mercredi 31 janvier 2007

Pub des conservateurs

Les récentes publicités télévisuelles du Parti Conservateur dirigées contre Stéphane Dion et le Parti Libéral du Canada devaient nous rappeler, si nous l'avions oublié, à quel point la formation dirigée par Stephen Harper s'apparente à un petit frère idéologique des républicains de Georges W. Bush.

Notamment, par l'utilisation d'une approche belliqueuse et personnalisée contre le nouveau chef du PLQ dont l'image verte inquiète manifestement les stratèges tories.

Les bulletins de nouvelles nous annonçaient en début de semaine d'autres attaques du même genre ces jours-ci à l'endroit de Séphane Dion et du PLC.

Or, selon des sources très très sûres, la campagne québécoise des conservateurs qui s'amorcera pendant le très écouté superbowl annuel de dimanche prochain serait d'un tout autre acabit.

En effet, avec ses effets sonores rigolos et son ambiance digne d'un motel cheapo de Saint-Constant, la pub destinée à l'électorat québécois évoquerait plutôt une espèce de cartoon humoristico-caustique digne des meilleurs moments de Rock et Belles Oreilles!

On dit qu'elle est très percutente.

mardi 30 janvier 2007

Mario Peluso

Méchant plongeon dans mes souvenirs ce soir alors que j'assisterai à la rentrée montréalaise de mon ami et jadis frère de biture Mario Peluso à la Place des Arts (avis aux voleurs: le piège à ours est derrière la porte de la cuisine et la kalachnikov de ma voisine fait toujours mouche).

Si le nouveau spectacle de mon Pelooser ne comportera qu'une chanson que nous avons écrite ensemble, Saint-Thimothé/Ontario qu'il interprétera au rappel, voir Mario sur scène me procurera assurément d'intenses émotions tant nous partageons de souvenirs fracassés...

Mélodiste exceptionnel en plus d'être un attachant bien que cabotin personnage, ce folk singer s'inscrit dans la pure tradition de la sainte trinité yankee: Johnny Cash, Bob Dylan et Neil Young (même s'il est d'origine canadienne).

Toujours debout malgré les embûches et les gueules de bois, Mario possède le défaut de ses qualités: une satané tête de cochon.

Qu'il soit toujours là, après 5 albums qui ont tous reçu de chaleureuses accolades de la part des critiques relève de la vocation tant sa diffusion demeure clandestine.

Qu'à cela ne tienne, celui qui est devenu une référence pour ses pairs tels Michel Rivard et Rick Hayworth exerce ce métier pour les bonnes raisons: exprimer des sentiments et survivre.

Et basta la flagornerie et les modes éphémères.

Si on m'en formule la demande, il me fera plaisir de disséquer les chansons que nous avons écrites ensemble et leur petites histoires telles: Malgré Tout, Saint-Thimothée/Ontario, Toi qui connais, La roulette...

Y'a des jours où il vaudrait mieux rester au pieux

Lien rigolo

lundi 29 janvier 2007

Mon top 25 des meilleurs albums du Québec

Il y a quelques mois, au Ici, j'ai eu le privilège de faire partie d'un comité qui a relevé le gant de tenter d'établir un palmarès des 25 meilleurs albums Keb des 40 dernières années. Le sujet, lorsque j'en ai parlé aux copains du Café Pico, a soulevé les passions de façon magistrale. Surtout quand je m'amusais à "confier" à Jean-Marc, un guitariste réputé en musique du monde, que la formation Harmonium, tout comme Beau Dommage, ne serait pas rescencée au final. Ce qui, bien sûr, n'a pas été le cas. Je viens de légèrement modifier ma liste publiée alors sur Canoë.

1- Leonard Cohen: I’m your man
2- Richard Desjardins: Tu m’aimes-tu?
3- Bran Van 3000 : Glee
4- Charlebois-Forestier: éponyme
5- Jean-Pierre Ferland: Écoute-pas ça et Jaune
6- Pierre Lapointe: La Forêt des mal aimés
7- Aut’ Chose: Chansons d’épouvante
8- Jean Leloup: L’amour est sans pitié
9- Plume Latraverse: Les plus pires succès de Plume
10- Chloé Sainte-Marie: Je pleure, tu pleures
11- Claude Dubois: Fable d'espace
12- Dan Bigras: Les immortelles
13- Claude Léveillé: Claude Léveillé à Paris
14- Mario Peluso: Malgré tout
15- Marie-Jo Thério: La Maline
16- Zachary Richard: Cap enragé
17- WD-40: Aux frontières de l’asphalte
18- Diane Dufresne: Merci
19- Claude Dubois: Sortie dubois
20- Les Colocs: Dehors novembre
21- Roger Tabra: Je me souviens
22- Michel Pagliaro: Hit Parade
23- Éric Lapointe: Invitez les vautours
24- Les Cowboys fringuants: Sur mon canapé
25-Lhasa: The Living Road


samedi 27 janvier 2007

Salut Dédé

Dans le dernier numéro du Ici l'ami et collègue Vézina propose un excellent papier sur son chum Dédé Fortin dans le cadre du lancement de la Fondation Dédé Fortin qui vise à combattre le suicide, véritable fléau chez nous en particulier chez les mecs.

Décédé de 10 mai 2000 après qu'il s'eut trucidé, "l'exalté à l'état pur", pour reprendre Raimbaud, a littéralement foudroyé des milliers de fans qui ne comprennent toujours pas son geste.

Je n'ai pas connu véritablement André Fortin mais j'ai eu le bonheur et la chance de le côtoyer à quelques reprises lors d' entrevues et de passer une nuit mémorable en sa compagnie et celle de Michèle, ma copine de l'époque.

La scène débute dans une salle d'un hôtel du Centre-Ville à l'occasion du gala de la Socan édition 2000. Un peu éméché, Dédé, qui avait publié 2 ans plus tôt le magnifique Dehors novembre avec les Colocs, jouait les mauvais garçons. Répliquait au maître de cérémonie et amusait la galerie tandis que dans un coin de la salle Jean-Pierre Ferland et le compositeur Germain Gauthier (Call Girl) réglaient leurs différents, verre à la main.

Puis, en fin de soirée, j'aperçois Dédé qui s'approche de moi. "T'aurais pas du papier à rouler?". Je n'ai jamais été friand de la cigarette de clown mais j'aimais énormément Dédé et les Colocs. On décide, en ce début de semaine, d'aller peindre la ville en rouge et nous nous retrouvons au Zaz bar, rue Saint-Denis.

Dédé sautille tel un Skippy urbain dans le bar pas très achalandé. Je téléphone Mimi et lui propose de venir se greffer à nous. Je rejoins le Coloc sur le petit parquet de tôle et nous sommes là à danser comme deux gamins. Il joue les farfadets, comme d'hab, et tente de sauter assez haut pour décrocher la boule en miroirs pendant une toune des.... Colocs!

On rigole grave de sa déconne et le cerbère, qui ne le reconnaît manifestement pas, nous vire des lieux manu militari. On rit davantage. Dehors, on voit Mimi qui arrive. Dédé nous invite à sa casa. Directions rue Rachel.

Nous discutons tous les trois sur le chemin de la route. Il nous reçoit comme si nous étions de vieux amis. Le coeur sur la main.

On se relance des poèmes Dédé et moi. Beaudelaire, puis Verlaine, puis Nelligan... La nuit file. Il nous déroule un matelas dans le salon. Nous sommes assis tous les trois sur un canapé. Silence. Dédé, immobile fixe un meuble et chuchote: "Dire qu'il y a tant d'années de bonheur dans cette pauvre commode".

Trois ou quatre jours plus tard, j'apprends l'horreur à la télé.

Pauvres cons, on n'a rien compris.

La Grande Sophie

Retour d’ascenseur pour Dumas, dont je n'ai pas encore vu le spectacle, qui a assuré la première de La Grande Sophie il y a quelques mois en France.
Méconnue ici, l’artiste originaire de Marseille verse dans une pop dont la facture sonore évoque tantôt les Beatles tantôt les Pretenders. Avec ses histoires tirées du quotidien et ses guitares acidulées, LGS s’est vue décerner la Victoire de la musique révélation scène en 2005.
Ceux qui, comme votre serviteur, l’ont vu sur scène apprécient sa pêche et son côté très sixties.
À quoi doit-on s’attendre de cette fois de cette fan des Trois Acccords? Une reprise de Dans la salle du bar tabac de la Rue des Martyrs de Pigalle, comme elle l’a fait en France avec Sanseverino et William Sheller? « Je n’ai pas encore fait ma set list. Mais ça fait partie des reprises que je fait en ce moment. Je serai seule avec ma guitare et ma grosse caisse comme lorsque j’ai commencé. Le côté sixties? Oui, je possède toujours cette approche que l’on ressent d’ailleurs sur le dernier album », raconte celle qui a grandi en écoutant France Gall et son film fétiche Peau d’âne dont la superbe trame sonore est signée Michel Legrand.
À découvrir en première partie de Dumas au National. On vous reparle des deux cette semaine.

mardi 23 janvier 2007

Djeuni....bis

Roulement de tambour. Tatatatatam.

Linda, la reine du vent aussi sympa que sa belgitude accouchera d'ici quelques semaine un petit Antoine perspicace, certes, mais également agité puisque maman remporte un super cafe latte au café Pico en compagnie de bibi.

Dan Brown doit frémir. Les codes de Vinci et autres énigmes des Anges & Démons ne résistent pas à l'esprit "sherlockholmien" de Linda qui n'a pas été dupe de la supercherie "Hallydayenne".

En effet, sur la photo du post "Cinoche et Names Droping", il y a avait un vrai faux Djeuni.

L'imposteur se nomme Johnny Star et serait le seul sosie "officiel" cautionné par Johnny Hallyday.

Mis au parfum, son conjoint Luc (conjoint de Linda, pas de Johnny Star) a utilisé son plus retor "acceng" du Sud pour glisser, menaçant, dans une pub de Toyota à l'intention de votre serviteur: "Ça va aller très loin c't'affaire...!"

Quant à Fabrice Luchini, le vrai, il s'est exclamé "diantre, une imposture digne de l'affaire Molière". Ce qui a fait dire à la jeune copine de Djeuni: "C'est vrai qu'il l'avait molle hier!"

Rencontré à la première du film, Orlando, l'impressario d'une commédienne ex-épouse de Johnny mentionnée dans le film, il aurait expliqué le refus de cette dernière de participer au tournage de "Jean-Philippe" par ce mot laconique: "C'est simple. Lorsque Johnny parle, Nathalie Baye..."


La photo a été prise pendant le tournage de "Jean-Philippe".
Une myriade de sosies qui représent la quintessence de la ringarditude.

dimanche 21 janvier 2007

Cinoche et Names Droping

Johnny, Luchini, Éric Lapointe, Tabra et Pierre Flynn

Si le chanteur Cali, qui a littéralement happé une pléthore d'amateurs de sensations fortes avec la parution de "L'amour parfait", se demandait sur ce dernier: "Combien de jours de deuil à la mort de Johnny..." le film que je suis allé voir hier propose diamétralement l'inverse comme prémisse: Et si Jonnhy n'avait pas existé?

Dans "Jean-Philippe" (véritable prénom de Djeuni), un cadre d'entreprise qui voue un culte à "l'idole des jeunes" se retrouve, après un accident de biture, dans un monde parallèle dans lequel l'artiste né belge désormais suisse (allo paradis fiscal) a raté son rendez-vous avec l'histoire...

Au cours de sa rigolote quête pour retrouver celui dont la légion de fans "pourrait devenir une armée", Fabrice rencontre un gérant de salle de quilles ringard qui serait, en fait, un Johnny anonyme.

Il s'affairera donc à rétablir les choses et à rendre à la France son véritable gourou de la chanson dont le trône est occupé par un usurpateur.

Quel régal! Comme un gros gâteau orné de cerises et truffé de caramel...

Fabrice Luchini, toujours aussi subtilement raffiné, offre une performance des plus convaincante. Même dans ce contre-emploi, on a peine à imaginer un autre que lui dans le rôle du fan fini.

Quant à Hallyday, il déboulonne avec brio la statue de la mégastar mythique et inaccessible de façon jubilatoire. Il faut voir l'idole dans un performance karaoké ou devant un public composé de vieux en chaises roulantes, tordant.

D'ailleurs, mon voisin de banquette, Pierre Flynn (ô hasard) et moi échangions souvent des regards complices lors de scènes amusantes et elles sont nombreuses.

À la fin du film, l'ancien leader de la formation Octobre m'apprend, ravi, qu'il a déjà vu le chanteur en concert dans une petite salle en 1976. "Il ne vient pas souvent au Québec" ajoute-t-il avant de me demander si j'ai moi-même eu le bonheur d'assister à un show de l'idole?

Hé hé
.

C'est alors que je lui raconte cette petite anecdote.

J'ai effectivement connu l'ivresse d'assister à un inoubliable concert de Johnny en août 2000 au Théâtre Saint-Denis dans lequel, entre autres duos, il devait en livrer un avec notre rocker national; Éric Lapointe.

À l'époque, je fréquentais pas mal Lapointe et je lui en voulais un peu de ne rien tenter pour me dégoter un ticket car Johnny, évidemment, jouait à guichets fermés et les billets de presse s'étaient envolés.

D'autant plus que j'étais à l'origine, modestement, de la reprise de la chanson Ma gueule dont j'avais refilé le cd à Éric au cours d'une de nos nuits de cavale en lui disant péremptoirement: "Faut absolument que t'écoutes ça, c'est pour toi!"

Résultat: le succès que l'on sait. Finalement, si mes souvenirs sont exacts, c'est Felipe Del Pozo, un pote commun à Lapointe et moi, jadis, qui m'en avait procuré un via un contact au Saint-Denis.

Or, j'ai vu mes amis probablement un des 3 meilleurs spectacles de ma vie dans cette petite salle alors que les Français ne peuvent assister à un de ses concerts que dans un stade!

Plusieurs d'entre-eux avaient d'ailleurs nolisé un vol pour assister à ce spectacle intime qui s'annonçait historique.

Ce type, Johnny, avec son regard de loup, sa voix béni par les dieux et sa gestuelle à la fois presleyienne et machiste a fait figure de véritable catharsis pour l'enfant que je suis redevenu ce soir là l'espace de quelques heures.

De plus, suivant les conseils de l'ami Tabra (parolier), je m'étais précipité à la première rangée dès l'arrivée de la bête sur la scène.

Je me souviens d'ailleurs que Tabra, à l'époque où il créchait chez François et moi, il y a une douzaine d'années, portait deux rêves qui lui brûlaient les entrailles : Figurer un jour dans un dictionnaire de la chanson et en écrire au moins une pour Johnny Hallyday.

Il a désormais réalisé le second.

Rendu près des escaliers, à la sortie du film, Pierre Flynn m'a dit: "Je suis heureux d'avoir partagé ce moment historique avec toi et je te souhaite une bonne année".

Me demande encore s'il se foutait de ma gueule, lolll.

Jean-Philippe 8/10

vendredi 19 janvier 2007

Don Juan au TNM

Première hier de Don Juan de Jean-Baptiste Poquelin au TNM, dans une mise en scène de Lorainne Pintal, avec tout le gratin de la jet set théâtrale locale sur son 36 pour l'occase...

Et non de la présumée indigeste et sirupeuse comédie musicale avec J-F Brault qui serait en ce moment en terre nippone.

Bien que je ne sois pas un exégète du théâtre ( mais je crois néanmoins au droit de parole), je dois vous confier que jusqu'à l'entracte me serais peut-être endormi n'eût été du brio de Benoit Brière fort éloquent dans le vaudevillesque. Si on lui confiait un jour un rôle dans un film de Claude Zidi par exemple, Brière pourrait certes chausser les lourdes chaussures d'un Louis De Funès.

Non, le problème tenait surtout au jeu de James Hyndman. Sa personnalité plutôt froide comme l'acier ne parvenait pas à interpeller le spectateur que j'étais. Mais peut-être cela est-il également imputable à la mauvaise impression qu'il m'avait laissé, lorsque je l'ai rencontré pour un magazine, il y a une dizaine d'année. Impression d'ego hypertrophié partagée par quelques personnes, dont des comédiens de mon entourage, qui l'ont côtoyé.

C'est donc avec un certain étonnement que je prenais connaissance, à la lecture du dossier de presse, de plusieurs commentaires forts enthousiastes qui soulignaient la soi-disante évidence de Hyndman dans le rôle du serial lover. Imaginons un Marc Labrèche par exemple. Me semblait que le mariage aurait été beaucoup plus heureux...

Au retour cependant, James Hyndman, vêtue d'une robe de chambre de soie jaune, semblait beaucoup plus rayonnant, plus habité et allumé. Son rôle devenait plus physique et il parvenait à capturer le côté démoniaque du personnage. On avait parfois l'impression qu'il jouait enfin dans la même pièce que son Sganarelle (Benoit Brière) de valet.

En sommes une agréable pièce, qui se cherche encore, mais sûrement pas un moment de théâtre qui fera époque.

Au fait, Jean-Baptiste Poquelin serait-il Corneille comme le suggère L'afffaire Molière: la grande supercherie littéraire paru en 2004 qui reprenait le débat sur la véritable identité de l'auteur?

La grande Sophie

Petite entrevue hier avec La Grande Sophie. Fort célébrée en France, elle est la porte-étandard de ce qu'elle nomme la "kitchen music". Elle assurera, retour d'ascenseur, la vedette américaine de notre cher Dumas au National la semaine prochaine. Puisqu'elle est originaire de Marseille, lui ai parlé de cette crainte de la peste au pays de Pagnol en 2003. Comme la plupart des gens là-bas, elle n'en avait pas entendu parler. Lui ai donc filé l'adresse électronique de ce petit blogue histoire de la mettre au parfum ( lire: La peste dormait à Marseille).

En soirée, première de Don Juan avec James Hyndman et Benoît Brière.

On y reviendra.

jeudi 18 janvier 2007

Instants fixés par la Dame en Noir


Christianne la mitraille


Pendant notre entrevue de lundi dernier pour le Ici, Christiane Charette m'a soufflé un truc très intéressant: "Ce qu'il y a de fascinant dans une entrevue c'est le non dit. Par exemple, toi et moi, sommes ensemble en train de faire la même chose sans le dire: intéresser un auditoire. Nous sommes complice de cela sans nous le dire. Et on le fait ensemble le mieux possible. "

Je crois, pour ma modeste part, que la complicité a effectivement été de la partie comme en témoigne ces photos, son dada, capturées par la Dame en noir à la fin de l'entretien.

Bien qu'il soit évidement agréable de rentrer dans un resto branché avec la papesse des ondes et de se faire saluer par tout un chacun, un des trucs les plus agaçants du journaliste ce sont les contraintes d'espace inhérentes à la mise en page.

J'ai donc décidé d'intégrer sur mon petit site des florilèges de moments d'entrevues qui n'auront pu trouver un écrin dans les journaux ou revues pour une raison ou une autre.

Voici donc la suite de cette entrevue avec l'animatrice épidermique Christiane Charette:

Techniques d’entrevues

Si, généralement, les animateurs dirigent des entrevues, Chistiane Charrette, elle, entre en relation avec les gens. Quelles sont ses techniques d’entrevues?

« Je n’en ai aucune idée! Parfois, j’entends des gens qui disent qu’il se donne des cours de techniques d’entrevues, je suis un peu gênée parce que je ne sais pas ce que cela veut dire. Et je ne veux surtout pas le savoir. Ma technique à moi c’est être soi même et curieux avec la meilleure recherche possible. Évidemment, cela fonctionne lorsqu’on travaille dans un cadre comme le mien.

Il ne faut pas, par exemple, demander à un invité d’établir son palmarès (rires) ?

Tu peux tomber sur quelqu’un qui va être très content parce qu’il voit la vie en palmarès. Mois, ça me fait … C’est ça qui est embêtant dans le direct : tu essayes quelque chose qui va être la clé magique de quelqu’un et s’avérer un répulsif pour quelqu’un d’autre. Et ça, tu ne peux pas le couper au montage…Mais on se prépare. Avec une équipe, la plus compétente possible, on cherche partout pourquoi notre interlocuteur se retrouve dans telle situation, là, maintenant. Et à travers ça, tu te cherches. Tu tentes de trouver une faille.

Par exemple?

Si j’interview Bernard-Henri Lévy, il se peut qu’il y ait des choses qui ne soient pas pour moi. Si, par exemple, il vient décrire un livre sur la politique française et que cela ne me parle pas, ça ne parlera pas aux gens à qui je m’adresse. Alors, je cherche mon BHL. Je tente de trouver une faille (...) : Quand il a écrit son livre sur Charles Beaudelaire, il y avait un chapitre où Beaudelaire était allé chez les prostitués et avait été très contrarié parce que les deux femmes à qui il avait acheté des faveurs sexuelles avaient éprouvé du plaisir : Est-ce que c’est vraiment arrivé? Est-ce que c’est BHL qui dit cela? Qu’essaie-t-il de nous faire comprendre à travers cela?

mercredi 17 janvier 2007

De la perception

Un clip assez révélateur de notre épik épok aspergée de poudre aux yeux. Ici, sur les perceptions de la beauté: http://youtube.com/watch?v=5XF66Ku4a9U

Tonton Dan rides again

J'ai récemment suggéré que Tonton Dan, un prof d'université, ne reverrait plus sa reine du pompier après qu'elle lui eût annoncé qu'elle était clito...rienne (re-sic!).

Mais ce turn of ma foi, rigolo, n'a semble-t-il pas eu un effet proportionnellement répulsif à la charge sexuelle de certains mecs. Dont le vigoureux Tonton Dan. "Et si je m'étais trompé", s'est-il sans doute dit histoire de se donner bonne conscience lorsqu'elle l'a rappelé dimanche dernier.

Et hop, rebelote, re-strig, re-pompier et tagada soin soin. Mais la chaire est triste disait le poète. Après le repos du guerrier, Tonton Dan était cette fois convaincu que cette nana, aussi sympa soit-elle, n'était décidément pas pour lui.

À un point tel qu'il tente depuis de chasser son odeur de sa maison de banlieue. La mémoire olfactive est une redoutable accusatrice. Remords et résignation, il tente sans doute, en ce moment, de se convaincre qu'il finira bien par oublier ce passage de sa vie.

En attendant, il se prépare à son premier tête à tête avec la grande blonde (lire le post Tonton Dan, la clito et les femmes) qui bosse en communications rencontrée sur un site de rencontres.

La suite la semaine prochaine.

De la souplesse...

L'ami Steph, le beau ténébreux du Café Pico, me racontait récemment qu'il a un moment fréquenté une danseuse professionnelle.

-Lorsque je lui rendais mes hommages en position levrette debout, elle se penchait si bas, la tête à la hauteur des chevilles, qu'elle pouvait regarder par derrière mes valseuses s'affairer. Puis, elle riait.

Cela m'a rappelé une blague: Vous savez qu'elle est la différence entre une paire de couilles et deux témoins de Jéovah? Aucune. Dans les deux cas on frappe mais on n'entre jamais!

Quand j'va être un bon gars...

« Certains ne deviennent jamais fous… leurs vies doivent être bien ennuyeuses. »
Charles Bukowski (photo)

"L'alcool conserve les fruits... la fumée la viande."
Serge Gainsbourg

Déjà 5 mois sans la moindre clope ou le plus minuscule cigarillos. Bientôt 2 ans et demi sans une goûte de quintessence éthylique. Deux ans et demi sans prendre la poudre d'escampette. À peine un sac de chips ici et là. J'envisage sérieusement d'abandonner la tisane. Méchant buzz...

mardi 16 janvier 2007

Rédaction


Longue et passionnante entrevue hier avec l'animatrice Christiane Charette devant un repas au Continental. Rédaction today. Sur les présentoirs du Ici ce jeudi. "Il faut écrire avec son sang", m'a t-elle rappelé en citant Goethe sous le ciel de neige de la Saint-Denis à la fin de l'entretien.

dimanche 14 janvier 2007

Bush à Bush


From Luc.

Bon, Jean Bon !


Une blague qui m'a fait plus que pouffer de rires que nous a fait parvenir notre amie Corinne directement de Pézenas, Hexagone.

C'est James Bond 007, il est dans un avion prêt à sauter,
il faut absolument qu'il soit laché au-dessus de la France. Il saute sur un champ; et là, se trouve une grand-mère avec son chapeau sur les yeux en train de bécher son champ, elle lève la tête et voit le bonhomme en costard et petit noeud, raide comme la justice qui lui dit : "mon nom est Bond, James Bond !" et la mamie lui répond : "Moi, c'est Monde : Raymonde !"

samedi 13 janvier 2007

La peste dormait à Marseille

Mes espions me disent que ce petit blogue compte des lecteurs dans la superbe ville de Marseille qui m'a littéralement foudroyé d'amour, il y a quelques années. D'ailleurs, je compte bien y retourner un jour. Je vous salue bien bas en attendant et vous remercie de me lire. Manquerai pas d'aller fraterniser avec mon pote Bernard l'Anar, photographe officiel du port et personnage débonnaire qui possède une pléthore d'anecdotes dans sa besace genre les cargos partent bourrés d'armes la nuit vers l'Afrique du Nord.
Cela m'a rappelé qu'il y a 3 ans et demi, on craignait beaucoup le retour de la peste. J'avais profité de mon séjour là-bas pour écrire un papier destiné à La Presse à ce sujet.
Le voici.

La Presse

Actuel Santé, dimanche 10 août 2003, p. C2

La France craint le retour de la peste

André, Claude

Marseille - Déjà inquiétés par la grève aux effluves pestilentielles des éboueurs en juin, certains Marseillais ont eu des sueurs froides quand ils ont entendu la rumeur: la peste serait revenue.

À la suite à la recension par l'Organisation mondiale de la santé d'une quinzaine de cas de peste bubonique à la mi-juin à Oran (Algérie), dont au moins un mort, les autorités du port de Marseille ont resserré leurs contrôles sanitaires des bateaux en provenance d'Algérie.

"Comme nous avons énormément de transits avec l'Algérie, nous avons mis en place des mesures plus spécifiques, assure Girard Girouin, Ingénieur d'études sanitaires à la Direction départementale des Affaires sanitaires et sociales des Bouches-du-Rhône (DDASS). Là-bas, certains villages ont été mis en quarantaine par l'OMS et l'épidémie ne s'est pas propagée. Pour notre part, depuis le 8 juillet, nous avons entrepris des mesures de dératisation permanentes. C'est à dire que nous installons des appâts empoisonnés ainsi que des pièges à rats de façon à nous assurer qu'il n'y a pas de rongeurs en provenance d'Algérie. Nous plaçons également des morceaux de fer cylindriques qui empêchent les bestioles de monter par les amarres. Si nous en avons capturé jusqu'à maintenant? Non, aucun. Rassurez-vous. Nous mettons toutes les chances de notre côté. Comme nous l'avons démontré à la presse et à la télévision locale et nationale, nous maîtrisons parfaitement la situation."

Plusieurs de ses collègues de la rive nord de la Méditerranée auraient également mis en place des mesures similaires dont ceux des ports de Barcelone et de Palma en Espagne.

Bien que les bateaux modernes ne sont plus les repères à rats qu'ils étaient autrefois, notamment parce qu'ils sont en fer, que les matières premières sont conditionnées dans des conteneurs et que la nourriture de l'équipage est conservée de façon hermétique, des rats infectés peuvent toujours s'y faufiler; comme cela s'était produit lors de la grande peste de Marseille qui remonte à 1720.

Particulièrement dévastatrice, elle avait causé la mort d'environ 30 000 personnes au pays de Marcel Pagnol. Cela avait d'ailleurs inspiré l'écrivain provençal, pour quelques passages de son livre Le temps des amours. "Il faut absolument lire ce bouquin pour comprendre les affres de la peste à Marseille, lance le le bactériologiste Bernard La Scola de la Faculté de médecine de Marseille, avant d'entreprendre son exposé sur un ton professoral. Il s'agit d'une bactérie qui est très pathogène et qui, à l'état naturel affecte les rats sauvages. Il arrive parfois que le rat des champs entre en contact avec le rat des villes et lui transmette ses puces nocives. Ce dernier sera alors porteur de la maladie et c'est au contact de ce rat des villes, que l'homme va être contaminé. C'est pourquoi nous avons surtout eu peur au début des vacances en juin. Pendant la grève des éboueurs, la population de rats a considérablement augmentée, ça pullulait de bestioles."

La maladie demeure dangereuse pour l'être humain. En revanche, ce qui a changé depuis la peste du 18ème siècle, c'est que l'on peut facilement traiter la maladie. Cela dit, la peste demeure une maladie infectieuse préoccupante, précise le professeur. En effet, le problème qui se pose face à cette maladie c'est que non décelée, elle peut entraîner la mort en un laps de temps aussi court qu'une semaine. Ses symptômes principaux se manifestent par l'apparition de ganglions, de pustules dans le cou, à l'aine, à l'aisselle et de poussées de fièvre intenses.

On la croyait relégué à la paranoïa collective d'une époque révolue, voilà que la peste n'a pas encore dit son dernier mot. La situation évoque le célèbre roman d'Albert Camus La Peste. Ce qui n'est pas sans frapper l'imaginaire sous le ciel chantant et caniculaire de Marseille.

vendredi 12 janvier 2007

Ferland cornélien

Ce matin, en farfouillant dans mon baise-en-ville pour y puiser un encodé, me suis rendu compte que mon indéfectible Best of Leonard Cohen sommeillait à côté du double live de Jean-Pierre Ferland glané la veille.

Cela m’a évoqué une anecdote dont la morale éventuelle me taraude depuis quelques années.

Je ne sais pas si l’histoire est véridique, je vous préviens.

Je me suis laissé dire un jour que malgré un immense chagrin d’amour qui l’avait anéanti, celui qui a compris qu’il vaut mieux faire vite que faire lent réussit néanmoins à extirper le courage de monter un nouveau spectacle qu’il devait présenter à la Place des Arts (on imagine que c’est celui de Jaune, son premier disque culte).

Misant sur le pouvoir foudroyant de la scène et des projecteurs sur le beau sexe, il songea que son triomphe annoncé lui permettrait sans doute de reconquérir la belle.

Il lui fit donc expédier deux billets, seconde rangée, milieu.

Le spectacle commence, une chanson et puis une autres. La foule acclame l'artiste. Les lumières s'allument, Ferland scrute du regard la seconde rangée. Ouf, la belle y est. Sourire grand comme le bar du Ritz. Puis, une nano-seconde après, il s'aperçoit qu'elle est bien là mais accompagnée. Déception. Que dis-je, tétanisation.

Il observe attentivement le cavalier de la belle Suzanne. Aille ! Mais c’est lui ! C'est l’immense… Leonard Cohen !


Zut et re-zut !


Comment fait-on pour affronter un rival que l'on admire soi-même?

Et, surtout, est-il préférable pour l'homme d'envergure, le mâle alpha, de se faire plaquer pour un anonyme besogneux ou pour le prince des poètes ou tout autre individu qui suscite admiration et respect ?


Tout autre individu impossible à détester?

Qu'en pensez-vous?



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mercredi 10 janvier 2007

Gastro et Hitler

J'arrive du Café Pico. Luc n'y était pas. Avec Paul, un adepte des herbes et des cultures autochtone mi-quinquagénaire, on se disait qu'il a sûrement chopé une gastro. Puis Paul me vante les vertus du charbon activé. Une substance, semble-t-il, miraculeuse pour tuer les virus. http://www.maisonradical.ca/Palmer/charbon_active.htm. Il me recommande d'en prendre si jamais la gastro se manifeste. Et il y aurait aussi le concentré de pépins d'agrumes qui ferait des miracles. Les voyageurs qui ne veulent pas se faire vacciner en apporteraient toujours en voyage et cette substance aux prix prohibitifs serait la terreur des touristas de tout acabit, semble-t-il.Jean arrive. Jean c'est un grand sec plutôt séducteur. Il me fait penser aux poupées de GI Joe de mon enfance. On était plutôt proche à l'été 2005 et parfois nous faisions de la voile ensemble sur son voilier. Comme je fais remarquer à la petite assemblée que le sujet des virus n'est pas des plus jojo, Johnny nous raconte qu'il a loué, hier, deux films. Un nul à chier selon lui: Bon Cop, Bad Cop "Ça aurait été bon en 1947 mais là...c'est bourré de clichés puis l'autre, c'est un film allemand récent qui s'intitule Sophie seule. Ça raconte la résistance pendant le règne hitlérien. C'est un jeune couple qui se fait arrêter pour avoir distribué des tracs au lendemain de la bataille de Stalinegrad", s'enthousiasme le Jean qui est également l'ancien coloc d'un certain Jean Leclerc/Leloup.
Puis il ajoute: "C'est comme les Américains en ce moment en Irak". J'interviens: "Tu ne peux pas dire des énormités semblables, voyons". "L'énormité c'est de ne pas laisser quelqu'un finir sa phrase. C'est la même chose que sous Hitler en ce moment pour les familles qui subissent les bombes", ajoute-t-il en substance. "Oui, mais même si on est pas d'accord avec la politique de Bush, on ne peut quand même pas parler d'un génocide prévu et planifié comme celui de Hitler..."
Un artiste peintre se joint à la table: "Hitler voulait contrôler le monde, les Américains le font eux".
Finalement, un autre copain du matin est arrivé et la discussion est devenue plus rigolote. Mais ouf, parfois elles commencent secs les journées au Café Pico. Et encore. JR, un acteur sexagénaire plutôt célébré, était déjà parti à mon arrivé. C'est qu'il aime parfois foutre le feu celui-là aussi.
Enfin...
Des virus à Hitler en passant par le charbon, me semble que les thèmes de nos vies comme ceux de l'humanité sont parfois récurrents non?

lundi 8 janvier 2007

Quoi ma gauche?

Assis au Zinc. Relents pestilentiels de collabos au-dessus des vapeurs du rhum. Je malaxais mon mal être. Tonton Marcel, mon pote, venait de cocufier la Grande Faucheuse. Pour la dernière fois. Mamie, sa femme, ma grand-mère, l'aurait suivi même en enfer. Moi, seul dans mon coin, j'avalais mes pintes de colère.

Ras le cul d'adresser des sourires à ceux qui voulaient ma peau. Ras le cul d'écouter les blagues des faux amis, leurs rengaines.

Le coeur crispé, les dents lourdes, je ne pensais qu'à toi. Remords des dieux du ciel, promesse d'éternité, tu m'avais demandé, la veille, entre mes bras: "comment vas-tu?". Je t'ai dit: "Ça ne va pas". Déçue, tu as relancé: "Depuis le début, c'est la même chose".

Tu m'excuseras de n'avoir su, devant tes copines, légitimer notre histoire. Tu m'avais parlé d'une soirée. Pas vraiment envie de t'y rendre. "Toi, quels sont tes plans ?", m'avais-tu demandé. "Ou je rentre et je pleure ou je rejoins des potes qui me réclament à l'ivresse. Si jamais un quidam me fait chier, saura où me trouver".

Si peu de mots, tant d'imbécillité. Colère et dépit. Tu m'as demandé ton foulard noir, ce soir là. Cette écharpe que je t'ai chopé ensuite et que je porte depuis, comme Maurice Fanon et sa chanson L'Écharpe, en souvenir de nous.

On s'était effleuré les lèvres , puis tu t'en es allé. Stupéfait, pétrifié, tétanisé, ne savais plus à quel diable me vouer.

"Comment peut-elle me quitter pour se rendre à un autre lieu où je n'y serai même pas, sans même suggérer qu'on se retrouve plus tard", m'étais-je interloqué. Habité, à cette épique époque, par ce désespérant besoin d'amour bien connu des surfers de l'enfer.

Et puis moi, n'aurai-je pas tout plaqué par une simple requête des ses yeux? Évidemment, ah l'amour et son iniquité. Ah la vache.

J'ai retrouvé, je me souviens, mon pote Yves au Conti. Un mec de la téloche. Bon vivant que j'aimais comme frère avec et malgré sa maniaco-dépression. L'était accompagné de El Nino, un recherchiste plutôt belle gueule mi-vingtaine désormais en couple avec une journaliste féminisante plutôt reconnue.

Soudainement, le cellulaire d'Yves a toussoté. C'était Hélène, une amie à moi avocate anarchisante bourrée de fric. Elle semblait avoir conservé un excellent souvenir de la dernière tournée des Grands Ducs qui s'était terminée chez Yves à l'Île des Soeurs dans le champagne et les balbutiements. S'est pointée au Conti. Bises. Yves a dû nous quitter because son kid. L'Hélène s'engueulait avec le recherchiste plutôt belle gueule de Black Out. Une émission trash de laquelle je venais d'être viré. Conflit générationel. Re-tentative de discussion. Échec et mat.

On s'est barré au Barou'f. Bar cool rue Saint-Denis. Miloud, le patron algérien nous a gratifié de son habituel baratin. Enfin, surtout à l'Hélène qui y déversait régulièrement le contenu ses généreux goussets.

L'ambiance? Plus la même. La colère et le ressentiment de bibi, qui venait injustement d'être congédié parce qu'il menait une vie trop rock and roll aux yeux du mormon patron, se manifestaient de plus en plus. Black russian, on se les enfilaient hop, hop, puis re-hop... Cacahuètes, scotch...la fringale commençait à nous mordiller les entrailles. Driiiiiiing. Hélène a agrippé son portable. C'était Yves. Nous invita à souper. Taxi. Direction Île des Soeurs. Escale à la société des alcools. Pinot noir et Château Margaux.

Je commençais à me dédoubler en Hemingway, faute au rhum brun. Délire. Souvenirs. Cuba. "Fuck l'embargo des Amerloques", me disais-je. Retour au taxi. Picole. Piaule de Yves. L'était avec son kid. On a regardé avec eux quelques combats extrêmes à la télé. Avec l'émission Black Out qui valorisait l'affrontement, la rupture amoureuse avec toi, ça commençait à bouillonner grave dans mes tripes.

Les combats extrêmes, vraiment trop cons. Bouffe. Repus, on a décidé tous les trois de nous rendre au Set. Bar de vieux looser? Si. Mais nous étions assurés d'y trouver de la poudre d'escampette.
Rebelote taxi.

J'avais une grande gueule. Le chauffeur aussi. Danger. Assis côté copilote, on a causé politique. Erreur. Y'en avait marre. j'ai quitté le cab.

Le chauffeur a formulé un code d'urgence à ses collègue et sorti de sa caisse. Proposé la bagarre. Lui ai enfilé le ko. Ses amis chauffeurs sont arrivés en trombe. Deux, quatre, sais plus le nombre. M'ont encerclé. Puis passé à tabac. Me suis recroquevillé.. Fauve en colère. Étoile rouge. J'ai frappé un constable qui venait pourtant de me sauver la peau et tentait de retenir mes élans vengeurs. Erreur.

Il ne faut jamais frapper l'arbitre au grand jeu de la rue.

Menottes. Poste de police. "Merde, je vais louper le baptême du premier enfant de Carole et Marion demain", me suis-je dit .

On m'a retiré mes lunettes devenues écartelées. Enlevé les lacets de mes bottes. Procédure habituelle histoire d'éviter que les prévenus se trépassent themselves. On m'a demandé si j'avais de la dope. "Non, mais j'ai un bon contact si vous en voulez". Réclamé mon droit à un appel téléphonique. "À quel nom?". J'ai prononcé le tien. Tu es célèbre. Ils ont rigolé. Ne m'ont pas pris au sérieux, moi le pauvre type. Malgré mes vapeurs éthyliques, j'ai subodoré qu'un des flics ne voyait pas les choses de la même façon. Je l'observais du coin de l'oeil amoché. "Fuck, c'est l'ancien amant dont elle m'a déjà parlé". Dois-je être rassuré ou craintif? Voilà qu'en plus d'avoir tabassé un flic me voilà en face de mon rival pour toi, ai-je cogité.

Direction cellule. Mes deux cerbères m'ont fait longer un couloir qui nous éloignait de plus en plus du comité d'acceuil et de ses éventuels témoins.

"Me feront-ils la peau?", m'ai-je demandé. Je freakais et tentais de me donner contenance en ironisant: "Est-ce ici que vous avez achevé Barnabé", j'ai dit en faisant allusion à ce pauvre clodo qui a trouvé la mort, après un long coma, résultat d'un passage à tabac policier quelques années plus tôt. On l'avait maintenu en vie artificiellement assez longtemps afin que les coupables, par prescription extinctive, ne soient plus sujets à d'éventuelles accusations de meurtre.
La paranoïa s'accrocha à moi comme un pute qui sait qu'il vous reste de la came. Mon heure était-elle venue? L'aventure s'achèvait-elle ici? Dans ce poste de police du centre-ville sous le ciel enneigé de Montréal, Amérique du Nord...

Lu trop de thriller avec la Shoah en toile de fond. Vu trop de films sur ce que les non-initiés nomment l'holocauste, ce mot qui veut véritablement dire: suicide collectif!
Seul dans ma cage de céramique et de fer. En face, un maigrelet nu comme un ver sanglotait. Je redécouvrais la solidarité que le cynisme de mes années télé allait me faire oublier. J'ai enlevé mon pantalon. Retiré mon boxer et lui ai lancé à travers les barreaux.

Sous l'emprise de la honte et de l'humiliation, nous sommes tous de la même race. Je pensais à toi. Nuit longue. On m'a apporté un muffin et un berlingot de lait. Cherchais le sommeil comme on cherche un pays. Impossible avec cette ampoule aveuglante. Un nouveau détenu est arrivé dans ma cage. Visiblement en manque d'héro. Ai demandé au junkie quel était son crime. "J'ai braqué une caisse populaire", il a murmuré. Je ne lui ai pas fait par remarquer que ces institutions financières ne nous arnaquent pas la nuit et que, conséquemment, elles sont fermées car je venais de comprendre quelque chose: Même dans la plus grande détresse, on veut encore se faire croire que nous sommes des héros...

De ma cellule, je pensais à Koestler et son magnifique Le Zéro et l'infini. À Henry Miller et au Château Margaux. Même prénom que ma pauvre mère. J'ai pensé à toi, évidemment.

Et comme Leonard Cohen qui a rigolé en regardant les abysses où tous les autres ont pleuré, j'ai tenté de m'inventer un rictus intérieur. Puis, j'ai souri. Car même si ce soir là, on m'a emmenotté à ma débauche, j'étais heureux d'être en vie. Tu n'es jamais revenue, mais ce soir-là, j'ai enfin retrouvé ma gauche.

samedi 6 janvier 2007

Rétroviseur, quatrième partie

Autre fait marquant de mon année 2006: ma participation à Ici et là, émission culturelle diffusée sur les ondes de Canal Vox (http://www. canalvox.com/canalvox/aut06/) depuis septembre dernier.
Outre le bonheur et le privilège d'y réaliser une chronique hebdomadaire où je devais, au gré de mes pérégrinations urbaines, dénicher une affiche de spectacle et constater de quoi il retournait, chaque jeudi était moment d'extase pour la joyeuse bande en studio. Me suis fait des nouveaux potes et potesses dont Marc, l'animateur avec lequel j'ai vu le magnifique film Babel. La sémillante Angie (http:www.myspace.com/engelikstar), la perspicace Sarah ainsi que l'exquise Mélissa-Maya (http://www.myspace.com/melissa_maya) sans compter ce valeureux Pierre Thibeault mon rédac chef au Ici(http://www.icimontreal.com)qui porte à droite et avec lequel j'aime tant m'obstiner et ce bon vieux frère de Pat Baillargeon, chef de pupitre musique au même canard.
Parmi les moment les plus bouleversants de cette dernière saison, ces instants en compagnie du dramaturge et metteur en scène Wajdi Mouawad.
Rencontré dans le cadre de la reprise de la pièce Incendies, quelques semaines après la guerre entre Israël et le Hezbollah, ce prince de l'humanisme m'a parlé du conflit avec une intelligence d'une grande acuité et une envergure rare et précieuse tout en refusant de prendre position pour un camp ou l'autre.
Beau souvenir aussi, les deux tournages en compagnie de ma petite Noa à un lancement de disque et ensuite à un spectacle des Petites tounes. Sacrée poseuse, déjà à l'aise avec la caméra, ma petite qui a commencé récemment à faire des moues et des yeux doux à mes potes du café, dont Luc.
Ce sacré Luc Lopez (http://www.luclopez.com) qui sera bientôt heureux papa d'un Antoine conçu avec Linda, sa princesse du vent aussi sympa que sa belgitude. Ah ce Luc et son acceng du midi avec lesquels je débute mes journées au Café Pico. On cause chansons, souvent. On parle de la vie, toujours. M'est précieux ce Luc qui joue les Tanguy actuellement dans une pub télé et sera bientôt un Français qui sait tout dans une autre pub réalisée par André Melançon.
Retour à Ici et là. L'émission doit revenir fin janvier mais sous une nouvelle mouture. On parle des éventuelles participations hebdomadaires de Marie-Louise Arsenault et de Nelly Arcan autour de la table ronde. J'en vois qui bavent, là, dans le coin. Me too!