lundi 30 mai 2011

Merci Lady Alys Robi

Il y a quelques années, dans un élan de gratitude et une envie soudaine de lui rendre hommage,  j'ai eu l'idée saugrenue de tenter de me glisser dans la peau de Lady Alys Robi et d'essayer d'imaginer ce qu'elle pourrait dire à son public au soir de sa vie.

J'ai fait parvenir le texte à mon éternel complice Mario Peluso qui l'a mis en musique et nous l'avons offert à la potesse Johanne Lefebvre qui lui a collé sa voix unique et touchante.

La chanson se nomme «Aucun remord, aucun regrets»

Voici le lien pour l'écouter :

http://www.myspace.com/224761554/music/songs/82185068

Au revoir Madame Alys.

et merci...

Le bling-bling, la porno et les nouveaux réacs


                                Sarko et Carla Bruni, instrumentalisation de la vie privée à des fins   politiques.


Je tiens à remercier la Rédaction du quotidien Le Devoir qui a publié ce texte aujourd'hui p. A7 section «Idées».


«Tout le monde a une Rolex. Si à 50 ans on n'a pas une Rolex, on a quand même raté sa vie!», dixit Jacques Séguéla, publicitaire français.


Si cette phrase a heurté de nombreuses personnes après que le célèbre créatif l'eut prononcée en février 2009 dans le cadre d'une entrevue qu'il accordait à l'émission Télématin, elle a sans doute fait sourire le philosophe Gilles Lipovetsky et plusieurs lecteurs de son célèbre ouvrage L'Ère du vide: essais sur l'individualisme contemporain, publié en 1983.


Au moment où il était interrogé au sujet du côté bling-bling du président Nicolas Sarkozy et de son affection pour les objets clinquants, Jacques Séguéla, l'inventeur du slogan «La Force tranquille» — puisé dans un discours de Léon Blum — qui a contribué à l'élection du président socialiste François Mitterrand en mai 1981, venait, mine de rien, de cristalliser en une phrase lourde de sens le concept fondamental du livre de Lipovet-sky: l'«hyperindividualisme».


Président marié à une chanteuse pop et ex-mannequin, Sarkozy instrumentalise sa vie privée, refuse la critique, avilit la fonction présidentielle — on se rappelle son célèbre «Casse-toi, pauv'con!» —, affiche un goût prononcé et assumé pour les marques de luxe et s'avère ultradoué dans la «pipeulisation» de la mise en scène politique...


Société civile


Cet hyperindividualisme se vérifie dans la classe politique bien sûr, mais également tous les jours dans la société civile: «L'idéal moderne de subordination aux règles rationnelles collectives a été pulvérisé», nous dit Lipovetsky.


Désormais, la valeur fondamentale est celle de l'accomplissement personnel. Exit les idéologies. «C'est la transformation des styles de vie liée à la consommation qui permit ce développement des droits et des désirs de l'individu, cette mutation dans l'ordre des valeurs individualistes.»


Près de 30 ans plus tard, force est de constater que non seulement l'agrégé de philosophie a su cerner et codifier notre époque, mais dans bien des cas, s'avérer prophète.


En effet, ce que nous dit la déclaration du fils de pub Séguéla, en somme, bien au-delà de l'apparente prise de défense du président ou du repli stratégique de quelqu'un qui viendrait de s'apercevoir qu'il a lancé une bourde, c'est que Sarkozy incarne de façon on ne plus éloquente, et cela, au sommet de la hiérarchie sociale, le symbole de son époque: institué par la société qui l'entoure et les conditions mises en place par le fonctionnement et les origines du libéralisme, Sarko cristallise l'hyperindividualisme contemporain poussé à son paroxysme.


Individu narcissique


Bien sûr, ce contemporain se décline dans la quotidienneté. On le voit à la télé, on le lit dans les journaux populaires, sur les blogues, sur Twitter, car partout il cherche un reflet dans l'approbation des autres, partout il quémande la gratification éphémère de la reconnaissance: versatile et sans passion dominante sinon que le culte de lui-même ou d'elle-même, relativiste absolu, bref, véritable girouette que Platon appelait déjà l'«homme démocratique»: une personne qui ne parvient plus à séparer ses désirs superflus de ses besoins nécessaires.


C'est cet individu narcissique qui serait réapparu avec la société industrielle des années soixante, à l'âge de la consommation de masse, à aujourd'hui. On a dit Sarko, mais cela aurait pu tout aussi bien être Paris Hilton ou, chez nous, les faiseux de recettes, lofteurs et autre pléthore d'histrions qui dispensent leurs avis émotifs, polémistes et souvent démagogiques contribuant ainsi à vider de son sens le débat public.


«L'âge moderne était hanté par la production et la révolution, l'âge postmoderne l'est par l'information et l'expression», confie Lipovetsky avant de pêcher cette perle: «Mais il en va ici comme pour les graffitis sur les murs de l'école ou dans les innombrables groupes artistiques: plus ça s'exprime, plus il n'y a rien a dire, plus il n'y a rien a dire, plus la subjectivité est sollicitée, plus l'effet est anonyme et vide.»


Effet anonyme pour gratification éphémère, l'opinion généralisée avec stars, codes, morcellement et effets chocs façon porno a encore de belles années devant elle...


Lipovetsky avait raison il y a 30 ans. Et après avoir vu l'hypernarcissisme et ses corollaires triompher au sommet de la hiérarchie française, ce qui semble le plus étonnant, c'est de constater à quel point les pornographes de l'opinion sont devenus, à peu de frais, les nouveaux gardiens de l'ordre moral. Bref, les nouveaux réacs.


***

dimanche 29 mai 2011

Nolween Leroy : La Bretagne dans la peau

Nolwenn Leroy
Bretonne

La méga star française et ex star académicienne renoue avec ses racines sur ce disque qui ne dépaysera pas le public québécois dont le folklore est souvent similaire. 

Réalisé par Jon Kelly (Paul McCartney, Tori Amos…), elle y remet au goût du jour des chansons en gaélique, en breton et en français entre une pièce contemporaines de Souchon/Voulzy et deux de notre chouchou Christophe Miossec. 

Hélas, on t retrouve pas la reprise de U2 pourtant  annoncée il y a quelques temps.


Jolie voix, arrangements souvent enveloppants, émotion, hélas,  couçi couça ***





vendredi 27 mai 2011

Arielle Dombasle : je pose donc je suis

Arielle Dombasle
Diva Latina

Entre tradition et contemporanéité, l'actrice et cantatrice née au Mexique, épouse d’un certain BHL, reprend des standards latinos en y insufflant une touche d’électro ou de surenchère dramatique comme sur Hasta Siempre, l’hommage à Che Guevera qui, s'il se retourne dans sa tombe, ce sera sans doute pour mieux rigoler.

Bien que l’ensemble s’avère généralement agréable et joyeux Porque Te Vas (Jeanette) , Gopher Mambo (Ima Sumac)Mala Vida (La Mano Negra), on lance des SOS lorsqu’elle laisse libre cours à ses vocalises particulièrement aigues. Inégal ** ½. 


jeudi 26 mai 2011

Sirop de poteau


Matthew Morrison
Éponyme

Starlette de comédies musicale à Brodway devenue célèbre grâce à la télésérie «Glee», Morrison lance un premier chapitre  «cheezy» qui suinte le formatage et l’entreprise commerciale. 

Reprises correcte de standards tels Somewhere Over The Rainbow (avec  Gwyneth Paltrow) et Rocket Man (avec Elton John), sa voix n’est pas si mal mais très modulée à l’eau de rose dans les hautes. 

Si vous aimez romantisme des romans Harlequin c’est parfait… ** 

vendredi 20 mai 2011

Dessine-moi une chanson



Saynètes amoureuses qui tangent entre la déception et l’illusion appuyées par des références aussi fortes qu’assumées, voici Ingrid St-Pierre

Claude André

Cœur de Pirate téléphone à Pierre Lapointe : «On vas-tu jammer chez Richard Desjardins ?» Puis Desjardins de répondre : «Venez vous-en, Mari-Jo Thério arrive aussi dans pas long». Tout ce beau monde se retrouve dans le sous-sol de l’Abitibien et, entre deux chansons de Thomas Fersen à la radio, se met à composer des histoires de ruptures postmodernes truffées de doute, d’ironie et de tergiversations sur des notes de piano pluvieux et de cordes lancinantes.

Si vous arrivez à imaginer cela vous comprendrez l’essentiel des atmosphères qu’évoquent les chansons d’Ingrid St-Pierre qui lancera son premier album Ma petite mam’zelle de chemin lundi prochain à La Tulipe.

C’est qu’un plus de son timbre haut et de son piano accrocheur, celle qui se destinait hier encore à une carrière de psychologue écrit des chansons en utilisant la façon de procéder de Desjardins : plans-séquences cinématographiques. D’ailleurs une pièce de l’album se nomme Desjardin !

Influences assumées

«C’est exactement cela : j’aime créer des petits films. Je me plais à dire aussi que je dessine des chansons. Je tente de faire en sorte qu’on y rencontre des personnages que j’ai tricoté et que l’on vive avec eux le temps d’une chanson. Desjardins le fait également. Je l’ai beaucoup écouté et m’en suis inspiré, c’est une icône pour moi», confie cette native du village Cabano en Mauricie qui interprétait déjà Le Bon gars, déguisée, devant les enfants de sa classe à l’âge de 6 ans et demi !

Quant à Cœur de Pirate et Pierre Lapointe, rebelote, la belle assume : «J’adore Pierre Lapointe, csurtout pour ses textes. Cœur de Pirate, je l’aime aussi. C’est sur que je ne peux y échapper car nous sommes deux filles au piano mais je crois que nos univers se ressemblent un peu moins sur le plan de la couleur. IMarie-Jo Thério m’a également fortement influencé. Lorsque j’avais 14 ou 15 ans,  j’ai découvert ce personnage et je l’ai tout de suite capoté. C’est elle qui a fait en sorte que je me suis dit : ok, c’est possible de s’accompagner au piano, conserver sa propre authenticité et continuer dans ce milieu-là. Elle a été le déclic pour moi», confie la belle au bout du fil en ce petit matin habitable et vert de gris.


Mais là où d’autres ne seraient qu’amalgame de réchauffé de leurs idoles, Ingrid St-Pierre possède, outre des chansons savoureuses et un univers qui lui est propre, un je ne sais quoi qui la rend instantanément très attachante.

Peut-être est-ce imputable à une hypersensibilité, une vieille âme qui fait en sorte que pendant que d’autres dansent sur Lady Gaga elle écoute des chants latins ? Ou ce côté épicurien et un peu canaille façon Thomas Fersen ? Quoique qu’il en soit, le buzz autour d’elle circule depuis un moment dans sa Mauricie natale et Montréal devrait bientôt suivre. Qui sait, peut-être ira –t-elle bientôt jammer chez Desjardins ? À moins que ce ne soit chez  Marie-Jo ?




dimanche 15 mai 2011

Les lendemains qui chantent des Têtes raides

Têtes raides
L’an demain

Issue du courant «cabaret punk», la vénérable formation française revient avec une onzième mouture néoguinguette qui, tel un antidote à la variété générique, figurera à mon top 10 perso de fin d’année. 

Ambiance cabaret surréaliste, voix gorgée de sanglots, accordéon nostalgique, cordes vibrantes, mélodies qui tuent et humanisme subtilement poéticolitique, voilà un grand crû sur lequel on retrouve aussi un duo tango avec la sublime Jeanne Moreau. ****



vendredi 13 mai 2011

Melissmell «Je me souviens» : Méchant coup de coeur





Un ami Français m'a posté ce clip ce matin sur Facebook. Stupéfaction. Émotion. Frisson. De la même tribu des âmes exaltées que l'était Mano qui nous manque tant. Merci Yan. Et vivement une présence québécoise pour MéliSsel. Bravo.

mardi 10 mai 2011

La bonheur mélancolique

Phillippe B
Variations fantômes

«La mélancolie c’est le bonheur d’être triste» disait Victor Hugo. 

Et ça fait du bien de se sentir compris lorsque le mal d’amour nous écartèle les tripes, pourrait-on ajouter pour illustrer ce troisième chapitre du complice de Pierre Lapointe. 

Un disque où des fantômes d’amours passés viennent danser sur des airs puisés chez Debussy, Vivaldi, Satie et autres Strauss entre, ici ou là, des filets d’harmonicas et de guitares folk.   ****


dimanche 8 mai 2011

Le conteur chante

Patrice Michaud
Le triangle des Bermudes

Lauréat du Festival de Granby en 2009, Michaud, conteur fascinant réputé très fort sur scène, lance un premier chapitre fort convainquant.

Entre pop et folk, il distille des observations du quotidien d’une façon qui ne déplait sans doute pas à Richard Desjardins avec lequel il a récemment effectué une tournée en ouverture. 

Ajoutez un sens de la mélodie accrocheuse évident et vous avez là un artiste qui devrait tracer son sillage. *** 1/2


jeudi 5 mai 2011

Analyse graphique des élections canadiennes du 3 mai 2011

Johnny Hallyday

Jamais seul

Même chapeauté par Mathieu Chédid  –M- qui a tenté de sortir l’idole du cliché amoureux-transi-qui-picole-pour-noyer-sa-peine en y mitonnant des textes rigolos, Jamais seul ne réinvente pas le Johnny. 

Cela dit, la trame propose un blues nerveux et des riffs succulents qui assurent. 

Entre textes punchés (merci B. Fontaine) et fadaises mièvres, Johnny tangue. 

À quand le vrai disque de blues sans pipeau ? ** ½