samedi 28 juillet 2007

Le fantasme: sous la pluie?


Daniel Boucher pourrait-il vivre son fantasme ce soir?


Extrait d'un texte publié il y a quelque semaines dans le ici. À ce moment, nous croyions que Dan devait livrer le show de clôture...



La dernière fois que nous l’avons rencontré, il affichait un profil taciturne, songeur. Même si on se connait plutôt bien, l’homme regardait ailleurs ou dessinait sur la table en répondant aux questions. Comme s’il était en proie au doute ou en plein processus de remise en questions. Ses deux cd/dvd s’apprêtaient à sortir. La campagne électorale du PQ battait de l’aile… Et, Daniel Boucher, même s’il le camouflait tant bien que mal, semblait plutôt à côté de ses pompes.
La semaine dernière, c’est un tout autre artiste que nous avons eu le bonheur de retrouver.
Dès notre arrivée au rendez-vous, on aperçoit un gamin de trois ans qui gambade partout autour. Derrière, son papa qui se prête de bonne grâce à la séance de photos. Il lui aura suffit de m’adresser son sourire grand comme le bar du Ritz pour rapidement me rassurer quant à la nature de l’atmosphère de la rencontre qui s’amorçait. Nous avons alors entamé la discussion dans cette salle vide de l’hôtel Godin sise dans ce même immeuble où jadis Dédé Fortin faisait les 400 coups. Et, en effet, le Dan était en forme.


C’est que le vent souffle en poupe pour le bummer funambule par les temps qui courent et
c’est peut-être aussi pour cela qu’il a choisi de ne pas être de l’aventure Dracula en France:
« Le gros stage man, en solo, c’est quelque chose… », lance –t-il d’emblée après que nous nous
fûmes installé au bar de l’hôtel. Puis, je lui ai fait remarquer que ces spectacles de fermetures,
tel celui des Francos, sont, depuis peu, officiés par des artistes de sa génération. « J’ai
35 ans, on arrive, nous autres-là, à l’âge où on va bientôt se mettre à contrôler le monde. Il
Faudra cependant qu’on se réveille, qu’on finisse par la prendre notre place», raconte Boucher qui bien qu’il soit ravi de voir sont statut changer craint néanmoins d’y laisser une part d’audace. Et puis, n’y aura-t-il pas toujours des plus jeunes des plus fous pour faire danser les bougalous ?


«Je ne suis plus un jeune chanteur qui monte mais, en même temps, il y a le risque de s’asseoir là-dessus. Chose que je veux absolument éviter. Car ce qui se produit dans ce temps là, c’est que tu te mets à dater. Tu commences à sonner standard et tu arrêtes d’innover. Tu te complais un p’tit peu toi-même dans ta propre case…», analyse Boucher.

Éviter l’embourgeoisement

« Oui, c’est ça, il faut éviter l’embourgeoisement. Je pense que ça ne donne rien d’essayer de devenir quelqu’un d’autre à chaque disque», lance Boucher tandis que le petit Émile, flambant nu, vient tenter de grimper sur le fauteuil qu’occupe son ancêtre. « Habille toi Émile, ici on ne peut pas se mettre tout nu. Je sais que t’es bien là mais on n’est pas à la maison… Ah pis reste donc de même. Tu va pouvoir dire que tu t’es promené tout nu à l’hôtel Godin». «Et tu pourras ajouter que tu étais à jeun », rétorque votre serviteur. On rigole. « Si sont pas content, ils viendront nous le dire mais je pense qu’il y a pire que ça dans la vie ». Et voilà notre Dan qui repart sur la notion d’embourgeoisement à éviter, de la difficulté d’évoluer tout en restant soi-même.


Puis, il évoque Elvis, un de ses mentors, qui, selon lui, serait parmi ceux qui ont le mieux réussi à demeurer eux-mêmes, lorsqu’il a recommencé à présenter des spectacles en 69-70 avant qu’il ne soit happé par des problèmes de santé. On causera de Dylan aussi, Jagger,

Lennon, Iggy Pop… « Parmi les chanteurs de ma génération, il n’y en pas gros qui n’aurait pas aimé, en tant que showman, être un de ceux-là ». Parlant de showman, ça prend une méchante paire de couilles pour oser affronter tout seul un public composé de plusieurs dizaines de milliers de personnes comme il le fera bientôt, non ? «Écoute, c’est peut-être parce que je n’approche pas ça comme un affrontement genre vous allez rester icitte, m’a vous tenir… Il s’agit plutôt d’un échange. Mais si je sais que je suis capable de tenir une salle avec ma guitare, ben là, la seule différence c’est que le système de son est plus gros ». « Donc jouer dans ton salon ou devant 150 000 personnes, c’est la même chose ? ». « Non, tu as raison, j’ai exagéré un p’tit peu mais je ne vois pas pourquoi ça ne serait pas possible car, au fond, l’important c’est qu’on entende la guitare et la voix du gars et qu’on sente son énergie », analyse-t-il candidement comme pour atténuer la pression qu’implique une telle responsabilité.

Le fantasme

Car il le sait bien qu’il s’agira là peut-être du plus grand challenge de sa carrière. Toujours sûr de ses capacités, chose trop souvent perçus comme de l’arrogance dans nos contrées, Daniel Boucher rêve même depuis toujours d’une telle proposition. «C’est un fantasme qui me poursuit depuis des années et des années », confie-t-il. «Ça a commencé bien avant que je ne sorte mon premier disque. Le fait d’avoir une présence tout seul avec ta guitare, ça veut dire que ta toune se tient », lance avec justesse celui qui a néanmoins déjà tâté ce genre d’atmosphère en offrant des prestations de son spectacle solo Chansonnier dans des festivals. « On s’est rendu compte qu’il se dégageait une énergie très brute ». Puis je reviens avec notre précédente rencontre en lui confiant qu’elle m’avait laissé un sentiment plutôt étrange en raison de ce sentiment d’amertume qu’il dégageait, du moins à mes yeux. «Ben oui, c’est normal man. Écoute, la situation est simple, je n’ai écrit qu’une seule toune depuis que mon gars est venu au monde. À un moment donné, le doute s’installe. Mais je pense qu’il ne faut pas forcer les choses et c’est peut-être ça que j’essayais de faire. Ma vie a changé et j’ai besoin d’adaptations. Genre : tant que je n’aurai pas fini de construire mon ostie de maison, je ne pourrais pas me concentrer sur l’écriture comme je le faisais dans le temps où j’étais sur le bs et je n’avais rien d’autre que ça à faire. Et que c’était ma seule chose à faire pour m’en sortir. Il y a quelque jours j’ai soupé avec un de mes chums et il m’a dit de prendre le temps de vivre ce que vis là histoire de faire de la place dans ma tête. On est comme on est. Moé, chu faites pour avoir des idées dans la vie. Chu pas faites pour transporter des frigidaires…J’ai compris, il y a seulement une couple de jours donc, que, tel un boxeur, il fallait rouler avec le coup que l’on reçoit sur la gueule. Si tu essaies de te battre contre lui, ça va faire encore plus mal. Pis là, la vie me fait rouler d’une façon et à un moment donné, la vague avec de la mousse, ça va revenir».


On quitte l’hôtel en taxi. Dan, après que j’eus abordé la question du mysticisme en raison de ce gaminet à l’effigie du Christ qu’il porte, m’assure qu’il l’a acheté simplement par dérision, parce qu’il le trouvait beau. Puis me confie qu’il a récemment rêvé à son défunt papa : « On s’en allait en Gaspésie en train. Je fini toujours par lui demander : comment ça se fait que t’es là même si cela fait 19 ans que tu es mort ? Faut que tu m’expliques là… ».


Comme l’impression que Dan ne sera pas tout à fait seul sur scène ce soir.

Marie-Jo l'exlatée

C'est qui qui assistera au concert de sa copine ce soir ?

Entrevue parue dans le Ici lors de la parution de son dernier disque en terre d'Amérique.

Touchée par les fées qui se sont penchées sur son berceau, Mar-Jo Thério nous chamboule à nouveau avec la parution de l’album Les matins habitables. Un disque important qui se retrouvera au panthéon de la chanson.

Claude André

Elle arrive, irradiante, sur la terrasse du resto avec sa crinière peroxydée, sa chienne « la Chèvre » et son look néo-baba. « Tout le monde qui la rencontre en tombe amoureux » lit-on à l’intérieur du dossier de presse. Pour l’auteur de ces lignes, voilà déjà 5 ans. Peu après la parution de l’album lunaire et magnifique La Maline qui devait la consacrer sous le ciel de la francophonie. La discussion était décousue et difficile à suivre par moment. Je l’avais écrit. Elle s’en souvient. Cette fois, la femme avec laquelle je partage un kawa sur la pelouse face au fleuve (le resto n’acceptait pas les chiens) s’ouvre davantage.
Une question et hop, la voilà qui s’envole dans un soliloque au sujet de l’espace habité. Thème récurant chez l’Acadienne actuellement exilée en France depuis un an et demi. Le rire est franc. Le bonheur lui fait des guili-guili. Bientôt quadra, la femme est encore une gamine de 5 ans. Elle peut encore être trop timide pour aller s’acheter un sac de chips au coin de la rue et se disséquer l’âme une heure après sous les projecteurs d’une salle subjuguée…
Et si elle est demeurée naïve et spontanée sa garde remonte à quelques rares occasions. Malgré une place désormais acquise au sein du gotha, Marie-Jo Thério est toujours en proie à l’insécurité, au doute. « Cette légitimité m’a permis d’acquérir une grand liberté. C’est pas Hollywood, (rires) mais c’est beaucoup en rapport à mes besoins à moi. Même si je ne jamais cesser de douter cette reconnaissance m’a légitimé le droit de faire des erreurs et d’improviser. Elle m’a également permis de comprendre que j’avais des choses à célébrer sur le plan musical avec des musiciens comme Bernard Falaise ou Michel Côté. Je me suis retrouvé dans le sens du rythme qu’ils possèdent et leur façon si particulière de réagir à la seconde à quelque chose. Ce sont de véritables improvisateurs. Et avec eux, je me suis rendu compte que j’étais vraiment à la maison. Cela a été, et demeure encore, aussi simple que ça ».

Amoureuse hystérique?
Marie-Jo, qui avait elle même confectionné sa tenue du jour, est d’une certaine simplicité volontaire donc. Si elle semble aujourd’hui paisible lorsqu’elle raconte ses excusions dans les îles de la Rive-Sud avec sa barque à moteur, on s’imagine bien qu’il n’en fut pas toujours ainsi. Comédienne, elle incarne aussi le phantasme de l’amoureuse hystérique qui court la nuit pieds nus dans la neige qui plait à certains garçons dans les salles de rédaction. La bohémienne, voyageuse, mystérieuse, lunaire, n’a-t-elle pas choisi l’exil, encore une fois? « La sensation d’exil à 40 ans…faut en avoir envie. Quitter une carrière pour essayer d’en établir une autre…. Il y avait tout ça mais aussi un enracinement qui étais très réel. J’étais aussi une femme amoureuse là-bas. Et c’est probablement ma relation la plus sereine jusqu’à maintenant. Chose dont je n’ai pas l’habitude pour revenir à ton image des pieds nus dans la neige. On vieillit, le corps ne suit plus tout à fait dans la passion non plus », révèle-t-elle.

Avant de confier qu’elle envie des gars comme Dan Bigras qui ont pu aller loin dans les excès de dope, de relations amoureuses, d’alcool, bref dans l’abandon. Elle qui aurait aimé goûté à ces fruits défendus mais que sa nature trop frêle ne lui permettait pas. Enivrez-vous de vin, de poésie ou de vertu disait le poète. Marie-Jo aurait elle trouver sa salvatrice mélancolie dans la tristesse de l’exil comme d’autres pleurent des vers en vidant des verres? « Je ne la recherche pas. J’ai une affection pour elle comme pour le bonheur, la légèreté, l’humour, la fête. C’est certain que la couleur du piano, la pluie, dégage cette impression. Quand j’avais 20 et que je vivais des histoires tragiques genre tomber en amour avec un Russe qui était au bout du monde, le piano devenait toujours le rival. Je creusais ma tombe avec le piano. J’ai eu un rapport avec cet instrument qui était très lourd mais j’ai tenté de m’en détacher au fil du temps. »
L’absolu identitaire
S’il est une chose dont la chanteuse de Moncton ne pourra jamais se détacher, c’est assurément cette acadienneté qui l’habite comme une épiderme. C’est d’ailleurs sous les auspices de son pote le poète Gérald Leblanc qu’elle a réalisé Les matins habitables, du titre d’un de ses recueils de poésie. Un album conçu d’abord pour le marché français. Ce qui fait en sorte qu’on y retrouve des chansons que le public d’ici connaît déjà telles : Café Robinson, Arbre à fruits, arbres à fruits et Moncton revisitées histoire de les dépoussiérer et d’ajouter la saveur des cordes de Bernard Falaise

« Si les réorchestrations des vieilles chansons ont été fortement suggérés par les producteurs français? On vit dans l’absolu quant on peu et puis à un moment ou se rend compte que oups…Quand on a terminé l’enregistrement de La Maline, il y a cinq ans on s’est retrouvé avec un autre album dont on nous a dit : « c’est très bon mais qui va l’écouter. Où est le hit en quelque sorte. Il fallait donc un minimum de garanti. Comme je n’avais ni notoriété ni compagnie de disque. J’ai fait des concessions par survivance. Je m’étais dit je vais
« Cet album a été enregistré pour les Français. Je ne croyais pas le sortir ici. Puis, la chose terminé on a démontré l’intérêt de la sortir ici.»
Veinards que nous sommes.

vendredi 27 juillet 2007

Marjo blessée !


Reçu ce communiqué des Francos.


Point sur l’état de santé de la chanteuse Marjo


Montréal le 27 juillet 2007 – Alors qu’elle donnait un concert à Saguenay dans le cadre de Jonquière en musique, la chanteuse québécoise Marjo s’est blessée en chutant de la scène.


Le fâcheux incident s’est produit au moment du rappel quand Marjolène Morin s’est avancée sur la scène pour tendre son micro à la foule et la faire chanter. Elle a alors perdu pied et est accidentellement tombée en bas de la scène. Elle a été immédiatement conduite au Centre hospitalier de la Sagamie où elle a été traitée pour de multiples fractures au pied gauche.


Au moment d’écrire ces lignes, la chanteuse, âgée de 53 ans, se trouvait en salle d’opération où elle subissait une intervention chirurgicale.

Les détails concernant l’évolution de son état de santé et de sa participation à l’événement spécial des Francofolies seront communiqués ultérieurement.

Nos meilleures pensées l’accompagnent.

Êtes-vous Saule ce soir ?


Libres ce soir? Je vous exhorte à découvrir le Belge Saule à 18h00 aux Francos. Gratos. Les textes qui suivent sont également publiés dans l'édition courante du Ici.


commentaire cd

Saule
Vous êtes ici
Anubis/Outside
Si le cynisme est la vérole de notre époque, l’ironie demeure un bonbon délectable. Cet ancien punk issu du pays du même pays que Mannenken Pis le sait et il nous propose des chansons qui observent le quotidien pour le moins savoureuses : De Madame Pipi qui fait, musicalement, dans la chanson classique à Le Boss qui évoque Les Négresses ou Minimum qui n’est pas sans rappeler les inflexion aigus de M et sa grandiloquence pop, Saule explore un éventail de style musicaux plutôt large qui va de la chanson au rock sur des vocalises toujours variés. Hyper sympa au téléphone, il proposera son autodérision et son sens de la répartie sur une scène
extérieur le 27 juillet et le 28 avec Jeanne Cherhal à la PdA. On y sera. *** 1/2 /5


Entrevue

Saule rieur

Capturé alors qu’il venait tout juste de triomphé sur une scène des Francofolies de Spa, c’est avec un souffle encore haletant et un taux d’adrénaline quasi prohibé que le nouveau venu Saule s’est prêté au jeu des questions loufoque histoire de nous sustenter un peu avant sa venue en formule trio. Parions qu’il possède sur scène le même sens de la répartie digne de sa belgitude. Tirons-nous une bûche et rigolons avec Saule.

Claude André

Tu affirmes dans une chanson que pour faire l’amour il faut être deux, minimum. Or, Woody Allen disait que la masturbation c’est faire l’amour avec la personne qu’on aime le plus au monde…
(Éclat de rires). Ce n’est pas faux non plus. Quand on a goûté au champagne, il est difficile de revenir à la bière. Quoique c’est difficile à dire pour un Belge.

Justement, tu es Belge et tu t’appelles Saule : souvent la gueule de bois ?
Ça m’arrive assez régulièrement mais je suis bien enraciné pour pouvoir me contrôler (rires).

De quel bois te chauffes-tu ?
De tous les bois. Pourvu qu’ils soient bien combustibles.

Ta chanson Le boss évoque Les Négresses Vertes et Minimum le chanteur «M», serais-tu de ce bois dont on fait les héros ?
En tout cas ce sont des artistes que j’aime beaucoup. Pour moi, M est un guitariste fantastique et il a une très belle voix. Je pense que, comme moi, il a aussi beaucoup écouté Jeff Buckley. Et c’est vrai que j’adore les Négresse. Ce sont deux groupes qui n’on rien à voir ensemble mais on pourrait en citer plein d’autres : j’adore Brassens, Ferré, Gainsbourg…

Tu as joué récemment à Paris plage, tu en as profité pour aller visiter la faune ( !) du bois de Boulogne… ?
(Rires). Non, c’est triste hein, pour un saule. Pas le temps, j’ai trop de bouleaux…

Tes chansons, elles sont faites de quel bois ?
Le bois du cœur. Et elles n’ont pas la langue de bois (rires). Ma philosophie est de rester le plus simple possible et d’essayer d’y trouver la beauté. C’est vers quoi j’ai envie de tendre.
Mais il est vrai que je m’offre aussi la possibilité de critiquer certaines choses et d’être un peu satirique.

Est-ce que tu as rencontré la belle au bois dormant ?
Oui. Et elle n’a plus l’occasion de dormir tant que cela parce que je fais du bruit quand je joue, hein…

Et il y a un bébé aussi, non ?
Deux. Il y en a un depuis un mois. Tu es bien renseigné, toi. Ah oui, c’est vrai j’en parle dans le blogue (rires). Je joue le mec étonné alors que c’est moi qui ait vendu la mèche.

Salut vieille branche….

La Baraka (chance)


Hier matin, après choco Noa et café Bibi chez Pico, on enfourche le deux-roues direction garderie.

Rendus près de l’ immense jet d’eau situé dans le parc qui longe la Côte Saint-Catherine que Noa réclamait, je m’aperçois que la roue arrière vacille. Décide de verrouiller le vélo et de poursuivre en taxi. Mon niveau de stress monte légèrement car je sais que les enfants de la garderie doivent quitter pour la Plage Doré à 9h30. Mon poignet indique 9h00. Me dit que même s’il y a grève, ils ont sans doute prévu un plan B. Aïe, aïe.

Je hèle un cab. Puis un autre. Et un troisième. Aucun ne ralenti sa course. Noa me demande pourquoi ils ne s’arrêtent pas. Je lui explique qu’ils ont déjà des clients à bord. « J’en ai marre, d’attendre », qu’elle me balance après 10 minutes. Un Bus STM arrive. Espoir. Je tâte mes goussets, que dalle. Zéro pièce. Niet ticket. Je le laisse filer en regrettant de pas y avoir monté avec la petite, le chauffeur s'aurait sans doute montré clément devant ma situasse. Surtout que la STM et moi…(hé hé).

Soudainement, une voiture surgie et s’arrête devant nous : «Je vous vois attendre depuis quelques minutes, besoin d’aide peut-être, où allez-vous ?» Le type, seul, arbore une bonne bouille de rouquin quinquagénaire et bon vivant. «Baraka». On embarque derrière.

Il démarre tout en m’expliquant qu’il vient de déposer son fils de 10 ans à son camp de vacances et m’offre de venir me reconduire à ma destination. Lui demande ce qu’il fait comme boulot : « Je monte des pages pour un journal » « Lequel ? ». « La Presse », il me répond. Je sursaute. «Mais… c’est que j’y ai collaboré pendant une dizaine d’années», je lui rétorque. Puis, je l’observe à travers le rétroviseur. Sa pomme ne m’est pas inconnue. «Me semble qui j’ai déjà vu cette tête en photo», me dis-je.Et il poursuit : «Je tenais une chronique, Oxygène, dans le cahier sport». «Tu ne serais pas Chartier ?», je lui demande en passant dare-dare au tutoiement. « Oui, Richard Chartier. Maintenant que je n’ai plus ma chronique, j’ai monté un site web. J’y raconte mes excursions en plein air avec mon fils ou d’autres. Il y a des diaporamas… ». Et je lui explique que, sans flagornerie aucune, j'étais un de ses fidèles lecteurs, même si le plein air m'intéressait moins à l'époque, car j'adorais sa façon de raconter des petites histoires. Noa intervient : «moi je suis montée sur un chameau la semaine dernière au Parc safari avec Papa». Qu’est-ce que je l’aime ma gamine…

La discussion est enthousiasmante. Richard me propose de m’attendre devant la garderie et de me ramener au point de départ. J'arrive dans la classe de Noa : queueleuleu pour séance d’application de la crème solaire avant d’aller à la pataugeoire, m’apprend la monitrice.

Je reviens à mon hôte chauffeur. Vraiment super. On cause de La Presse et de quelques journalistes. De l’ego, aussi. Comment parfois, certains confondent le média qu’ils représentent à leur propre personne. De quelle façon le traitement parfois royal, que dispensent les gens en quêtent d'une bonne couverture, qui accueillent les soldats du quatrième pouvoir (surtout lorsqu’il s’agit d’un organe prestigieux) peut fausser le jugement des journalistes même aux cœurs les plus purs. Puis on convient que l'important est de s'en rendre comte. Ce que plusieurs, au bord de la retraite, n'ont toujours pas entrepris de faire. Rigolade. Destination. On se promet de visiter nos sites web respectifs. Il note l’adresse du sien sur sa carte d'afffaire de la Presse : http://www.dehors.ca/.


Thanks, man. Tu me rassures quant au genre humain.

Lynda Thalie et la miouse

Cet entretien a été publié dans le Ici de la semaine dernière.


Si elle mélange le miel et le sirop d’érable, comme l’indique son site Web en faisant allusion aux sonorités orientales et occidentales qu’elle déploie, la très raisonnablement accommodante Lynda Thalie est également aussi sucrée qu’un loukoum lorsqu’elle cause musique avec le journaliste.



Il nous sera loisible de déguster le chant et de savourer le baladi de la plus québécoise des algériennes lors de son spectacle complet qu’elle livrera à l’extérieur le 27 juillet (ce soir) à 20h.

Premier disque acquis ?
C’était une cassette, à l’époque. Ça me vieilli un petit peu. Il s’agissait de Like A Virgin de Madonna.



En Algérie ?
Oh oui, oui. Tout comme le premier spectacle auquel j’ai assisté d’ailleurs. Ça se passait à Alger dans un superbe amphithéâtre romain vieux de 2000 ans sur le bord de la mer. Je crois qu’il s’agissait de La Compagnie créole. J’ai déjà fait un spectacle là-bas et c’est assez impressionnant.



Certains la trouve complètement ethnocentriste, toi que penses-tu de l’épithète : «musiques du monde ?»
Merveilleux. Je ne trouve pas ça castrant. Mais je sais que certaines personnes considèrent cela limitatif. C’est une très très belle image : une musique qui peut aller partout dans le monde. Et c’est ce que j’essaie de faire.



Oui mais n’est-ce pas comme s’il y avait eux les twits, pour reprendre Claude Dubois que cela indigne, et nous ?
Moi, j’essaie de voir en chaque chose, la belle connotation. Je pense que nous avons moins de limites dans ce temps là.



Dernier coup de cœur musical ?
Oh la la. J’écoute tellement de musique. Surtout des trames sonores de films. Ce qui est sûr, c’est que parmi les artistes québécois, j’adore Yann Perreau. J’ai d’ailleurs participé à son dernier album que je trouve absolument sublime. J’adore mon ami Marco Calliari aussi pour son énergie, notamment. Florence K, également. Ce sont tous des bons amis et des artistes exceptionnels. Pour ce qui est de mes musiques de films, j’ai toujours aimé Hans Zimmer. C’est un immense compositeur : Black Hack Down, The House of the Spirits, Black Samouraï, Geisha… Il les fait toutes.



Le disque pour un exil sur Lune ?
Merci d’avoir choisi la lune, c’est tellement mon astre. Disons le dernier disque que j’ai acheté, celui de Rachid Taha «Diwan 2». En fait, j’apporterais mon I Pod.



Une idole ?
Céline Dion.



La question sera difficile pour toi : le pire disque que tu as acheté ?
Ah non, je ne peux pas. On peut revenir plus tard.



Qu’est-ce que tu écoutes et n’oserais pas avouer à tes amis ?
Ah mon dieu seigneur, je vais me faire crucifier pour ça. Ce que j’aime écouter parfois sur mon I pod et personne ne le sait ce sont des vieilles tounes de Dalida et d’autres de Mireille Mathieu. Je d’ailleurs repris Histoire d’un amour qui a beaucoup joué à la radio. Ça bien fonctionné. Je suis contente d’avoir foncé avec cette chanson là, honnêtement.



Pourquoi ne reprends-tu pas Mourir sur scène, cette autre superbe et poignante chanson ?
Je la comprends Dalida. J’ai parfois l’impression de ressentir toute sa tristesse, tout son chagrin, tout ce qu’elle a voulu avoir et n’a pas obtenu, dans sa voix. Et c’est très très lourd à supporter. Cette chanson, je ne pourrais pas la chanter. Je ne veux pas mourir sur scène.



Où alors ?
Sur le bord de la Méditerranée entre des branches d’oliviers en voyant mes arrières petits-enfants en train de courir nus pieds sur le carrelage en écoutant une belle musique.



Laquelle ?
Ça serait le bruit des vagues.

mercredi 25 juillet 2007

Plaisirs solitaire

Mickael Furnon embrasera-t-il les FrancoFolies, lui qui livrera le premier concert en salle de cette édition 2m7?

Demain s'ouvriront les FrancoFolies de Montréal. Premier spectacle inscrit à ma liste : Mickael Furnon, leader de Mickey 3 D qui officiera en vedette américaine de Barbara Carlotti. Voici ce que j'ai écrit dans l'hebdo Ici sur Mick devenu seul.



Mick est tout seul
Les chansons perdues
Virgin/Fusion 3
On le sait, Mickey 3D compte parmi ce qui se fait de mieux en matière de rock français depuis Noir Désir. Or ce n’est pas sans une certaine excitation que plusieurs trépignaient à l’idée d’une version solo de celui qui constitue l’âme de la formation : Mickael Furnon. Avec l’enfance stéphanoise pour toile de fond et l’aura du papa parti depuis peu qui plane, l’album s’amorce puissamment. Notamment la superbe J’te jure qui cause, justement, au paternel avec cette singulière manière de dire les choses propres à celui qui écrit aussi pour Indochine, Birkin et Eicher. La mélodie qui tue accomplit son boulot et le propos, pas con, y est toujours aussi bien amené que chez Mickey 3D bien que beaucoup plus personnel que social. Les arrangements, aussi minimalistes que sophistiqués, font mouches… on se dit qu’on va adorer cet opuscule qui musicalement, bien qu’il aille dans plusieurs directions, ne nous dépayse pas du son 3D. Hélas, la pop surdouée du début se transforme en balades lourdes et lancinantes pour les trois derniers titres dont on se seraient bien passé. *** 1/2 (3.5/5) Claude André



Entretien


Plaisir solitaire


Socio-réaliste avec la bande de Mickey 3D, Mick maintenant seul s’est malaxé à la casa un album poético-sentimental intimiste.

Claude André

Drôle de boulot que le notre : on écoute dans le noir les chansons-confidences d’un type qui parle de la mort de son papa et de ses souvenirs d’adolescence puis, soudainement, on se lève de bon matin à 7h30 et on le rejoint par téléphone de l’autre côté de l’Atlantique histoire de causer de son album. Ensuite, on s’étonne que le type qui ne nous connait ni des lèvres ni des dents ne nous parle pas comme si nous avions passé la nuit ensemble.


Avec l’enfance en toile de fond, tu utilises néanmoins sur plusieurs chansons des références à la mort, jeunesse difficile ?
Non, au contraire. Mais j’étais dans une période un peu noir.


Tu possèdes un style d’écriture très particulier, par exemple : «On se maquille la figure avec de la confiture/on ressemble à des bonbons qu’on écrase sur les murs », travaillé ou inné ?
Non, ce n’est pas forcément travaillé. Je laisse toujours venir les choses et lorsqu’elles viennent j’aime bien mélangé à la fois le sens et la poésie.


Ton dernier album s’intitule «Les chansons perdues». Est-ce parce que les autre membres les trouvaient trop perso qu’elles ne se sont pas retrouvées dans le répertoire de Mickey 3D ?
Non, je les ai enregistrés tout seul à la maison avec beaucoup de souvenirs et de sentiments très personnels. J’ai voulu les sortir telles qu’elles étaient, qu’elles avaient été faites sans y retoucher.


Et ce disque tu nous le présenteras seul ou avec des musicos ?
Je le présente seul. C’est pour cela que j’ai choisi ce nom. J’aurai la guitare et les boucles pour m’accompagner… La dernière fois que nous sommes venus, c’était pour faire la première partie des Cowboys fringants au Spectrum. Une très belle soirée. Ensuite nous avons joué dans la rue à Québec dans un festival. Je reviens avec plaisir.


Quel est l’avenir de Mickey 3 D ?
Je ne sais pas du tout. Nous somme en stand by.


Qu’est-ce qui te branche musicalement par les temps qui courent ?
Eh bien beaucoup de choses qui viennent de Montréal : Arcade Fire, Les Breastfeeders, Karkwa, Le Nombre…Je n’écoute pas beaucoup de rock en ce moment parce que je n’arrive pas à trouver des choses qui ne ressemblent pas à ce que j’écoutais avant mais, justement, je trouve cela dans certains groupes qui viennent de là-bas. Il me semble qu’actuellement la fraîcheur arrive vraiment du Québec. Il y existe une scène très intéressante qui est en train de s’internationaliser. On m’a donné plusieurs noms à découvrir comme Patrick Watson…


Tu les as rencontrés, tu les connais ?
Non, pas du tout. J’écoute ça comme j’écoute Neil Young, quoi ! Je vais être là pendant quelques jours, si je peux aller en voir quelque uns…


Ça te demande beaucoup d’adaptation que de passer d’une formation avec laquelle tu as des balises à une formule solo sans filet ?
Oui, je ne l’avais et il fallait que je le fasse un jour. J’avais envie de vivre cette peur. C’est excitant, c’est autre chose. J’aime bien les nouvelles expériences. Et je ne joue pas 1h30. Je fais des concerts d’à peine une heure. Là, j’effectuerai la première partie de Barbara Carlotti et c’est aussi pour cela que j’y vais aussi.


J’ai visionné le clip de La clé des chants dans lequel ont voit des p’tits vieux s’encanailler, super bonne idée, la tienne ?
Ces des humoristes français qui ont créés un truc qui s’appelle le Groland, un pays qui n’existe pas. Il s’agit d’une émission à la télé caricaturale de la politique. Ils m’ont contacté en me proposant cette idée. Et voilà.

Nous est avis que Mick ne sera plus longtemps tout seul. Nous est également avis que nous savons à quoi on veut ressembler quand on sera des «aînés»…

www.myspace.com/mickesttoutseul

dimanche 22 juillet 2007

Blogueur invité: Loulou rencontre Renaud

L'idée me taraude depuis un moment: proposer mon humble tribune à quelques amis qui vivent des choses passionnantes pour le bénéfice de mon sympathique lectorat mais qui n'ont pas nécessairement envie d'ouvrir un blogue. Pour débuter cette semaine, c'est Loulou alias Louis-Étienne, mon frangin de toujours, qui nous raconte le dernier spectacle de Renaud à Québec dans le cadre du Festival d'été de Québec le 5 juillet dernier et plus encore...




Longtemps que je ne l'avais pas vu le vieux loubard. En 2001, j'avais passé la soirée au Spectrum à pleurer en me cachant le visage dans les mains. Pas facile d’assister à la déconfiture de son idole. Comme un deuil, comme la fin de l'adolescence.



Toujours est-il qu'il était de retour, au Festival d'été de Québec, là où tout avait commencé pour lui en Amérique. Car, je le rappelle, c'est cet événement qui nous avait permis de découvrir le Titi parigot presque 20 ans plus tôt.
La veille, j'avais appelé mon chum Belliard (Alexandre, le chanteur): «Salut mon vieux, comment ça va ? Je sais que t'es plogué avec la gang à Renaud depuis ta chanson qui lui rend hommage. Pourrais-tu me faire passer back stage histoire de rencontrer une nouvelle fois le monstre sacré?»
«Pas de problème mon Lou. J'ai deux passes et y'en a une pour toi.»


Parfait, rendez vous sur les plaine devant le stage à droite sous les colonnes de son. J'arrive c'est l'bordel : 25 000 personnes ! Tout l'monde est là sauf Alex. Donc, pas de passe VIP. Je commence à suer.
Le Show commence. V'là L'idole. Faut que je me rapproche pour au moins prendre une couple de bonnes shots. Car je vous le rappelle chers lecteurs le Loulou, il est aussi photographe.
Je me frais un ch'min et je commence à bosser. Le spectacle suit son cour. Je suis juste devant la scène et je fais des photos canons car je suis le meilleur.
Devant moi, j'aperçois une jeune et magnifique jeune fille. Je l'observe. Elle regarde L'artiste sur scène d'une manière familière. Est-ce que c'est elle ? Je prends une Chance.
«Pardon est-ce que tu es Lolita ?» Elle me répond : «oui» !



Tabarnak, je ne sais pas si vous imaginez le choc : je chante, Morgane de toi, une des chansons que son père lui a écrite depuis que j'ai quatorze ans. J'en aurai bientôt trente-cinq. Je m'adresse de nouveau à elle : «écoute, j'ai fais un disque et comme je ne sais pas si j'aurai la chance de rencontre
r ton père j'aimerais te le donner pour que tu lui remettes».
«Avec grand plaisir », elle me répond avec un sourire à faire s'attendrir le grand inquisiteur. C'est un début, continuons le combat.
Le spectacle tire à sa fin et je n'ai toujours pas ma passe. Je quitte et je me dirige vers l'entrée des artistes. Je sais qu'il y a Cédric et Neslie et que logiquement Alex devrait passer pas là.
Personne, sauf un gardien de sécurité qui ne veut pas me laisser passer malgré mes explications. Je ne peux même pas lui en vouloir, il fait sa job et… il est vieux, con et moche. En plus il ne connaît aucune chanson de Renaud.
Finalement, après une heure d'attente désespérée, Alex se pointe avec Pépé. Sans sa guitare. Pépé c'est un super type ! Alex n’a pas la passe mais Pépé me donne la sienne. Pépé c'est un super type!!!!



J'entre Back stage et je me dirige fébrilement vers la loge. De loin, je reconnais la silhouette. C'est lui, je fonce. Là il y a Alex, Cédric, Nesly, Dominique, Lolita, Romane et d'autres personnes que je ne connais pas.
«Ah le v'là», qu'il dit. Suis béat. Les copains lui avaient dit que j’attendais dehors et, lui, il s'apprêtait à envoyer quelqu'un me chercher. Le pied.




«Bonjour, Monsieur Séchan», que je lui dis. Il avait mon disque dans les mains. Je le félicite pour le spectacle et lui dit que c'est une joie de le revoir sur pied comme à l'époque.
Il m »observe. J'avais apporté avec moi un livre de photos que je voulais lui faire autographier (ce qu'il a fait avec la mention "amitié d'enfer pour Louis-Étienne. Je ne vous raconte pas comme il était content le kid de Québec).


Je lui avais aussi apporté un cadeau, un bouquin qui retraçait l'histoire des huguenots en nouvelle France. Ça lui a bien cloué l'bec au père Renaud. On a parlé un peu, surtout tatouages. Il aimait les miens et il m'a montré les siens.

Les nouveaux sur sa poitrine, un marqué romane et l'autre marqué Malone. Une bonne discussion de loubards, comme j'espérais.

Puis, j'ai réclamé la photo d'usage, jeux auquel il s'est prêté avec attention et gentillesse. Le Loulou, l’était content !!!

Mission accomplie. Deux jours plus tard, quand je suis rentré à Montréal, j'avais mon trésor dans ma besace. Un bouquin autographié, une photo avec mon idole, et la conviction que tout est possible quand on le veut vraiment.

Au moment où je vous écris, la photo est dans un cadre devant mon poste de travail.

Je suis fier d'avoir su garder mon cœur d'adolescent. Je crois qu'il faut savoir volontairement conserver une certaine naïveté pour être heureux.

Je suis un fan de Renaud et je le serai toujours.

Pour ceux qui ne sont plus capable d'avoir des idoles, bah, tant pis pour vous.

Moi je suis top heureux.

Merci Renaud.
Loulou.

ps: Puisque l'on cause de Renaud, il vous est loisible de visionner une «performance» de votre hôte habituel qui a interprété Où c'est que j'ai mis mon flingue, en octobre dernier dans le cadre d'un événement spécial, dans la section vidéos située sur la page d'accueil de ce blogue.

vendredi 20 juillet 2007

Les nourritures terrestres

Il y a quelques jours, j’ai rencontré une chanteuse que j’aime beaucoup au Café Pico. L’était avec son frère qu’elle m’a présenté. Clément, je crois qu’il s’appelait. Propriétaire du premier restaurant végétarien au Nouveau-Brunswick dont les deux filles de 10 et 6 ans n’ont jamais mangé une infinitésimale particule de viande, cela m’a rappelé une récente soirée passée en fort agréable compagnie…

Le jour de l’ouverture du dernier Festival de Jazz, une copine, Isis, a organisé un souper pour souligner le départ d’une amie commune en France. Après deux ans chez nous, Corinne décide de retourner vivre au pays de Bashung et Higelin, notamment parce qu’elle n’arrive pas à rencontrer un mec à sa mesure. Elle qui se fait draguer dix fois par jour lorsqu’elle déambule dans les rues de Paname.

Or le souper en question a eu lieu au restaurant «Aux Vivres», qui crèche sur le boulevard Saint-Laurent angle Mont-Royal. En pénétrant les lieux, me suis vite rendu compte qu’il s’y passait quelque chose de pas trop catholique : le personnel arborait un look soft punk tendance altermondialiste, les murs vides sauf des tableaux plutôt naïfs m’inspiraient que dalle mais, surtout, et c’était le bon côté de la chose, en plus d’être entouré de six femmes remarquables, la clientèle de l’endroit était composé à disons 85% … de gonzesses !

C’est que voyez-vous, ce resto est d’obédience végétalienne. Non seulement on n’y mange pas de viande, évidemment, mais pas de produits laitiers ou d’œufs non plus. Me suis donc farci un hamburger mou et dégoulinant au champignon Portobello accompagné d’une salade néanmoins succulente et de frites. Avant de finir avec un gâteau au «faux-mage»…

Au fil de la discussion, passionnante, la célébrée Corinne nous apprend comment l’a fait la connaissance de Ève-Marie, une photographe prof de yoga adepte de la boxe thaï, à New York : «J’étais sur la rue lorsque tout à coup cette belle grande blonde m’aborde en anglais : excusez-moi, mais je ne pouvais m’empêcher de vous parler tant vous ressemblez à une de mes grandes amies. Ah oui, c’est quoi son prénom ?, lui ai-je demandé. Bara, qu’elle me dit. Elle est française. » «Eh bien figurez-vous chers amis qu’il s’agissait aussi d’une excellente amie à moi !», nous lance Corinne.

Étrange quand même…

Puis entre deux blagues de la flamboyante Agathe Pichette qui ne cessait de me dire, en jouant du pied sous la table, qu’elle rêvait de manger une «graine glacée», Isis nous à fait part d’une récente découverte effectuée pendant un atelier de jeux de rôles.

D’apparence banale, ce constat a néanmoins changé sa vie depuis quelques semaines : « Si je n’exprime pas mon besoin à l’autre, celui-ci ne peut pas le deviner, et encore moins y répondre ! Pourtant, chaque fois, je suppose qu’il m’ignore et je me sens triste. Je tombe alors dans le mode ATTENTES. J’ai des attentes devant l’autre, ça prend toute la place dans notre relation, ça se transforme même en RESSENTIMENT et je deviens la pauvre VICTIME incomprise. Or, Parmi les besoins essentiels de l’être humain, les tout premiers sont : se dire, être entendu, être reconnu, être valorisé, etc. Belle communication vraiment…»

Tiens, cela m’a permis de comprendre mieux pourquoi nous nous sommes blessés, cette superbe fille qui m'inspirait des chansons et moi.

Puis, le lendemain, dernier repas en tête-à-tête avec Coco avant son exil parigot : «Tu choisi le resto», elle me lance. Of course, je l’ai emmené au restaurant «Le Marché de la Villette» qui porte enseigne dans le Vieux-Montréal. L'a pris une soupe et moi une salade couronnée de fromages, terrine, foie gras et saucisson. «C’est l’antidote pour hier», elle m’a balancé de son humour juif. En effet.

mardi 17 juillet 2007

Marieloup Wolf en court-métrage

Dans la série «Un coup pouce pour un pote» je vous propose aujourd'hui le dernier court métrage de mon ami réalisateur Alexandre Chartrand (www.myspace.com/alexchartrand) qui met en vedette la pétillante Marieloup Wolf: «Au début du trait prolongé».

Le film a été imnscrit un concour ouèbe de la CBC. Si vous voulez voir le visionner et/ou voter en sa faveur voici le lien :http://exposure.cbc.ca/video/midday-momentum


N'hésitez pas à inviter d'autres gens à voter si le film vous plaît. Comme vous l'avez peut-être compris, le titre anglais est «Midday Momentum».

Alex, que j'ai eu le bonheur de connaître dans le cadre des documentaires que nous avons fait ensemble pour la série Caméra Tout-terrain, en profite également pour nous faire part des dernières nouvelles : son projet de long métrage fiction «Immersion» vient de recevoir l'appui de Téléfilm Canada ! ... et il «capote ben raide.»

ps:Merci à ceux et celles qui ont voté Peluso pour la toune du 400 ième de la ville de Québec: meilleur chance la prochaine fois...

lundi 16 juillet 2007

Mick est tout seul

Pendant que je farfouillais la toile avant de m'entretenir ce matin à 7h30 (!) avec Michael Furnon, leader de la formation française phare Mickey 3D, suis tombé sur ce clip ultra sympathique tiré de la chanson La Clé des chants que l'on retrouve sur son premier album solo «Mick est tout seul: les chansons perdues». Si le gus n'est pas des plus volubile sa musique, elle, sait nous interpeller. Il sera des Francos.

Mick est tout seul - Clip La clé des chants

jeudi 12 juillet 2007

Louis-José Houde : humoriste ritalin




Louis-José Houde expliquait hier à Pénélope McQuade à TVA qu'il présentera, dans l'édition actuelle de Juste pour rire, de nouveaux numéros qui n'on pu trouver niche dans le concept de son prochain spectacle. Voici l'entrevue qu'il m'accordait l'année dernière pour le Ici histoire de souligner la fin d'une longue tournée.


Après la 500 ième et ultime représentation de son spectacle éponyme, l’hyperactif pissant Louis-José Houde s’arrête histoire de ne pas saturer le public et d’écrire un nouveau spectacle.

Claude André

Les plus jeunes le voudraient comme papa ou premier ministre. Si l’on tient compte des quatre KARV qu’il a remporté dans un concours annuel orchestré par Vrak TV, de son billet double Platine (200 000 tickets vendus) et d’un sondage Léger Léger, en plus de ses 2 Olivier et de son Félix, Louis-José Houde serait l’artiste grand public le plus hot du Québec avec une dénommée Céline.



Depuis sa graduation de l’École de l’humour en 1998, l’ascension de cet humoriste-ritalin a été fulgurante.



Pourtant, lorsqu’on le rencontre, le personnage, sans faire dans la fausse modestie, n’est surtout pas du genre à étaler ses faits d’armes. Vraiment sympa ce type.



Tandis que le journaliste commande son plat, le comique tombe sur la une de l’hebdo concurrent et remarque, illico, que Sam Robert et ses musicos arborent tous la même tronche. Voilà sans doute tout le secret de Louise-José Houde : un sens de l’observation finement aiguisé.



D’ailleurs, au visionnement du spectacle sur dvd on ne peut que constater que réside là toute la force de cet humoriste. Comme dans ce numéro sur les orteils, par exemple, où il nous rapelle que celui qui est long, laid et tordu ressemble à ... Gaston Lepage !



« Non, je n’ai pas développé cela à l’école de l’humour. Elle te donne une bonne base d’écriture et t’enseigne la discipline. Mon style c’est formé à force de jouer dans les clubs pendant les 3-4 années qui ont suivi ma sortie de l’École. Ce style vient d’essais/erreurs, d’écriture et de tentatives. Lorsqu’on expérimente en permanence des choses, vient un moment où ça se développe. J’ai toujours un cahier de notes avec moi. Souvent, je remarque un truc et ça m’obsède. Je sais que c’est un gag, qu’il y a quelque chose qui sommeille. Une fois, par exemple, je suis entré dans mon propre char mais je me suis assis sur le banc d’en arrière. Je me suis rendu compte qu’on se sent un peu comme dans un rêve. Or, si ça ne devient pas un gag, je vais m’en servir pour établir une comparaison, pour appuyer quelque chose. Je ne pense pas qu’on ait le choix. Que l’on puisse se dire : moi je vais être hard ou moi je vais être plus relations hommes/femmes… », analyse celui qui donne dans l’école des humoristes à l’américaine.



La politesse du désespoir ?



S’il en a un peu marre qu’on lui cause de son débit qu’il devra changer bientôt pour le public de l’Hexagone, Louis-Jo aime bien brosser un parallèle avec le rythme des humoristes amerloques. « Ce qui m’inspire chez des gars comme Seinfield ou Richard Pryor c’est qu’il s’agit de spectacles vraiment beatés. Je parle ici de la livraison de la patente. Mon spectacle était, en effet, très chorégraphié. Mais ça ne veut pas dire que je suis sur le cruise control, mais plutôt qu’on tente, le metteur en scène et moi, d’aller chercher le maximum d’efficacité comique. Le plus beau compliment que l’on puisse m’adresser c’est : j’ai vu ton show et on dirait que tu improvises tout le long », lance-t-il les baguettes en l’air. « Je déteste écouter un humoriste lorsque je perçois l’écriture derrière, quand on sent le travail», poursuit celui dont les mimiques amplifiées évoquent parfois un De Funès dont il vient d’ailleurs de louer les films.



Dvd qu’il aura désormais davantage le temps de visionner ainsi que ses 9 livres de Desproges qu’il vient d’acheter et qu’il aura le temps de lire puisqu’il entend souffler un peu avant de se remettre à l’écriture d’un nouveau spectacle quelque part dans un chalet des Laurentides. « Ça me fait chier de terminer maintenant, parce que je maîtrise parfaitement le show. Je te dirais que j’aurais eu plus envie d’arrêter ver les 200 ou 300 ièmes représentations. Je ne suis plus un homme, je suis un humoriste ! J’aimerais découvrir ce truc, la vie là qu’ils appellent. Genre avoir des chums et une blonde à qui tu parles régulièrement».



Et de soigner ses problèmes stomacaux reliés à l’hélico bacter pilori. Serait-ce parce que l’humour est la politesse du désespoir comme le veut l’aphorisme ? «Wow, c’est ben beau cette phrase. Cela ferais un beau titre de show. Je ne généraliserais pas, mais je suis plutôt d’accord sur le fait que les humoristes sont des angoissés. En fait, ce n’est pas que nous sommes angoissées ou déprimés mais le clash est tellement fort entre faire un show devant 1000 personnes et de se retrouver seul et triste devant ses toasts le matin. Les gens nous regardent autour et pensent que nous sommes sur le bord du suicide. On est tellement habitués de nous voir faire les clowns. Moi, quand je n’ai pas envie de voir du monde, je reste à la maison. ». Jusqu’à l’automne 2007.




Anecdotes de tournée

« En tournée, on sort pas mal. J’ai une bonne relation avec le public et composer avec des gars un peu ivres, c’est ma spécialité. Une fois, nous étions dans un bar universitaire à Sherbrooke. Je vais aux toilettes. Je m’installe devant l’urinoir, le kit dans les mains et il y a deux gars chauds et joyeux qui rentrent. Wouâaaaaaa, c’est lui….Pas capable de pisser. Je me dirige donc vers une cabine. Il y a un mastodonte d’environ 18 ans qui est là. Je lui demande de surveiller la porte. Non seulement il a pris cela au sérieux mais il pensait que je faisais allusion à la porte de la pièce. Moi, avec la musique je n’entends rien. Je sors de la cabine et je le vois dans le couloir de la toilette plein de têtes qui veulent rentrer : « tu rentres pas, Louis-José ne veux pas voir personne ! », disait le mastodonte d’une voix assurée. Je me suis fait insulter ce soir là. Je suis parti de là en me disant : ça n’a pas de bon sang. Ca va faire le tour et je ne vendrai plus jamais un billet à Sherbrooke. »


« Là, rendu à 28 ans. Je coupe les mauvaises choses au fur et à mesure. La poutine à 3h00 du matin par exemple, c’est terminé. C’est toujours là que tu fuckes ta soirée. Que tu tombes sur un tata qui va carrément renverser la table… »


« Moi, j’ai un ulcère à l’estomac. Un soir, pendant la période où l’on donnait des spectacles 6 soirs par semaine, on monte faire un show à Chibougamau. Le problème, c’est qu'on ne jouait pas ce soir-là. Or, quand je joue, je mange très très légèrement. Comme on ne jouait pas donc, je me suis empiffré de junk food, de Burger King et de pop corn. J’arrive à l’hôtel et je suis malade comme un chien. Bien sûr, le lendemain, j’avais un show. J’appelle donc mon médecin à Montréal et il me prescrit trois médicaments dont un très somnolent. J’ai donc livré mon spectacle complètement stone. Je parlais très lentement et j’avais les yeux gros comme ça. C’est le seul show ou mes techniciens ont ri. Eux qui connaissent le spectacle par cœur. Je me rappelle que cela m’avait rassuré sur le fait que les gens ne rient pas uniquement à cause du débit de mes paroles».

dimanche 8 juillet 2007

Minorités très accommodantes



De l’humour à la boxe, les «minoritaires» ont littéralement fait vibrer votre serviteur qui a vécu hier toute la gamme des émotions.

Au moment d’écrire ces lignes, je vois à ma droite sur l’écran télé, directement du Connecticut, le Québéco-Haïtien Joachim Alcine drapé d’un fleurdelysé écouter sa maman qui le félicite depuis Montréal pour son nouveau titre de champion de monde de boxe. Avant d’entendre Joachim remercier ses fans québécois et raconter comment il donnerait tout ce qu’il possède pour se retrouver en compagnie des ses deux fillettes de 1 et 3 ans. Dont l’une refuse de faire dodo parce que papa n’est pas à la maison. Putain de sanglots qui m’emporte malgré mon bonheur de voir ce Black nous ramener une couronne de champion du noble art.

Superbe combat entre deux pugilistes qui se détestaient finalement remporté en 12 rounds par un Alcine déterminé. Soulignons l’impartialité de l’arbitre et le travail des juges qui cette fois, contrairement aux Allemands pour Éric Lucas, n’ont pas «volé» la victoire au véritable vainqueur. Le calypso a sans doute fait tanguer beaucoup de popotins haïtiens dans les bars de la Rive-Nord la nuit dernière. Une nouvelle idole est née. Ça nous changera d’entendre toujours parler des gangs de rues.

Photo : Rachid «digage» Badouri


Humour du Monde

Plus tôt, bonheur cristallisé au Musée Juste pour rire où je me suis rendu avec mon pote Luc pour assister au «Show raisonnable». Un spectacle multiethnique animé par le marocain d’origine Rachid Badouri dans lequel les Québécois devaient, nous annonçait-on, passer dans le tordeur. Après la Musique du monde, voici l’humour du monde…

Si les Kebekers s’en sortent plutôt indemnes, nous avons eu le bonheur de faire quelques découvertes. Tout d’abord, l’animateur lui-même. M’est avis mes amis que celui là se retrouvera un jour au cinoche. Et il se pourrait fort bien qu’il suive les traces de Gad Elmaleh et choisisse de faire carrière en France. Charisme évident, sens du rythme, personnalité attachante, l’Arabe qui arbore une boule à zéro possède également une gestuelle et un déhanchement qui captivent. 10/10

D’entré de jeu, la jeune Korine Côté, en régisseure, nous a dilaté la rate en nous faisant état des différentes exigences des artistes à venir. Comme pour le Chinois où elle a acheté le Dollorama au complet afin de satifaire à ses exigences. 8/10

L’Ontarien Christopher Hall, pour sa part, aurait réclamé une loge grise pour ne pas se sentir dépaysé…L’humoriste anglo qui fait généralement mouche nous a laissé sur notre appétit bien qu’il nous ait démontré des dons évidents de musicien avec sa clarinette. Pas rap…6.5/10

La Tunisienne Nabila Ben Youssef, quant à elle, s’est pointée sur scène enrobée d’un halo de sensualité tandis qu’au son d’une tonitruante mélodie arabisante elle effectuait sa lascive et envoûtante danse baladi. Je l’aurai épousé dare-dare malgré un monologue qui, hélas, manquait un peu de tonus, par la suite. Saluons ici le courage de la dame qui, sur ses souliers échasses et sa robe-jupe plutôt allumeuse fait preuve d’un réel courage lorsque l’on sait les risques que courent les musulmanes «occidentalisées» et hyper sexy de surcroît. 7/10



Dans le désordre, nous avons également découvert le très sympathique Alain Nardo. Un québéco-haïtien aussi drôle que sympa qui a allègrement surfé sur les clichés de voleurs souvent associés aux enfants de la perle des Antilles. «Quand je me réveille la nuit, et que je vois dans le miroir un gros Black de 6’4, j’ai peur que ce soit un voleur !» À surveiller. 8/10


Le Chinetok de service (c’est de l’humour, on se calme) Mettaya, nous a également fait rigoler en nous racontant ses péripéties en région. «Non, ce n’est pas un Chinois, c’est un oriental », aurait-déclaré un beauf à sa bobonne qui l’avait invité à venir toucher l’étrange. 7/10

L’Italie n’était pas en reste lorsqu’ Éric Certosini est venu enfermer les clichés dans un sac de couchage histoire de les couler dans le fleuve Saint-Laurent une fois pour toute. 6.5/10

Puis, Rachid Badouri, dont les numéros d’enchaînement étaient tous top réussis, nous a préparé pour le dernier intervenant de la soirée ; Sugar Sammy. L’Indien (des Indes…) m’a provoqué un tel éclat de rires qu’il a interrompu son propos sur les Français pour me demander si j’étais moi-même un Hexagonal. «Non», ai-je opiné du chef tout en pointant mon Luc, assis à ma droite. L’humoriste, légèrement «maniéré», lui a alors demandé son prénom avant d’y aller laïus plutôt rigolo sur les hommes français qui seraient tous un peu à voile et à vapeur. Ce qui n’est pas le cas de notre ami Luc, bien sûr. Puis il a discouru de façon tordante sur les Françaises qui prennent la tête avec des discussions philosophiques interminables après l’amour (souvenirs, souvenirs). Sans contredit, le meilleur de la soirée parmi les invités du Beur de Rachid. 10/10

Au retour, avec Luc, on se disait comment, finalement, il fait bon vivre à Montréal. Si seulement tous les immigrants ou leurs enfants pouvaient rire avec nous, eux-aussi, dans la langue de Molière…

mercredi 4 juillet 2007

Brésil vs Corée du Sud

Assisté hier au match de la Coupe du monde de foot -20 au stade en compagnie du très sympathique Piaille, un pote du Café Pico. Si nous avons passé la seconde demie du premier match opposant les Ricains et les Polacks (allo Grenouille!) à attendre poutines, hot-dogs et coca (15$ !) après avoir néanmoins vu le magicien Adu, un ghanéen qui joue pour les amerloques, nous nous sommes régalés au second affrontement qui opposait mes chers Brésiliens à la Corée du Sud.

Pendant les premières minutes, nous craignions vraiment pour le Brésil tant les «bâtons de rouge à lèvres» attaquaient. Mais c’était sans compter sur les artistes du Brésil et leur maestro Alexandre Pato qui sera assurément une des têtes d’affiche du prochain Mondial de 2009 qui se déroulera en Afrique.

Avec leur façon de pénétrer chez l'ennemi et de faufiler la balle entre la défensive de la Corée, les jaunes nous ont littéralement éblouis portant la marque à 3 à 0. Le massacre du premier (6-1 pour les Yankees) match s’annonçait …

Tandis que les brésiliens se la coulaient douce en proposant un jeu soporifique parsemé de blessures imaginaires, à 15 minutes de la fin du match et tandis que votre serviteur commençait à bailler ferme, les petit rouges menés par le néanmoins superbe Song, qui arborait un morceau de kleenex dans une narine, se sont subitement réveillés avec deux buts coup sur coup. Il s’en eût fallu de peu pour que le match se poursuive en prolongation grâce à Kotex Song. (Après les Protests Songs…)

Surtemps donc, c’est que semblait visiblement souhaiter une bonne part des quelques 33 000 personnes présentes au Stade qui ont chaleureusement salués le réveil des Coréens.

Mais même le renfort à l’attaque du gardien de la Corée n’aura suffit à marquer le
But qui eût changé le cours des choses. C’est donc avec une aura un peu éclatante que les bBésiliens ont quitté le stade olympique.


Puis, au fil de la discussion avec Piaille, qui entre deux analyses scientifiques de sa part, s’enquerrait avec intérêt de mes années galère, une chose se dessinait dans ma tête : faut absolument que je me remette à ce putain de roman dès cet été.

Mais ça, c’est une autre histoire.

lundi 2 juillet 2007

L'ultime fédérateur


Entrevue parue dans l'édition du 3 mai 2m7 de l'hebdo Ici.



De Patrick Bruel à Richard Desjardins en passant par Gilles Vigneault et Céline Dion, Claude Dubois demeure l’ultime fédérateur de la pop québécoise que les Français découvriront bientôt

Claude André

Né d’un flash du producteur Paul Dupont-Hébert ébahit de constater à quel point lors d’un séjour en France, les gens ferdonnent Le Blues du businessman sans connaître son interprète, le florilège Duos Dubois regroupe les Québécois parmi les plus célébrés en terre hexagonale (Céline Dion, Lynda Lemay, Isabelle Boulay, Natasha St-Pier, A-P Gagnon, Corneille, Richard Desjardins, Gilles Vigneault, Garou…).



Françis Cabrel et Patrick Bruel ont également accepté de se joindre à l’escouade musicale histoire de palier à cette lacune culturelle de leurs compatriotes à l’endroit de cette richesse naturelle nationale qu’est Dubois.



Et me voilà heureux mandataire d’une entrevue pour la une avec Ze Wood.



Observateur attentif de sa carrière trépidante depuis mes 15 ans, je caresse depuis toujours le projet d’écrire sa bio. Aussi, plusieurs rumeurs glanées ici et là (surtout là) me taraudent à son sujet depuis un bon moment. Aurai-je l’audace de lui en faire part ? Cassera –t-il la gueule de mes souvenirs… ?



Lundi dernier. J’attends dans le couloir d’un hôtel gratte-ciel du centre-ville. Dubois est calé dans le fauteuil. Dernières salutations à la scribe qui me précède. Dupont-Hébert m’introduit. Dubois a souvenir encore de notre dernière rencontre. Ouf, bon signe. Je m’assieds. Le producteur doit filer. Dubois se tourne vers moi, une jambe par-dessus l’accoudoir du fauteuil. Sommes seuls. « Patrick Bruel et Richard Desjardins sur le même disque, qui d’autres que Claude Dubois parmi les contemporains aurait-pu réussir cela. Tu plais donc à tout le monde ? », lance votre scribouillard. «Ça peut-être interprété ainsi. Mais ce n’est pas toujours le cas. Des fois, je fais chier tout le monde. Mais je fais partie de ces familles. Il y a des chansons que j’ai écrites qui font parties de la pop et ça ne m’a pas toujours servi. Tu ne peux pas être à la fois poétique et littéraire et en même temps pop. Prends Bébé jajoue la toune, ce n’est pas Paul Éluard, soyons précis-là. Peut-être que Le Labrador ça l’est plus. Mais en même temps, je suis fait de même. J’ai grandi sur la rue Sanguinet où il y avait à la fois les robineux d’un bord et les intellos de l’autre. Ça fait partie de ma vie que d’avoir à la fois un ami anthropologue qui reconstitue les langues des Inuits et un autre ancien danseur de claquettes de La Paloma », lance Dubois de son sourire assassin.



Des amitiés



Parmi les amis, il y a aussi eu des icones de la chanson française telles Dutronc, Cherge (lire Gainsbourg) et bien sûr, Françis Cabrel dont Paul Dupont-Hébert dirige la carrière au Québec depuis les débuts. C’est d’ailleurs celui qui aime à mourir qui a été le premier à se joindre au projet : « On s’est installé dans le studio à Monfort et j’ai demandé à l’arrangeur d’étudier le genre d’arrangements que Françis utilise, d’entrer dans sa bulle, de comprendre son monde, quelles sont ses influences et ses pulsions et on a soudé ça à la chanson Pas question d’aventure. Quand Françis est arrivé, il était dans ses habits. Ça lui faisait, c’était son monde puis il a chanté comme si la chanson lui appartenait depuis toujours. Moé, après, c’est là où ma job a commencé. Ce n’était pas dans ma clé. Il fallait que j’invente des lignes. Que j’embarque d’autres sections. J’ai réécrit des bouts, dans les betweens, dans les parties de solos. On ne voulait pas faire des duos pour faire des duos. Il fallait que ma voix arrive à la bonne place et que ce soit joli à entendre. Ça prend du temps et c’est une grosse job », se souvient Dubois.



En ce qui concerne la sélection, il était loisible à chacun des invités de choisir sa chanson et elle lui appartenait de facto. Parait qu’il y aurait eu embouteillage au portillon pour la pièce finalement interprétée par Cabrel.



Si Dieu existe, qui a été écrite avant les ennuis cardiaques que l’on connaît avec en mémoire des flashbacks d’accident qu’il a eu, se retrouve ici co-interprétée avec Céline Dion. Pour une première fois, la voix de la protégée de René Angelil émeut l’auteur de ces lignes. À croire qu’elle lui était destinée… « Elle l’avait choisie. Pour Isabelle, c’était J’ai souvenir encore qu’elle connaissait déjà enfant et qu’elle aimait beaucoup. Lynda, pour sa part, a choisi Comme un million de gens, une chanson qui, disait-elle, l’avait marquée. Il y a des affaires qui sont bien tombées. Dans le cas de Desjardins, la chose était évidente. Lui et Vigneault ça donne la dimension des gars du Nord avec Le Labrador».


Et l’ensemble, en effet, saura assurément titiller le vieux fantasme de la cabane au Canada chez les cousins. Une cabane au beau milieu des forêts qui enchantent faite avec Dubois. Du bois qui chante, évidemment.


Glossaires de mots énervants

Heureux : c’est un mot qui me fatigue. Mettons que ça va ben, tsé. Être heureux, âllo…
Ça vient d’où et ça va où ?

La Morale c’est pareil. Ça vient de qui et ça tend vers quoi ?
Avoir des principes. Ça peut être fatiguant les principes. Ça vient de qui ? Ça va où et sa sert à quoi ? Mais « avoir une vision », à la limite, ça peut-être intéressant. C’est rendu que le mot rêve, c’est extraordinaire, est devenu négatif pendant la dernière campagne électorale. Allô…Quand il y a eu le débat des chefs, on a accusé l’autre de rêver. Ce mot, au contraire, devrait être essentiel. Le rêve est pour moi la raison d’être des individus. Si tu enlèves le rêve aux êtres humains, il n’y a plus rien. On est tous à l’âge de pierre.

Musique du monde : (il s’esclaffe) comme si eux autres c’étaient des twits et que nous autres, on était ben correct. C’est malade quand tu y pense. C’est du racisme total.


La langue Dubois
En 1984 : Sortie Dubois, l’album de la rédemption suite à son voyage au bout de l’enfer en prison et en thérapie.
Tu n’as pas envie parfois encore de consommer de la drogue ?
« Ça fait un criss de bout de temps….Il y a le vieux proverbe de Portage qui nous dit de toujours concevoir qu’on est un drogué en perspective. C’est la théorie du « un jour à la fois » et c’est une vérité. Il faut peut-être aussi changer de vie. Si tu veux arrêter de te geler, change de gang…Si tu restes dans le même trou t’es faite. Moé non, je ne suis pas tenté, il n’y a personne qui en fait autour de moé.»

Des mauvaises langues prétendent que certains contacts proches des milieux politiques t’auraient permis d’amoindrir la sentence qui t’a été infligée à l’époque.
Un hibou passe… « Et si c’était l’inverse. Et si j’avais eu de la tôle à cause de ça. Ça serait pas pire, hein. Et si c’était que l’on avait pas présenté de témoins. Et si c’était qu’un politicien actuel, qui à l’époque était avocat, n’avait pas présenté certains témoins. Faudrait l’écrire, l’histoire. Je ne veux pas trop revenir là-dessus parce que je trouve ça dégradant. J’ai fait le temps (en prison) que je n’avais pas à faire. J’ai fait plus que deux ans de tôle en plus de Portage. Je n’ai pas eu un passe droit. Il y a un truc qui s’appelle la jurisprudence en droit. Allez voir combien ceux qui ont eu l’équivalent de moi, combien de temps ils ont fait et après on regardera combien de temps j’ai fait», dira-t-il d’un ton feutré.