jeudi 12 juillet 2007

Louis-José Houde : humoriste ritalin




Louis-José Houde expliquait hier à Pénélope McQuade à TVA qu'il présentera, dans l'édition actuelle de Juste pour rire, de nouveaux numéros qui n'on pu trouver niche dans le concept de son prochain spectacle. Voici l'entrevue qu'il m'accordait l'année dernière pour le Ici histoire de souligner la fin d'une longue tournée.


Après la 500 ième et ultime représentation de son spectacle éponyme, l’hyperactif pissant Louis-José Houde s’arrête histoire de ne pas saturer le public et d’écrire un nouveau spectacle.

Claude André

Les plus jeunes le voudraient comme papa ou premier ministre. Si l’on tient compte des quatre KARV qu’il a remporté dans un concours annuel orchestré par Vrak TV, de son billet double Platine (200 000 tickets vendus) et d’un sondage Léger Léger, en plus de ses 2 Olivier et de son Félix, Louis-José Houde serait l’artiste grand public le plus hot du Québec avec une dénommée Céline.



Depuis sa graduation de l’École de l’humour en 1998, l’ascension de cet humoriste-ritalin a été fulgurante.



Pourtant, lorsqu’on le rencontre, le personnage, sans faire dans la fausse modestie, n’est surtout pas du genre à étaler ses faits d’armes. Vraiment sympa ce type.



Tandis que le journaliste commande son plat, le comique tombe sur la une de l’hebdo concurrent et remarque, illico, que Sam Robert et ses musicos arborent tous la même tronche. Voilà sans doute tout le secret de Louise-José Houde : un sens de l’observation finement aiguisé.



D’ailleurs, au visionnement du spectacle sur dvd on ne peut que constater que réside là toute la force de cet humoriste. Comme dans ce numéro sur les orteils, par exemple, où il nous rapelle que celui qui est long, laid et tordu ressemble à ... Gaston Lepage !



« Non, je n’ai pas développé cela à l’école de l’humour. Elle te donne une bonne base d’écriture et t’enseigne la discipline. Mon style c’est formé à force de jouer dans les clubs pendant les 3-4 années qui ont suivi ma sortie de l’École. Ce style vient d’essais/erreurs, d’écriture et de tentatives. Lorsqu’on expérimente en permanence des choses, vient un moment où ça se développe. J’ai toujours un cahier de notes avec moi. Souvent, je remarque un truc et ça m’obsède. Je sais que c’est un gag, qu’il y a quelque chose qui sommeille. Une fois, par exemple, je suis entré dans mon propre char mais je me suis assis sur le banc d’en arrière. Je me suis rendu compte qu’on se sent un peu comme dans un rêve. Or, si ça ne devient pas un gag, je vais m’en servir pour établir une comparaison, pour appuyer quelque chose. Je ne pense pas qu’on ait le choix. Que l’on puisse se dire : moi je vais être hard ou moi je vais être plus relations hommes/femmes… », analyse celui qui donne dans l’école des humoristes à l’américaine.



La politesse du désespoir ?



S’il en a un peu marre qu’on lui cause de son débit qu’il devra changer bientôt pour le public de l’Hexagone, Louis-Jo aime bien brosser un parallèle avec le rythme des humoristes amerloques. « Ce qui m’inspire chez des gars comme Seinfield ou Richard Pryor c’est qu’il s’agit de spectacles vraiment beatés. Je parle ici de la livraison de la patente. Mon spectacle était, en effet, très chorégraphié. Mais ça ne veut pas dire que je suis sur le cruise control, mais plutôt qu’on tente, le metteur en scène et moi, d’aller chercher le maximum d’efficacité comique. Le plus beau compliment que l’on puisse m’adresser c’est : j’ai vu ton show et on dirait que tu improvises tout le long », lance-t-il les baguettes en l’air. « Je déteste écouter un humoriste lorsque je perçois l’écriture derrière, quand on sent le travail», poursuit celui dont les mimiques amplifiées évoquent parfois un De Funès dont il vient d’ailleurs de louer les films.



Dvd qu’il aura désormais davantage le temps de visionner ainsi que ses 9 livres de Desproges qu’il vient d’acheter et qu’il aura le temps de lire puisqu’il entend souffler un peu avant de se remettre à l’écriture d’un nouveau spectacle quelque part dans un chalet des Laurentides. « Ça me fait chier de terminer maintenant, parce que je maîtrise parfaitement le show. Je te dirais que j’aurais eu plus envie d’arrêter ver les 200 ou 300 ièmes représentations. Je ne suis plus un homme, je suis un humoriste ! J’aimerais découvrir ce truc, la vie là qu’ils appellent. Genre avoir des chums et une blonde à qui tu parles régulièrement».



Et de soigner ses problèmes stomacaux reliés à l’hélico bacter pilori. Serait-ce parce que l’humour est la politesse du désespoir comme le veut l’aphorisme ? «Wow, c’est ben beau cette phrase. Cela ferais un beau titre de show. Je ne généraliserais pas, mais je suis plutôt d’accord sur le fait que les humoristes sont des angoissés. En fait, ce n’est pas que nous sommes angoissées ou déprimés mais le clash est tellement fort entre faire un show devant 1000 personnes et de se retrouver seul et triste devant ses toasts le matin. Les gens nous regardent autour et pensent que nous sommes sur le bord du suicide. On est tellement habitués de nous voir faire les clowns. Moi, quand je n’ai pas envie de voir du monde, je reste à la maison. ». Jusqu’à l’automne 2007.




Anecdotes de tournée

« En tournée, on sort pas mal. J’ai une bonne relation avec le public et composer avec des gars un peu ivres, c’est ma spécialité. Une fois, nous étions dans un bar universitaire à Sherbrooke. Je vais aux toilettes. Je m’installe devant l’urinoir, le kit dans les mains et il y a deux gars chauds et joyeux qui rentrent. Wouâaaaaaa, c’est lui….Pas capable de pisser. Je me dirige donc vers une cabine. Il y a un mastodonte d’environ 18 ans qui est là. Je lui demande de surveiller la porte. Non seulement il a pris cela au sérieux mais il pensait que je faisais allusion à la porte de la pièce. Moi, avec la musique je n’entends rien. Je sors de la cabine et je le vois dans le couloir de la toilette plein de têtes qui veulent rentrer : « tu rentres pas, Louis-José ne veux pas voir personne ! », disait le mastodonte d’une voix assurée. Je me suis fait insulter ce soir là. Je suis parti de là en me disant : ça n’a pas de bon sang. Ca va faire le tour et je ne vendrai plus jamais un billet à Sherbrooke. »


« Là, rendu à 28 ans. Je coupe les mauvaises choses au fur et à mesure. La poutine à 3h00 du matin par exemple, c’est terminé. C’est toujours là que tu fuckes ta soirée. Que tu tombes sur un tata qui va carrément renverser la table… »


« Moi, j’ai un ulcère à l’estomac. Un soir, pendant la période où l’on donnait des spectacles 6 soirs par semaine, on monte faire un show à Chibougamau. Le problème, c’est qu'on ne jouait pas ce soir-là. Or, quand je joue, je mange très très légèrement. Comme on ne jouait pas donc, je me suis empiffré de junk food, de Burger King et de pop corn. J’arrive à l’hôtel et je suis malade comme un chien. Bien sûr, le lendemain, j’avais un show. J’appelle donc mon médecin à Montréal et il me prescrit trois médicaments dont un très somnolent. J’ai donc livré mon spectacle complètement stone. Je parlais très lentement et j’avais les yeux gros comme ça. C’est le seul show ou mes techniciens ont ri. Eux qui connaissent le spectacle par cœur. Je me rappelle que cela m’avait rassuré sur le fait que les gens ne rient pas uniquement à cause du débit de mes paroles».

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