mercredi 29 décembre 2010

Mes top cd francos (3)

Laurence Hélie-Éponyme : Avec un tube éventuel en guise de carte de visite (Kérosène), Miss Hélie distillait avec ce premier album des ambiances feutrées accrocheuses et nappées de sonorités riches dont les subtilités portent les touches des réalisateurs Toby Gendron et Joe Grass (Lhasa). On apprécie les inflexions vocales western totalement assumées et le côté intimiste de cette voix empreinte de sincérité

Vanessa Paradis: Une nuit à Versailles : Sur ce 4ième album live, réalisé par Albin de la Simone, elle ennoblie d’une nouvelle couleur ornée de cordes (quatuor) une vingtaine de ses titres phares en versions acoustiques : de  la période Lenny Kravitz (Be My Baby) à celle des débuts avec Joe le taxi sans oublier les tubes signés Gainsbarre  (Tandem, Dis-lui toi que je t'aime ) ou le classique de Françoise Hardy Le temps de l’amour.


Bonus track.
Cali-La vie est une truite arc-en-ciel qui nage dans mon cœur : Rescapé de mille passions amoureuses délirantes, Cali revient nous hurler sa rage de vivre et son indignation devant l’injustice. Encore très inspiré d’Arcade Fire, U2, Joy Division et, notamment, le grand Léo Ferré auquel il rend hommage, ce disque qu’il a coréalisé avec le super guitariste Geoffrey Burton (Arno, Bashung, Iggy Pop) renferme son lot de solos décapants et de chansons sous pression prêtent à exploser. De la très bonne pop corrosive mais il faut adhérer à ce personnage à la fois excessif et exalté qui se démarque entre tous sur scène. En avril paraît-il… 

Sonia Johnson : Le Carré de nos amours
Je sais, je suis un peu en conflit d'intérêt car j'y ai apporté ma petite contribution mais nous sommes sur mon blogue alors je fais ce qui me chante. Plus sérieusement, cet album qui marie le jazz et la pop francophone a reçu de chaleureuses accolades de la part des observateurs et la belle Sonia a été réquisitionné par le grand Vic Vogel pour le spectacle de fin d'année qu'il dirigera sur les ondes de la radio d'État. Si vous avez aimé Chambre avec vue d'Henry Salvador, ce Carré pourrait vous titiller les sens.

Éric Lapointe: Le ciel de mes combats
Cet album comporte une chanson de haut vol qui, en s'adressant à un à un ami qui s'est enlevé la vie, procure un effet catharsis.  La pièce Tu t'es laissé tomber, écrite par Tabra, utilise les mots qu'il faut et que j'aurais aimé dire à mes récents disparus. Puis il y a cette autre pièce, notre bohème, Les années coup de poing qui m'évoque tellement de choses...Sans parler de Jusqu'au bout où l'Éric nous hurle ses blessures de dépendances écartelées avec cette émotion brute qui est la sienne. 







mardi 28 décembre 2010

Mes tops albums francos 2010 (2)

Alexandre Belliard- Des fantômes, des étoiles:Très apprécié des observateurs de la scène musicale québécoise, le trop méconnu auteur-compositeur-interprète devrait élargir considérablement le cercles partisans avec Des fantômes, des étoiles, son troisième chapitre qui porte la matrice du très doué Éric Goulet (Les Chiens). Réalisateur de cet encodé que le jeune artiste de 33 ans a dédié à la mémoire ses grands-parents. Eux qui lui ont légué un modèle de force tranquille et de complicité face aux vents parfois mauvais de la vie.





Paul Cargnello-La course des loups : Avec son sens du hook qui tue, notre gauchiste anglo de prédilection issu de la mouvance reggae-ska-punk nous a livré son septième album, et troisième majoritairement dans la langue de Gainsbourg, l’excellent La Course des loups. Un autre chapitre à la fois personnel et politique aux teintes rock, soul, reggae et pop qui nous cause de la vie à Montréal à travers notamment la savoureuse Bixi bop qui pourrait devenir une sorte d’hymne à notre cité bien aimée. 








Taken Jah Farkoly - African Revolution : On le glisse dans la catégorie franco mais en fait c'est du côté world donc aussi en anglais que l'Ivoirien contraint à l’exil au Mali, l'«éveilleur de consciences» qui ne fait jamais dans l’apitoiement, dérange le pouvoir. Désormais une icône pour de milliers de personnes éprises de justice et/ou amateurs de reggae, il prend encore des risques avec cet album à la fois moderne et au propos politiquement incisif chaloupé de musiques accrocheuses.



lundi 27 décembre 2010

Mes albums francos 2010 (1)

La Superbe-Benjamin Biolay : Sans sombrer dans le sentimentalisme nunuche d’une certaine variété, Biolay nous parle, entre deux lampées d’alcools et trois taffes baudelairiennes, des soubresauts amoureux qui font tanguer entre l’exaltation charnelle quasi mystique et l’envie de se faire indiquer la sortie. Impossible de ne pas revisionner le film de nos propres ecchymoses amoureuses, une arme au coin du cœur. Il faut entendre le superbe duo, dialogue de sourds autour de la déliquescence du couple via des post-it sur le frigo avec Jeanne Cherhall sur Brant Rhapsody. Ou encore ce qu’il raconte à sa gamine dans la sublime Ton Héritage. Superbe.




Collectif-Douze hommes rapaillés vol. 2 : Avec La Corneille, son ouverture tomwaitienne chanté par Faubert, le vol. 2 consacré à l’œuvre du poète national Gaston Miron fessait dans l’dash. Rassuré, on à dégusté la suite à «petites lampées» pour se dire que, ô miracle, le second volet, plus rock, réalisé par le magistral Louis-Jean Cormier (Karkwa) est aussi savoureux que le premier. Saluons la mise en mélodie de Gilles Bélanger qui permettra aussi à toute une génération de découvrir Miron. «Je n’ai presque jamais été aussi fier d’être Québécois» a sans doute lancé René Lévesque à Miron, là-haut, en écoutant l’album de la bande des douze. 

Martin Léon-Les Atomes : Orfèvre des ambiances hydroponiques où fleure bon le désir charnel et le voyage imaginaire, Martin Léon nous a gratifié d’un autre écrin à la fois luxuriant et groovy. Créé dans son antre du Plateau avec sa bande de super musicos allumés, son troisième album studio Les Atomes s’écoute en apesanteur loin des horloges et autres écrans plasma de la post-modernité. On y retrouve, parmi les ambiances seventies funk, les pianos à la Satie et les cordes magiques, des pièces d’anthologie dont Je redeviens le vent





Bernard Adamus-BrunUn peu à la manière des Cowboys Fringants il y a déjà un bail, c’est surtout grâce à la volonté du «peuple» qui a insisté pour le faire tourner dans une radio commerciale que Bernard Adamus est parvenu à sortir de l’ombre cette année. Récipiendaire du prix «Révélation de l’année» à l’Adisq, l’ancien bluesman plus ou  moins converti au «folk contemporain» nous a offert, notamment, le clip Brun (la couleur de l’amour) qu’on s’échange encore sur Facebook. Ce mini film qui nous prouve que lequel le Polock d’origine maitrise déjà, sur un premier album, l’art de sublimer les paumés de l’Est et autres poqués comme le faisait un Francoeur jadis.
Karkwa-Les Chemins de verre : Album alternatif de l’année à l’Adisq, meilleur disque canadien à la remise des prestigieux Polaris à Toronto, l’année 2010 a été pour Karkwa celle de la consécration. En attendant le meilleur qui reste à venir, les fans de musique atmosphériques tantôt pop tantôt audacieuse avec des accalmies folk émaillées d’harmonies vocales se délectent de cet encodé enregistré en France dans un vieux château du XIXème siècle.




























































































jeudi 23 décembre 2010

Nannerl, la sœur de Mozart




Et ta sœur ?

Oubliée de l’Histoire, la frangine de Wolfgang Amadeus Mozart sort de l’ombre grâce ce film intéressant mais linéaire.

Contrairement au Don Giovanni, naissance d’un opéra de Carlos Saura paru en mai dernier qui évoquait la vie adulte de Mozart et péchait par une certaine grandiloquence, Nannerl, la sœur de Mozart adopte une approche empreinte d’humilité.

Pour faire connaître Nannerl, la frangine douée mais oubliée des livres d’histoire devenue sœur carmélite, le réalisateur René Fréret a choisi de mélanger le réel et le fictif et de ne s’attarder qu’à la portion française de la tournée de 1763-1766 menée par Léopold (excellent Marc Barbé), le père des deux génies.

Lui-même chef d’orchestre et auteur d’une méthode pour violons qui a fait autorité souhaitait faire connaître son fils Wolfgang à l’aristocratie et sans doute vivre sa gloire par procuration.

Pendant cette période fascinante émaillée d’échanges épistolaires, nous découvrirons une famille qui menait une vie modeste mais joyeuse en trouvant refuge dans les abbayes mais également plus faste lorsqu’elle parvenait à séduire des monarques.

Comme ce fut le cas lorsque Nannerl, claveciniste à la voix d’or, est tombée (pure fiction) dans les bonnes grâces de la fille du roi Louis XV jusqu’à devenir sa confidente en plus d’être la prétendante de son frère Louis, le dauphin.

Amoureux, ce dernier ira, pour les besoins du film, jusqu’à lui commander une symphonie. Et cela en dépit du fait que l’époque n’habilite pas une femme à jouer du violon et encore moins à écrire des partitions.

Bien qu’habillement interprété par Marie Fréret (la fille de 15 ans du réalisateur), le parti pris linéaire, le rythme lent et sans grande intrigue peut devenir parfois lassant lorsqu’il n’évoque pas manifestement les téléfilms.

Mais, qu’à cela ne tienne, l’aspect troupe d’acteur sympathique, l’authenticité dans le non-jeu, les décors somptueux du château de Versailles et la musique signée Marie-Jeanne Serero feront passer un agréable moment aux mélomanes et amateurs d’une certaine poésie cinématographique.

2.5/5


Dès le 24 décembre au cinéma Beaubien.

mercredi 22 décembre 2010

Disques de Noël

John Sheridan’s  Dream Band
«Hooray for Christmas !»

Dans la catégorie «adulte contemporain», voici un album chanté et instrumental qui se mariera parfaitement avec vos alcools forts pendants les réceptions où vous souhaitez installer une ambiance jazzy/lounge relevée. 

Avec un big band composé d’une douzaine de musicos dont une excellente section de cuivres, on chaloupe sur des airs de Noël certes mais très loin des sempiternels jingles assommants. 

****/5 




The Good Lovelies
Under The Mistletoe

Lauréates du Juno dans la catégorie musique traditionnelle en 2010, ces trois Torontoises proposent leur lecture toute en harmonie teintée de délicate subtilité des chants de Noël en plus de nous offrir trois compos originales. 

Les amateurs d’ensembles vocaux y trouveront assurément leur compte tandis que les autres risquent de se lasser, malgré la qualité des orchestrations, après quelques pièces, c’est selon. ***/5 


mardi 21 décembre 2010

Jacques Higelin : Réfugié poétique

Jacques Higelin
Réfugié poétique

Les veinards qui l’on vu cet été aux Francos de Montréal savent que Jacques Higelin demeure un artiste immense aussi généreux que charismatique. 

Véritable électron libre, il a traversé les époques sans jamais vraiment appartenir à une seule école sinon celle de l’expérimentation. 

Si son oeuvre n’est certes pas la plus accessible pour les néophytes, ce coffret de trois cd qui comporte plusieurs pièces remasterisées en 2007 accrochera un sourire grand comme un croissant de lune aux aficionados de la chanson française. 

Eux qui déploreront cependant la trop discrète présence de son excentrique acolyte Brigitte Fontaine. Allez, champagne pour tout le monde et caviar pour les autres. CA

dimanche 19 décembre 2010

Renaud : Le plein de super !

Renaud
Le plein de super !
EMI/Virgin

Tel un grand frère qui indique souvent le Nord sur les questions sociales et pose un baume sur les bleus du cœur, Renaud, hélas désormais presqu’aphone, demeure de son vivant un des plus importants fleuron de la chanson francophone. 

Et cela toutes périodes confondues. 

Ce coffret de 3 encodés pour un total de 69 chansons dont la sélection s’avère très judicieuse en témoigne de façon on ne peut plus éloquente.

Voici donc une euphorisante façon de faire découvrir ou de revivre l’œuvre pas encore achevée de celui qui, comme le disait Fréderic Dard (San Antonio), «fait le boulot de Verlaine avec des mots de bistrots.» 

Bonus : 2 inédites de sa période  Brassens : J'ai rendez-vous avec vous et P... de toi.

vendredi 17 décembre 2010

La Rafle avec Jean Reno




«On faisait confiance»

La Rafle, un film bouleversant et documenté qui nous rappelle que le drapeau nazi a aussi flotté au sommet de la tour Eiffel…

«Encore un film sur les Juifs», diront certains comme s’il fallait imposer un quota sur la connaissance.

En parallèle de l’historiographie plus habituelle qui se penche sur l’Allemagne, c’est le moment le plus sombre de l’histoire de France qui est cette fois révélé : la période collaborationniste.

Le 16 juillet 1942, nuit de la rafle effectuée par les autorités françaises plus de 13 000 Juifs de la région parisienne ont été entassés dans le Vélodrome d’Hiver.

Parmi ceux-ci, deux familles dont nous suivront le tragique destin de leur logis de la butte Montmartre et ses Poulbots vers le camp de Beaune-La-Rolande, dernière escale avant la mort en Pologne.

Entre le quotidien insalubre de ces familles au Val’ d’Hiv où nous croiseront Jean Reno dans un contre-emploi efficace et la magnifique Mélanie Laurent en infirmière indignée et les réunions des dirigeants politiques qui se désolent du fait que la France ne soit pas encore assez antisémite, le spectateur est harponné droit au cœur.

Habilement dirigés, les enfants de ce film nous font passer par toute la gamme des émotions dont la révolte quand une ado reproche à son père (étonnant Gad Elmaleh) de ne pas avoir fui lorsqu’elle l’implorait de le faire. «On a tous fait confiance», lui réplique-t-il en constatant avec dépit que même son passé de soldat ayant combattu pour la France n’a aucune valeur. Ce qui fera dire plus tard au médecin incarné par Reno « Ça prend une terre aux Juifs».

Lumière dans l’horreur, il ressort de ce film que malgré l’ignominie, il y a aussi eu les Justes qui ont contribué à ce que sur les 25 000 Juifs recensés, 12 000 ont réussi à échapper aux 7000 policiers français.

La Rafle, une œuvre majeure tant pour les férus d’histoire que pour les cinéphiles **** 

jeudi 16 décembre 2010

Bédé : Blacksad

Atmosphère, atmosphère

Apparu il y a dix ans, le personnage de John Blacksad, un chat au museau blanc fringué à la Humphrey Bogart, évolue dans un monde peuplé d’animaux antropomorphes. 

Rapidement, il a suscité l’enthousiasme chez les bédéphiles. 

Notamment grâce à une atmosphère de films noirs habilement rendue par le graphisme exquis des dessins à l’aquarelle. 

Dans ce quatrième album, on plonge encore dans l’Amérique des fifties mais cette fois en Nouvelle-Orléans en plein Mardi gras où notre héros, embauché par un directeur d’une maison de disques, est chargé de retrouver un pianiste fétiche qui porte un lourd secret et tente de le fuir en se fixant à l’héro. 

*** 

Blacksad
L’enfer, le silence
Diaz Canales et Guarnido.

mercredi 15 décembre 2010

Tiken Jah Fakoly : African Revolution





Tiken Jah Fakoly
African Revolution

Ivoirien contraint à l’exil au Mali, cet «éveilleur de consciences» qui ne fait jamais dans l’apitoiement dérange le pouvoir.

Désormais une icône pour de milliers de personnes éprises de justice et/ou amateurs de reggae, il prend encore des risques avec cet album à la fois moderne et au propos politiquement incisif chaloupé de musiques accrocheuses. ****


Jean-Louis Aubert Roc'Éclair


Jean-Louis Aubert
Roc’Éclair

Cinq ans après son dernier chapitre, l’ex égérie de la formation française Téléphone propose un  7ième album émaillé de rock, de blues, de folk  et de ballades poignantes avec des incursions parfois yéyé. 

Volontaire, il a écrit et composé la totalité des pièces en plus d’officier à chacun des instruments. 

Mélodies fortes, mélancolie lumineuse malgré la Faucheuse qui rôde, on se régale.  Et hop dans l’Ipod. *** ½/5

mardi 14 décembre 2010

Nuit à Versailles avec Vanessa Paradis

Vanessa Paradis
Une nuit à Versailles

Délicate, charnelle et féline Vanessa Paradis revient, mine de rien, de façon récurrente poser son jolie filet de voix sur la toile de fond de notre quotidienneté. 

Sur ce 4ième album live, réalisé par Albin de la Simone, elle ennoblie d’une nouvelle couleur ornée de cordes (quatuor) une vingtaine de ses titres phares en versions acoustiques : de  la période Lenny Kravitz (Be My Baby) à celle des débuts avec Joe le taxi sans oublier les tubes signés Gainsbarre  (Tandem, Dis-lui toi que je t'aime ) ou le classique de Françoise Hardy Le temps de l’amour.

Ça donne envie d’y croire.

 ****/5

lundi 13 décembre 2010

The King's Speech avec Colin Firth



La musique des mots

The King’s Speech en général et Colin Firth en particulier se positionnent très avantageusement pour la course aux Oscars



11 décembre 1936. Après qu’Edouard VIII eut abdiqué de son trône, son frère, le prince Albert, Bertie pour les intimes, se voit promu roi d’Angleterre. Mais celui qui deviendra dès lors Georges VI est affligé d’un problème de taille. Surtout lorsqu’on se retrouve en politique active : il bégaie.

D’emblé on ressentira l’angoisse et la détresse du nouveau monarque grâce aux plans rapprochés sur le jeu «oscarisable» du magistral Colin Firth. Notamment lorsqu’il sera appelé à prononcer son  premier discours à la nation via cette satanée nouvelle invention, la radio.

Heureusement, il existe un homme dans le Royaume habilité à résoudre ce très fâcheux problème locutoire, l’Australien Lionel Logue. Un orthophoniste vaguement amateur de théâtre aux méthodes peu conventionnelles interprété par l’excellent Geoffrey Rush.

Ce film scénarisé par David Seidler, lui-même enfant bègue, et réalisé par Tom Hooper (The Damned United) illustre par des images à la fois gracieuses et sombres la relation particulière qui se développera en les deux principaux protagonistes jusqu’au discours historique annonçant l’entrée en guerre avec l’Allemagne nazie.

Pays dirigé par un Hitler qui, a contrario, maitrisait les outils de propagande comme jamais auparavant et l’art oratoire de façon exceptionnelle.

Et nous démontrant, bonjour la morale, comment on peut surmonter certaines épreuves grâce au travail, à la détermination et à la… musique et cela en dépit de la lourdeur protocolaire, le film de Hooper touche une corde sensible qui plaira à un très large public. Comme en témoigne d’ailleurs l’obtention du Prix du public au dernier Festival de Toronto ainsi celui du «meilleur film indépendant britannique» à la 13e édition des BIFA (British Independent Film Awards) le 5 décembre dernier.

Ainsi, loin des films de Rois et de Reines pompeusement grandiloquents, The King’s  Speech parvient à rendre la monarchie sympathique en concentrant son regard sur la résilience salvatrice de l’humain plutôt qu’en s’attardant sur la légitimité politique d’un régime, somme toute, moyenâgeux. *** 1/2 

samedi 11 décembre 2010

Apocalypse Bébé de Virginie Despentes

Lucidité destroy

Le dernier roman de Viginie Despentes ? Une plongée en apnée dans la lucidité sombre.

Phrases courtes, rythme effréné façon punk, suspense captivant malgré sa banalité, l’auteur et réalisatrice déjà culte Virginie Despentes (Baise-moi) fesse de nouveau très fort avec ce polar récipiendaire du prestigieux Renaudot.

Lucie, 40 ans, une enquêteuse de petite envergure perd la trace de Valentine. Une ado dévergondée en mal d’affection qu’elle suivait pour le compte de la grand-mère paternelle friquée.

Afin de la retrouver, la Sherlock Holmes de pacotille mais néanmoins attachante comme une copine de nuits arrosées sollicite l’aide de la Hyène. Une gouine destroy qui roule des mécaniques et ne dédaigne pas coller des baffes.

L’enquête pour retrouver «la petite», fille d’un écrivain narcissique et d’une beauté Beur qui l’a abandonnée encore bébé, mènera notre duo dans divers milieux avant de se poser à Barcelone où nous serons témoins d’une orgie de lesbiennes.

De l’extrême droite juvénile à la gogauche frimeuse en passant par les Arabes des Cités, les bobonnes botoxées et le milieu littéraire, Despentes, sociologue de haut vol, dépeint les fragments sombre de notre époque avec une acuité des plus déstabilisante. 

Et cela s’avère subversivement jouissif.

On espère qu’il y aura une suite à ce road book captivant. ****/5

Virginies Despentes
Apocalypse Bébé 343 p.
Grasset

vendredi 10 décembre 2010

J'ai oublié de te dire avec Omar Sharif


J'ai oublié de te dire Bande Annonce du film



Rendez-vous manqué

Tantôt touchant, tantôt gênant, J’ai oublié de te dire avait tout pour devenir un grand film.


Avec un comédien de la trempe d’Omar Sharif qui, encore une fois, tient la dragée haute et une jeune actrice belge qui fera sa marque, Émilie Dequenne, ce film de Laurent Vinas-Raymond qui traite d’Alzheimer et d’euthanasie, d’art et d’amitié avec pour toile de fond la magnifique Catalogne française avait tout pour marquer son époque. 

Hélas, la faiblesse de plusieurs répliques et quelques mailles défaites dans les enchainements de plans font en sorte que le réalisateur nous gagne à tâtons, nous perd puis, droit au coeur, parvient à nous séduire de nouveau.

Marie, une Parisienne mi vingtaine au tempérament rebelle se rend dans le Sud de la France après avoir connu quelques ennuis avec la justice. Douée pour le dessin, elle se montre vite intéressée par Jaume, un vieil artiste peintre du village rencontré au hasard des ses petits larcins.

Frondeuse, elle s’emploiera à ce que ce dernier, sorte de grincheux vaguement anar donc anti morale (et c’est ce qui les unira), lui enseigne son art à elle, l’autodidacte. Au grand dam du petit loubard venu la rejoindre et dont la présence nous apparaît plus ou moins pertinente.

Manque de bol, le vieux Jaume voit sa mémoire devenir de plus en plus vacillante et c’est à travers la perte d’identité de son nouveau mentor que Marie trouvera enfin la sienne.

Ainsi, la bienveillante jeune femme accompagnera son récent vieil ami, qui a déjà arboré le prestigieux maillot jaune au Tour de France, dans sa dégénérescence. Ce qui la rendra éminemment plus poétique qu’institutionnalisée.

En plaidant en faveur de l’euthanasie présentée comme un hymne à la  liberté versus la morale, le réalisateur catalan, et c’est bien dommage, emploi un procédé légèrement démago qui ne convainc guère même chez un converti.

Cela dit, il a le grand mérite de nous ouvrir à certaines réalités dont la détresse des aidants naturels face à l’inéluctable absence de justice immanente à laquelle nous sommes tous, un jour ou l’autre, confrontés.


** 1/2

mardi 7 décembre 2010

Marin Léon : Les Atomes

Martin Léon
Les Atomes

Trippeux zen, Martin Léon nous love dans une épaisse fumée hydroponique. 

Avec la voix sensuelle de la nouvelle venue Audrey Emery pour lui donner la réplique, il propose un quatrième album solo qui plane sur des effluves trip hop et funk, folk et pop et dont les arrangements s’avèrent particulièrement relevés. 

Entre les questions existentielles éternelles et l’extase charnelle éphémère, ce disque réjouit nos atomes.  **** 

lundi 6 décembre 2010

Éric Lapointe: les poings serrés

Les poings serrés

 Après ses batailles contre la folie et la Faucheuse, Éric Lapointe revient et nous présente Le ciel de mes combats. Un album de confessions et de retrouvailles.

Éric Lapointe, depuis le début de sa carrière, a toujours eu à serrer les poings. Contre les producteurs véreux (d’où le titre Invitez les vautours paru en 1996), ses détracteurs de la presse écrite mais aussi ses propres démons et dépendances.

Le voici, toujours battant mais fragilisé,  avec un disque qui comporte son lot d’aveux dont sa déclaration d’amour à celle qui porte leur petit Christophe qui naitra en avril, Je suis à elle.

Pense-t-il encore que l’amour c’est la guerre ? «Ah oui, spécialement avec une femme enceinte», rigole-t-il avant d’analyser son dernier disque dont les textes son majoritairement signés Roger Tabra et sur lequel on retrouve son guitariste des premiers succès Stéphane Dufour. «En fait, cet album est une rétrospective sur un longue adolescence. Sur Je suis à elle par exemple, je parle aussi des femmes qui sont passées dans ma vie (…). Cela dit, il y a une chanson que j’adore, une de mes préférées, c’est Tu t’es laissé tomber (Marc). Elle raconte un événement malheureux : le suicide du frère de mon meilleur ami pendant la production du disque», confie Éric en retenant un sanglot.

La bohème

Autre moment forts de l’album, Les années coup de poings, qui a d’ailleurs failli être le titre de l’encodé, et propose un regard rock sur les années bohème. Nostalgique de cette époque que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre ?

 «Oui. Il y a plein d’odeurs de rattachées à ça. De sentiments de liberté. On avait rien à perdre. Je faisais de la musique seulement par passion, ce n’était pas encore un travail. Si j’aimerais parfois être encore anonyme ? C’est sûr qu’au quotidien j’aimerais l’être. Quoiqu’au Québec, on a le meilleur des deux mondes car le concept de star n’existe pas vraiment. Tu peux être public et mener une vie relativement normale. N’empêche qu’il y a un poids qui est là constamment dont on ne prend conscience qu’en vacances. Les gens ne nous connaissent pas et ça fait du bien. Ce n’est jamais le fun de se faire regarder en train de manger au restaurant. Moi qui suis un gars timide... Mais j’aime aussi le fait d’être connu par ce que cela me procure l’immense plaisir de monter sur un stage et ça, ça vaut de l’or», poursuit l’ex ministre de la défonce qui, fidèle à la tradition, partagera ce plaisir lors de son traditionnel Party des fêtes au Métropolis le 31 décembre. 

Les poings encore serrés certes, mais le sourire grand comme  le ciel de ses amours.
 

dimanche 5 décembre 2010

INXS : Original Sin

INXS
Original Sin

Malgré plusieurs essais, aucun chanteur n’a jamais véritablement réussi à combler le vide causé par le suicide du charismatique Michael Hutchence en 97. 

Or, afin de faire revivre malgré tout leurs tubes des années 80-90, la formation culte INXS a invité un florilège de stars dont Tricky (Massive Attack) pour Mediate, Rob Thomas pour l’excellente Original Sin ou le duo Mylène Farmer et Ben Harper pour  la très réussie reprise de Nevert Tear Us Apart.  

Convainquant. *** ½  CA