mercredi 13 juillet 2011

Gerry : entre la coke et le Coke Diète

Éric Bruneau et Mario Saint-Amand personnifient Pierre Harel et Gerry Boulet dans Gerry le film

Le film tant attendu consacré à la vie de Gerry Boulet n’est pas sans défauts mais la remarquable interprétation de Mario Saint-Amand transcende le tout.
L’histoire, qui a la mémoire courte, zappera la période yéyé des Gants Blancs et retiendra de Gérald Boulet deux images différentes : celle à la fois attrayante et rébarbative d’un animal sauvage et primitif qui incarnait de façon chevelue le célèbre «sex, drug and rock and roll» made in Québec.  Et l’autre, celle de la rédemption où, se sachant atteint par la maladie, l’artiste amorça un virage solo beaucoup plus «mainstream» voire sirupeux sur le plan musical. Tournant qui l’a consacré icône populaire auprès du grand public. Et cela même si Offenbach demeure le premier groupe québécois à «avoir fait le Forum» (note pour les plus jeunes : l’ancêtre du Centre Bell). 
Or, c’est ce Gerry «pipeulisé» qui a triomphé lorsqu’est venu le moment de choisir l’angle et surtout le ton du film. Une oeuvre qui, pour un Pierre Harel par exemple (membre originel d’Offenbach et parolier), semblera beaucoup trop aseptisé. 
Gerry, après tout, ne carburait-il pas davantage à la coke qu’au Coke Diète ?
Divisé en trois partie : jeunesse et formation d’Offenbach, période française trash et rencontre de sa seconde épouse, puis cancer et succès populaire, Gerry le film aura le mérite de survoler de façon parfois captivante, en raison d’un savoureux souci du détail, quatre décennies québécoises en un peu plus de deux heures. 
Ce qui demeure un tour de force sur le plan de la réalisation signée Alain DesRochers (La Bouteille, Nitro, Cabotins). Lui qui n’a cependant pas su éviter certains tics du cinoche populaire telle cette voiture qui flambe en plein écran derrière le héros qui marche à l’opposé vers son destin. 
 Quel destin?
Le film, outre quelques esquisses de flashs spirituels, ne nous en apprend guère hélas sur la psychologie du personnage qu’était Gerry et certaines des répliques écrites par Nathalie Petrowski évoquent, involontairement, ce qui pourrait être un cousin pas si éloigné d’Elvis Gratton. 
Ses saintes colères sont hélas quasi évacuées ainsi que son nombrilisme et les nombreux conflits qui ont jalonné sa vie.
Outre le fait qu’il souhaitait percer aux États-Unis et qu’il était un hédoniste exacerbé tiraillé entre deux femmes en particulier et toutes les autres en général, l’étoffe du personnage ne tient, finalement, qu’à l’idée qu’il ne souhaitait pas finir travailleur à la petite semaine comme son père. 
Malgré des choix scénaristiques qui tirent parfois le film vers une mièvrerie de type roman Harlequin (la biographie écrite par Mario Roy était pourtant foisonnante), Gerry le film, bien qu’il ne possède pas la finesse artistique de Dédé à travers les brumes, demeure un savoureux et émouvant divertissement dont on retiendra la musique, l’ambiance et surtout l’époustouflante performance de Mario Saint-Amand.


Gerry le film est actuellement à l'affiche dans plusieurs cinémas au Québec.


Nb: Ce texte est d'abord paru dans l'édition en cours de l'hebdo Accès Laurentides. Merci.




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