samedi 29 mai 2010

Arno : Brussld



Dégaine alcolo magnifique, humour singulier et tendresse d’écorché, revoilà l’Arno que l’on adore avec un 11 ième chapitre bilingue taillé dans le rock (en anglais), l’électro, la musique festive et la chanson poignante (en français).

Il faut entendre la magnifique «Quelqu’un a touché ma femme» et cet hommage à la féminitude «Elle pense quand elle danse».

Fidèle à son habitude, le Bruxellois à la voix virile, sarcastique ou émue livre sa traditionnelle relecture de standard.

Cette fois : «Get Up, Stand Up» de Marley, en formule piano/voix.

Mais quand reviendra-t-il donc nous chanter les choses de la vie et nous faire tanguer sur ses guitares tranchantes, ses synthés eighties et ses hymnes fédérateurs ? *** ½

Voici un extrait piano-voix de la susmentionnée «Quelqu'un a touché ma femme». D'autres extraits live de l'album ici 

vendredi 28 mai 2010

Mother de Bong Joon-ho







Maman mène l’enquête

Afin d’innocenter son fils simplet accusé de meurtre, une mère ambiguë déploie sa propre enquête.

Claude André

Source de multiples tracas pour sa génitrice, Do-joon (Won Bin), 27 ans, qui ne rate jamais une aventure rocambolesque décide un jour de perdre sa virginité et se rend à un bar.

Bourré comme une huitre, il quitte l’endroit et se met à suivre une jeune écolière qui sera retrouvée morte le lendemain dans un building désaffecté.

Les apparences étant ce qu’elles sont, le simple d’esprit devient le bouc émissaire idéal et se retrouve en tôle après une enquête bâclée tandis que l’avocat chargé de la défense investit peu d’énergie dans cet accusé plutôt modeste.

La mère, quant à elle, persuadée de l’innocence de son fils plus ou moins amnésique, entreprend de mener sa propre enquête.

Icône populaire maternelle en Corée du Sud grâce à ses rôles à la télé et au cinéma, la comédienne Kim Hye-ja relève avec un brio remarquablement intense le gant que lui a lancé le réalisateur Bong Joon-Ho (Memories Of Murder et The Host ) avec ce Mother.

Une œuvre habilement maitrisée dans laquelle le réalisateur souhaitait explorer le courage et la détermination dont les mères font souvent preuve mais aussi les zones troubles qui peuvent exister dans les relations mères/fils histoire de briser les stéréotypes.

Outre les quelques évocations freudiennes (on y suggère l’inceste et l’infanticide) qui nous démontre comment l’apparente douceur cache parfois une malsaine volonté de contrôle, le spectateur plonge dans ce film qui mélange les genres avec un intérêt délectable.

Intérêt qui le fera osciller entre le ton humoristique, l’énigme meurtrière et la psychologie de personnages fascinante.

On pense à Hitchcok à certains moments, à Tarantino et ses clins d’oeil aux westerns et films d’arts martiaux à d’autres, mais surtout on se régale avec, ici et là, les follicules pileux au garde à vous.  À voir.

****

mardi 25 mai 2010

Laurence Hélie : country feutré

Éponyme

Sur la courte liste de ces artistes très doués qui donnent dans le country-folk ici, il faudra ajouter Laurence Hélie tout près du nom Catherine Durand.

Laquelle se retrouve d’ailleurs, en quelque sorte, la marraine artistique cette ex-Beauceronne qui chante l’amour et le déracinement sur des mots écrits par elle-même mais également un florilège d’auteurs dont Frédérick Baron, Martine Coupal et Brice Homs.

Avec un tube assuré en guise de carte de visite (Kérosène), Miss Hélie distille des ambiances feutrées accrocheuses et nappées de sonorités riches dont les subtilités portent les touches des réalisateurs Toby Gendron et Joe Grass (Lhasa).

On apprécie les inflexions vocales western totalement assumées et le côté intimiste de cette voix empreinte de sincérité. *** ½ Ca

http://www.myspace.com/laurencehelie

lundi 24 mai 2010

Nouveauté dvd : Le code a changé



Le code a changé

Autour d’un casting de grandes vedettes dont les cachets ont du faire augmenter la dette de la France, la réalisatrice/scénariste Danièle Thompson voulait amorcer une réflexion sur les petites lâchetés, la tentation charnelle et surtout la «dictature de l’apparence» et de la vacuité, les deux mamelles de l’ego.

L’histoire se déroule autour d’une rencontre «d’amis» à l’occasion d’un repas et ce qu’ils sont devenus un an plus tard.

 L’idée est bonne, les dialogues et leurs doubles sens savoureux mais on à parfois du mal à adhérer aux personnages. **1/2

samedi 22 mai 2010

Stephen Barry Band

L'albatros du blues
                                                            photo: Jonathan Wenk
Trop méconnu du grand public, le Stephen Barry Band,  s’apprête à célébrer ses….35 ans avec un spectacle événement.

Claude André

Rencontrer Stephen Barry c’est un peu comme discuter avec la mémoire musicale du Montréal bluesy. Grand, mince, arborant casquette et dégaine nonchalante, l’ultra sympathique vétéran bassiste/contrebassiste est une véritable légende vivante auquel ses pairs vouent un respect sincère.

C’est qu’en plus d’avoir été touché par la fée des musiciens, Barry déploie avec ses ailes d’albatros une vocation quasi mystique qui le pousse encore à sillonner les routes Québec et d’ailleurs histoire de répandre la bonne nouvelle.

Plusieurs de tes musiciens se sont dispersés au fil des ans dont Jordon Officer recruté par Susie Arioli, il sera de l’événement ?
Oui, Susie et Jordon. Tout comme le violoniste Joel Zifkin qui joue beaucoup avec les sœurs McGarrigle et peut-être un de mes anciens guitariste. Une fois je me suis amusé à compter : 47 musiciens ont joués avec le band au fil des années. Maintenant, l’orchestre est très stable avec le guitariste original Andrew Cowan, le saxophoniste Jody Golick qui est avec nous depuis 15 ans, le batteur initial Gordie Adamson et moi-même.

Au cours de son existence, votre formation a donné dans plusieurs genres musicaux dont le folk et le country….
Il faut comprendre nous ne sommes pas exactement un orchestre de blues pur. Pendant les années 80, nous étions le house band du fameux bar Rising Sun. Souvent des musiciens américains arrivaient sans orchestres et ont jouait avec eux comme Buddy Guy, John Lee Hooker ou Big Mama Thornton.

Ce sont tes plus beaux souvenirs de musiciens ?
Oui, car il s’agit de personnalités qu’on ne peut pas imiter

Dans quel sens : la générosité, la liberté… ?
Non, c’est juste une question de génie ! Un talent. Un don de dieu.

Il y a des génies qui sont parfois insupportables….
Oui des fois. Big Mama était…ayayaye. Nous avions peur d’elle. C’est une personne très très tough. Mais on est chanceux, elle adore notre orchestre.

Est-ce plus difficile pour un musicien de vieillir sous les projecteurs que pour, disons, un avocat à
la cour ?
Oui, c’est plus difficile parce que tout est différent maintenant. Aujourd’hui c’est difficile pour les musiciens en général car le disco est partout. Et c’est «ben ben cheap» de payer juste un gars qui fait tourner des disques comparer à un orchestre de 4 ou 5 musiciens. Pendant les années 70, lorsque tu avais une gigue, c’était 6 soirs en ligne à la même place. Aujourd’hui, c’est juste un soir. Il faut faire quelque chose d’autre pour gagner sa vie.

Faut-il avoir vendu son âme au diable pour être encore aujourd’hui un musicien de blues ?
Ah ah ah… La joie de jouer est toujours là. Je ne suis pas tanné pantoute. Nous avons joué dans une petite salle la semaine dernière à Longueuil ça a levé et le feeling était extraordinaire. En plus, mes musiciens sont encore meilleurs qu’autrefois en raison de l’expérience acquise. La musicalité est totalement présente. Nous ne sommes pas tellement beaux mais le feeling est toujours là et on est bons…(rires)

Stephen Barry Band
L'Astral
22 mai à 20 h.

mercredi 19 mai 2010

À l'agenda du 19 mai au 2 juin

                                          Photo : Sylvain Lalande
J’y étais…

Voilà ce que pourront se dire les amateurs de blues, country et folk qui se rendront assister au concert qui célèbrera le 35ième anniversaire du Stephen Barry Band. Un artiste légendaire qui à hante encore les salles de spectacles de la Province et que d’aucuns qualifient de «père du blues» chez nous. Armé de sa contrebasse ou de sa basse électrique, Barry qui a déjà joué avec des mégas pointures telles Big Mama Thornton, Buddy Guy et autres John Lee Hooker sera entouré des ses 4 fidèles complices, notamment, Andrew Cowan (guitare) et Jody Golick (saxo). Lors de cet événement festif et nostalgique, la bande devrait recevoir un florilège d’invités spéciaux dont, chuchote-ton, Anna McGarrigle. Le blues nous guette…
Samedi 22 mai à l’Astral


Muter au Mutek

Du 2 au 6 juin, la communauté technoïde célèbrera son grand pèlerinage annuel à l’occasion du Mutek. Cet événement qui se déroule dans 40 villes à travers 18 pays produit des spectacles électrisants depuis maintenant plus de 10 ans. Pour l’occase, la géante bacchanale qui fait la part belle à la créativité numérique et à la musique électro permettra de faire, encore une fois, découvrir l’avant-garde et les valeurs sûres et cela au cœur du quartier des spectacles. Parmi les rendez-vous à inscrire d’une pierre blanche : Le spectacle extérieur électro-latino (mais très accessible) du célèbre «Senor Coconut» qui sera accompagné de sa bande de 8 musicos. Le Golden, pour sa part, nouveau projet de notre célébré Jean-Phi Goncalves allumera le party en première partie le 5 juin sur le Place des Festivals à 21h00.
Dilemme à prévoir puisque le même soir Guillaume & The Coutu Dumonts brûleront les planches du Métropolis.
http://www.mutek.org/
Photo: Senor Coconut, courtoisie Mutek
                                                        






Le rythme qui tue

Vous aimez la soul et le r&b? Nous ne saurions trop vous recommander de mettre la grappe sur «On trace la route», le plus récent encodé de Christophe Maé. Un opus qui ne quittera plus votre lecteur pendant des semaines et fera le bonheur de vos 5 à 7 ensoleillés. Avec ses pièces à la fois mélancoliques et entraînantes ainsi que des textes pas piqués des vers signés par le chanteur lui-même, Diam’ ou Boris Bergman (Bashung), ce gus qui cartonne grave en France et dont le chant haut perché est tout en reliefs nous balance de l’excellente file goude miousic.

Licha sort du sac

Il plane actuellement un buzz autour du créateur Emmanuel Licha et son Pourquoi photogénique ? Une expo labyrinthique qui réunit photos et vidéos captées à la base militaire Fort Irwin, Californie. Un endroit qui, pour fins militaires, reconstitue la ville de Bagdad.
Galerie SBC, 372, rue Sainte-Catherine O. jusqu’au 19 juin.

lundi 17 mai 2010

«On trace la route» de Christophe Maé



Passionné par Stevie Wonder et Bob Marley, le Français Christophe Maé distille une variété soul et R & B top qualité et ce quatrième encodé, qui cartonne en Europe, pourrait le faire connaitre ici.

Phrasé mordant, variations vocales colorées, ce trentenaire balance ses douleurs amoureuses chaudement rythmées ou réflexions sur le sens des choses sur des textes pas piqués des vers grâce, entre autres, à de solides collaborations avec Boris Bergman (Alain Bashung) et Diam’s.

On craque pour J’ai laissé et Pourquoi c’est beau. *** ½


«On trace la route»
Christophe Maé

dimanche 16 mai 2010

Le point rouge: un film sur la quête de soi


Présenté avec sous-titres en français au Quartier-Latin


La quête de soi

Le point rouge, un très beau film sur la culpabilité, le sens de la vie et la quête de soi

Claude André

Aki Onodora a 21 ans. Étudiante, elle vit à Tokyo et semble avoir toute la vie devant elle. Mais une certaine tristesse voile son regard. Un jour, alors qu’elle rend visite à ses parents qui habitent en périphérie, sa mère lui montre, fière, un pot de prunes confites qui macèrent dans un placard. Mais c’est une boite qui retient l’attention de la jeune femme.

Après insistance, elle peut enfin mettre la main sur ce contenant qui l’obsède depuis l’enfance et ce qu’elle y découvre la conduira en Allemagne où elle rencontrera un adolescent rebelle et cynique ainsi que sa famille dont le paternel semble porter un lourd secret.

Évidemment, le spectateur découvrira rapidement ce dont il s’agit mais là n’est pas le propos principal de ce film à la fois très lent et très beau avec ses image zen malgré quelques maladresses sur le plan de la mise en scène.

Car au delà de l’énigme, cette histoire imaginée par réalisatrice Marie Miyayama, dont ce premier long métrage était à l’origine un projet de fin d’études, tourne autour de la quête de soi.

Comment vivre avec le deuil d’une famille que l’on n’a pas véritablement connu ? Comment se manifeste la résilience ? Peut-on faire la paix avec sa propre tragédie humaine ?

On en ressort ému avec cette folle une envie de téléphoner à nos proches pour leur dire combien on les aime. Parfois ils ne sont plus là pour répondre, hélas.

***1/2

samedi 15 mai 2010

Les Contes de l'âge d'or de Christian Mungiu





Une fois c’t’un gars

Cinq légendes urbaines, une fin de régime communiste et un humour qui évoque tantôt les frères Coen tantôt Kusturica, voici les Contes de l’âge d’or

Claude André

Auréolé de la palme d’or qu’il a reçue à Cannes en 2007 pour son 4 mois, 3 semaines, 2 jours, le réalisateur et scénariste Christian Mungiu revient cette fois avec un patchwork qu’il a écrit et ensuite tourné en compagnie de quatre autres réalisateurs. 

Puisqu’il souhaitait revivre ses 20 ans, Mungiu nous replonge dans la grise Roumanie des années 80 sous Ceausescu.

Évidemment, lorsqu’on pense au dictateur roumain, ce sont les images de charnier et autres boucherie humaines qui nous viennent en tête. 

Pourtant, ce n’est pas de cela que traitent ces petits films mais bien de la quotidienneté empreinte de situations ridicules où la débrouillardise fraie avec la méfiance et la peur inhérentes aux régimes communistes. 

De l’absurdité de l’obéissance aveugle qui fait que des villageois se retrouvent à passer la nuit à tourner dans un carrousel volant avec des représentants du Parti à ce cochon qu’on ne sait trop comment abattre dans un HLM, en passant par des jeunes arnaqueurs qui capturent de l’air et un photographe gaffeur qui traficote mal une photo du président destinée à la presse officielle, les petits films forment un tout des plus cohérent. 

Et ces deux heures de cinéma nous prouvent que non seulement le ridicule ne tue pas mais qu’il peut aussi parfois «servir de socle au rejet d’une dictature» pour reprendre Mungiu. Jouissif malgré la grisaille du quotidien et la pénurie matérielle en toile de fond. *** 1/2



vendredi 14 mai 2010

dvd: La fille coupée en deux



Une jeune et rayonnante Miss Météo (Ludivine Sagnier)  tombe éperdument amoureuse d’un écrivain sexagénaire hédoniste et tordu (François Berléand, juste). 

En parallèle un fils à papa (superbe Benoît Magimel) aussi riche que narcissique s’entête à séduire la belle. 

Avec ce scénario habilement ficelé où s’entremêlent naïveté amoureuse, rivalité masculine et bourgeoisie crapoteuse, Claude Chabrol signait en 2007 une étude de mœurs, fraichement dispo en dvd, sur l’argent et la notoriété.

Captivant et délicieusement… pervers. **** 

mardi 11 mai 2010

Jonathan Roy: Found my way

Si on ne se laisse pas décourager par l’approche clinquante et poseuse du fils de l’autre (il faut voir le clip d’Everyday), ce deuxième album n’est pas dépourvu de qualités.

Évoquant Rod Stewart, John Mellencamp ou Justin Timberlake, l’ex cerbère plaira sans doute aussi aux partisans de la culture spring break et pourrait trouver preneurs autour des piscines au cours de l’été. 

Mais la surabondance des chœurs, le côté ultra léché de l’affaire et les refrains répétés à profusion en rebuteront d’autres. ** ½ 

lundi 10 mai 2010

Angel Forest: Come Alive



Bien connue des amateurs de blues du Québec, la fougueuse gypsye Angel Forrest publie son troisième album (si on exclut les deux disques de reprises) aux teintes blues certes mais aussi folk, pop et rock dans la langue de Kim Carnes.

Avec son parti pris évident pour les seventies, cet opus très bien réalisé évoque bien sûr Janis Joplin, dont Forrest est une fan manifeste et… Laurence Jalbert dans les inflexions hautes.

Quelques titres très accrocheurs devaient se frayer un chemin sur les ondes hertziennes dont les pièces Come Alive et Breakdown. ***1/2

http://www.myspace.com/angelforrest

samedi 8 mai 2010

Entretien avec Tony Gatlif


Un Rom libre


Après Gadjo Dilo, Exils et autres chefs-d'oeuvre, Tony Gatlif nous parle de Liberté. Entretien.

Votre film aborde notamment la thématique du refus de l'Autre. On ne peut s’empêcher de penser au débat sur l'identité nationale qui refait surface en France : on voulait aussi laïciser et «domestiquer» les Roms sous l'occupation comme vous le démontrez. Y voyez-vous un lien?

C’est en apprenant que Jacques Chirac voulait réunir des Justes au Panthéon. J’attendais de savoir s’il y avait eu des Justes, dans cette liste, qui avaient sauvé des Tsiganes, mais il n’y en avait pas. Alors je me suis mis à la recherche de ceux qui les ont sauvés en peu partout. J’ai ainsi trouvé un notaire que j’ai transformé en vétérinaire également maire du village. Je voulais absolument parler des Justes, pour raconter ce pan de l’Histoire oublié, si douloureux. Perdu dans le silence de l’Histoire.


À travers votre œuvre, voulez-vous sanctifier le peuple gitan ou de la démystifier ?
C'est de rendre la réalité. Le peuple gitan a été victime de clichés, de folklore... Le folklore c'est ce que préfèrent tous les dictateurs du monde (Ceaucescu, Hiltler Mussolini, Franco).

Le personnage de Taloche est, visiblement, un fou. Est-ce la seule vraie «liberté» possible ?
Erreur. Ce n'est pas un fou, c'est l’âme Tsigane. Taloche est en communion avec le ciel, la terre, l’eau, le vent. C’est un homme libre, un homme qu’on ne peut pas enfermer.

D'aucuns auront du mal à concevoir que les Gitans préfèrent reprendre la route au péril de leur vie alors qu'ils ont une planque légale. En même temps, des personnages accompagnent l'hymne pétainiste «Maréchal, nous voilà !» chanté dans une école en y ajoutant de la musique festive gitane. Doit-on y voir une certaine forme de naïveté, un déni de la réalité ou...?
Les Tsiganes de l'époque ont toujours détesté la sédentarité ; ils ont peur des murs, c'est oppressant, les pierres gardent les secrets des morts. C'est la peur de réveiller les morts.

Avec le personnage du petit Claude, un orphelin dont on ignore les origines mais qui veut à tout prix se joindre aux Gitans, vouliez-vous sous-entendre que ce dernier est un fugitif juif, afin de faire un lien avec le sort terrible qui attendait à la fois les Juifs et les Gitans dans les camps de concentration?
Je n'ai jamais voulu éclaircir ce point, mais le doute qui plane me plait.

Parlez-nous de Marie-Josée Croze. Pourquoi une actrice québécoise dans un film aussi profondément axé sur l'identité?
Parce qu’elle correspondait au rôle et que je me suis bien entendu avec elle. J'aime les acteurs vrais qui ne trichent pas avec leur métier.

Quel est selon-vous le plus beau film de tous les temps ?
Il reste à faire...

L'autre holocauste



-Liberté, de Tony Gatlif

France occupée. Petit village, un convoi de Romanichels débarque pour les vendanges. Mlle Lundi, une institutrice (excellente Marie-Josée Croze), humaniste et résistante s’emploie à alphabétiser les enfants tandis que le maire/vétérinaire (Marc Lavoine, gueule d’atmosphère) recueille le petit Claude, 9 ans, dont les parents ont disparu.

Mais la terrible menace nazie et collaborationniste rôde. À travers cette œuvre inspirée et fouillée  (entre 250 000 et 500 000 Roms ont péri dans les camps), le grand Tony Gatlif (Latcho Drom, Gadjo Dilo), souhaitait d’une part défolkloriser les gitans mais également rendre hommage aux Justes qui ont décidé de «faire quelque chose».

En prime on (re)découvre aussi, grâce, notamment, l’excellent James Thiérrée (petit fils de Chaplin), le «peuple du voyage» dont la liberté est aussi essentielle pour vivre que l’eau pour les poissons.

Avec ses images et sa musique envoûtante, ce film plaira aux amants de… la liberté. *** ½

nb: commentaire publié dans le Ici/24 Hres d'hier. À venir, entretien avec Tony Gatlif.

jeudi 6 mai 2010

À l'agenda

L’ultime bataille

Véritable voix d’une génération, le chanteur français Mano Solo s’en est allé engueuler le bon dieu, avant de le faire pleurer, le 10 janvier dernier à l’âge de 46 ans.

 Après 9 albums aussi magnifiques les uns que les autres, dont un avec Les Frères misère (punk), il publiait en 2009, la magnifique «Rentrer au port» qui n’est malheureusement pas encore disponible ici.

Qu’à cela ne tienne, il nous est loisible de l’écouter et l’acheter en ligne sur le site http://www.musicme.com/.

Sorte de jukebox de l’infini, ce site vous permettra d’écouter, tout à fait gratuitement, des milliers d’albums récents et/ou classiques et, comble de bonheur, vous propose également une radio adaptée à vos goûts musicaux. Parfait tant pour les nostalgiques que pour les avant-gardistes.




Desperado de la six-cordes

Vous aimez jouer de la guitare imaginaire en brandissant la tête au son de Led Zep et autres ACDC ? Ne loupez pas le concert que livrera notre guitare héros Steve Hill entouré de la bande The Majestiks.

Pour l’occase, cette bête de scène qui revient de Los Angeles, après s’être produit avec The Respectables au mythique Whisky A Gogo (où se sont défoncés The Doors, Hendrix, Van Halen, Gun’s n Roses…), nous gratifiera des pièces de son plus récent brûlot : «The Damage Done».

Un opus rock clouté de blues décapant. On en redemande.
Steve Hill & The Majestiks
15 mai
L’Astral



Futur classique ?

Vous avez aimé les classiques Gadjo Dilo et Latcho Drom du grand cinéaste Tony Gatlif ? Vous succomberez pour Liberté, un film sur les Tsiganes, l’humanisme et la Shoah qui sort chez nous le 7 mai. Avec Marc Lavoine et ... Marie-José Croze.


 




 
 
Design sonore
 

Enfin mai et ses couchers de soleil sur la terrasse. Au moment de savourer un plat de pâtes accompagné d’un verre de Bordeaux, nous ne saurions trop vous recommander d’insérer dans le lecteur l’album Un design sonore de Monique Giroux.

Un florilège de 16 chansons francophones et anglophones sélectionnées par la célèbre animatrice de radio qui saura vous napper dans une ambiance des plus voluptueuse.

De Nina Simone (Let It Be Me) à Fredo Viola (The Sad Song) en passant par une inédite de Pierre Lapointe (L’été), un superbe duo signé Catherine Major/Alexandre Désilets (La voix humaine) ou un classique de Christophe (Les mots bleus), cet album coule de source comme l’eau dans la rivière auréolée de lilas.