jeudi 26 avril 2012

Paris canaille en musique



Paris canaille

Amateurs de chanson française et de poésie encanaillée, le trio Rue de Lappe vous fera plonger dans le Paris des amours sublimés au son de l’accordéon et de l’orgue de Barbarie avec, en prime, la rare présence du poète/parolier Roger Tabra.

C’est à travers des chansons de Boris Vian, Aristide Bruant, Ferré, Reggiani, Aragon, Caussimon et autres Mouloudji que le trio nous fera plonger dans le Paris immortalisé par les photos de Doisneau au cours de cette soirée qui sera magnifiée par la présence d’un enfants de la goualante, le parolier Roger Tabra.

Bien connu pour ses textes chantés par Éric Lapointe, France d’Amour et, notamment, Diane Dufresne, Tabra a également endisqué des albums quasi introuvables qui sont de véritables trésors.

Il nous gratifiera ce soir là de trois nouvelles chansons dont La Mélancolitude et la magnifique La poésie qu’il nous est loisible d’entendre sur Youtube. «La Rue de Lappe est l’une des petites rues du Paris que j'aimais et qui devenue maintenant une rue branchée, c’est moche. Mais le groupe reprend avec amour ces vieilles chansons que j'aimais aussi  et les raconte avec une certaine gouaille qui me plait», lance Tabra en deux volutes de tabac noir en rappelant que le grand Francis Lemarque est né sur cette rue.

Une présence rare

«J'ai d'abord dit oui à mon ami Émilio qui m'est cher parce que c'est aussi l'occasion pour moi de remonter sur scène près de 7 ans plus tard. J’y interpréterai quelques chansons qui seront sûrement un peu plus sombres que les leurs mais c'est Tabra... J'y vais aussi parce si cela peu l'aider à gagner quelque voix, j'en serai fort heureux. Je les aime ces gars là», conclue le parolier de sa voix de canailles truffée d’argot qui doit ressembler à celle des voyous qui fréquentaient les cafés-charbon et les filles de joie de cette rue, située dans le quartier Bastille dans le 14ième arrondissement, qui a vu naitre les premiers bal musettes en 1880.

Le trio, qui en sera à son premier spectacle à Montréal, est composé de Emilio Armilles au chant et à la guitare, de Frédéric Gateau au chant et à l’accordéon et de Pascal Brenot à la contrebasse.



Samedi 28 avril à 20h
Studio théâtre de la Place des Arts
Infos : 514-842-2112

mercredi 25 avril 2012

André Pratte, l'homme de tous les services

Un éditorialiste toujours Pratte à servir la bonne cause...


                                      Une autre caricature de l'excellent  Yvon Roy

samedi 21 avril 2012

Le Plan Nord

Le Plan Nord vu par Yvon Roy.

http://roycaricatures.wordpress.com/

L'exil selon Gabriel Anctil


Choisir l’exil

Passionné de  Kerouac et marqué par l’œuvre de Michel Tremblay et sa petite musique joualisante, l’auteur Gabriel Anctil fait, avec son premier roman Sur la 132, une entrée tonitruante dans notre paysage littéraire.
  
Votre personnage Théo, avant de partir à Trois-Pistoles, évolue dans le milieu de la pub. Peut-on établir un lien avec 99 Francs de Beigbeder ?
Je ne l’ai pas lu et Beigbeder ne figure pas parmi mes auteurs préférés. La publicité ? Je ne pense pas que cela apporte beaucoup de choses positives. Si j’ai voulu situer mon personnage dans ce milieu, c’est qu’avec son ancrage dans la superficialité et l’image, il me semblait le plus opposé à la région.

La thèse de votre roman est donc la quête de soi, la quête du sens ?
Oui, Théo n’a jamais été plus loin que la ville de Québec. Il a vécu, après l’université, dans une bulle hermétique avec des gens qui pensent et vivent comme lui. Ce qui fait en sorte qu’il ressent tout un clash culturel lorsqu’il  arrive en région mais sa quête le poussera à s’ouvrir aux autres dont quelques babys boomers.

Contrairement au discours ambiant (Martineau, Buck-Côté, Duhaime) vous êtes, à 32 ans, fasciné par les boomers et semblez vouloir en quelque sorte les réhabiliter…
Je me suis réconcilié avec eux en écrivant le roman. Ma conception du Québec ne s’articule pas autour de l’idée d’une guerre entre les générations mais plutôt dans esprit de continuité. Je crois, contrairement à ceux que vous venez de nommer, que chaque génération doit nourrir la suivante. Je suis aussi fasciné par les boomers car ils ont évolué dans un contexte qui est difficile à imaginer aujourd’hui. Ils avaient un peu plus de 30 ans en 1976 lorsque le Parti Québécois est arrivé au pouvoir. Collectivement, ils ont vraiment essayé beaucoup de choses et sur le plan culturel, ça demeure la génération qui a été la plus forte au Québec.

Vous pensez pas que cette génération a fait un gros party et que c’est la suivante, la X, qui a eu la gueule bois ?
(Rires) Oui, vous en avez vraiment plus bavé que nous. Dans le milieu du travail il est vrai qu’ils ont occupé tous les postes mais je les vois partir depuis deux ou trois ans. Mon personnage, qui ne connaît rien du Québec, rencontre Clermont, un vieux militant boomer qui l’invite à regarder les élections et l’éveille à la politique.

Votre intention d’auteur était-elle de secouer votre génération ? La trouvez vous aphasique à l’égard de la politique ?
Oui, mais ma réflexion a changé depuis quelques semaines avec le mouvement étudiant. Avant cela, j’étais plutôt découragé par le faible pourcentage de gens de ma génération qui se rendent voter. Mais les plus jeunes sont en train de prouver à tout le monde que ce n’est pas une génération d’égoïstes, qu’ils sont très articulés et pourvus d’une vision d’avenir. Cela me rempli d’espoir.

Comme votre personnage, vous avez vécu en région. Votre souvenir le plus marquant ?
À Trois-Pistoles presque chaque coin de rue est associé à une légende. Ça m’a profondément marqué. La ville existe depuis 350 ans et avant on y retrouvait des Amérindiens. Il y a tout un imaginaire qui entoure cette  région. L’église par exemple est associée à une légende que j’ai reproduite, en l’adaptant, dans mon roman. Sans parler du paysage qui est vraiment extraordinaire.

Sur la 132 est disponible en librairies



Gabriel Anctil est né en 1979 à Montréal. Sur la 132 est le premier roman qu’il publie mais il en a écrit d’autres. Il a publié des textes sur Kerouac dans Le Devoir et bosse à Télé-Québec où il est chargé des achats de films présentés dans le cadre de Ciné-cadeau.

mercredi 18 avril 2012

Lettre à la CLASSE

Lettre à la CLASSE

La situation est tendue tel un fil sur le point de casser.

Après plus de deux mois de manifestations historiques, de répression et, plus récemment, un processus de judiciarisation du conflit, la ministre Beauchamp semble reculer. La muraille entêtée du gouvernement Charest se fissure. Cette brèche est suffisante pour faire pénétrer la lumière dans le débat.

Mais voulant sans doute sauver la face du gouvernement, et ce qui reste de dignité au premier ministre Charest, celle qui commence probablement à paniquer sous la pression des multiples bavures policières et les échecs de la job de bras digne de l’époque de Duplessis, lance aujourd’hui un ultimatum : « condamner les violences et y renoncer afin de faire avancer les choses ». 

Je comprends que vous ne souhaitiez pas participer, voire vous abaisser, à cette logique paternaliste qui va à l’encontre des principes même de la démocratie directe. Je comprends très bien que vous ne souhaitiez pas adhérerà cette façon de penser selon laquelle un porte-parole, confondu avec un chef, devrait dénoncer des gestes isolés qui, dans certains cas, n’ont peut-être rien à voir avec le mouvement qu’il représente.

Je comprends qu’en refusant de vous prononcer à ce sujet vous refusez un amalgame qui a sans doute pour objectif de vous discréditer auprès de la population.

Mais le récent (et ignoble) débat auquel le porte-parole de la CLASSE a participé face au chroniqueur Christian Dufour, inutilement provocateur et sincèrement obtus à l’émission de Denis Lévesque sur les ondes de LCN,  démontre que même un professeur comme M. Dufour ne semble pas comprendre la culture de la démocratie directe.

Même lui, habitué à la chose politique, ne parvient pas, et je ne doute pas de sa sincérité, à comprendre votre refus d’adhérer à la politique spectacle et à la personnalisation des enjeux politiques.

Le culte de la personnalité ambiant jumelé à un hyperindividualisme devenu culturel les empêche, lui comme Martineau et de nombreuses personnes hostiles au mouvement étudiant, de comprendre une autre logique que celle qui est devenue la leur.

Voilà pourquoi je ne saurais trop vous suggérer de tenter une autre approche que celle de la confrontation des idées et d’obtenir auprès de vos adhérents le mandat de formuler une déclaration qui irait dans ce sens :

« Nous condamnons la violence utilisée par certains de nos membres, ainsi que la brutalité policière qui a été déployée depuis le début des manifestations. »

Cette déclaration qui aurait pour effet de permettre au gouvernement Charest de sauver la face auprès de la population, ce qui le rendrait plus disposé à négocier, pourrait du même souffle lui jeter à la figure sa propre responsabilité quant à l’escalade de la violence.

De plus, elle lierait les mains de la ministre Beauchamp qui ne pourrait plus se réfugier derrière un écran de fumée pour refuser de vous inviter à la table des négociations, tout en permettant à la CLASSE de faire preuve d’une certaine envergure.

Cette envergure que la population attend encore d’un homme d’État, c’est de vous qu’elle viendrait.

Chose qui, en plus d’être noble, s’avérerait positive pour le rayonnement de votre cause auprès de l’opinion publique.

Merci de votre attention,

Cordialement.

Claude André

mardi 17 avril 2012

Hollywood et la politique : se divertir sans s'abrutir


Hollywood en plywood

Certains ne s’en vantent pas dans les salons, mais la plupart des gens adorent savourer des films hollywoodiens. Dans son captivant essai Hollywood et la politique, paru chez Écosociété, Claude Vaillancourt nous invite à ne pas bouder notre plaisir tout en demeurant attentifs aux messages qui y sont véhiculés.

Votre livre est-il une charge contre le cinéma d’Hollywood?
Non, au contraire. L’objectif est de contribuer à ce que les gens comprennent mieux ce qu’ils voient car de nombreux messages sont transmis par le cinéma hollywoodien. Il s’agit d’un contexte assez particulier où les investissements sont très élevés et où nombre de personnes interviennent dans le processus de production. Dans ce contexte, est-ce que les réalisateurs peuvent vraiment transmettre des idées qui leur sont personnelles ou qui vont à l’encontre des intérêts de ceux qui financent ces films? Un contrôle est-il exercé et, si oui, dans quelle mesure?

Et la réponse est…
Il subsiste un contrôle qui est assez grand mais les gens peuvent y échapper car, malgré tout, on y retrouve une certaine liberté d’expression.

Vous dites qu’Hollywood souffre, en ce moment, d’un grave manque d’imagination. Quel serait l’âge d’or?
Je reproduisais un propos que l’on entend souvent, dont celui du célèbre critique Roger Ebert. Si on analyse les années 40-50, on se rend compte qu’il y a eu beaucoup de bons films à cette époque, dont ceux de Frank Capra. On y retrouvait une grande richesse dans les dialogues, qui s’est transformée avec le temps en scènes d’action. Chaque année, de bons films sont réalisés. Par exemple, en 2011, The Descendants avec George Clooney est un exemple assez intéressant de film qui pose de bonnes questions. L’idée de mon livre m’est venue pendant les années Bush durant lesquelles la presse était soumise aux dépêches et aux communiqués qu’émettait son gouvernement. Or, le cinéma américain a connu une excellente période à ce moment-là. Je pense à des films contestataires, comme Lord of War, Syriana ou Munich (Steven Spielberg).

Parlant de Spielberg, que pensez-vous du discours selon lequel le cinéma hollywoodien serait contrôlé par des Juifs qui s’en serviraient comme d’un instrument de propagande?
Je n’embarque pas là-dedans. Les studios appartiennent à des empires financiers qui sont plus grands qu’eux-mêmes et ces empires viennent de partout. Il y a Sony, qui appartient à des Japonais, l’Australien Murdoch est propriétaire d’un studio, il y a aussi General Electric qui en possède… C’est une sorte de grande sphère financière. Certains, comme Hervé Kempf, ont parlé d’une oligarchie mais j’ai ne crois pas à une oligarchie dominée par une ethnie particulière. Cela dit, aux yeux des républicains, Hollywood est un nid de démocrates et c’est pour cela qu’ils s’y attaquent souvent.


Claude Vaillancourt est romancier, essayiste, conférencier, musicien, professeur de littérature, militant altermondialiste et cinéphile. Membre du comité de coordination de la revue À bâbord, il a écrit Mainmise sur les services et les romans Les années de bataille et L’inconnue. Son dernier ouvrage, Hollywood et la politique, est actuellement en librairie.

«The Descendants avec George Clooney, un exemple assez intéressant de film qui pose de bonnes questions», selon l'auteur Claude Vaillancourt.

lundi 16 avril 2012

Le western urbain de Marie-Hélène Poitras

Western urbain

Fana des films de Sergio Leone et de polars, l’auteure et journaliste Marie Hélène Poitras nous livre un western-spaghetti nappé de 
« montréalités » avec son roman Griffintown. Une oeuvre qui sublime ces marginaux, souvent poqués, qui conduisent des calèches. À lire avec du Ennio Morricone en musique de fond.


Vous avez choisi d’écrire un western urbain…
Je laisse les gens décider si c’est vraiment un western ou non. Mais je le suggère d’autant plus que j’ai eu vraiment du plaisir à jouer avec les clichés qui s’y rattachent. Je ne parle pas des westerns traditionnels construits de façon manichéenne, mais bien des westerns-spaghettis avec leur côté série B, leur aspect lyrique et leurs trames musicales. Mon défi était de trouver une façon de faire passer ces effets sonores dans l’écriture. C’est d’ailleurs pour cela que j’emploie un style assez sensible et que la prise en charge de la narration frôle la forme poétique. Pour la conclusion du livre, j’avais la volonté de créer quelque chose qui pourrait rappeler la célèbre scène finale du film Le bon, la brute et le truand, lorsque le gars se sauve à cheval avec la musique qui embarque sur l’image.

Vous dites que les cochers sont des gens qui construisent leur légende. Pourrait-on dire que ce sont aussi des poqués qui se font du cinéma?
Oui, c’est cela. Ce sont tous des conteurs nés. C’est ainsi qu’ils gagnent leur vie. Plus leur tour de calèche est captivant, davantage ils touchent en pourboire. En les côtoyant, j’ai découvert que ces gens colorés ont souvent un passé assez rough qu’ils essaient d’oublier. Un cocher raconte toujours sa légende, celle qu’il a peaufinée. Or, lorsqu’il n’est pas présent, les autres cochers proposent une autre histoire sur ce même cocher. En passant pas mal de temps avec eux, on finit par connaître la vérité qui est toujours fascinante. Par exemple, lorsque nous attendions les touristes, il m’arrivait de les observer, de les écouter et j’avais l’impression d’être dans une pièce de théâtre où il n’y aurait jamais de temps morts.

Vous révélez que les cochers sont détestés des résidents du Vieux-Montréal.
Ce sont des gens assez fortunés qui achètent des condos de luxe. Pour eux, de voir un gars à l’allure un peu louche qui n’a pas bien nettoyé son emplacement en partant et en y laissant l’odeur du cheval, c’est dérangeant. Vous savez, le fouet dont sont munis les cochers n’est pas destiné aux chevaux. On me l’a dit assez tôt. Une fois, alors qu’un conducteur me mettait de la pression pour me dépasser dans une petite rue où cela n’était pas possible, j’ai arrêté mon cheval et je suis descendue de ma calèche avec mon fouet pour lui en administrer un coup retentissant sur le capot de sa voiture! Et je lui ai dit : « Si t’es pressé, ne passe pas par les petites rues du Vieux. » Je suis ensuite remontée sur ma calèche avant de repartir très lentement.

Marie Hélène, si je vous invitais à savourer un bon steak de cheval…
(Rires). Jamais de la vie. Je ne mange même pas de poisson ni de fruit de mer, alors encore moins du cheval!






Née en 1975, Marie Hélène Poitras est critique musicale à l’hebdomadaire Voir. Elle a publié Soudain le Minotaure, en 2002, qui lui a valu le prix Anne-Hébert, et La mort de Mignonne et autres histoires, en 2005, qui fut finaliste au Prix des libraires du Québec. Marie Hélène est également éditrice à la Zone d’écriture de Radio-Canada.

lundi 9 avril 2012

Le Grand Martineau

Caricature signée Yvon Roy dont on peut consulter le site en cliquant ici
Le pire c'est que c'est gars-là, Martineau, il est dans la «vraie vie» ultra sympathique.

Bestiaire


Un zoo la vie

Avec Bestiaire, son dernier long métrage dépourvu d’histoire et de dialogue, Denis Côté propose une œuvre de  formalisme pur qui, venant d’un autre cinéaste, passerait peut-être inaperçue mais qui s’inscrit à merveille dans la démarche qui est la sienne. Certains crieront au génie, d’autres au scandale. Une chose demeure certaine, le petit prince tatoué du cinéma d’avant-garde ne laissera, encore une fois, personne indifférent. Rencontre.

Sur l’affiche, on peut lire «Productions Métafilms». Comme dans supérieur ou au-delà. Est-ce que  
Bestiaire est un méta film ?
Contrairement à la plupart des gens dans le cinéma québécois qui disent que ça prend une bonne histoire, la narration n’est pas la chose qui m’intéresse le plus. Est-ce que je suis en réaction à quelque chose ? Peut-être. Je ne veux pas utiliser le mot provocation, cela m’a apporté des problèmes. Mes films ne cherchent pas à provoquer mais ils réagissent.  Les États nordiques réagissait à ma job de critique qui devait couvrir des films en pleine période de politique de performance. J’ai toujours une impulsion un peu juvénile qui consiste à réagir à mon film précédent, à ce qui se fait au Québec et dans le cinéma en général.

D’où est venue l’idée de Bestiaire ?
La direction du Parc safari, rencontrée pour la scène de lion dans Curling, m’a invité à revenir tourner à ma guise. Je me suis dit : «on y fera quoi ? » Je ne suis pas un amoureux des animaux, je ne fais pas des films de sujets, je n’ai pas d’agenda social particulier, je ne fais pas de films de causes et je n’essaie pas de vendre quelque chose.
Mais je suis obsédé par les éléments constitutifs du cinéma comme le montage et le son. Puisque je ne voulais pas faire un documentaire sur un zoo et que je n’avais pas d’argent pour une fiction, je me suis demandé : qu’est-ce qui reste ?

Et alors ?
Généralement, lorsque l’on tourne un animal c’est pour nous faire rigoler sur Youtube ou par anthropomorphisme. Mais un animal, ça ne s’ennuie pas et ça ne possède que 7 ou 8 secondes de mémoire. Ma question était de départ était donc : peut-on filmer un organisme vivant de façon à la fois esthétique et frontale ? Contrairement à ceux qui avancent que je ne fais des films que pour moi-même, la pire insulte, Bestiaire est le film absolu pour le public parce que les gens sont obligés d’y projeter leur propre personnalité et leur vie personnelle en le regardant.

Ce film ne brosse –t—il pas quand même un parallèle avec l’univers carcéral ?
L’avocat du zoo m’a posé la même question. J’ai répondu : «Monsieur, on a pas d’argent, nos sommes que trois munis d’une caméra vidéo et on filme vos enclos pendant l’hiver !». C’est un film qui vise l’objectivité la plus totale mais les gens veulent me prêter des intentions. J’avoue que le son, retravaillé, est assez dur mais il ne visait pas à choquer. Je pense que, puisque nous ne sommes pas particulièrement amoureux des animaux, c’est devenu extrêmement froid, neutre et clinique. Je ne peux pas te dire si tu as raison ou non quant à l’univers carcéral sauf que ce n’était pas mon impulsion.  Fin de l’intellectualisation car on pourrait le faire pendant des heures avec ce film faussement naïf. Mais quand tu me dis, « on voit ce que l’on veut bien y voir, tu me fais un très beau compliment.»

Bestiaire, de mon ancien collègue du Ici Denis Côté, est présentement en salles.





Bestiaire, le 6ième long-métrage de Denis Côté, a eu sa première mondiale au prestigieux festival Sundance, était le film d’ouverture de  la 30ième édition des Rendez-vous du cinéma québécois et comptait parmi la sélection de la 62ième Berlinale qui a eu lieu cette année.

mercredi 4 avril 2012

Amadou, Mariam et... Bertrand Cantat !


Black Soul

Savant dosage entre modernité et tradition, Folila, le nouveau chapitre surtout anglophone d’Amadou & Mariam, est aussi celui des rencontres. Parmi les invités : Santigold, deux membres de TV on the Radio, le rappeur de Brooklyn Theophilus London, Ebony Bone ainsi que… Bertrand Cantat qui se retrouve sur 10 des 13 titres. Discussion avec Amadou Bagayoko

Claude André

Votre de nouvel album distille autant des ambiances d’instruments traditionnels (cora, ngoni, balafon) que des rythmes urbains puisés dans le hip hop. Le concept était-il d’établir un pont entre la tradition et la modernité ?
Oui, nous l’avons réalisé à New York, Bamako et Paris. Au départ, nous voulions faire, avec les mêmes chansons, un album purement traditionnel et un album moderne. Mais finalement nous avons réuni le tout pour en faire un seul.

Bertrand Cantat est très présent sur cet album. Vous avez sans doute discuté de tout ce que cela impliquait avec Mariam ?
Nous n’avons pas eu personnellement de discussions par rapport à ses problèmes. Ce sont des convictions personnelles qui nous ont guidés. Lorsque nous l’avons rencontré à Bordeaux, nous avons trouvé qu’il est quelqu’un de très généreux, de très sympa et de très ouvert au point de vue musical, c’est tout. On a beaucoup parlé de musique et après on l’a invité pour aller au Mali. Il est venu et il y a passé une dizaine de jours.

Vous savez néanmoins que vous aurez à défendre ce choix. Il y a une prise de position philosophique dans votre geste, non ?
Effectivement, ce qui peut être compris c’est que l’individu doit toujours donner une chance aux autres de se racheter. C’est surtout ça.

L’idée du pardon, du lâcher prise, c’est le discours qu’Amadou & Mariam a toujours véhiculé.  SurOh Amadou, vous dites : «tu n’as pas le choix, c’est plus fort que toi, tu dois plié».
Oui, c’est le message que nous avons toujours tenté de véhiculer.  Avant même de rencontrer Bertand nous avions cette chanson-là. Ce n’est pas parce qu’il était là qu’on l’a chanté même si ça peut coller avec son histoire.

Parmi les rencontres que l’on retrouve sur Folila, il y a donc celle avec le rap. Une musique que vous aimez particulièrement Amadou ou étais-ce simplement pour illustrer l’urbanité inhérente au concept de l’album ? 
On n’a pas la même manière d’exprimer les messages et le rap est un bon véhicule. En tant que musique, on aime bien le hip hop et ça nous fait vraiment plaisir de voir les styles se rencontrer. Vous savez, il y a un de nos garçons qui fait du rap.

Vous écrivez la plupart des textes de vos chansons. Où puisez-vous cotre inspiration Amadou, la spiritualité ?
Dans la quotidienneté, la spiritualité, l’amour du prochain, la vie pacifique, le déroulement des choses dans la fraternité et l’amitié et aussi dans l’espoir qu’il faut donner aux uns et aux autres sur cette terre. Leur dire que tout n’est pas figé : aujourd’hui nous pouvons être dans le bonheur et demain être dans le malheur mais qu’avec le courage tout peut changer. Notre discours consiste surtout à donner de l’espoir aux gens. À leur dire que tout n’est pas perdu et qu’il est possible de se racheter.

Quelle différence majeure ressentez-vous lorsque vous êtes devant un public africain et face un public occidental?
Généralement, en Afrique, les gens montent sur la scène pour danser avec les artistes ou faire des accolades (rires).

Folila d’Amadou & Mariam est maintenant disponible.


dimanche 1 avril 2012

Bravo Sonia Johnson !


Chaleureuses accolades à mon amie Sonia Johnson qui a vu hier son album Le Carré de nos amours  remporter le Junos du meilleur album de l'année dans la catégorie Jazz Vocal.

Pour savourer des extraits et/ou l'acheter en ligne cliquez ici.