Si tu connaissais ma mémoire
Tu pourrais comprendre ma bataille

Si tu savais tout ce que je sais
Tu ne pourrais encore apprendre
Si je te disais tous mes secrets
Ne resterait plus qu’à nous pendre

Ta beauté est une offense
Tes continents sont des défis
Le cheval fou de ma démence
S’est exalté de tant d’envies

Voulu t’offrir ma déraison
Et mes vibrations cosmiques
La grande tornade de ma passion
Mes éruptions volcaniques

Bien sûr je t’ai fais fuir
La transparence est un naufrage
Je caresserai ton souvenir
Pour me noyer dans ton sillage

Ce soir je marche sur Montréal
Je me répands sur ses trottoirs
Les junkies fixent les étoiles
Dans le ciel y'a notre histoire


Malgré les anges y’a la mémoire
Malgré le ciel y’a plus d’espoir
Sur ton gratte-ciel la lune est noire
Sous ton gratte-ciel, j’irai me faire voir

J’irai me faire voir (bis)

Claude André

Saisir le temps


Aujourd'hui je vous propose un portrait d'un peintre jet-setter paru dans le Magazine 8 en août 2006. Magazine hyper léché qui bien qu'excellent n'aura connu qu'un seule édition parce que dirigé par ce qui s'est avéré être un escroc.

Paris, New York, Londres, Tokyo, Singapour, Pékin… entre deux vernissages dans des mégapoles où il se rend fringué Dubuc, le peintre Sylvain Tremblay immobilise le temps et saisi l’urbaine modernité.

Claude André

Oubliez l’image d’un Van Gogh torturé par l’absinthe ou celle d’un Riopelle enfilant les clopes dans le cafard matinale de la fin d’une nuit blanche, l’artiste contemporain Sylvain Tremblay est de la tribu qui redessine le cliché.

Le jour de notre visite, en mars dernier, son splendide atelier situé en dessous de son loft près du Parc Lafontaine à Montréal, ressemblait à une caverne d’Ali baba.

À travers la porte de verre, le journaliste admire une cinquantaine d’œuvres disposées ça et là destinées à être photographiées pour la création d’un livre d’art.

Ce qui subjugue d’emblée et nous accroche un sourire d’enfant le jour de Noël, ce sont les effets du vernis-mirroir sur les toiles aux couleurs souvent très vives, style provençale, plus chatoyantes les unes que les autres qui laissent l’impression que les toiles baignent dans une nappe d’eau.

Voilà sans doute ce qui fait l’unicité de l’artiste natif de Québec. Putain, ce qu’il en jette ce vernis !



Peut-être aussi parce qu’il évoque, au premier regard, un biscuit glacé tiré d’un conte imagé ou une patinoire qui nous ramène à l’enfance qu’il a un effet aussi saisissant.

La thématique de prédilection de cet émule de Giacometti n’a pourtant rien à voir avec les questionnements de l’enfance : le temps : « Il s’agit toujours de personnages filiformes qui s’inscrivent dans une démarche qui vise à capturer le temps. Les personnages en question se retrouvent dans un environnement presque dénudé de références réalistes. On ne sait pas où ils sont car leur décor se situe surtout dans l’abstraction bien qu’on y retrouve parfois un siège ou un banc. Pour accentuer le côté intemporel, toutes les textures sont grattées, grafignées…histoire de conférer un impression de vécu au tableau », relate l’artiste résolument urbain.

Car là ou des paysagiste utilisent les arbres, la mer ou le ciel, Sylvain Tremblay se sert de l’acier, du béton de l’asphalte. « Ce la ne signifie pas qu’il s’agit de ce que l’on voit exactement sur les tableau mais c’est ce que j’observe », confie-t-il. « Vraiment superbe, sincèrement. Même si je suis loin d’être un exégète », lance votre serviteur enthousiaste après que l’artiste lui eu fait faire le tour de la galerie.

«Au fil de mes rencontres, je me suis rendu compte que le fait de très bien connaître l’art ou pas du tout, ne fait pas en sorte que l’on puisse mieux l’apprécier. Ce qui importe, c’est la sensibilité et l’ouverture. Il faut être ouvert, avoir envie de regarder un tableau. Une personne peut passer devant la toile d’un peintre de grande renommé et ne jamais la voir », souligne Tremblay en créant ainsi un doux climat de complicité entre lui et votre serviteur.



Choisir la peinture comme on prend l’exil

Acclamé par le marché et autodidacte, voilà de quoi créer de l’urticaire chez quelques puristes dont certains le regardent de haut. Avec une envie dissimulée, peut on imaginer.

Car, crime ultime, l’artiste de 39 balais est issu du monde de la pub.
Wouch, le vilain mot. Ancien dessinateur, le gus donnait dans l’illustration de livres pour enfants et les story board pour la pub.

Mais pendant cette douzaine d’années, Tremblay jonglait avec l’idée de tout bazarder pour réaliser son rêve de gamin : devenir peintre.

À 34 ans, il quitte l’univers publicitaire avec un pécule qui devait lui permettre d’assurer pendant une dizaine de mois.

Il aura fallu environ deux ans pour que Sylvain perce le marché et depuis le train est emballé. « Pourquoi pas avant ? La publicité était une excellente école. Elle m’obligeait à essayer toute sortes de choses, me permettait de développer ma technique afin d’atteindre mon but. Je voulais, à la façon d’un pianiste, être capable d’exécuter ce que j’imaginais. Pas seulement jouer des choses avec lesquelles je serais confortable. Bref, posséder la maîtrise de mon art. Aussi, je voulais savoir qui j’étais… », explique le peintre dont le principal fournisseur de matériaux a été une quincaillerie pendant un moment tant il explorait des avenues picturales : bois, métal, plâtre… C’est d’ailleurs au cours de ces pérégrinations artistiques que le vibrant personnage a eu la baraka qu’une pléthore d’artistes a cherché toute une vie sans jamais y parvenir : trouver son style. « J’étais en train d’explorer des textures. J’ai commencé à épaissir mes personnages avec du plâtre. Et j’ai décidé d’appliquer un vernis autour. Or, lorsque j’ai accroché le tableau, une partie de mes personnages se désagrégeait. Je me suis dit : «merde, il faut que je les protège». Me suis donc procuré un vernis très puissant et l’ai appliqué histoire de protéger le tableau. Ma première réaction n’était pas enthousiaste : trop reluisant. Puis, je suis allé tenter d’autres avenues mais je revenais toujours à cette toile ». Le style unique de Tremblay venait de naître.



Exit l’agent

Des connaissances communes présentent un jour le travail de l’artiste à un agent et ce dernier subodore rapidement le potentiel commercial de l’artiste. Il le prend donc sous son aile mais quelque temps plus tard leur relation vire à l’eau de boudin car notre «capteur de temps» décide de voler de ses propres ailes. Geste qui bien sûr contrarie ledit gérant qui y voit là un gênant désaveu.

En plus de froisser l’amour propre, cette rebuffade pourrait entraîné un effet domino chez les autres artistes de l’agent dont une source anonyme nous indique qu’il aurait contribué au développement du style de Tremblay. Le gérant en question aurait même enseigné récemment à un autre artiste sous son giron la technique particulière de Tremblay. Les couteaux volent donc très bas dans le milieu de la peinture friquée.



« J’étais persuadé que je pourrais obtenir de meilleurs résultats par moi-même. Par mes propres contacts, je voyais qu’il y avait une ouverture vers l’Europe. Je sentais que je pouvais aller plus loin qu’avec cet agent qui possédait déjà son réseau au Québec et sa galerie à Miami. Je rêvais de New York et Paris et lui ni croyait pas vraiment. Mais je comprends qu’il ait ressenti de la frustration. Aujourd’hui, là poussière est retombée. Et pour répondre à ta question, oui mon ancien agent a assisté au processus évolutif de mon style mais d’aucune façon il n’y a participé », avance celui qui ne veut visiblement pas s’étendre davantage sur le sujet.



Puis, l’artiste businessman nous explique les contraintes qui font en sorte que dès qu’un agent se retrouve avec un tuyau, une opportunité, il doit constamment choisir auquel des ses artistes il le refilera.

Ce qui n’est pas le cas de quelqu’un qui se représente lui-même. Comme Tremblay qui, un jour, a décidé qu’il était habilité à le faire. « J’ai été à mon compte pendant douze ans. Alors je sais me représenter. Avec chacune des galeries avec lesquelles je travaille, les choses ont fonctionné différemment. À New York par exemple, j’ai adressé une lettre très personnalisée au propriétaire de la galerie avec vidéo, images et dossier», lance cet amateur de golf qui joue également hockey dans une ligue. Comme une incarnation ultime de cette nouvelle réalité qui fait en sorte que les artistes doivent sortir de leur atelier. « Le côté business représente environ 10 % de mon temps avec les courriels et les téléphones. À l’occasion, je me présente dans un vernissage et je serre des mains. Je crois au contact humain entre l’artiste et l’amateur », souligne ce noceur de week-end qui aime énormément organiser des surboums dans son loft.

Pour la suite des choses, Tremblay prépare une exposition de peinture issue d’une démarche «underground» en plus d’explorer de plus en plus la sculpture. Il cogite également avec l’idée de se créer un personnage comme l’a fait un jour Andy Warhol, précurseur dans ce domaine. «Avec lui, le créateur devenait aussi important que l’œuvre elle-même. Peut-être créerais-je aussi un personnage un jour. Car il est vrai que lorsqu’un artiste se rend dans une galerie, il est toujours en représentation, un peu comme au théâtre».

Avec des toiles qui se détaillent à plus de 12 000 US à l’étranger, Sylvain Tremblay qui en produit environ deux par semaine semble pourtant conservé le sens de la réalité et basta la fausse modestie. «Je ne veux pas rouler en Porsche parce que mes amis n’en n’ont pas et je ne voudrais pas avoir l’air du gars qui se la joue supérieur. Quant au futur, j’espère que mes tableaux n’atteindront pas des prix vertigineux. Ce qui me contraindrait à n’en réaliser qu’une vingtaine par année question de ne pas saturer le marché comme l’a fait Riopelle».

De plus en plus plagié, Tremblay a donc su avec un style unique se tailler une place plus qu’enviable. Sans le talent certes, mais aussi une attitude conquérante, une discipline rigoureuse et la chance d’avoir eu un richissime homme d’affaires comme Bernard Lamarre (Lavalin) sur sa route (qui a un jour fait monter les prix pendant une enchère), Tremblay serait-il devenu la coqueluche des bureaux d’avocats ? Savez, ces représentants de la post-modernité fourmillant dans les reflets de verre et d’acier qui à défaut d’avoir du temps tentent de le suspendre au mur à travers les toiles de Tremblay.

En tout cas lui, il n’y songera pas lorsqu’il se retrouvera dans cette galerie qu’il compte bientôt ouvrir sous le ciel des Bahamas, un verre rouge et exotique à la main. Avec une toile remplie de mer pour arrêter le temps.

www.sylvaintremblay.ca

mardi 13 mars 2007

Le bal des animatrices



Comme elle l'a dévoilé à quelques reprises sur les ondes et que je vous l'ai déjà également indiqué, la pétillante animatrice Christianne Charette a développé un dada pour le moins rigolo lors de sa dernière sabbatique: capturer des photos directement de la téloche.

Qu'elle ne fût pas ma surprise ce matin de cueillir un courriel de la Dame en Noir dans lequel je me retrouve heureuse "victime" de son regard à la fois oblique et ludique.



Les instants capturés sont tirés de la dernière édition de l'émission Ici et là au cours de laquelle, avec Marie-Louise Arsenault, Nelly Arcan, Pierre Thibeault et Marc Denoncourt et, bien sûr les invités Renée-Claude Brazeau et Numéro, j'ai connu le délectable bonheur de causer "femmes, culture et société" le jeudi 8 mars dernier.



Parlant d'animatrice, c'est Violaine Forest, la titulaire de l'émission Le Bal des oiseaux sur CIBL qui a remporté les grands honneurs de la soirée slam animée par Ivy qui s'est déroulée hier au Patro Vys. Lire le compte rendu ici.



Fidèle à son habitude, l'intense Violaine nous a livré une performance et une texte lyriques dignes d'un film de Rhomer. J'ai aimé passionnément cette femme pour laquelle j'avais écris, à l'époque, un poème qui est devenu la chanson titre du premier album de Mario Peluso: Malgré Tout.

Texte que je considère réussi dans lequel votre serviteur tentait de reconquérir sa belle mais avec une approche plus audacieuse que plaintive.

En effet, plutôt que l'apitoiement habituel des scribouillards qui geignent du départ de leur amour, je voulais la provoquer en lui relatant tout ce que j'aurais fait pour elle et ne connaîtra, l'affirmais-je ?, jamais. Quel salaud de manipulateur, non (rires)?

Quant à moi, j'ai livré, texte à la main, une modeste "déclamation" d'un slam que j'avais gerbé un matin blanc de mes années sombres. Si le tout ne m'aura pas permis de me rendre à la seconde ronde, j'avais rendez-vous avec une salvatrice catharsis!

Cela dit, j'ai l'intention de revenir plus fort et de mieux me préparer avec un texte remplis de rebonds pour une éventuelle prochaine participation si Ivy veut bien encore me procurer cette chance.

lundi 12 mars 2007

Call girl


Bonjour à tous. Je vous écris depuis un centre informatique puisque les 7 plaies d'Égypte se sont abbatues sur mon ordi. Donc, en attendant mon retour, je me prépare pour la soirée slam de ce soir ou j'irai me commettre si je trouve le temps because urgences textuelles à l'horizon.

En attendant: une entrevue avec une répartitrice d'escortes pour mes p'tits voyeurs parue dans le Ici à l'occasion du Grand Prix de F1 édition 2M6.



Pitounes et chars font bon ménage, c’est bien connu. Le cirque de la F1 est aux escortes de la métropole ce que Noël est aux commerçants. Entretien avec une répartitrice de demoiselles de déshonneur.

Claude André

«Oui, ça bouge énormément. Mais en même temps le business à chuter de moitié environ depuis 2003. Entre 2001 et 2003 c’était la folie. Cela est imputable au fait que beaucoup de chauffeurs (ceux qui conduisent les dames chez les clients et attendent leur retour faisant aussi office de garde du corps) ont démarré leur propre agence. À un moment, ça poussait comme des champignons. Du jeudi au dimanche entourant les activités de la F1 ont peur recevoir jusqu’à 50 appels par jour. Alors c’est vraiment le bordel!», s’exclame Joanna de l’agence Escorte international.

Une jeune trentenaire plutôt articulée et volubile que l’on écouterait durant des heures. Car non seulement les anecdotes qu’elles nous révèlent s’avèrent croustillantes mais son travail la positionne également en socio-anthropologue éclairée et instructive quant aux mœurs de notre bien aimée Montréal. Cette «femme du monde en running shoes», comme l’a si bien décrite Ferland.

«Depuis les années 40, Montréal est une plaque tournante olé olé. C’est en quelque sorte la Place Pigalle de l’Amérique du Nord », poursuit Joanna. «Notre industrie, disons underground, représente le pouls de l’économie. Dès qu’elle se mets à vaciller, nous sommes les premiers à le ressentir.»

C’est vrai que ce n’est pas tous les individus en mal de relations intimes qui ont les moyens de s’offrir une «spécialiste» dont la rétribution pour les services oscille entre $150 et $ 250 l’heure. Les filles, les garçons, les transsexuels, danseuses et masseuses se déplacent donc au domicile du client mais surtout à son hôtel puisque 70 % de la clientèle de l’agence serait composée de touristes.
Ladite agence, comme la plupart de ses concurrentes, n’a donc pas pignon sur rue.

Mais ou squattent donc les filles entre deux clients ? «Elles attendent les appels dans une voiture ».

Mais encore ? « Écoute, si tu veux savoir pour l’ensemble des agences à Montréal, les filles se tiennent dans un Tim Horton situé angle Saint-Michel et Jarry. Elles côtoient les policiers en permanence », s’esclaffe la répartitrice polyglotte qui s’est fait un jour recruter par des «investisseurs.»

Ces gentlemens, également propriétaires de clubs de danseuses, cherchaient quelqu’un pour gérer leurs affaires.

Les gangs de rues et autres gentils Monsieurs qui possèdent des rutilantes motocyclettes tirent donc les ficelles de cette industrie, peut- on conclure ? «C’est une business comme une autre. Les gangs de rues ne sont pas là-dedans. Elles ne sont pas assez structurées pour cela. Quant aux motards, cela relève de la légende urbaine. Peut-être, il y a une vingtaine d’années, était-ce le cas. Peut-être ont-ils possédés quelques agences mais cela n’a jamais été majeur. À Montréal, il y a autour de 80 agences et je n’en connais aucune qui soit contrôlée par les motards. Tu sais, on est là pour offrir un service. Pas pour foutre le feu à ta maison. C’est des mythes tout ça. Quand on arrive chez un client, c’est parce qu’il a un problème, on s’entend. Très souvent, les filles jouent aux psychiatres et il n’y a même pas de relations sexuelles. Tu penses qu’un gars saoûl ou gelé est capable de bander?».

Libre à vous de croire ou non Joanna, mais son discours s’inscrit vraiment à l’opposé de certaines idées reçues. Comme lorsqu’elle soutient qu’il est terminé le temps ou un mec pouvait rencontré une fille dans un bar et espérer une partie de jambes en l’air sans lendemain avec la belle. «Que ce soit sur Saint-Laurent ou Mont-Royal, les filles vont rapidement te dire: tu veux du cul ? Alors ça va être tel montant. C’est un des facteurs d’ailleurs qui a fait chuter la demande auprès des agences. Beaucoup de jeunes filles, les «escortes flottantes» viennent de partout pour profiter de la vague de tourisme sexuel. C’est fini l’époque ou les filles vont donner du sexe pour rien. Les Québécoises sont des femmes de caractère et elles recherchent l’argent et/ou l’amour. Les chauffeurs des filles font vraiment office de serviteurs auprès des escortes. Nous sommes dans une société matriarcale, tu sais», explique celle qui est passé maître dans l’air d’évaluer les clients au téléphone avant de leur expédier une fille.

Une anecdote ? «L’an passé, pour son party d’après F1, Guy Laliberté nous a téléphoné. Il cherchait un homme et une femme pour représenter le petit couple en plastique sur les gâteaux de mariage. Pendant quelques heures, ont a eu un garçon qui est demeuré immobile recouvert de chocolat pour le tuxedo et une fille recouverte de vanille pour représenter la robe de mariée!»

jeudi 8 mars 2007

Complexe d'Oedipe

Une copine à Steph Du Caf Pico raconte son aventure :

« Je suis allée chez le gars que j’avais rencontré au bar. Beau gosse, rigolo et tout. Puis on commence à baiser. Pendant qu’il s’affairait de plus en plus rapidement, il se met à marmonner : môm… môma, et de plus en plus fort, môman…je viiiiiiiiiiens…! Je suis demeurée flabergastée quelques instants. Puis me suis levée et revêtue en silence. Ensuite, je me suis dirigée vers la porte. Je l’ai regardée le gars dans les yeux et je lui ai dit : toé, ne t’avise jamais de me reparler un jour ! »

Voilà ma contribution en ce 8 mars. Bonne journée mesdames.


Ps : Renée-Claude Brazeau ce soir à l’émission. Le thème : La culture se conjugue-t-elle au féminin pluriel? L’impression qu'on ne va pas s’ennuyer. Ici et là. Vox (9) à 20h00.

mercredi 7 mars 2007

Le beau bobo



Entretien de votre serviteur avec Vincent Delerm paru dans le Ici, il y a deux semaines.


Selon Renaud, le fils du célèbre écrivain Philippe Delerm (La première gorgée de bière) serait le porte étendard de cette classe sociale nommée les bourgeois bohèmes ou bobos pour les intimes. Qu’à cela ne tienne, Vincent Delerm et son piano noir, sa poésie de la quotidienneté ainsi qu’une certaine propension au names droping ont néanmoins réussi a redonner ses lettres de noblesse à une chanson française empreinte classicisme voire de cinéma. Causette avec la très volubile coqueluche des étudiantes en lettres quelques jours après la publication de son troisième chapitre chez-nous : Les piqûres d’araignées, un opus dont l’atmosphère évoque Barbara et Trenet et dont la réalisation suédoise est signée Peter Von Poehl


Hormis un show case, je crois que vous vous ne vous êtes jamais produit sur une scène québécoise?

Pour le premier album, on avait joué avec Mathieu Boogarts à Montréal. On est pas revenu parce qu’il y a eu pas mal de papiers qui bien que pas du tout méchant laissaient entendre que nous étions toujours dans le parodique, dans le second degré. Ça m’a vachement marqué. Il y avait un petit malentendu, imputable à je ne sais quoi, et je n’avais pas tellement envie d’être perçu comme cela. Il y avait un petit décalage entre mes intentions de départ et la perception qu’on en faisait ici.

Dans le milieu de la nouvelle chanson française, vous connaissez la musique du Québec mis à part ses têtes d’affiches qui incarnent la variété?

Oui, ça a bougé ça avec Ariane Moffat et Pierre Lapointe qui est en train d’arriver fort. Il y a des trucs chez lui qui sont vraiment excellents. J’aime vraiment bien.

Comment avez-vous réagi lorsque vous avez entendu la chanson Les Bobos de Renaud qui fait de vous une figure emblématique de cette « classe sociale »?

Ah c’était marrant parce que, en fait, j’écoutais les chansons de Renaud quand j’avais 15 ans et c’était un petit peu difficile à croire pour moi. Renaud, il avait dit beaucoup de bien de mon premier album et il m’avait parlé de la chanson lorsque je l’avais rencontré au comité de soutien à Ingrid Betancourt (…). Après, à la rentrée, on s’est dit « putain !» : Tout le monde s’est mis à nous parler de la chanson. À moi, plutôt négativement. Ça nous emmerdait tous les deux alors on s’est dit ; « tiens on va faire un truc ensemble ». Et c’est ainsi qu’on s’est retrouvé ensemble à faire les pubs de nos albums respectifs (… ). Les bobos, tu sais, tout le monde possède sa propre interprétation de ce mot là en France. Ça repose sur un axiome un peu curieux : comment est-ce qu’on peut être socialiste et avoir un certain pouvoir d’achat…

C’est ce qu’on appelle aussi la gauche caviar?

La gauche caviar, c’est encore autre chose. Il y a derrière ce terme l’idée d’être dans les salons, d’être proche du pouvoir (…).

Ce parallèle avec les « bobos », il vous a offusqué?

Non, s’ils existent, j’en fais vraiment partie. Et puis j’ai l’habitude, depuis mon premier album…Au début, je m’en suis un peu défendu mais maintenant j’assume à fond.

Vous utilisiez beaucoup le names dropping sur les premiers albums, pourquoi?

Quand tu commences, les mots qui sont des références précises, permettent d’aller à un endroit où tu sais que les gens vont comprendre ce que tu veux exprimer. Du coup, même si les gens te connaissent à peine ça permet d’installer une familiarité (…). Aussi, quand tu construit des chansons, tous les mots courant ont été utilisé. Les noms propres permettent une certaine variété de la langue.

Même s’il y a très peu de références cette fois, hormis Stefie Grafff, on retrouve le même Vincent Delerm mais un peu influencé par la Divine Comedy…

Sur le second album, il y avait quelques morceaux comme ça qu’on voulait d’inspiration pop baroque. Et puis là, je me suis un peu laissé porté avec Peter (Von Poehl) après lui avoir fait part de tout ce j’aime en musique.

On retrouve même un duo sur la superbe Favorite song


Oui, avec Neil Hannon. J’étais content de ça parce qu’il est devenu mon idole lorsque j’étais en première soit à l’âge de 16 ans. Maintenant j’en ai trente, tu imagines! Divine Comedy était mon groupe préféré à l’époque et ça l’est resté.

Les piqûres d’araignées
Tôt ou tard

lundi 5 mars 2007

Lumière dans le noir


Disque de la semaine dans le Ici, voici mon commentaire.

Zachary Richard
Lumière dans le noir
Musicor/Select

Sept ans après Cœur fidèle qui succédait lui même au classique et majestueux Cap Enragé (Top 25 Ici meilleurs albums québécois), voici le dernier chapitre du très digne et noble artiste qu’est Zachary Richard.
Évidemment, on espère d’emblée retrouver l’état de grâce, la plénitude de Cap Enragé.

Et, forcément, la comparaison est boiteuse et ne fait que prolonger notre amour pour cet album mythique. Si après une première et une seconde écoute de Lumière dans le noir, on se dit : « excellent dans l’ensemble mais le tout manque parfois de hook, de tonus ou de punch », on demeure néanmoins stupéfait à l’audition d’un joyau tel « Je voudrais aimer » réalisée par l’excellent Michel Pépin.

Puis, au fil des écoute, on commence à comprendre que cet album, tel une femme volontaire, ne se laissera pas abandonner si facilement.

Petit à petit, les mélodies de certaines chansons font leur chemin alors que les métaphores, toujours très puissantes chez ce poète, ont déjà conquis le cœur.
inalement, on comprends qu’il s’agit de l’album de la résilience.

Rwandais, Libanais, ravagés de Katerina et même les baleines ont trouvé sinon leur rédempteur du moins le plus doué des bouddhistes pour éclairer les cœurs étouffés. ****

dimanche 4 mars 2007

Sous la lune exactement

Des nouvelles du Café Pico?

Hier, avec la belle bordée de neige qui emmitouflait le quartier Miles-End et la Cité, l'ami Steph alias le beau ténébreux en a profité pour faire un peu d'exercice et s'est pointé au Café de tous les possibles chaussé d'une paire de raquettes!

Hélas, il n'a croisé no caribou no chevreuil sur sa route de quelques kilomètres mais arborait la mine réjouis d'un vampire invité au bal annuel de l'amicale de la banque de sang.

C'est que voyez vous, il devait y avoir hier une éclipse de lune totale.

Or, il y a quelques années, le Steph a été membre d'un club d'astronomie. Il y a alors rencontré une autre jolie passionnée d'Andromède comme lui.

Un jour, elle l'appela pour l'inviter à aller observer une éclipse lunaire totale à la campagne. Mais le beau Steph ne disposait pas d'assez de temps et lui proposa plutôt d'observer l'ensorcellement lunaire depuis le sommet du Mont-Royal, une superbe montagne qui trône sur Montréal.

C'est alors qu'il lui rendit ses plus frénétiques hommages entre deux érables quelques part près de l'immense croix illuminée pendant que la lune devenait noire sous le regards ahuri d'un castor qui venait de se faire administrer une fellation par un canard, d'où la queue plate...

Faut croire que la belle a appréciée l'ardeur du Steph jumulée au caprice lunaire puisque, en dépit de leur rupture, elle était au même endroit lors de l'éclipse suivante et celle d'après malgré les nombreux mois qui mois qui les séparèrent.

"La dernière fois, elle ne faisait pas preuve de l'enthousiasme charnel auquel elle m'avait habituée car je crois qu'elle était en couple.

Mais on s'était quand même tripatouillé un peu", me disait-il hier en début d'aprème.

"Puis, elle ne s'est pas présentée à la dernière éclipse", a -t-il ajouté un voile dans le regard.

Y était-elle hier?