vendredi 30 avril 2010

Un design sonore


Un design sonore
Monique Giroux
Tandem/Select


Une sélection de pièces signée Monique Giroux ? Oui mais pourquoi? Puis, question de tester, on apporte l’objet au repas d’aniv d’une copine où il y aura 5 femmes et deux poilus. Résultat ? Trois d’entre-elles on inscrit le titre du cd sur un bout de nappe tandis que l’ami mâle demeure persuadé qu’il s’agit d’un redoutable allié pour celui qui veut ramener une éventuelle conquête à la maison.

Avec son entrée en matière crooner, le duo Romy Schneider et Michel Piccoli sur La chanson d’Hélène, pour ensuite enfiler Let It Be Me interprétée par Nina Simone et enchainer avec la cheezy mais top accrocheuse She d’Elvis Costello puis, plus tard, la magnifique inédite L’été de Pierre Lapointe ou le classique Les mots bleus de Christophe, Monique Giroux a eu la main plus qu’heureuse et son climax sonore s’avère très relevé. Une autre assiettée svp. **** CA

jeudi 29 avril 2010

Jeanne Rochette: Elle sort


Jeanne Rochette
Elle sort
Frimousse/Archambault

Après le grand répertoire jazz/chanson française qu’elle revisitait dans les bars, la montréalaise d’adoption propose un premier chapitre largement inspiré de ces courants mais aussi des rythmes du monde notamment avec la rigolote et arabisante Mes deux Medhi

Avec le surdoué François Bourassa qui assure au piano, entre autres musiciens, la jeune trentenaire à travers un esprit ironique propose un album légèrement coquin, d’apparence lumineux mais parfois crépusculaire qui s’avère fort agréable. 

dimanche 25 avril 2010

Ce regard-là

Ce regard-là (chanson pour Chloé)

Café Placard, milieu d’aprème
La comédienne est en retard
Je me commande un café crème
Repasse le film de notre histoire

Tu m’avais demandé d’attendre
L’exil de ces grands oiseaux noirs
Qui viennent encore te surprendre
Lorsque tu bois seule ton cafard

J’ai mal à mon impuissance
Alors je t’envoie des poèmes
Pour habiter le grand silence
De ces journées sans nos «je t’aime»

S’il est vrai qu’un jour tout s’en va
Au hasard des ivresses qui suintent
Je n’oublierai jamais ce regard- là
Qui m’enivrait de ses absinthes

Hier j’ai rencontré l’éditeur
Signé un contrat de chansons
Et sur le coup de quatorze heures
Suis allé marcher sans raison

Il faisait froid sur Saint-Laurent
Puis j’ai aperçu ta voiture
Et ce type derrière le volant
Comme pour m’annoncer la torture

Bientôt Noël, le nouvel an
Tu seras sans doute avec lui
Moi je penserais à nos enfants
À c’qu’auraient pu être notre vie

S’il est vrai qu’un jour tout s’en va
Au hasard des ivresses qui suintent
Je n’oublierai jamais ce regard- là
Qui m’enivrait de ses absinthes

La comédienne vient d’arriver
Je ferai un beau texte pour la Une
Puis j’irai m’cacher pour pleurer
Quelque part entre les brumes

Je tenterai de dessiner
Ton regard vert qui m’enivre
En essayant de deviner
À quoi tu penses dans le givre

Un oiseau viendra se poser
Il me dira : «elle pense à toi»
Et moi encore j’attendrai
Que tu reviennes… comme autrefois

S’il est vrai qu’un jour tout s’en va
Au hasard des ivresses qui dansent
Je n’oublierai jamais ce regard-là
Qui m’enivrait, même dans l’absence


Claude André, 22 décembre 2009

vendredi 23 avril 2010

Ariel: Après le crime


Tiens-toé ben, j’arrive !



n.b : Cet article a d'abord été publié dans la section Ici du journal 24 H.

Entre les B-52’s, Queen Of The Stone Age et l’univers de Tim Burton…la formation Ariel débarque.

Claude André

Dans la mythologie, Ariel serait l’archange, catégorie supérieure aux anges, porteur de lumière après la chute de Lucifer. Dans la musique désormais, c’est aussi le nom de la formation rock, stoner, new-wave, glam, Ariel.

Rapport ? «Ben, oui, c’est mon vrai prénom mais il est vrai aussi que je me nourris beaucoup de négativités. L’album se nomme Après le crime. Je m’intéresse beaucoup à l’idée que la société judéo-chrétienne nous renvoie du mal. Que l’on soit la victime ou le bourreau, oui le mal existe, mais la question qui me préoccupe est qu’est-ce que l’on fait avec ? Moi, je tente de créer quelque chose qui ne sera ni lourd ni moralisateur. En fait, j’essaie de servir de miroir mais avec un sourire en coin», raconte le chanteur et auteur-compositeur Ariel Coulombe accompagné de Jonathan Gagné. Batteur de son état, avec lequel on discutera plus tard des adeptes du conspirationisme et du hockey comme référant religieux au Québec.

L’un, lendemain brosse, qui arbore Converse, T-Shirt et eyes liner noirs, Ariel. Et l’autre, avec veston, chapeau et lunettes d’intello, Jonathan, le journaliste les observe et se dit, en pensant au jeune Leloup : «voilà deux types allumés dont l’avenir semble des plus prometteurs».

D’ailleurs n’ont-ils pas, en compagnie des trois autres membres du quintette, eu l’embarras du choix au moment de signer un contrat avec une compagnie de disque ?

Chose rarissime en ces temps incertains dans l’industrie de la musique.

 Qu’à cela ne tienne, on y a mis toute la gomme chez Tacca : réalisation de Gus van Go (Stills,Vulgaires Machins, Priestess), premier clip (déjà buzz à M+) avec effets spéciaux mis au point pour le film Avatar, pochette d’album cartonnée et dépliable, bref, les astres sont désormais favorables à la descente de l’ange noir qui distribuera bientôt ses maléfiques offrandes douces amers avec charisme envoûtant et dégaine rock assassine. Ainsi-soit-il.


Ariel: Chargez! from Benjamin Lussier on Vimeo.

Ariel
Après le crime
Tacca/Select
Dès le 27 avril

dimanche 18 avril 2010

Chinatown: buffet ouvert





Près d’un an après la parution de l’excellent Cité d’or, la formation Chinatown revient nous chauffer les baguettes.

Claude André

Nerveux et craintif en mai dernier devant l’auteur de ces lignes qui l’interviewait dans le cadre de la publication du premier album de sa formation, c’est un Félix Dyotte (voix/guitare) légèrement fatigué mais néanmoins heureux qui s’amène dans le café du Mile End.


Alors, la vie est belle pour Chinatown ?
Oui. Nous sommes revenu hier (mardi) d’une tournée de trois semaines en France où nous avons fait deux shows avec Cœur de Pirate et pris 4 ou 5 brosses avec sa gang (rires). Les deux spectacles avec elle étaient aussi spéciaux pour nous car nous avons joué en formation acoustique pour la première fois. On ne considère pas que le fait de jouer devant une foule de 1500 soit quelque chose de naturel pour notre formation, alors nous étions très stressés. Finalement, ça s’est super bien passé même si c’était improvisé. Aussi, bien que nous l’ignorions au départ, il semble bien que le public de Cœur de Pirate correspond à 100% à notre genre musical.


Il est vrai que ce que vous faites, même si tu n’aimais qu’on le dise l’an dernier, évoque les groupes yéyé européens des sixties…
Il est vrai que l’on fait partie de la gang de Québécois qui est fortement influencée par la musique européenne. Quant à ta remarque, mon opinion est plus modérée maintenant car j’en ai découvert et ce n’est pas juste de la m…. (rires).

Plus relaxe que l’an dernier alors (rires) ?
L’an dernier, nous étions sans doute moins habitués à entendre des choses que, a prime abord, nous n’avions pas analysées de la même façon. Depuis, on s’est fait comparé à tellement de d’affaires qu’il faut lâcher prise.

La comparaison qui t’a le plus étonnée?
Ça ne me revient pas mais les comparaisons avec Indochine ont foisonnées.

Parle-nous de ce spectacle de «rentrée» de Chinatown.
Il y aura un clavier de plus tout le long du show avec Liam O’neil des Stills. Ce qui permettra à Pierre-Alain de se libérer du sien et de danser comme un malade pendant les chansons qu’il interprète. Ca va être drôle. Il y aura aussi une section de cuivre qui sera présente sur plusieurs pièces en plus d’invités surprises.  

On m’a parlé de nouveau décor…
Oui, mais personne du groupe ne l’a encore vu. J’espère que je ne serai pas aussi étourdi que le public et que j’aurai eu le temps de m’habituer un peu. L’autre grande différence est qu’on revient avec un show plus rôdé jumelé à une nouvelle façon d’interagir avec le public. Bref, je pense qu’on «rocke» plus qu’avant.

Vous avez gagné le prix de la meilleur prestation au festival Osheaga notamment, que s’est-il passé sur le plan de la maturation du groupe en un an?
Avant, nous avions peur de faire des conneries ce qui n’est plus le cas maintenant. Lors de notre deuxième show à Paris, on s’est défoncé d’une telle façon que cela aurait été impossible il y a six ou huit mois. Puis, lorsque nous avons constaté la réaction du monde cela nous a rempli d’enthousiasme. Nous avons compris finalement que nous n’avons pas de contrôle sur les réactions des gens. Ce qui constitue une excellente chose car si nous avions ce contrôle, nous deviendrions peut-être des putes.

Le public français vous a donc déviergé….
Oui ! Mais sans qu’on se fasse payer. Ce qui fait que nous ne sommes pas encore des putes (rires).


Chinatowmn
22 avril au Cabaret Juste pour rire.

samedi 17 avril 2010

New Denmark de Rafaël Ouellet




Nuages lourds

Après avoir séduit les amateurs de cinéma indépendant avec ses deux premiers films, le réalisateur Rafaël Ouellet revient surprendre la galerie avec l’onirique New Denmark.

 Claude André

Carla, 16 ans, placarde des affiches un peu partout dans le village. Sa sœur est disparue. Sous un ciel gris et lourd parsemé de nuages immenses, la jeune fille entreprend de la retrouver. On suit son périple et sa perte d’innocence dans un quasi road movie qui nous mènera à New Denmark, Nouveau Brunswick.

À travers une quête initiatique où les dialogues sont réduits à leur plus simple expression au profit d’images suggestives et de quelques indices glanés ici et là, la jeune fille (excellente Carla Turcotte) en état de choc oscille entre le rêve et la réalité.

Privilégiant le regard de la jeune femme et de son entourage d’amis, le réalisateur écarte la probable enquête policière et le monde des adultes, sauf pour un personnage masculin dans la quarantaine qui acceptera de prendre Carla à bord de son auto et dont on se demande la nature des ses véritables intentions.
Avec sa direction d’acteurs efficace, New Denmark est un film impressionniste où tout ce passe dans les regards, les silences et les cadrages. S’il confirme la maîtrise de son réalisateur destiné à un très brillant avenir, on aurait aimé parfois des indices un peu plus explicites et certaines scènes mieux définis comme celle où l’équipe de soccer de la Carla se rend au cimetière.

***


Entretien avec le réalisateur Rafaël Ouellet


Comment vous est venue l’idée de ce film ? Je voulais absolument tourner un film à l’été 2008 et à ce moment-là, j’ai pensé a une fille d’environ 25 ans qui avait été portée disparue 6 mois plus tôt. J’étais un peu abasourdie face à l’absence d’intérêt de tout le monde. Quand Cédrika est disparue, nous connaissions tous son prénom, sa couleur de cheveux… et pourtant, cette fille-là, je ne peux même pas dire comment elle s’appelle moi-même. Parce qu’elle était âgée de 25 ans, les gens prennent pour acquis qu’il s’agissait peut-être d’une fugue, de prostitution ou d’un suicide ? Je me suis dit : «elle vit peut-être un drame aussi grave que celui de Cédrika Provencher…». Deuxièmement,  il y avait un groupe de jeunes, dans mon village, qui étaient disposés à travailler avec moi sur un film.

Votre village en Acadie ?
Non, New Denmark c’est aux frontières du Nouveau Brunswick et c’est le village voisin du mien qui Ville Dégelis (Temiscouata). Avec tous ces ingrédients, j’ai commencé à imaginer une histoire autour de cela. Et puisque mes films tournent autour de la perte de l’innocence, de la solitude et du deuil,je ne m’en sors pas et ce n’est pourtant pas volontaire …N

On remarque, avec vos trois films, que vous privilégiez les filles aux garçons.
Dans la réalité, avec des gars, ça devient rapidement autobiographique. Quand j’écris pour des filles, je peux décoller davantage. Je verrai en vieillissant mais pour l’instant c’est l’effet que ça me fait. Et puis la relation réalisateur/actrice m’a toujours un peu fasciné à l’instar de mes cinéastes fétiches.

Qui sont?
Ingmar Bergman, c’est sûr que ça reste en tête de liste. Ensuite, pas très loin derrière il y a les frères Dardenne. Si on remonte en arrière, Woody Allen, Fassbinder…La relation actrice et réalisateur c’est assez fascinant quand même. Aussi, comme je suis dans l’économie de moyen par choix, mais aussi pour des raisons techniques et économiques, je travaille avec des adolescents et dans ma réalité à moi, les filles sont beaucoup moins coincées que les garçons quand vient le moment d’apprendre un texte ou d’exprimer des sentiments.

Parlant de sentiments, votre film est très ouvert en terme d’espace, d’air, de ciel en même temps il y règne un climat de lourdeur…
Absolument. La première chose que j’ai dite à Carla c’est : «le film vient de commencer et tu t’es fait abattre par un camion». Pendant tout le film, c’est une onde de choc qui se produit et à chaque fois que j’ai pu glisser quelque chose au profit de cette idée-là, que ce soit un ciel, que ce soit un son ou que ce soit  des amis pour lesquels la terre continue de tourner, je m’en suis servi.

Radicalement indépendant, vous financer vous même vos projets cinématographiques avec les sous que vous gagner en travaillant à la télé…
Je dis souvent à la blague qu’au lieu d’investir dans une salle de bains ou dans des reer, j’investi dans ma carrière en finançant mes films. Je ne comprends que des gens qui font beaucoup plus d’argent que moi n’investissent pas dans leurs propres films. Il y a des persones qui demandent 7 millions aux institutions et ensuite ils pleurent dans les médias. Moi, si je suis capable de sortir 15 000 dollars alors que cette personne vit dans une grosse maison et que son film a fait beaucoup de sous aux box office, je me pose des questions.

vendredi 16 avril 2010

À l'agenda !



Soirée festive
Les amateurs d’ambiances à la fois festives et touchantes genre Renaud, The Pogues ou Cowboys fringants marqueront d’une pierre blanche la rentrée du très sympathique et trop méconnu Louis-Étienne. Flanqué de ses quatre fidèles desperados dont la violoniste Zoé Dumais, l’artiste qui lançait son second chapitre Sans se retourner en novembre dernier, devrait nous en faire passer une mémorable avec ses mixtures néo-flok, chanson, trad et celtiques. Parolier habile qui raconte la vie, l’amitié et l’amour au quotidien doublé d’un indéniable don de mélodiste, le gus aux allures bum de bonne famille est promis à de bien belles choses.
Louis-Étienne
23 avril à 20h00
Lion d’Or.
http://www.myspace.com/louisetienne





L’amour fou
Nous avons tous un jour cru mourir d’amour. L’audacieuse et unanimement acclamée photographe-plasticienne contemporaine Sophie Calle aussi. En guise de catharsis, elle a écrit «Douleur exquise» publié en 2003 chez Acte Sud. Un ouvrage dans lequel elle racontait une banale rupture pourtant vécue comme le moment le plus tragique de sa vie en plus de recenser quelques autres témoignages qui répondaient à la question : «Quand avez-vous le plus souffert ?». À partir de cette thématique, l’inspirée metteure en scène Brigitte Haentjens à conçu, en compagnie de la très intense comédienne Anne-Marie Cadieux, la pièce éponyme qui reprend l’affiche ces jours-ci. Une dissection du mal d’amour qui tangue entre rage, espoir et ironie et dont, paradoxalement, on ressort soulagé.
Douleur exquise
Théâtre de Quat’Sous
12 avril au 15 mai




Le monde et les temps changent
Parmi la pléthore d’albums de reprises en duos qui déferlent, il s’en glisse parfois un qui se démarque du lot. C’est le cas du très beau New Yorker (Hommage à Bob Dylan). Adaptées par le récidiviste vétéran Hugues Aufray, qui a dans le passé joliment exprimé sa passion pour l’œuvre de Dylan, treize immortelles qui ont reçu l’imprimatur du maître himself se découvrent une vie parallèle dans la langue de l’Hexagone. Notons les moments forts avec Arno, Cabrel, Birkin, Lavilliers et, notamment, Johnny Hallyday. Les lendemains ne chantent peut-être plus comme l’ont espéré un jour ces artistes humanistes, mais la magie dylanesque sait encore fait rêver.
New Yorker (Hommage à Bob Dylan)
Hugues Auffray
(Mercury / Universal / DEP)




La Folitude
Roger Tabra écrit des textes sublimes pour É. Lapointe, D. Dufresne, D. Bigras, L. Dufault et tant d’autre. En parallèle, il publie ces jours-ci un roman de rupture amoureuse beau et noir comme une nuit d’encre qui possède le souffle des exaltées. Éd. Michel Brûlé.

mercredi 14 avril 2010

Tabra la nuit




Immense bonheur de retrouver Roger hier au Verre bouteille, avenue Mont-Royal, à l'occasion du lancement de son livre La Folitude. Un récit qui raconte sa descente aux enfers suite à une rupture amoureuse. Comme vous êtes sympa, voici un extrait d'entretien que nous avons eu en 2007 au sujet de la nuit et ses avatars.

Tu as passé, pendant une trentaine d’années, à noircir le plus clair de ton temps dans les bars. Tu y recherchais quoi ?
Moi-même. Peut-être. Ou alors un peu fuir. Cela peut-être les deux. On sort dans les bars jusqu’à 4 ou 5 heures du matin, à Paris c’était toujours ouvert, et on sort de là les yeux et le cœur cernés.

Toi qui a connu les deux, qu’elle différence y a-t-il entre la nuit parisienne et la montréalaise ?
Montréal, c’est la campagne. Mais en même temps Montréal est quasiment plus permissive dans le sens ou, dans cette ville, les femmes sont plus abordables. Il y a aussi de la drogue. Hier soir, j’étais avec un ami pour rencontrer des jeunes filles dans un bar et bien qu’ils ferment les portes, on a pu rester dedans. À Paris, une demi heure avant la fermeture, on te sort déjà. Par contre à Paris c’est le transe. À Berlin, c’est exceptionnel aussi. Tandis qu’à Hambourg…les bars d’Amsterdam sont terribles.

On ne rencontre pas les mêmes personnes la nuit que le jour…Voilà sans doute ce qui t’a plu aussi
Mais c’est parce que je ne savais pas qu’ils étaient des gens de jour. J’ai toujours été un gars qui faisait 50 siestes par jour. Je me droguais, je ne le fais plus et je bois encore pas mal…Il y a eu cette période de ma vie, qui a duré trois ou quatre ans, ou l’heure de sortie était 1h00 du matin. Parce qu’on savait qu’à cette heure là, sortir c’était quasiment se garantir une rencontre. Malheureusement, ce n’était pas toujours des rencontres exceptionnelles mais, au moins, on ne rentrait pas tout seul.

Tu as passé des belles nuits avec la jet set ?
Je n’ai jamais été du jet set. La seule fois où je la fréquente, c’est au Gala de l’Adisq parce qu’il y a un gros party après. La nuit, c’est dans ma tête aussi. Tu vois, en ce moment il est 11h00 ou midi et je pourrais sortir dehors et ce serait la nuit. Parce qu’il a neigé, personne nous parle…Il y a sans doute des non-voyants qui ont des paysages plus lumineux que les miens. La nuit, on l’aime aussi, parce que c’est l’instant de tous les dangers. On peut se faire taper dessus….Et il y a des femmes qui nous ont trouvé tellement beau alors que nous étions laids comme des pioches. Et elles sont rentrées avec nous autres, imagine !

La nuit, les bars, c’est se croire immortel, non ?
Mais oui, complètement. À une condition, ne pas penser au matin. Lorsqu’on y pense, on redevient des mortels. On demande à un ami : « as-tu des lunettes noires que je puisse prendre un taxi ? »

Tiens, une blague: Un gars rentre saoul avec une fille. Il se réveille, elle est partie. Il retrouve des traces de sang sur le drap. « Merde, j’espère que je ne l’ai pas tué ». Partoutoù il va dans la maison, il y a toujours du sang par terre. À un moment, il rentre dans la salle de bain et se regarde dans la glace. Entre ses dents de devant, une petit fil blanc apparaît : « sacrament, j’espère que c’est la poche de thé ».

Entetien avec Suroît


photo: James Gray

lundi 12 avril 2010

Sus aux pédos !




Bédé et catharsis

Avec une économie de mots et un crayon noir au style graphique, le bédéiste reconnu Philippe Girard livre un récit captivant de sa propre adolescence.

Claude André

En raison du divorce de ses parents, Philippe se voit contraint de changer de ville, d’école et d’amis.  Comme il s’ennuie dans son nouveau décor, sa mère décide de l’inscrire dans les Oies blanches. 

Peut-être y trouvera-t-il la même fraternité que lorsqu’il était louveteau, pense –t-elle au sujet de ce groupe de jeunes qui s’adonne à plusieurs activités sous la férule d’un prêtre top cool qui arbore jeans et running shoes.

Déjà méfiant en regard de certains comportements de l’ecclésiastique, Philippe se joint néanmoins au groupe qui partira passer un week-end dans une maison de Dannaconna. 

C’est là que le prêtre fait visionner des diapositives de l’été d’avant au groupe en demandant aux jeunes de se tenir cois face à leurs parents «qui ne comprendraient pas». 

Le religieux, qui avait déjà amorcé son stratagème en disant à Philippe qu’il devait tuer son Vélasquez intérieur, ce peintre conservateur inféodé à l’église catholique, au profit du libre-penseur Picasso, dévoile la vraie nature de son ouverture d’esprit...

Puis il invite les jeunes, par groupe de deux, à partager son lit.

Mort de peur avant que son tour ne vienne, Philippe s’enferme dans sa chambre et puise du courage en lisant des vieux romans de Jack Bowore. Un aventurier qui affronte avec panache les pires situations. 

À l’heure où les scandales sexuels s’abattent encore une fois sur l’église catholique, voici une bédé qui, sans tomber dans le discours CLSC,  démontre qu’art et catharsis font souvent très bon ménage.

Tuer Vélasquez. Éd. Glénat Québec

dimanche 11 avril 2010

Villa Amalia : le retour d'Isabelle Huppert






La beauté perplexe

Parfois nous sommes en présence de la beauté mais on a du mal à saisir le comment du pourquoi…

 Claude André

Ann (Isabelle Huppert) espionne son mari et le découvre un soir en train d’en embrasser une autre et tombe, par hasard, sur Georges (Jean-Hugues Anglade), un ami d’enfance qu’elle ne reconnaît pas d’emblée.

 À son retour à la maison, alors que son mari (Xavier Beauvois) est déjà revenu et lui fait la scène du «tu rentres tard», elle lui annonce qu’elle le quitte. Désemparé, le conjoint qui a finalement avoué s’interroge : comment peut-elle balancer 15 ans de mariage pour si peu ? Mais ce n’est pas pour cela, lui confiera-t-elle, puisqu’elle s’en fout.


 Et c’est ce que nous tenterons de comprendre nous aussi pendant de très longues minutes tandis qu’Ann,  compositrice/concertiste d’envergure internationale, se départit de tout ce qu’elle possède et annonce même à son impresario qu’elle annule la tournée en cours.


Les tracasseries inhérentes aux départs défilent et seul Georges est mis au parfum de la démarche. Bien que complice involontaire du secret de Ann qui tente de tout effacer de son ancienne identité, le spectateur somnole : où veut-on en venir ?


 Puis, au moment où l’on hésite entre abandonner et continuer, on s’aperçoit que la fuite en avant transforme le personnage sombre et austère à mesure que le film progresse sous le ciel de la campagne italienne.

 Et l’intérêt du spectateur revient tout comme la jeunesse de Ann qui, dans une époustouflante bien que subtile métamorphose d’Isabelle Huppert, rayonne voire irradie. On se surprend alors à envier ce bonheur tranquille grâce aussi aux magnifiques images de baie de mer et de ciel bleu. 


 Vers la fin, un personnage inattendu apportera quelques éléments explicatifs qui, bien que touchants, laissent perplexe. Comme c’est souvent le cas d’ailleurs avec les questions identitaires.


Oeuvre toute en nuances sur les rapports entre ce qui doit être compris ou seulement ressenti, le film Villa Amaria du réalisateur Benoit Jacquot, qui s’inspire du roman éponyme de Pascal Quignard s’avère déstabilisant mais aussi touchant.


 Cela pourra séduire les adeptes du mystère  mais aussi énerver les esprits cartésiens.  À vous de voir.

samedi 10 avril 2010

Spécial Gainsbourg (4) : La bédé bible


 
Une bible pour un film

Une bible du film format bédé en guise de collector

Claude André

Pour les amateurs de bédé, Joann Sfar fait figure de rock star. Sa série Le chat du Rabbin, en plus de le propulser au sommet du panthéon des fadas, a vraisemblablement beaucoup contribué à convaincre les héritiers d’en faire le réalisateur de Gainsbourg (une vie héroïque).

Eux qui avaient refusé toutes les propositions jusque là.

Outre le fait qu’il soit bien placé pour comprendre la sensibilité juive de Gainsbourg, Sfar est sans doute ce qui nous était arrivé de mieux depuis Goscinny ou Pratt.

Sa maitrise du rythme ainsi que son imaginaire mystico-ludique en font un artiste qui peut aspirer plus souvent qu’à son tour à l’œuvre culte. Il a donc entrepris le tournage du film avec cet objectif en tête. Rien de moins. Si le tribunal de l’histoire artistique juge qu’il n’y est pas parvenu, personne ne pourra lui reprocher de ne pas avoir tout tenté.

Aussi, pour diriger ses acteurs et leur faire comprendre exactement ce qu’il attendait d’eux, Sfar a entrepris de tout expliquer : scènes, émotions et décor par des illustrations  et de créer en quelque sorte le «story board» ou la bible du film en 43 carnets  pour un total de 1 800 dessins et 12 kilos de papier.

Résultat? Un brique qui réjouira ceux qui ont aimé le film et ne sont pas réfractaires au style nerveux de Sfar. 

Légèrement diffèrent du long métrage sur le plan scénaristique, notamment par une plus grande permissivité quant aux allusions sexuelles, on se délecte de  cette méga bédé comme d’autres d’une interminable sucette à l’anis.


Gainsbourg
(Hors champs)
Joann Sfa
Éd. Dargaud 480 p.






vendredi 9 avril 2010

Entretien avec Paul Piché




L’inconscient collectif

Après une dizaine d’années d’absence tant sur disque que sur scène, Paul Piché revient nous secouer les idéaux à grands coups de refrains et de mélodies qui tuent

Claude André

Bien sûr, il y a eu ce disque de remix en 2004 qui n’était pas son initiative et quelques spectacles plus ou moins clandestins dans des bars ici et là.

Nous l’avons également aperçu en novembre 2007 alors qu’invité à une célèbre émission dominicale, il y a présenté sa «formule algébrique de notre inconscient collectif». Une théorie des cycles qui en a d’ailleurs laissé plusieurs perplexes (bien que la mode actuelle des albums de reprises)…

Pourtant, qu’il soit actif ou non sur le plan musical, l’artiste demeure constamment présent dans ledit inconscient. Un peu comme un grand frère qui viendrait nous rassurer quant à la justesse de certains idéaux.

Avec la morosité socio-économique ambiante, d’aucuns on pu penser qu’il en avait marre de son personnage de porteur de flambeau. S’y sentirait-il parfois à l’étroit?

«Oui, il peut y avoir un piège là-dedans, une sorte de prison. Pour mq part,  je n’ai jamais arrêté de chanter mes premiers hits et c’est peut-être parce que je les assume tellement, que ça ne se  produit pas… C’est vrai qu’il y a des artistes qui ont de la misère avec cela. Ils préfèrent que l’on découvre leurs nouvelles affaires. Moi, ça ne m’a jamais trop dérangé. Il y a des gens qui me disent : on a joué du vieux Piché sur le bord d’un feu. Ben, je suis le seul qui n’a pas pu faire ça…» rigole-t-il avant de préciser que ses chansons n’étaient pas encore faites à l’âge où il chantait devant un feu de camp.

C’est beau la vie

Pour cette grande rentrée où il sera entouré de son E Street Band à lui, pour faire référence aux supers musicos de Bruce Springsteen, Piché présentera ses classiques «feu de camp» certes mais également des pièces plus modernes et super accrocheuses comme «Je pense à toi» et, bien sûr, engagées comme la magnifique «Arrêtez» tirées de son plus récent album Sur ce côté de la terre.

Un opus aux textures organiques dont il se dégage une très agréable impression de familiarité dès les premières écoutes. Et qui comporte son lot de perles dont «La Vie», chanson qui reflète bien le propos général de l’album et dans laquelle il cause des saloperies humaines mais se dit, en regardant son enfant, que ceci compense néanmoins pour cela. «C’est exactement ça. Je suis vraiment heureux que tu le comprennes de même. C’est le paradoxe de la vie qui est à la fois extrêmement triste et cruelle avec l’injustice, les tremblements de terre, la laideur humaine qu’on y ajoute, les guerres.  En plus, on meurt et on perd des amis mais en même temps on trouve ça beau. On aime la vie et on veut la transmettre à un enfant ».

Parions que c’est ce que plusieurs auront envie de faire ce soir en sortant de la Place des Arts.

Paul Piché
Vendredi 9 avril à 20 h.
Salle Wilfrid-Pelletier

mercredi 7 avril 2010

Spécial Gainsourg (3) : autres temps, autres moeurs...




Scène tirée du film Je vous aime de Claude Berri tournée il y a une trentaine d'années avec Catherine Deneuve qui interprète un extrait de la chanson
Dieu est un fumeur de havane de Gainsbarre.


Merci au journaliste Marc-André Lussier de La Presse qui a eu l'idée d'insérer cet extrait sur son blogue dans Cyberpresse.

mardi 6 avril 2010

jeudi 1 avril 2010

Spécial Gainsbourg (2) : Le film




Je suis venu te dire que je reviens

Avec son conte très attendu sur «l'homme à tête de chou», le bédéiste Joann Sfar relève le gant de façon émouvante et inspirée.

Claude André

Trois jours après avoir visionné le très attendu Gainsbourg (Une vie héroïque), votre hôte se sent encore habité par les images et surtout le traitement que le bédéiste Joann Sfar a apporté à cette vraie fausse «biopic».

Car c’est bien d’un conte dont il s’agit et non d’une biographie comme l’étaient celles consacrées à Piaf, Morrisson ou, plus près de nous, Dédé Fortin.

C’est d’ailleurs en raison de cette approche proposée par Sfar que les héritiers, dont Charlotte Gainsbourg ( pressentie pour jouer le rôle principale), ont donné leur imprimatur au projet.

D’emblée, les premières images où l’on voit le petit Lucien contraint de jouer du piano par son père, un immigrant russe, donnent le ton. Noua assisterons à l’ascension d’un jeune juif affligé d’une gueule qui rappelle les stéréotypes de la propagande nazie devenir une icône de la culture française. Un peu à la manière de Romain Gary/Émile Ajar d’ailleurs dont Gainsbourg partageait plusieurs caractéristiques identitaires.

Déjà heureux du ton qui se manifestait, l'enthousiasme à monté d’un cran au moment du générique du début pendant lequel des poissons jaunes nagent avec clope au bec et fumée en prime.

Pas de doute, on a affaire à l’œuvre d’un bédéiste. Un bédéiste qui s’est offert toutes les fantaisies qui permettaient de faire avancer son scénar dont cette marionnette géante qui apparait ici et là comme une ombre de Gainsbourg lui-même. Sorte d’illustration de son double, synonyme de diable, et peut-être aussi, de conscience dans certains cas.

Si certain personnages sont fort réussis telle la magistrale Laetitia Casta en Bardot et Lucy Gordon en Birkin (ah leurs scènes d’amour devant Notre-Dame-de-Paris), nous avons craint à quelques occasions que le film ne dérape en première parti. Comme pendant cette scène de lendemain de biture avec les Frères Jacques ou encore au moment de la rencontre avec Boris Vian (mauvais casting Philippe Katerine). Mais, au final, le tout se tient et le le fil conducteur poursuit sa montée dramatique.

Montée qui atteindra son paroxysme au moment où Gainsbourg devenu Gainsbarre commet l’ultime affront pour une certaine France réac : revisiter La Marseillaise en version reggae (avec les choristes de Bob Marley).

« Je suis un insoumis qui a redonné à La Marseillaise son sens initial », lancera –t-il poing fermé aux militaires vociférant leur colère, en guise de réplique avant de les faire chanter en chœur.

Puis de quitter la scène pour y laisser le petit Lucien.

Incarné à merveille par Éric Elmosnino, dont la mimétique relève parfois du mysticisme, Gainsbourg (Une vie héroïque) s’avère, en quelque sorte, une bédé admirablement réussie pour un des plus célèbre  créateur de personnages qu’à connu la France : Lucien Ginzburg.