lundi 30 août 2010

12 Hommes rapaillés vol. 2

Douze hommes rapaillés vol.2

Après l’inespéré succès du premier qui nous prouvait que le grand public peut également apprécier la poésie de haut vol (35 000 cd vendus), voici le second chapitre composé du même gotha d’artistes sauf Plume qui cède la place à Yves Lambert. 

Plus éclectique sur le plan musical avec des incursions rock, blues, country et tomwaitiennes, ce volet de l’œuvre du grand indépendantiste mets cette fois davantage l’emphase sur sa poésie militante. 

Dans le respect des personnalités de chacun, Louis-Jean Cormier signe une réalisation inspirée qui, ornée de quelques caméos et d’une chorale, assure une homogénéité à l’ensemble. 

Si Miron se retourne dedans sa tombe, ça sera pour mieux écouter. ****/5  Claude André

samedi 28 août 2010

Chronique estivale

L’arrière-train


Dimanche dernier. Saint-Hippolyte. Week-end savoureux chez des amis malgré les Gino fluo qui, sous le soleil de midi, débarquaient leur yacht de leur 4x4. Juste à côté des enfants qui batifolaient dans la petite baignade aménagée du Lac Achigan. 

La veille, promenade dans le village et autres flâneries dont, subrepticement, la recherche de Réjean Ducharme. Mes amis artistes, qui habitent une maison ayant servi au film Les Bons débarras, dont le célèbre écrivain fantôme a écrit le scénar, m’assurent que le génial écrivain québécois contemporain y coulerait des jours paisibles en compagnie de son alter ego, Roch Plante. Le pseudo qu’il utilise pour signer ses œuvres sculpturales.

C’est aussi dans ce village que vivait William Fyfe. Le plus « prolifique » tueur en série que le Québec ait connu. Le type, qui avait le sens de l’appartenance et faisait dans le bénévolat au village, n’aurait cependant choisi aucune de ses neuf victimes dans son patelin mais seulement en périphérie.

Pour le retour en ville, dimanche soir, me suis fait reconduire à la gare centrale de Saint-Jérôme, vu que la gracieuse dame qui m’avait gratifié d’un lift la veille, une amie de mes hôtes, a choisi de poursuivre sa cavale vers Lanaudière, plutôt que de rentrer en ville comme le font habituellement les gens normaux.

17 heures, quai n° 9, bus. Dépose mes 4 $.

Vieux réflexe rock-and-roll, me dirige dare-dare vers l’arrière-train. Prend place devant un Black qui arbore les couleurs du Sénégal et une tuque de rasta. Tête sympa, j’engage la discussion en lui demandant si le Ghana, dernier pays africain encore dans la course à la Coupe du monde de soccer, a vaincu les États-Unis. Sourire d’ivoire grand comme le bar du Ritz.


Puis mon type me raconte qu’il vient de passer un super week-end avec une maman top roulée de 42 ans qu’il a rencontré sur Badoo. Un site internet, m’assure-t-il, très foisonnant en la matière. La fille s’appelle Lafleur. Ça tombe pile, le mec, Seydina, est botaniste. Il travaille pour une pépinière et fait dans le déneigement l’hiver. « L’été, je travaille au noir et l’hiver, je travaille au blanc! », s’esclaffe-t-il avant de me montrer sur son iPhone des photos de ses potes à Dakar.


Entre autres confidences, il m’évoque sa peine d’amour, suite à sa rupture récente avec une superbe jeune Japonaise qui ne voulait plus vivre ici.

Puis, le fan de Marley me demande si j’aime fumer du pot. Farfouille dans son sac et me tend la main. Petite boulette parfumée de fous rires enveloppée d’aluminium.

Le bus s’immobilise à un arrêt. Deux types mi quarantaine montent. Visiblement éméchés, s’assoient près de nous. L’un d’eux dégage cet effluve particulier qui laisse deviner une cigarette allumée, puis éteinte. Le plus saoul du duo s’enquiert du temps qui reste avant le métro Montmorency. Je l’ignore. Puis, je questionne son chum de brosse qui semble désabusé au sujet du billet de contravention qu’il tient à sa main et ne cesse de relire.

— Une ostie de ticket de tabarnak! Je me suis fait arrêter parce que je buvais une bière, câlice! Ça va me coûter 75 $!

Me file le billet : « Avoir consommé une boisson alcoolisée dans un endroit ouvert au public. » L’amende monte à 50 $, plus 25 $ piasses de frais!

Ça se passait derrière le dépanneur où la bibine a été achetée, mais le type se croyait dans un parc. Ce qui de toute façon n’eût rien changé à l’infraction.

Lui demande pourquoi il n’a pas proposé au flic de la vider en échange de sa clémence.

— C’est ce que je lui ai dit : « Attends, je vais aller la vider là, dans le canal. » Il m’a répondu : « Au prix que ça va te coûter, t’es aussi ben de la boire au complet! »

Lui ai suggéré de contester la contrav’ en cour, où il n’aurait qu’à prétendre qu’il avait substitué de l’eau à la bière après s’être enfilé le houblon interdit chez des gens. Il m’a jeté un regard incrédule!?!

Un peu plus tard, le bus est arrivé devant la grande roue et le théâtre à ciel ouvert, qui crèchent à l’orée du métro.

J’ai salué mon rasta. Me suis engouffré dans le souterrain, puis me suis engagé dans le dernier wagon du métro. C’est alors que les deux mêmes gars saouls sont arrivés en titubant.

— C’t’une ostie de bonne idée ça, man, changer la bière en eau. Comme Jésus mais à l’envers, m’a lancé le serial drinker.

Lui ai adressé un sourire en me félicitant, dans mon for intérieur, d’avoir encore le réflexe de toujours m’asseoir dans l’arrière-train.

Cette chronique a d'abord été publié «Sous le soleil exactement», le nom de ma tribune d'été dans l'hebdo Accès Laurentides.

vendredi 27 août 2010

Mesrine : L'ennemi public no 1




L'audace dégoupillée

L’ennemi public no1 relate la suite des aventures du célèbre gangster Jacques Mesrine, qui a marqué l’inconscient collectif des deux côtés de l’Atlantique.
Après L’instinct de mort qui, il y a quelques semaines, nous faisait découvrir à un rythme haletant l’arrivée dans le monde criminel de Jacques Mesrine ainsi que son passage mouvementé et violent au Québec, voici enfin le second volet du diptyque de Jean-François Richet.
Ce second chapitre se déroule cette fois en France, de 1972 à la mort de Mesrine, victime d’un assassinat mis en en scène pour frapper l’imaginaire de façon spectaculaire, à la porte de Clignancourt, en 1979.
Outre les reconstitutions historiques et le climat seventies, on ne peut plus réussi, on retiendra notamment que Mesrine, histrion à la fois fascinant et repoussant, soucieux de son image de «gangstar», s’engouffrait de plus en plus dans sa mythologie et cherchait une caution morale à ses crimes.
Lui qui n’était pas sans savoir l’inéluctabilité de son tragique destin, cette caution, il croyait la trouver à l’extrême gauche, d’où son amitié avec le célèbre révolutionnaire Charlie Bauer, rencontré en prison, interprété ici avec panache par Gérard Lanvin.
Cela dit, le film illustre avec pertinence, au moyen du kidnapping d’un millionnaire octogénaire perpétré par Mesrine et un complice, que les motivations du criminel relèvent davantage du goût du luxe et de l’aventure que de la défense de la veuve et de l’orphelin: «Un révolutionnaire m’aurait déjà assassiné, un gangster demandera une rançon», lui dira le vieux bourgeois, impassible.
Telle une véritable troupe de théâtre transcendée par un but plus grand que ceux des simples individus, les autres comédiens, en plus du magistral Cassel, passent la rampe: Ludivine Sagnier, en amoureuse dispendieuse, et le magnifique Mathieu Amalric, qui élève son jeu à la hauteur de celui de Cassel. Idem pour l’autre complice de Mesrine, joué par le convaincant Samuel Le Bihan. Et que dire du toujours très juste Olivier Gourmet dans le rôle du tombeur de Mesrine, sinon qu’il est le commissaire Broussard?
Si on sort de la salle moins essoufflés qu’à la fin du premier volet,L’instinct de mort demeure une œuvre qu’il faudra placer à côté de nos vieux Pacino et de nos VHS de westerns spaghetti signés Sergio Leone. Captivant!

jeudi 26 août 2010

Nouveauté dvd: The Answer Man





Peu inspiré


Manifestement inspiré du livre à succès Conversation avec Dieu, cette comédie romantique raconte l’histoire d’un auteur fantôme acclamé du grand public qui, tout en tentant de se guérir de ses propres contradictions, croise la route d’une mère monoparentale new âge et d’un jeune libraire qui tente de cesser de picoler.

Mise en scène vaudevillesque, jeu peu crédible de Jeff Daniels, ce film recèle quelques échanges lumineux et sympas mais ne porte aucune caractristique artistique digne de mention.
 ** ½/5 




mercredi 25 août 2010

Douze hommes rapaillés vol. 2 : entrevue avec Gilles Bélanger

Après le premier album Douze hommes rapaillés, qui s’est vendu à 35 000 exemplaires, et le spectacle acclamé aux Francofolies, voici le deuxième opus très attendu consacré à l’œuvre de Gaston Miron.
N’eût été de Chloé Sainte-Marie et du regretté Gilles Carle, qui a incité cette dernière à mener à bien son projet de chanter les grands poètes d’ici, cette fabuleuse histoire n’aurait sans doute jamais vu le jour.
En 1998, la chanteuse confie «l’enchansonnement» de quelques poèmes (dont un de Gaston Miron) à l’auteur-compositeur-interprète Gilles Bélanger pour son magnifique deuxième album, Je pleure, tu pleures, sorti en 1999. C’est donc tout naturellement que Bélanger songe à créer un album qui porte sur l’œuvre du poète.
En 2007, Bélanger et sa blonde s’amusent, en buvant du vin rouge, à imaginer à quoi pourrait ressembler un album consacré à Miron et quelle en serait sa facture. «Je n’ai plus travaillé avec Chloé depuis 2005», explique Bélanger, qui a composé 34 titres sur 3 des albums de Chloé.
«Je rêvais de continuer à mettre Miron en musique, mais Chloé ne pouvait pas interpréter tous les poèmes, car plusieurs sont des textes d’amour qu’un homme adresse à une femme, poursuit Gilles Bélanger. Puis, je me suis mis à discuter avec ma blonde du texte Ce monde sans issue, que j’imaginais depuis toujours interprété par Daniel Lavoie.»
Le concept
Ensuite, apparaît le concept des Douze hommes rapaillés, librement adapté du titre du recueil de Gaston Miron, intitulé «L’homme rapaillé». L’idée fait aussi référence aux 12 heures, aux 12 apôtres et aux 12 hommes en colère (un film de Sidney Lumet).
Des artistes se greffent alors au projet, puis les astres se donnent le mot... Au cours d’une balade à vélo, Bélanger croise par hasard Louis-Jean Cormier (Karkwa), qu’il avait connu lorsque ce dernier assurait la direction musicale d’une tournée de Chloé. «C’est lui que je voyais à la réalisation, explique Gilles Bélanger. Lorsqu’il m’a donné son accord, je savais que Pierre Flynn, Daniel Lavoie, Plume, Richard Séguin et tous les autres tripperaient.» Les deux larrons souhaitent mordicus réunir trois générations d’interprètes autour du projet.
«Une fois mon travail de composition effectué, je refile les chansons à Louis-Jean. Elles passent alors dans son tordeur et on tombe en 2010, confie Gilles Bélanger. Le deuxième album nous prouve que l’on peut rocker Miron avec bonheur et fierté.» Ce disque, musicalement plus éclectique que le premier, évoque autant le cirque déglingué de Tom Waits que le blues et le country. Peut-être parce l’aspect militant indépendantiste de Miron est davantage mis en avant dans cet opus que dans le précédent.
Il faut dire que la noblesse des sentiments et la magnificence de Miron sont toujours au rendez-vous: «La première personne qui a écouté les chansons est Marie-Andrée Baudet, la dernière conjointe de Gaston. Elle était très émue, se souvient Gilles Bélanger. Ce qui m’a le plus touché, c’est quand Martin Léon a chanté sa pièce (Avec toi) en studio. Il est ensuite venu l’écouter avec nous autour de la console, où se tenaient quatre ou cinq personnes. J’ai aperçu une larme glisser de l’œil de Martin. J’en ai eu des frissons. On était tous des gars, tu comprends... Je me suis dit: "Si je regarde quelqu’un, je vais me mettre à pleurer".»

samedi 21 août 2010

Don Giovanni: serial lover


Don Giovanni, naissance d'un opéra



De la musique avant toute chose

Exilé de Venise pour adultère et complot, un prêtre libertin se retrouve à Prague et à Vienne où il écrit le livret de l’opéra Don Giovanni en compagnie de Mozart.

Claude André

République de Venise. 1763. La Sainte Inquisition plane. Un jeune garçon renonce à sa judaïté pour se convertir au catholicisme. Ce qui lui permettra plus tard de se faire ordonner prêtre. Mais le jeune homme en question, maintenant nommé Lorenzo da Ponte (sombre mais efficace Lorenzo Balducci), se révèlera davantage interpelé par les courbes féminines que les voies impénétrables de dieu. Tout comme son ami et mentor, l’illustre séducteur Giacomo Casanova (excellent Tobias Moretti dans la peau du vieux beau cynique) qui est également un «frère» franc-maçon.

Condamné à 15 ans d’exil en 1781, le jeune ami de Casanova se révèle sympathique aux yeux de l’Empereur Joseph II qui lui propose de travailler au livret de l’opéra Les Noces de Figaro avec nul autre que Mozart. Après le succès de l’entreprise, les deux comparses s’attaquent à Don Giovanni, un opéra largement inspiré de la vie de Casanova et, bien sûr  Don Juan,  où La Divine Comédie de Dante se profilera en toile de fond.

Réalisé par l’immense réalisateur espagnol Carlos Saura qui n’a pas craint de s’attaquer au franquisme dans ses jeunes années, ce film théâtro-musical aux emprunts kitsch assumés évacue rapidement l’intrigue mystico-politique qu’il laissait présager pour se tourner exclusivement vers la création romancée dudit opéra.

C’est donc à un jeu de miroir entre la vie tumultueuse de Lorenzo da Ponto et ses conquêtes féminines du moment et le génie douloureux et sans le sous de l’exubérant Mozart (moins fantasque et plus torturé que dans Amadeus, touchant Lino Ganciale) qui se retrouve transposé sur scène petit à petit.

Et c’est dans cette atmosphère de grandiloquence souriante, bien que réalisée de main de maître, que le spectateur se demandera en regardant parfois sa montre s’il n’est pas un fana d’opéra, comment da Ponte conclura l’œuvre : rédemption de Don Giovanni enfin amoureux et fidèle à une seule femme ou triomphe de cet «instant de vie qui a plus de valeur qu’une éternité» si cher à Casanova ?

***/5

vendredi 20 août 2010

Alexandre Belliard et le sens des valeurs

Le sens des valeurs

Dix ans de mariage, deux enfants et un troisième album solide comme l’amour qui dure pour Alexandre Belliard

Claude André

Très apprécié des observateurs de la scène musicale québécoise, le trop méconnu auteur-compositeur-interprète devrait élargir considérablement le cercle de ses partisans avec Des fantômes, des étoiles, son troisième chapitre qui porte la matrice du très doué Éric Goulet (Les Chiens). Réalisateur de cet encodé que le jeune artiste de 33 ans a dédié à la mémoire ses grands-parents. Eux qui lui ont légué un modèle de force tranquille et de complicité face aux vents parfois mauvais de la vie.

«L’album découle d’une chanson que j’ai écrite à la suite du décès de mon grand-père,  L’Immortalité. Son décès m’a profondément bouleversé. C’était mon grand chum. Il s’agit d’une histoire de couple. Ma grand-mère l’a suivi deux mois après ! C’est donc un peu un hommage à leur amour. Que reste-t-il quand tu perds ton partenaire de tout une vie ?», se demande l’Alex avant de sourire comme un enfant devant un sapin de Noël lorsque lui fait part de notre grande appréciation de cette chanson en particulier et de l’album en général.

Un album qui, à la manière de son mentor Renaud, recèle des perles qui causent de rupture mais aussi des  textes à caractère sociaux et/ou politiques tels Je refuse de grandir (adaptation d’une pièce de Tom Waits) ou Jack (l’éventreur n’est plus à Londres) en plus de son désormais traditionnel hommage à un poète (Marie-les ombres pour Marie Ugay) et des autres chansons inspirées par ses grands-parents.

L’amour solide

«Après L’immortalité, j’ai écrit Complainte d’outre-tombe qui relate l’état d’esprit de mon grand-père lorsqu’il a appris l’imminence de sa mort. Les derniers jours, il était vraiment en colère. De nombreuses personnes qui ont connu des vies torturées font la paix avant de partir tandis que lui, c’était le contraire. Il a vécu une vie tellement heureuse qu’il refusait de la quitter…» confie l’artiste qui grâce aux textures musicales parvient à illuminer son propos même le plus sombre.


Et celui qui a écrit pour sa compagne la très sympathique Et toi et moi  après avoir entendu le poème Lèvres ouvertes de Jean-Paul Daoust livré par Pierre Lebeau à la radio, croit-il que cela soit encore possible, en ce troisième millénaire, des couples qui perdurent plus de vingt ans ? «Je trouve que vingt ans ce n’est rien. Je me suis marié il y a dix ans déjà, deux semaines après que l’on se soit rencontrés, et j’ai l’impression que nous sommes encore au début. Le rêve de ma vie serait de partir après cinquante ou soixante ans de mariage. Tu sais, lorsqu’un problème se présente, il faut l’affronter ensemble plutôt que de seulement baisser les bras. De toute façon, il y a de fortes chances qu’il se présente de nouveau avec une éventuelle autre personne deux ou trois ans plus tard.»

Alexandre Belliard
Des fantômes, des étoiles
Productions de l’onde
En magasin le 24 août

jeudi 19 août 2010

Funkytown : les années di$co



Les année$ disco

Créateur de thèmes d'émissions (Beaux dimanches), 4000 jingles publicitaires, 150 chansons et 18 trames sonores, Jean Robitaille était responsable de la composition et des acquisitions musicales pour le film Funkytown qui relate les années disco à Montréal. Anecdotes

Claude André

On retrouvera j'imagine des hymnes cultes des seventies tels les succès de Bee Gees comme «Staying Alive» et «Night Fever» ?
On retrouvera entre autre: «Hot Stuff» et «I Feel Love» interprétées à l'époque par Donna Summer, «Doctor's Orders» par Carol Douglas, «I Love To Love» par Tina Charles, «Disco Inferno», «Knock on wood», «Young Hearts Run Free», «Don't leave Me This Way», «You Make Me Fell Like Dancing», «Funkytown» bien sûr, «Daddy cool», «Don't let me be misunderstood (santa esmeralda)», «Heaven must be missing an angel», «Lady Bump». Le réalisateur du film Daniel Roby souhaitait, à juste titre, choisir de grands succès disco mais en faisant attention à ce qu'ils ne soient pas trop usés comme certains le sont.


Parlez-nous des tarifs réclamés par les créateurs des pièces ?
On ne négocie pas avec les créateurs mais avec des multinationales et des sociétés qui représentent des auteurs, maisons d'éditions en plus des avocats… Il serait difficile de révéler des chiffres exacts puisque plusieurs grandes compagnies comme Universal et Warner ont consenti à nous offrir des tarifs spéciaux en raison du caractère du film, du fait qu’il s’agit du marché québécois… J’ai également usé de mes contacts. Généralement, cela peut osciller 15 000$ et 75 000 $, voire 100 000 $ selon l'interprète et l’appétit des ayants droit. Ainsi, nous avons dû nous priver de certains interprètes québécois qui se seraient fait une joie de participer... Des titre comme «Lady Marmelade», «Sugar Daddy» et «Love Is In The Air» nous sont demeurés inaccessibles en raison du prix démesuré qu’exigaient les éditeurs australiens, américains ou autres.

On dit que certains artistes exigent un droit de regard sur leurs œuvres avant d'accepter que leur travail soit utilisé…
Diana Ross, par exemple, ne veut plus que sa voix soit utilisée sur des scènes où il y a du sexe et de la drogue en raison de ses valeurs religieuses. Mais nous avons pu utiliser les chansons et trouver chez-nous des voix formidables pour la remplacer: Florence K. dans «I Feel Love» et Nancy Martinez pour «Hot Stuff».

Le moment le plus surréaliste que vous avez vécu dans le cadre de ces démarches?
De découvrir que «Love Is In The Air» s’est avérée la chanson pour laquelle les éditeurs demandaient le plus d’argent, eux qui ne voulaient rien entendre d’une baisse raisonnable. Dommage pour Martin Steven mais que voulez-vous, ce domaine est une jungle inimaginable... Vous n'avez pas idée.

Une anecdote?
J'ai négocié pendant six mois quelques chansons avec une compagnie étrangère qui prétendait en détenir les droits. Une fois l'entente conclue, j'ai appris en contre-revérifiant qu'elle n'était d’aucune façon titulaire des oeuvres comme elle le prétendait !

Qui seront les interprètes de vos créations «disco» composées spécifiquement pour le film ?
Jully Black 2 pièces, Marilou dans la version française de « I Love To Love» Florence k pour « Feel Love», Nacy Martinez «Hot Stuff», Marie-Christine Depestre «Knock On Wood», Adrew Leider «Disco Inferno», MaryLou Gauthier pour «I love to love» en anglais.
Il y a aussi Kim Richardson qui, en plus de tenir un rôle, interprète l’une de mes chansons originales «Waiting For Your Touch» et Matt Dusk (un crooner) qui en interprète une autre ; «It's So Good». Une chanson du groupe Creature et deux titres signés Pascal Dufour genre punk/new wave. Un disque suivra et il est question d'un spectacle…

mercredi 18 août 2010

Sortie dvd: L'homme de chevet avec Sophie Marceau et Christophe Lambert


Devenue paraplégique à la suite d’un accident sur la route, une beauté amante de littérature (Sophie Marceau, honnête) embauche comme aide domestique, non sans méfiance, un alcolo plus ou moins nécessiteux (Christophe Lambert, petit ami de Marceau à la ville).

Si l’ambiance lumineuse et colorée de Carthagène en jette, il faut faire appel à une grande part d’indulgence pour croire, ne serait-ce que 5 minutes, au rôle d’ancien champion de boxe défendu par un Christophe Lambert plutôt fade.

Prévisible comme le soleil après la pluie (oui, malgré leurs différents ils deviendront amoureux), ce film d'Alain Monne au scénario un peu épars mais rempli de bons sentiments plaira néanmoins aux amateurs de guimauves.

Ce que nous sommes tous à un moment ou l’autre, non ? ** ½ /5 

mardi 17 août 2010

L'enfance d'Hitler

Défi relevé

L’acclamé écrivain Michel Folco relève avec brio le défi de raconter l’enfance d’un monstre sans sombrer dans la complaisance ou la sensiblerie.


Claude André

Partant du postulat que le lecteur doit éprouver de l’empathie envers le personnage central d’une œuvre pour le convaincre de poursuivre sa lecture, on met la main sur cet objet avec un sentiment de perplexité mêlé de culpabilité appréhendée : et si j’aimais Hitler?

Le très doué Michel Folco a trouvé une façon élégante et captivante de résoudre le défi titanesque qu’il s’était donné de relever : évacuer tout simplement la fomentation de l’antisémitisme du futur Führer, qui aurait même eu un ami juif…

Un peu comme pour nous dire : ne le haïssons pas toute de suite, mais demeurons vigilants.

Avec son économie de mots pour un maximum d’effet, le doué narrateur imagine la jeunesse d’Hitler avec le peu d’informations dont nous disposons et parvient à en tirer un récit d’une plausibilité troublante.

De la classe paysanne autrichienne de la fin du 19e siècle à l’assassinat de l’archiduc Ferdinand d’Autriche par un Serbe, qui devait déboucher sur la Première Guerre mondiale, nous découvrons le terrifiant personnage, qui a déclenché la Seconde en réponse à la Première, dans toute son apparente banalité.

Ainsi, même lorsqu’il propose un Hitler amoureux, refusé à l’École des beaux-arts ou indigent, Folco, à la façon du Petit Poucet, glane ici et là des indices qui permettent au lecteur de ne jamais oublié à qu’il a affaire. Captivant *** 1/2

Folco, Michel. La jeunesse mélancolique et très désabusée d’Adolf Hitler, Paris, Stock, 2010, 352 p.

lundi 16 août 2010

Les sacrifiés (The Expendables) avec Stallone et consorts.



Jeu vidéo

À la tête d’un commando d’élite, Barney Ross (Sylvester Stallone) se voit confier la mission d’aller renverser le dictateur d’une république bananière près du Golfe du Mexique mais un renégat au sein de l’équipe compromet le succès de l’entreprise. 

Dans le but avoué de faire revivre la grande époque des eighties en matière de films d’action, Stallone a réuni une partie du gotha : Arnold Schwarzenegger (caméo), Bruce Willis (courte apparition) ainsi que Jason Statham, Jet Li, Dolph Lundgren et Mickey Rourke. 

Malgré un scénario qui boite, cette superproduction remplie de testostérone et de quelques savoureuses touches d’humour fera passer un moment agréable aux gamins de tous âges et autres amateurs de jeux vidéos remplis d’explosions. 2.5/5

dimanche 15 août 2010

Trois temps après la mort d'Anna avec Guylaine Tremblay




C’était l’hiver

Le dernier film de Catherine Martin Trois temps après la mort d’Anna illustre par l’horreur la beauté et la puissance de la vie.

Claude André

Un quatuor à cordes composé de jeune gens joue du Beethoven pendant un bon moment. Parfois, un plan sur Françoise (Guylaine Tremblay, puissante) exprime toute la fierté lumineuse d’une mère. Puis, l’horreur : la maman apprend que sa fille musicienne vient de se faire assassiner dans son appartement. Françoise se rend à Kamouraska dans un maison ancestrale sur le bord du fleuve afin d’affronter son deuil et, qui sait, de franchir le Rubicon.

Mais elle y croisera un ancien amoureux (François Papineau, convaincant), artiste peintre au regard triste, qui vit là en ermite. Se laissera-t-elle apprivoiser ? L’espoir et l’amour peuvent-ils triompher devant la plus ignoble des tragédies ?

Avec une caméra en guise de palette de couleurs, la réalisatrice Catherine Martin et son directeur photo Michel La Veaux  ont peint d’une façon qui n’est pas sans évoquer les tableaux de Jean-Paul Lemieux un film très audacieux : une seule scène où il y a plus de deux personnages (et le troisième est celui de la défunte), absence de musique sauf au début et quelques notes ici et là, grande économie de mots… Bref, le pari était risqué.

Mais la maestra de Guylaine Tremblay qui joue sa partition avec éloquence ainsi que l’omniprésence de la lumière bleutée et froide de l’hiver ainsi que celle du fleuve, qui agit tel un personnage pour nous évoquer les forces invisibles de la vie, habitent l’espace avec un panache réconfortant.

«Ne pas passer à côté de l’amour, l’amour c’est la vie et il faut vivre» dit à un moment la mère de Françoise. On ressort de la salle en y croyant. Ce n’est pas rien.  4/5

Une entrevue réalisée avec la comédienne Guylaine Tremblay, réalisée dans le cadre de ce film, demeure à votre disposition dans la section mensuelle sous le titre: «Guylaine Tremblay mise à nue» à votre droite.

samedi 14 août 2010

Mesrine : L'instinct de mort

Film culte ?

Enfin sur nos écrans, L’instinct de mort, premier volet du dyptique entourant la vie tumultueuse de Jacques Mesrine, l’ennemi public numéro1 fin seventies en France et au Québec, répon aux attentes de façon on ne peut plus enthousiasmante.

Malgré quelques largesses factuelles, le scénario hyper bien ficelé, grâce notamment à Abdel Raouf Dafri, l’un des signataires du magistral Un prophète, ce long-métrage de Thomas Langmann met en vedette Vincent Cassel (irradiant), Gérard Depardieu (convaincant) et, notamment, Roy Dupuis (juste) nous fait passer un moment haletant voire grisant et parvient à nous démontrer toute la complexité du personnage sans en faire un héros.

On marque des croix sur le calendrier en attendant la suite. ****

Roy Dupuis dans «Mesrine», entrevue

                       Roy des Bois

Trois ans après le tournage du diptyque entourant la vie du célèbre criminel Jacques Mesrine, Roy Dupuis nous cause de son rôle de Mercier, un criminel engagé politiquement, du tournage avec Vinent Cassel et lève le voile sur ses projets futurs.

Claude André


Vincent Cassel a remporté un prix Lumière en janvier 2009  du meilleur acteur pour son époustouflante performance dans la peau de Mesrine. Qu’est-ce qui t’a le plus impressionné, toi qui es également chevronné, en travaillant avec lui?
Je n’ai pas été impressionné. Ça allait de soi. Il s’agit d’un acteur qui est à sa place. D’un acteur q intelligent en ce sens qu’il sait lire les scènes. Aussi, il exerce ce travail pour les bonnes raisons.
Je n’ai pas senti qu’il s’agissait de l’école Hollywood… des acteurs qui essaient toujours de faire en sorte que la scène soit la leur. Il joue la scène pour ce qu’elle est.

Générosité?
C’est de la générosité, de l’intelligence et du talent.

Parle-moi de votre complicité, vous étiez des chums, je pense ?
Ben chum... Il y a longtemps, à l’époque où je sortais de l’école, je suis allé faire un film, une coproduction avec la France et, comme j’étais arrivé deux semaines à l’avance pour prendre l’accent, c’est lui qui m’a présenté Paris.

Dans le film sur le commandant Piché, on évoque la menace permanente des agressions éventuelles de la part des autres détenus en milieu carcéral. Rien de tel dans vos scènes à toi et Cassel. Tu crois que Mesrine a d’emblée imposé le respect?
Il s’agit d’un choix de réalisation. Ce n’est pas moi qui aie écrit le scénario. Comme tu dois le savoir, il y a des règles en prison. Une hiérarchie s’établit. Je pense que Mesrine a su prendre sa place et se faire respecter, c’est sans doute cela qui ressort du film. Mais je n’ai pas vu le film (il devait le visionner le soir même dans le cadre de FanTasia).

Un souvenir particulier du tournage?
C’est probablement un des films sur lesquels j’ai travaillé où il y avait le plus de moyens. Je me souviens que nous n’avons pas tourné pendant trois jours car nous attendions le soleil…

Questions qui peut sembler dingue : tu parviens à oublier que c’est toi lorsque tu regardes un film dans lequel tu tiens un rôle ?
Bah non, pas la première fois, certainement pas. C’est comme lorsque tu regardes une photo de toi, tu te reconnais. Alors imagine que ça bouge en plus. La première fois que je vois un film dans lequel je suis, j’ai tendance à travailler encore un peu. Je ne suis pas objectif. Toutefois, après quelques visionnements, je peux peut-être le regarder pour ce qu’il est.

Tu as pris position pour la protection des rivières. Si tu avais eu l’âge de ton personnage Mercier dans les seventies, tu aurais comme lui fait preuve de sympathie militante à l’endroit du FLQ?
Euh…Je ne le sais pas. Je trouve que le FLQ a fait des bonnes choses et des moins bonnes. Je ne suis pas un spécialiste, je ne peux pas brosser l’historique des gestes que le FLQ a posé. Je sens toutefois qu’il s’agit d’une partie importante de notre histoire. Et je trouve intéressant le fait que Mercier, un voleur, remette une partie du cash qu’il se procurait au FLQ. À part Robin des Bois, c’est le dernier, à ma connaissance qui volait pour une cause sociale (rires).

Ce que j’en comprends, c’est que tu es sympathique à la cause indépendantiste…
Je suis en faveur de la protection de la diversité qu’elle soit culturelle ou biologique.

Tu as récemment déclaré que tu envisages partir autour du monde pendant quelques années en bateau. Serait-ce parce que, puisque tu incarnes l’acteur avec un grand A au Québec, avec tout ce que cela implique, tu as l’impression d’avoir fait le tour du jardin ou c’est simplement un choix personnel?
C’est vraiment personnel. Comme un appel qui est venue. J’ai découvert quelque chose qui me semble important. Il ne s’agit pas d’une fuite. Je m’en vais plutôt vers un idéal qui me semble très intéressant et qui prend beaucoup de place présentement. Ça fait 4 ans que je travaille sur le bateau, que je prépare le voyage, alors d’une certaine façon, il est déjà commencé.

 Tu partiras avec un équipage ?
Je partirai avec ma blonde (ndlr Céline Bonnier) en voilier et il y aura sans doute des bouttes où je serai seul, on verra. C’est vraiment ouvert. Là, j’ai encore des projets en vue mais il faudra, à un moment donné que j’arrête tout et que je parte. Si ce n’est pas l’an prochain ça sera l’autre. Je suis très intéressé par l’Asie, l’Inde, les peuples indigènes qui habitent sur des îles…

vendredi 13 août 2010

Patrick Huard et Filière 13

Le cours du Huard


Trois ans après l’immense succès Les 3 p’tits cochons, Patrick Huard a eu pour mandat de recréer avec la même équipe de scénaristes et d’acteurs les conditions gagnantes pour refaire exploser le box office.


Ce film aurait pu s’appeler Certains hommes ont besoin d’aide…
Oui, exactement. C’est ça le thème du film en fait : la détresse des gars reliée à la performance, la pression et tout ça. Et le fait qu’il s’agisse de policiers, soit l’image du super mâle qui n’est pas supposé avoir de problèmes, c’est là où je trouve que les auteurs ont été brillants.

En même temps, on pourrait y voir un message sur la consommation abusive de psychotropes dans nos sociétés…
(Rires). On gèle nos souffrances. C’était la même chose avec Les 3 p’its cochons. Il n’y a pas de message. J’essaie de dépeindre quelque chose avec humour. Pis là tu te fais ton opinion là-dessus. La question se pose : ton médecin te propose de prendre une pilule, qu’est-ce que tu fais ? Tu la prends ou non? La prendre, ce n’est pas bon mais ne pas accepter que tu sois rendu là, ce ne l’est non plus, alors qu’est-ce que tu fais ? Je trouve intéressant que l’on prenne le temps de parler de ce sujet sans ce prendre au sérieux non plus. Ça reste un film d’été.

Tout à l’heure, à une table voisine, il y avait Lucien Bouchard. On ne peut s’empêcher de se dire que cela t’a sans doute fait plaisir que le «méchant » du film, bien que fictif, soit relié au scandale des commandites ?
Oui, absolument. Je pense que les nouveaux méchants sont les criminels à cravate. C’est fini Mesrine et compagnie. Cette époque est révolue. Les vrais bandits, les vrais dangereux, les vrais sales sont tellement vêtus proprement…

Parmi tes chapeaux, tu es également un auteur, une grande gueule... Est-ce que cela t’a demandé une certaine humilité que de te soumettre à un scénario écrit par d’autres ?
Comme réalisateur c’est ta responsabilité que de te l’approprier. Ensuite, tout est une question de degrés avec les auteurs. Chaque projet possède son feeling particulier. Ma façon de le voir est que l’on doit sur-écrire le film. Lui apporter une nouvelle couche. Le montage en sera une autre et chacun vas y mettre la sienne pour arriver au résultat final. C’est pareil comme un plan de maison. Par la suite, il faut choisir si on met du bois franc ou de la céramique…

Tu as déjà dit que ton idole d’acteur était Al Pacino
Oui, avec Sean Pean, De Niro, j’aime beaucoup des gars comme Philip Seymour Hoffman aussi et ce genre d’acteur là.

Comme réalisateur ?
Mon ultime idole est Clint Eastwood. J’aime beaucoup aussi ce que font David Fincher (Fight Club) et Steven Soderbergh (Ocean’s 13). Ils peuvent adapter leur style à l’histoire qu’ils racontent, ils n’ont pas qu’une seule signature (…). Ce que j’aime de Clint Eastwood, c’est qu’il a réussi à rendre le classique moderne. Je n sais trop comment l’expliquer mais il «shoote» ça de façon très classique et ça fonctionne : ses acteurs performent toujours bien, il n’y a rien qui dépasse, il raconte l’histoire de façon impeccable et il n’essaie pas de faire des effets ni de se mettre à l’avant. C’est la maturité à laquelle j’aspire un jour mais je ne suis pas rendu là.

Tu as invité Anik Jean à jouer la soupirante du personnage incarné par Claude Legault. Tu ne craignais que ce dernier, considéré comme ze sex symbol au Québec, la séduise ?
À ce moment-là, nous ne sortions pas ensemble.

Oui mais tu avais un plan !
(Il s’esclaffe). Non, ça va… J’avais assez confiance, c’est correct. Claude est vieux, il a 47 ans même s’il n’en a pas l’air. Je le disais à tout le monde sur le plateau (rires).



Filière 13
Après Les 3 p’tits cochons (2007), le réalisateur Patrick Huard propose l’histoire de 3 policiers qui vivent chacun un drame perso. Un super flic qui à mal au crâne (excellent Claude Legault), un relationniste qui ne supporte plus la vue d’un kodak (G.L. Thivierge) et leur chef parano (Paul Doucet) qui souffre du départ de sa femme. Mutés aux affaires banales par ce dernier, le duo tombe par hasard sur un acteur du scandale des commandites qui mène une vue princière et c’est au moment où ils entreprennent de le coincer que le film démarre véritablement. Truffé de gags qui font parfois rigoler et de moments très sympathiques dont la présence d’André Sauvé en psychiatre, ce film sans prétention qui oscille constamment entre drame et tragédie parvient hélas trop lentement à imposer son rythme. Notons la superbe trame sonore signée Beast.

** (CA)

mardi 10 août 2010

NEeMA : watching you think

Un jour on se balade dans les rues de Montréal. Miracle, on tombe sur Leonard Cohen. Celui-ci devient l’ami avec lequel on promène le chien et, après avoir lu nos poèmes, mentor, consultant et même illustrateur de la pochette de notre second album. 

Voilà ce qui est arrivé à NEeMA, une vieille âme à la beauté bohémienne et à la voix crépusculaire qui, sur un ton narratif, distille des histoires spirituelles et personnelles enveloppées de pop-folk qui ne sont pas sans évoquer Lhasa.

Avec la complicité donc de Cohen et du réalisateur Pierre Marchand, cette mi-trentenaire qui vécu parmi des moines bouddhistes propose un album lumineux et mélancolique qui portera pour plusieurs le sceau de cet été 2010. C’est ce que l’on vous souhaite à vous aussi.

 *** ½ 

lundi 9 août 2010

Nanette et le blues qui fesse




Le blues qui fesse

Le ciel d’Ahunstic scintillera au rythme du blues avec la présence d’une constellation musicale composée de Bernard Adamus, Dan Boucher, Marjo, Plume, Steve Hill et plusieurs autres dont la vibrante Nanette que nous avons rencontrée.

Claude André

Elle a accompagné Johnny Hallyday, les Rolling Stones et tant d’autres mais c’est dans le Mississippi où elle a chanté avec de nombreux bluesmans lorsqu’elle était petite que Nanette à touché à ce qui représente pour elle la quintessence de la musique : le blues.

Le 15 août, tu compteras parmi les invités de Martin Deschamps qui célèbrera ses 40 ans et ses 20 ans de carrière en guise de clôture du Festiblues, ce sera votre première fois ?
J’ai joué plusieurs fois avec Martin. C’est un grand ami à moi. En plus, il répond toujours présent lorsque je l’invite à des spectacles pour l’organisme Philou qui vient en aide aux familles qui ont des enfants gravement malades et que je marraine. Je tiens à le remercier et lui dire que je l’aime car c’est un vrai de vrai.

Le blues, ton genre musical de prédilection?
C’est ce que je préfère chanter. C’est la musique qui me ressemble le plus, qui correspond le mieux à l’endroit où je suis rendue dans ma vie. I love Billie Holliday… toutes les vieilles chanteuses. Je suis une grande fan de guitare, alors j’adore Steve Ray Vaughan.

Pourquoi le blues ?
Les goûts musicaux changent avec les années au cours de notre vie mais c’est cette musique qui reste. L’os dans la soupe, en musique, sauf le classique, c’est le blues. Tout vient de là : le jazz, le rock, le ruthm & blues … Il s’agit également d’une évolution musicale. Je suis maintenant trop âgée pour chanter de la pop même si j’interprète encore Lady Marmalade.  Et c’est encore super le fun de faire ce hit que j’ai déjà eu.

Tu ne peux quand même pas donner un spectacle sans livrer aussi Call Girl et Danser, Danser
Je dois les chanter et j’adore ça. Les gens embarquent, ils connaissent les paroles. Ce sont des chansons que je fais encore mais d’une autre façon moins disco, plus rock/blues. Sauf Lady Marmalade car c’est l’originale que les gens veulent. Et c’est très bien ainsi…Si ces pièces n’avaient pas existées, je ne serais pas là aujourd’hui. Je suis très reconnaissante. Parfois, j’ai encore du mal à le croire.

Quel a été ton premier hit ici ?
Et maintenant (de Gilbert Bécaud) avec Tony Roman à l’époque. Mais on remonte à tellement loin que je m’en rappelle plus, ça fait plus de 30 ans. Un jour, une jeune fille de 6-7 ans est venue me voir et m’a demandé : «C’est quoi ça un call-girl ?» Je lui ai répondu que c’est une fille qui parle tout le temps au téléphone ! Elle était contente (rires).

Tu prépares quelque chose ?
Oui, je suis en studio présentement à travailler sur un disque qui devrait sortir à l’automne. Il s’agira d’un album blues/rock un peu plus énergique que mon dernier «Mississippi Rolling Stone».


Festiblues
Du 11 au 15 août
Parc Ahunstic


vendredi 6 août 2010

Guylaine Tremblay : Mise à nue




Trois saisons en enfer

Plonger dans ses zones ombragées, bousculer son confort émotif, danser avec la faucheuse, Guylaine Tremblay est allé au bout d’elle-même pour incarner une mère dont l’enfant se fait assassiner dans le film Trois temps après la mort d’Anna de Catherine Martin. Rencontre

Claude André

Elle commande un thé vert. Le temps est serré. Pas facile pour le journaliste de se lancer dans une discussion autour du film Trois temps avant la mort d’Anna lorsque les secondes semblent égrainées. «Mea Culpa» fera la sympathique comédienne qui tient à se ménager avant d’aller, le soir même, coller des timbres et pousser la note dans la comédie musicale les Belles-Sœurs où elle incarne Rose. Un personnage qui cache une profonde désespérance derrière un humour truculent. L’humour n’est-il pas la politesse du désespoir ?

Parfois non. Comme dans ce très beau film de Catherine Martin où la seule chose qui pourrait anéantir la tristesse accablante serait de fracasser la fenêtre noire…

«Quand j’ai lu le scénario, ça m’a plus immédiatement. C’est très beau même si ce qui y est raconté est horrible».

Les répétitions avant le tournage pouvaient commencer. Dès le premier jour, la comédienne habituellement enthousiaste et volontaire devient proie à un immense inconfort. Au retour à la maison, séance d’introspection : «J’ai été obligée de m’apercevoir que je ne voulais pas aller dans ces zones là. Je ne voulais pas penser ni vivre cette histoire. C’était moi, Guylaine, qui ne pouvait pas imaginer comment ça se passerait si mes enfants disparaissaient. Ça me causait un malaise physique».

Se mettre à nue

Se sentant complètement dénudée, comme elle l’est d’ailleurs vraiment dans une scène charnière du film, Guylaine propose à sa réalisatrice de discuter du personnage et d’aborder le rôle à petites doses non sans l’avoir rassurée au préalable : «Lorsque nous serons rendus à Kamouraska et que j’aurai Françoise dans la peau, que j’aurai enfilé les costumes et que les caméras seront en marche, je vais y aller. Je vais m’abandonner, ne t’inquiète pas».

C’est ainsi que Guylaine s’en est allée s’installer trois semaines avant le début du tournage dans la magnifique solitude de Kamouraska accompagnée du bébé chat de ses filles. «Je n’avais jamais vécu quelque chose de ce genre.  Le jeu d’acteur consiste généralement en un d’échange d’énergies. Or, je me retrouvais en quelque sorte à vivre un genre de voyage initiatique».

Cette solitude et ce silence ont, évidemment, permis à Guylaine de toucher à l’essence du personnage de Françoise. Cette mère d’une jeune violoniste à l’avenir prometteur assassinée après un concert qui se réfugie dans une maison près du fleuve afin d’affronter son deuil.

Les secrets du silence

«L’unique fait d’être ainsi seule produit des états insoupçonnés. Cela nous amène à aller très loin dans l’introspection et l’intériorité tout en nous faisant prendre conscience que souvent, dans la vie, nous parlons pour éviter les choses plutôt que pour les expliquer», analyse avec panache la comédienne qui livre dans ce film une performance des plus remarquable. Perfo
où chacun de ses gestes, le moindre de ses regards vient, en quelques sorte,  se
substituer à une grande économie de mots.

«Il fallait que mon corps soit d’une grande précision émotive» explique-t-elle en remuant la cuillère dans sa tasse de thé avec une lenteur écartelée pour démontrer la lourdeur que Françoise porte telle une chape de plomb.

Conforté par la générosité de Guylaine, le journaliste ose une question, la prévient-il, tordue. Est-ce que finalement elle est allée jusqu’à imaginer la mort de ses propres enfants pour incarner Françoise ? «Dans mon cas, je te dirais qu’il y avait autant un travail de distanciation que d’abandon. Il fallait que j’apprivoise l’idée de la mort, de la perte, du deuil, mais il fallait également que je distancie cela de mon histoire personnelle. Si j’avais eu juste les visages de Julianne et Marie-Ange pendant le tournage, cela n’aurait pas fonctionné. Ce n’est pas ma douleur que je devais jouer mais celle de Françoise. Cela dit, c’est sûr que je me servais de correspondances...»

Puis, lorsque qu’on lui évoque le côté vaguement actor studio de plusieurs acteurs qui s’inspirent de leur propre vie, l’interprète de la célèbre Annie à la télévision se remémore les enseignements de l’un de ses anciens professeurs. «Tu n’as pas tuer personne encore (!)  de toute façon. Ce que tu dois jouer, ça s’adonne, mettons, que c’est Tenneesse William qui l’a écrit. Et ces mots là, que veulent-ils dire pour toi ? Que veux tu communiquer aux gens ? Moi, je suis plutôt ce genre d’actrice, j’appartiens à cette école». Pas schizo la Guylaine, mais touchante, oh que si.

Dès le 13 août dans une vingtaine de salles.
Critique la semaine prochaine.

mercredi 4 août 2010

Stromae : Cheese



Stromae

Cheese


Il y a ce mega tube «Alors on danse» qui le précède. Et il est vrai que cette pièce est irrésistiblement assassine.

Belge d’origine rwandaise, ce Meastro (son pseudo à l’endroit), insuffle l’envie de se bringuebaler le popotin de façon spontanée sur plusieurs autres titres dont «house’llelujah», «summertime» et «te quiero».

Avec sa tête de geek branchouille et un enrobage sonore électro- eighties , il rappe et ironise sur des textes pas piqués des vers qui dépeignent avec une certaine acuité l’époque. Mais de là à la comparer à Brel…

On aime. *** 1/2 (CA)

mardi 3 août 2010

Salt avec Angelina Jolie



Mon nom est Salt, Evelyn Salt

Nouveau pendant féminin de James Bond, Angelina Jolie en jette dans un film spectaculaire et sexy mais confus.

Après avoir été capturé par la Corée du Nord, une super agente de la CIA, suite à un échange de prisonnier, reprend du collier et interroge un ressortissant russe dans les locaux des services secrets américains.

Mais une révélation spectaculaire de ce dernier, venu également annoncer l’assassinat imminent du président yankee, jettera un sérieux doute quant à la véritable loyauté de l’agente.

Et hop, pas encore eu le temps de perdre notre fixation sur ses lèvres surdimensionnées que déjà Salt devient fugitive dans une poursuite digne des meilleurs films de Bond dans l’immeuble en question et ensuite dans les rues de Montréal, euh, New York.

Avec le charisme manifeste qui est le sien, la succulente Angelina Jolie excelle dans ce rôle qui emprunte également à Jason Bourne mais dont il faudra attendre manifestement au prochain épisode pour espérer dénouer les nœuds qui laissent, au final, le spectateur confus et sceptique.

À quel camp, américain ou russe ou même à quuelle sous-section clandestine, appartient-elle vraiment ? Voilà une question qui demeure encore sans réponse dans ce scénario (Kurt Wimmer) qui s’appuie beaucoup sur les revirements spectaculaire (trop?) et emprunte allégrement aux clichés quand ce n’est pas, volontairement ou non, à la bédé.

Les amateurs de films d'action qui acceptent de jouer le jeu y trouveront leur compte assurément mais pour l’intrigue il faudra se monter indulgent. Car, jusqu’ici, le contenant prévaut largement sur le contenu comme en témoignent d'ailleurs la mise en scène hyper efficace de Phillip Noyce (Patriot Game) ainsi que la direction photo signée Robert Elswitt. À suivre...

***

lundi 2 août 2010

Affaire Plastic Bertrand : «Lou Deprijk peut bien manger de la m…» Xavier Caféïne



Bien connu au Québec et bientôt en France, Xavier Caféïne, l’auteur notamment du tube «Gisèle», a été réquisitionné par Plastic Bertrand pour la réalisation de son dernier album intitulé «Dandy Bandit». Voici ce qu’il pense de la polémique entourant l’affaire.

Ta première réaction lorsque tu as eu vent de cette histoire ?
Ça dépend de ce que tu as lu… Moi, au départ, j’étais au courant que la chanson Ça plane pour moi a été écrite au départ pour l’album d’Alton Motello (que je possède et que je trouve très bon par ailleurs) et que les voix, dont celle de Lou Deprijk (note. Le producteur à l’origine de la controverse) et de Plastic ont été mixées. Car Plastic avait fait des tracks de voix là-dessus.

Donc la version anglaise avec son «give me head» est arrivée avant Ça plane pour moi ?
Oui, oui, mais ça été lancé la même année.

C’est le même Lou Deprijk qui a écrit les deux textes ?
Non, Jet Boy, Jet Girl (la version originale de Ça plane pour moi) a été écrit par Elton Motello. Ma réaction à cette histoire ? Je trouve qu’il s’agit d’une polémique un peu drôle. Je souhaite seulement que Plastic soit bien en ce moment.

Est-ce que tu crois que c’est lui qui chante?
Je crois qu’on est en présence d’une voix doublée, mixée puis pitchée. Je ne sais pas si tu as remarqué mais tout est pitché… pitché plus rapidement. Donc, c’est une voix crée en studio.

Lorsque tu as travaillé avec lui pour son dernier album, est-ce que  que sa voix ressemblait à celle créée en studio ?
Moi, personnellement, j’entendais la même que celle qu'on retrouve sur les vieux albums de Plastic Bertrand.

Il semblerait, selon une expertise qui relève de la science des accents, que ça serait bel et bien Lou Deprijk qui chanterait sur Ça plane… en raison de la présence de l’accent ch’ti attribué à ce dernier…
Ben ce n’est vraiment pas si clair que ça. Moi, personnellement, quand ça vient d’un producteur qui est à l’argent et qui n’est pas dans l’art, je vais toujours prendre position pour l’artiste. Donc, je vais prendre position pour mon ami. C’est clair que pour moi, Lou Deprijk, y peu bien manger de la marde.

Est-ce que tu as eu l’occasion de parler à Plastic Bertrand depuis cette affaire ?
Non, j’aimerais ça. J’ai essayé de le rejoindre. Mais Plastic est souvent à l’extérieur. Il tourne encore beaucoup en Europe. Alors, j’attends son appel et j’aimerais ça le voir, ça fait un boutte…prendre une bonne bière ensemble. Finalement, je suis certain qu’il se porte bien car Plastic, c’est un solide quand même.

Parle-moi de «Dandy Bandit», cet album que vous avez fait ensemble. Ça ressemble à du Plastic Bertrand des années soixante-dix ?
La raison pour laquelle il a fait appel à mes services est qu’il n’arrivait à retrouver l’essence punk alternative chez les personnes avec lesquelles il a travaillé les dernières fois. Or, Plastic, c’est cela aussi. Il était là pendant que j’écrivais les parties musicales et il me disait «ça oui, ça moins…». Il y a aussi un côté électronique chez lui que j’aime bien quoique que je n’en utilise pas pour ma propre musique. Je dirais donc que cet album possède un aspect rétro-moderne. Je suis très déçu qu'il ne soit pas publié ici (au Québec) parce que les subventions…ce n’est pas un artiste canadien blablabla… Mais je vais m’arranger pour qu’on le sorte de toute façon. Il s'agit d' un très bon album et ça permettrait aussi de fermer la gueule à cette polémique là.

Lorsque tu écrivais avec et pour lui, tu t’inspirais des tes propres histoires ou du personnage que nous avons connu petits ?
Hum…Plus de l’ami que je connais finalement. Je savais ce qu’il aimerait comme sujet ou non. Ce n’est pas pareil que lorsque c'est pour moi. Je suis un peu plus lourd, mettons, dans mon approche de la vie. Alors que lui, c’est plus hop la vie. Il possède un bon sens de l’humour. C’était facile dans le fond car je le connais assez bien. Cela fait 6 ans maintenant qu’on se voit au moins 2 fois par année…On a joué ensemble aussi.

Lorsque tu as joué avec lui, vous avez interprété plusieurs de ses classiques. Est-ce qu’il chantait vraiment ? Est-ce que sa voix était la même ?
Tu n’as pas vu ! Tu as manqué quelque chose man. Oui, c’était la même voix. Moi je n’ai jamais douté qu’il s’agissait bien de sa voix. Tu sais, il était actif musicalement bien avant. Il officait à une époque dans un band punk assez avant-gardiste nommé Hubble Bubble. Ceux qui ne connaissent pas, allez vérifier. C’était pas mal hard en 77. Plus que le punk anglais. Il en était le batteur-chanteur.

Plastic est un véritable artiste accompli finalement…
Oui, bien sûr…Il a étudié la percussion au Conservatoire de Bruxelles pendant son enfance jusqu’à l’âge de 18 ans. C’est un vrai musicien.

Donc tu ne crois pas cette version selon laquelle il n’aurait chanté sur aucun de ses albums… Il aurait par ailleurs déclaré en substance «oui, c’est vrai, j’avoue tout». Mais ce que l’histoire n’ajoutait pas c’est qu’il ironisait en ajoutant «c’est moi aussi qui ait envahi la France»…
En effet, c’est ce que j’ai compris aussi. Plastic, il peut parfois dire n’importe quoi, c’est un malade mental, dans le bon sens du terme, on s’entend. Je le comprends très bien, surtout que c’est une vieille affaire qui traine. Pendantque j’étais là-bas, il a reçu un jugement selon lequel il était l’interprète de Ça plane pour moi. Et Lou Deprijk a décidé de retourner en cour, Alors, on comprend que Plastic soit écœuré de ces vieilles histoires.

En conclusion ?
Je dirais à tous ceux qui s’intéressent à ça de se ranger du côté de Plastic car Lou Deprijk est un osti de sketchy personnage quant à moé.