lundi 25 mars 2013

Le futur a une ville


Songdo : ville du futur



On nous la promettait pour l’an 2000, la ville du futur existera en 2015

Non seulement la fin du monde supposément annoncée par les Mayas n’a pas eu lieu mais une ville hyper futuriste est en train de s’ériger actuellement à Songdo. Une île artificielle de près de 600 acres située en Corée du Sud à une soixantaine de kilomètres de Séoul en bordure de la mer Jaune. Elle contiendra 65 000 habitants et offrira 300 000 emplois.

Imaginé il y a une dizaine d’années, ce projet qui s’est amorcé de façon concrète en 2004 devrait être complété au cours des prochaines années. Et si on n’y retrouve pas de trottoirs roulants comme dans nos fantasmes de jeunesse, rien n’a échappé à la volonté des créateurs qui souhaitaient amalgamer à la fois modernité, écologie, design et utilitarisme dans une perspective occidentale.

Car, en plus de répondre aux exigences de la population de plus en plus grandissante en Corée (49 millions d’habitants pour 100 000 km2 ) et en Asie en générale, on veut étendre le concept notamment à la Chine, Songdo est destinée à devenir une ville internationale. Soit une porte d’entrée pour le très prometteur marché chinois mais aussi un modèle le futur.

Le futur c’est maintenant

En plus de s’inspirer des grandes villes du monde comme New York et son Central Park (celui de Songdo sera de 100 acres) et sa promenade le long de l’Hudson River, Venise et ses multiples canaux ou encore  les tours emblématiques facilement repérables de Hong Kong, on intégrera à la cité : deux campus universitaires; des musées; une salle de concert; une d’opéra ainsi qu’une infrastructure qui permettra de gérer la ville comme s’il s’agissait d’une maison intelligente. 

Par exemple, chaque résidence sera munie d’un aspirateur à déchets central qui servira aussi, grâce à la combustion des ordures, à chauffer l’eau des réservoirs destinée aux résidences et aux immeubles commerciaux. Ce qui permettra notamment d’épargner la gestion du transport des déchets quotidiens sur les routes.

Toujours sur le plan résidentiel, on y retrouvera des logements équipés d’un écran permettant de contrôler l’ensemble des systèmes : éclairage, volets, musique, chauffage, internet etc. Il sera même possible pour les habitants d’installer un système qui se déclenchera automatiquement lorsque leur résidence consommera trop d’énergie et de surveiller leurs enfants depuis leur salon pendant qu’ils joueront dans un parc !

Au chapitre des attractions et du mode de vie, soulignons qu’un parcours de golf, conçu par l’ancien champion Jack Nicklauss himself et son équipe sera aménagé. Juste en dessous, on installera un système de filtration de l’eau de pluie !

Les canaux de la ville seront pour leur part alimenter par de l’eau de mer afin d’économiser l’eau douce. Quant aux stationnements, ils seront enfouis dans le sol dans une proportion de 99 % tandis qu’un métro sophistiqué sillonnera le ventre de Songdo, située à 11 km de l’aéroport international d’Incheon.

Dehors, à l’ombre des nombreux gratte-ciel, dont un de soixante-huit étages et 300m de hauteur, il est prévu que 40 % des espaces seront verts et qu’au moins 75 % des matériaux utilisés sur les chantiers de construction sont recyclés sans parler de la piste cyclable de 25 km.

Bref,  voilà une ville pas tout à fait comme celle imaginée dans nos rêves d’enfants mais peut-être même encore plus captivante. 


mardi 19 mars 2013

Vivre dans un silo à missile !





Amateurs de science fiction, paranoïaques et autres weirdos ne cherchez plus : la résidence dont vous n’osez même plus rêver existe et elle est située au Texas. Sa particularité ? Elle a été conçue pour résister aux bombardements et aux explosions !

Si l’endroit, enfouis dans le sol (donc sans fenêtre), est entièrement rond et exigu avec ses 1100 pieds2 répartis sur plusieurs étages, il a néanmoins le mérite d’éloigner les intrus et d’offrir un milieu de vie digne des meilleurs James Bond.

On se souviendra qu’au début des sixties, en pleine guerre froide, les dirigeants des États-Unis ont fait construire des dizaines de bases de missiles à travers le Midwest. Le but était de permettre l’envoi de salves de missiles balistiques Atlas et Titan. Ces sites étaient d’énormes bunkers souterrains construits pour résister à une attaque nucléaire et dans certains cas ressemblaient à des villes souterraines.



Depuis le début des années 1980, plusieurs de ces installations ont été mises en vente par l’instituteur Ed Peden, devenu un peu par hasard le leader des courtiers dans ce domaine, et on dit que près d’une cinquantaine auraient trouvé preneur.


 


C’est  en 1997, plusieurs années avoir vu Peden causer de ces lieux insolites au Johnny Carson Show, que Bruce Townsley, qui se cherchait un défi de taille pour occuper ses vieux jours, a décidé de faire l’acquisition de son propre silo à missile.

Il a allongé les 99,000 $ US demandés pour ensuite l’aménager à son goût dans une ambiance feng-schui (!) des plus agréable.

Si l’idée vous intéresse, il semblerait que la «résidence» soit sur le marché. L’an dernier, on en demandait 141 millions !

Source Wired.
http://www.wired.com/rawfile/2009/10/missile-base-2/all/

lundi 18 mars 2013

Le FLQ : repoussoir pour la souveraineté ?

Paul Rose devant le palais de justice de Montréal en janvier 1971.


Le FLQ : repoussoir pour la souveraineté ?

Par Claude André
Dans la foulée du décès de Paul Rose, le toujours coloré chroniqueur Normand Lester a écrit dans sa chronique sur Yahoo : « En provoquant la Crise d’octobre, Rose et son quarteron de complices ont servi les intérêts des gouvernements libéraux au pouvoir. Pierre Trudeau et Robert Bourassa ont su exploiter habilement les crimes de ces hurluberlus. En enlevant le ministre Laporte et le diplomate britannique Cross, ils donnent le prétexte au gouvernement fédéral de proclamer la loi martiale. Ottawa et Québec ont tout de suite compris comment ils pouvaient utiliser le FLQ pour faire peur au monde et ainsi endiguer et même faire reculer le développement de l’idée indépendantiste dans la population. »

Rectifions d’emblée : ce n’est pas la loi martiale qui fut proclamée, mais bien l’existence d’un état d’insurrection appréhendé. Proclamation qui a avait pour effet d’octroyer des pouvoirs d’exception à la police et non d’autoriser l’intervention de l’armée canadienne. Chose qui aurait pu se faire sans avoir recours à la fameuse Loi sur les mesures de guerre.

Et à l’intention de la frange droitiste qui accuse les médias d’encenser un meurtrier, précisons de nouveau que même s’il porte l’odieux de l’enlèvement de Pierre Laporte, Paul Rose n’était pas présent au 5630 de la rue Armstrong à Saint-Hubert au moment où le ministre libéral a été tué, comme l’ont démontré les audiences de la Commission Duchaîne en 19801. Il ne faudrait tout de même pas vider les mots de leurs sens.

Cela étant dit, pour quiconque s’intéresse à l’histoire politique du Québec plutôt qu’aux opinions déguisées en analyses, une question demeure pertinente : le FLQ a-t-il, a posteriori, favorisé le rayonnement du mouvement indépendantiste ou, au contraire, lui a-t-il été néfaste?

D’aucuns vont jusqu’à affirmer que « sans la Crise d’octobre, le Québec serait déjà un pays depuis longtemps » !

Hélas, je ne possède pas la boule de cristal rétroactive que semble consulter Mathieu Bock-Côté avant de se rendre dans le studio de Radio X, mais s’il est vrai que la majorité des Québécois, fédéralistes comme indépendantistes, désapprouvèrent l’enlèvement et le meurtre de l’ex-ministre libéral Pierre Laporte, il paraît hasardeux de tenter de faire porter le chapeau d’« idiot utile » à Paul Rose, comme certains tentent de le faire ces jours-ci.

Contexte sociopolitique


À la fin des années soixante, les Québécois étaient victimes d’une domination séculaire. Non seulement ils ne pouvaient pas se faire servir en français dans les commerces, mais il leur fallait en plus se soumettre à la langue du dominateur anglophone pour espérer gagner un salaire très souvent dérisoire.

Pour mémoire, rappelons-nous que le 19 novembre 1962, alors qu’il se faisait demander par le comité parlementaire pourquoi on ne retrouvait pas de francophones aux 17 postes de vice-président chez le Canadian National Railway (CN), Donald Gordon, le président de cette société d’État, déclara sèchement que les promotions s’effectuaient « au mérite ».

Un énoncé qui, non sans rappeler le célèbre rapport Durham, fit beaucoup de bruit à l’époque en cristallisant, en deux mots, une grande partie du mépris et de la condescendance, sans parler de l’exploitation, que subissaient alors les francophones face aux maîtres des lieux.

À la suite de cette assertion, une manifestation devant le Queen Elizabeth, où se trouva le siège social du CN, devait tourner à la violence. Ceci est un exemple parmi d’autres du climat qui régnait au Québec lorsque le FLQ commença à faire parler de lui dans les années soixante. Climat qui a permis au groupuscule terroriste de profiter d’un capital de sympathie auprès d’une certaine partie de la population québécoise. Or, le vent tourna rapidement après la mort de Laporte. Mais il demeure très difficile, selon, notamment, les historiens signataires du référentiel ouvrage Histoire du Québec contemporain2, d’évaluer l’impact de l’action terroriste qui s’est manifestée au Québec de 1963 à 1970.

Ce que l’on sait toutefois, c’est que si le Parti québécois a perdu un siège en 1973 (celui de Camille Laurin dans Bourget) son résultat est néanmoins passé de 23,06 % à l'élection de 1970 à 30,2 % à celle de 1973. Et cela en dépit du fait que l'indépendance était promise sans même passer par un référendum! Comme traumatisme, on a vu pire. D’autant que le Parti québécois a accédé au pouvoir en 1976 (41,4 %), en plus de tenir un premier référendum sur la souveraineté en 1980.

Donc, en l’absence d’études empiriques sur la question précise de l’influence favorable ou néfaste du FLQ, il n’apparaît pas farfelu de supposer que l’onde de choc provoquée par Rose et sa bande a contribué à une certaine prise de conscience politique chez de nombreux Québécois. Qu’une des cibles ait été un père de famille arraché à ses enfants rend le crime crapuleux, cela relève de l’évidence. Personne ne mérite la mise à mort. Même s’il a des accointances mafieuses comme c’était le cas de Laporte.

Mais du point de vue de la stricte et froide analyse empruntée à la realpolitik, on peut supposer que non seulement sans le FLQ le Québec ne sera pas davantage un pays souverain aujourd’hui, mais que les actes, aussi abjectes fussent-ils, commis par Paul Rose et les autres ont plutôt procuré une légitimité inespérée au parti fondé par René Lévesque. Lui qui, de son côté, prônait la voie démocratique pour accéder à l’indépendance.

Pour ma modeste part, même si je suis de ceux qui croient que la démocratie ne remplit pas toujours ses promesses et qu’elle est souvent instrumentalisée (on n’a qu’à penser à la récente loi 178), ce n’est pas parce qu’il refusait de jouer le jeu de la « lenteur démocratique », pour reprendre le chroniqueur Bock-Côté, que je n’aurais jamais cautionné le FLQ. Car dire cela équivaudrait à délégitimer toute forme de contestation autre qu’électorale.

Non, si je refuserai toujours de cautionner la violence, c’est parce que comme l’a si bien dit l’immense Camus en expliquant son refus d’endosser les bombes du FLN3 qui explosaient aléatoirement dans les trains algériens, c’est parce que, comme lui, « je préférerai toujours ma mère à l’injustice ».

1-Revue Criminologie La Crise d’octobre et les commissions d’enquête, Jean-Paul Brodeur Volume 44, numéro 1, printemps 2011, p. 45-66

2- Histoire du Québec contemporain tome II, Linteau-Durocher-Robert-Picard.Ed. Boréal 1989

3- Front de libération nationale, Algérie