samedi 27 janvier 2007

Salut Dédé

Dans le dernier numéro du Ici l'ami et collègue Vézina propose un excellent papier sur son chum Dédé Fortin dans le cadre du lancement de la Fondation Dédé Fortin qui vise à combattre le suicide, véritable fléau chez nous en particulier chez les mecs.

Décédé de 10 mai 2000 après qu'il s'eut trucidé, "l'exalté à l'état pur", pour reprendre Raimbaud, a littéralement foudroyé des milliers de fans qui ne comprennent toujours pas son geste.

Je n'ai pas connu véritablement André Fortin mais j'ai eu le bonheur et la chance de le côtoyer à quelques reprises lors d' entrevues et de passer une nuit mémorable en sa compagnie et celle de Michèle, ma copine de l'époque.

La scène débute dans une salle d'un hôtel du Centre-Ville à l'occasion du gala de la Socan édition 2000. Un peu éméché, Dédé, qui avait publié 2 ans plus tôt le magnifique Dehors novembre avec les Colocs, jouait les mauvais garçons. Répliquait au maître de cérémonie et amusait la galerie tandis que dans un coin de la salle Jean-Pierre Ferland et le compositeur Germain Gauthier (Call Girl) réglaient leurs différents, verre à la main.

Puis, en fin de soirée, j'aperçois Dédé qui s'approche de moi. "T'aurais pas du papier à rouler?". Je n'ai jamais été friand de la cigarette de clown mais j'aimais énormément Dédé et les Colocs. On décide, en ce début de semaine, d'aller peindre la ville en rouge et nous nous retrouvons au Zaz bar, rue Saint-Denis.

Dédé sautille tel un Skippy urbain dans le bar pas très achalandé. Je téléphone Mimi et lui propose de venir se greffer à nous. Je rejoins le Coloc sur le petit parquet de tôle et nous sommes là à danser comme deux gamins. Il joue les farfadets, comme d'hab, et tente de sauter assez haut pour décrocher la boule en miroirs pendant une toune des.... Colocs!

On rigole grave de sa déconne et le cerbère, qui ne le reconnaît manifestement pas, nous vire des lieux manu militari. On rit davantage. Dehors, on voit Mimi qui arrive. Dédé nous invite à sa casa. Directions rue Rachel.

Nous discutons tous les trois sur le chemin de la route. Il nous reçoit comme si nous étions de vieux amis. Le coeur sur la main.

On se relance des poèmes Dédé et moi. Beaudelaire, puis Verlaine, puis Nelligan... La nuit file. Il nous déroule un matelas dans le salon. Nous sommes assis tous les trois sur un canapé. Silence. Dédé, immobile fixe un meuble et chuchote: "Dire qu'il y a tant d'années de bonheur dans cette pauvre commode".

Trois ou quatre jours plus tard, j'apprends l'horreur à la télé.

Pauvres cons, on n'a rien compris.

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