dimanche 28 novembre 2010

Entrevue avec Ludivine Sagnier



En Sagnier pour Ludivine

Devenue symbole sexuel avec Swimming Pool de François Ozon (2003) confirmé par La femme coupée en deux de Chabrol (2007), Ludivine Sagnier  représente aussi l’archétype de l’actrice qui se transforme d’un rôle à l’autre. À la fois lolita ingénue et femme troublante, elle possède «un œil qui inquiète et un autre qui rassure» comme le disait le regretté Alain Corneau, réalisateur de Crime d’amour. Un délicieux film teinté de nord américanité qui sort en salles ces jours-ci.

Claude André

Dans Crime d’amour, vous avez une liaison avec l’amant de votre supérieure. L’hostilité de cette dernière à l’égard de votre personnage vient-elle de cette «trahison» ?
Non, je crois que cela fait partie de la stratégie de Christine que de lui mettre lui son amant dans les pattes. Et puis, il y une relation amoureuse non assumée qui est sous-jacente à leur relation. Il s’agit donc une façon de se rapprocher d’elle.

La France est le pays où l’on consomme le plus de psychotropes per capita et il y a eu récemment plusieurs cas de suicides reliés aux stress dans les entreprises or ces éléments sont évoqués. Alain Corneau a-t-il aussi fait un film sur la modernité ?
Bien sûr. Ce genre de duel est plutôt contemporain parce que les femmes en hautes responsabilités, c’est récent. En plus, dans un contexte masculin ça ne se passerait pas de la même manière : les hommes, s’il y a un problème, ils se cassent la gueule et on en parle plus.

Le titre de notre critique du film sera : le machisme au féminin…
Alors on est complètement dedans ! En France, hors la Défense, il n’y a pas de buildings comme ici. Alors je me souviens de ce sentiment d’enferment, comme dans un aquarium, pendant le tournage. On voyait les gens, à la pause déjeuner, descendre pour aller fumer une cigarette. Comme si tout le monde avait besoin de sortir quoi. Il y a quelque chose de très aliénant dans le fait de rester enfermé. Et, effectivement, pendant le tournage on apprenait tous les jours de nouveaux cas de suicides à France Télécom. Nous voulions raconter un polar qui dans le fond se faisait rattraper par le réalisme du propos, quoi. C’était un peu troublant...

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