mercredi 29 février 2012

Le Montréal de Daran


Le Montréal de Daran

Pour son 7ième album studio L’homme dont les bras sont des branches, l’ex leader de Daran  & les chaises et nouveau montréalais Daran s’est entouré de la crème des musiciens d’ici. Heureux comme un pape dans la Cité de Maisonneuve, parions cependant qu’il ne préfère plus dormir dehors. Voici ses meilleures planques.

Daran, est-ce que vous avez écrit ce nouvel album ici et, le cas échéant, quels étaient vos endroits de prédilection pour le faire ?
Je suis venu au Québec avec cet album sous le bras. Je l'ai composé dans mon petit studio d'enregistrement, dans la maison que j'avais en Bretagne, sur l'océan. Il a cependant acquis son statut de véritable «album Québécois»  quand j'ai pris conscience de la qualité des musiciens qui m'entourent à présent.  Je leur ai remis mes démos qui étaient déjà très
élaborées en simple formule guitare/voix et on a réarrangé le tout ensemble en répétition. Chacun ayant la latitude d' y apporter sa propre couleur. Ensuite, on a livré une quarantaine de concerts avec ce nouveau matériel puis nous sommes rentrés en studio pour enregistrer l'album.

Lorsque des amis français vous rendent visite, à quel endroit les amenez-vous
en premier lieu ?
Je leur fait toujours faire un petit tour qui englobe un peu tous les visages de Montréal : le Plateau et ses ruelles, le Vieux et son histoire, le Downtown et son énergie, etc ... Ensuite, je les emmène dans un bon restaurant, pas trop tard, avant qu'ils ne tombent de sommeil en raison du décalage horaire...  

Dans l'ordre : resto, bar et café préférés à Montréal ?
Resto : le Juni sur Laurier, Mikado sur St Denis et Wakamono sur Mont-Royal. Oui, j'aime la cuisine japonaise. Bar : Le vert Bouteille, le Plan B (pour sa terrasse), le Boudoir... Café : Le Art Java sur Mont-Royal  pour son café. Ma cantine !

Bonus track : Selon vous, que manquerait-il à Montréal ?
L'océan ! Mais ça serait trop parfait…



Cet entretien a d'abord été publié dans le Journal Métro

vendredi 24 février 2012

Les p'tits nains


«Les p’tits nains»

Bien que la chose semble aujourd’hui impossible, rectitude politique oblige, la cité de Maisonneuve a déjà eu son «Palais des nains». 

Philippe Nicole et son épouse Rose Dufresne
Situé au 415 rue Rachel Est, ledit palais a été construit en 1926 suite à l’initiative de Philippe Nicole. 

Un «p’tit nain» de moins d’un mètre (83 cm) qui s’était établi à Montréal 13 années plus tôt après avoir fait fortune comme clown avec le cirque Barnum and Bailey et ensuite dans les affaires. 

On raconte que des légions des touristes venus d’un peu partout venaient visiter le palais et ses meubles miniatures à la fois anciens et luxueux. 

Après 20 années de vaines tentatives, Philippe Nicole et sa femme Rose Dufresne, de Lowell Massachussets, ont enfin mis au monde un héritier. 

En effet, le 19 septembre 1926 naissait Philippe Nicole Junior. 

Un poupon de 3 livres et demi qui, plus petit que son père, n’a jamais mesuré plus de 35 pouces. 

Qu’à cela ne tienne, on dit qu’il a été le seul enfant issu de deux parents nains à être demeuré en vie à cette époque. 

Après une carrière de lutteur, Junior s’est éteint dans la solitude absolue le 6 avril 1992 à Montréal.

On a une petite pensée pour lui aujourd’hui…

source.

samedi 18 février 2012

Été 67 : un concert qui promet


Enfin l’été !

La très inspirée et enthousiasmante formation belge Été 67 s’en vient répandre sa bonne nouvelle au Québec. Amateurs de bédé ou de romans de gare, de Lou Reed ou de Johnny Cash, du Velvet et/ou de l’énergie punk ne loupez surtout pas ça.

 Lorsque vous avez commencé, il y a une dizaine d’années, vous proposiez aux gens d’aller chez eux pour leur offrir des concerts privés histoire de vous faire connaitre. Puisque, après 4ième visite, vous débutez encore au Québec, vous pourriez venir jouer dans mon salon (rires) ?
Oui, oui, pourquoi pas ? Il faudrait cependant trouver quelques guitares acoustiques car on jouera en formule électrique pour les shows au Québec. Mais ça me semble faisable. D’autant plus que notre spectacle est toujours différent et adapté en fonction des endroits où l’on se trouve.

Sur scène, est-ce que vous dégagez cette énergie presque punk que l’on retrouve parfois sur certaines chansons de votre album Passer la frontière ?
Oui, la plupart des chansons sont retravaillées pour la scène. Nous voulions faire un album avec des côtés très calmes et d’autres très rock mais le spectacle est nettement plus axé sur le côté rock de notre répertoire. Punk ? Oui, c’est quelque chose que l’on aime beaucoup et c’est vrai que l’on retrouve cette énergie sur scène aussi.

Pourquoi avoir choisi le nom Été 67 plutôt, par exemple, qu’Été 69, une année érotique comme disait Gainsbourg ?
Cela aurait plus érotique en effet. Mais lorsqu’on s’est rencontré et que nous avons formé le groupe nous avions une moyenne d’âge de 14 ans. Nous allions à l’école et nous écoutions la musique anglo-saxonne des années 60. On s’est d’ailleurs regroupé parce que nous avions les mêmes goûts : Beatles, Velvet Underground, Lou Reed puis Bob Dylan, Neil Young et tous ces gens qui nous ont donné envie de faire de la musique.

Influence du mouvement hippie alors ?
Un jour on s’est rendu compte que pas mal d’albums mythiques qui nous ont vraiment influencés sont sortis pendant l’année 67 et particulièrement l’été. C’est aussi, l’été 67, le moment des premiers festivals rock comme à Montreux et des choses comme ça en plus d’être l’avènement du flower power, des hippies, du mouvement psychédélique. Ça nous semblait une belle époque et nous l’avons idéalisée même si on est loin de l’avoir vécue puisque nous sommes tous nés au milieu des années 80.

C’était aussi un été fort particulier pour le Québec (l’Exposition universelle), ce qui expliquerait la complicité mystique entre votre formation et les gens d’ici (rires)…
Oui, tout a fait. À chaque fois que l’on vient par chez vous les gens sont tous intrigués par notre nom. Le fait que l’été 67 soit si particulier pour le Québec, on l’a bien compris et c’est un argument de plus pour notre nom. On a vraiment un bon contact avec vous. Nous avons  pas mal bourlingué en Allemagne et tout ça et c’est au Québec que l’on se sent le mieux compris et accueilli. Peut-être est-ce aussi imputable au fait que notre démarche consiste à mélanger des courants  musicaux anglo-saxons à des textes en langue française ?


Le 18 février à l’Astral à 20 h.
Dans le cadre de Montréal en lumière
En première partie Experimental Tropic Blues Band







vendredi 17 février 2012

Philippe B : Un bon plan











Accueilli chaleureusement par les observateurs depuis la parution, en avril dernier, de l'excellent 
Variations fantômes, Philippe B livrera deux spectacles en compagnie du Quatuor Molinari ce soir dans le cadre de Montréal en lumière. J'ai eu la chance de lui causer il y a quelques semaines pour le Journal Métro.



En quoi aurons-nous droit à une version « de luxe » de l’album?
Parce que c’est un peu un luxe, pour moi, de faire revivre les échantillonnages de musique classique qui sont sur mon album. Ça change quand même pas mal des shows que je fais, seul, depuis avril.

Est-ce que l’idée de mélanger des extraits de classique à des chansons pop ou folk est inspirée de Gainsbourg, qui l’a lui-même fait à quelques reprises?
Dans son cas, cela était plutôt intégré à ses affaires. Je crois qu’il fallait qu’on le sache pour s’en rendre compte. Moi, je ne voulais surtout pas donner l’impression que j’empruntais au classique sans le dire. Le flash? J’étais un gars tout seul et je composais avec mon ordi. À part la guitare, je ne joue pas de milliers d’instruments. Un jour, il y a sept ou huit ans, alors que je composais une chanson (Philadelphie) et que je trouvais qu’il y manquait quelque chose, j’ai écouté plein de disques. Finalement, j’y ai « samplé » La Mer de Debussy. C’était la première fois que je faisais cela et j’ai ensuite appris à aimer l’effet que ça produisait sur les pièces. J’ai également utilisé cette technique pour mon deuxième album. Comme on le dit en anglais : necessity is the mother of invention.

Au point où c’est devenu le concept majeur du troisième album…
Un membre du Quatuor Molinari, Frédéric Lambert, un ami avec qui je travaillais sur Taxidermie, mon deuxième disque, m’a dit alors que je cherchais un fil conducteur pour le troisième : « J’aime bien tes textes, mais ce que je préfère ce sont tes tounes où il y a du sampling. Tu devrais mettre l’accent là-dessus. » Au moment même où je cherchais partout comme un cave, il venait, avec une simplicité désarmante, de trouver mon concept (rires).

Un peu comme chez Pierre Lapointe avec qui tu collabores, on remarque dans ta démarche une volonté de toucher aux grandes œuvres mais aussi aux diverses disciplines artistiques, comme la danse, le classique ou la photo que tu mêles à une esthétique très seventies.
C’est vrai que Pierre est un boulimique de culture et d’arts visuels. Moi, ce qui me touche le plus en arts visuels, c’est la photo. Sinon, je suis très cinéma et culture populaire. Je suis aussi un enfant de Musique Plus. Pour moi, les clips ne représentent pas une bébelle promotionnelle, mais bien quelque chose de très agréable à fabriquer comme complément à la chanson.

L’ombre d’une peine d’amour planait sur Variations Fantômes. Pour la suite…?
Deux ans plus tard, ce n’est plus ce que je vis sur le plan émotif. Sur le prochain disque, on ne retrouvera ni sampling de musique classique ni peine d’amour. Il n’y a encore rien d’établi précisément, mais j’ai envie de quelque chose de tout aussi personnel qui soit empreint de légèreté. On restera dans le folk et la simplicité, mais en mettant de côté le gars qui pleure tout seul dans son coin.






Philippe B et le Quatuor Molinari
Vendredi 17 février à 23 h 00
Conservatoire de musique de Montréal
4750, avenue Henri-Julien, 1er étage


jeudi 16 février 2012

Sarko et son ancêtre ?



Une nouvelle campagne commence en France et Sarko, l'hardi politicien, se représente. Rigolons un peu.

Denis Côté cause des Rendez-vous

J'ai eu le bonheur de rencontrer récemment, pour le quotidien Métro, mon ex-collègue des belles années de l'hebdo culturel Ici, le cinéaste Denis Côté, histoire de causer de son dernier film Bestiaire. 


Une oeuvre «interactive» tournée au Parc Safari qui ouvrait hier la 30e édition des Rendez-vous du cinéma québécois (RVCQ).


Voici trois questions. 


Ça te fait quoi d’ouvrir les RVCQ?
Dominique Dugas, programmateur du festival, est un vieil ami que j’avais déjà invité dans ma salle de montage pour obtenir son avis sur mes autres films. Il est venu encore une fois pour Bestiaire. On s’est alors mis à discuter sur l’idée de présenter ce film en clôture, tout en se posant une question : n’était-ce pas trop couillu? Il m’a dit : «Je te reviens là-dessus», pour finalement me lancer : «Qu’est-ce que tu penserais de l’ouverture?» 
J’ai répondu : «Non », comme le producteur et le distributeur. Pas parce qu’on ne voulait pas, mais on a pensé que cela ne faisait pas tellement vedettes et tapis rouge. Surtout pour un trentième anniversaire. Dominique est revenu à la charge : «Nous avons fait certains choix dans le passé que nous n’aurions peut-être pas dû faire et là, c’est le moment de mettre notre poing sur la table et d’affirmer haut fort quel genre de cinéma on a envie d’encourager.» Je me suis tu un instant, puis j’ai dit : «Bravo pour votre audace.»


Fier de ton coup alors?
C’est sûr que je ris un petit peu. Quand j’ai présenté Curling en clôture du Festival du Nouveau Cinéma (en 2010), ça allait, c’est un film narratif. Mais là, de voir 700 à 800 personnes, assez proches de l’industrie, un petit peu prises en otage avec ce film-là, est une expérience que je veux vivre. Et cela n’a aucun rapport avec le fait que j’ai réalisé ou non ce film (sourire).

Une anecdote liée au RVCQ?
J’ai présenté un film à chaque Rendez-vous depuis les 14 dernières années. Je suis probablement le cinéaste le plus abonné à ce festival, qui n’a refusé qu’un seul de mes films, à mes débuts, alors que j’étais encore inconnu. Et ce n’est pas parce qu’on fait une entrevue que je le dis, mais j’ai toujours pensé que ce festival était le mieux organisé à Montréal. Ça marche tout le temps, il s’y passe toujours quelque chose d’unique. Un film que je souhaiterais rattraper? Je vais aller voir Marécages de Guy Édoin.


mercredi 15 février 2012

Recension musicale


Aurélie Cabrel
Oserai-je ?
L’inévitable parallèle avec le paternel, souvent magnifique, n’a pas lieu d’être. La jeune femme de 25 ans au chant feutré propose sur ce premier chapitre une pop vernie d’électro des plus conventionnelle quoique bien faite. Sur le plan textuel, elle signe des textes honnêtes, parfois naïfs (trop) entre ceux des potes dont le Belge Esthen. Le tout s’écoute agréablement en sourdine mais, hélas, rien pour écrire à son père. ** ½





Ivy
Hors des sentiers battus

Deuxième album pour le précurseur du slam québécois (bien que Francoeur et Péloquin en faisaient avant la lettre), qui, entre les évocations des poètes et l’influence de Ferré (voir la pièce Merci) pose un regard humaniste sur la société post-moderne en jonglant avec les mots comme d’autres avec des concepts. Sur des arrangements savoureux, notamment de cordes, signés Philippe Brault (Pierre Lapointe), le tout s’avère rythmé, ludique, émouvant et colérique. *** ½ 




Allain Leprest
Leprest symphonique
Sa voix n’était pas toujours juste. Sur scène, il tanguait parfois d’ivresse entre deux vers. Mais Allain Leprest, qui nous a quitté le 15 août dernier, planait avec ses ailes d’albatros entre la transcendance du verbe et ses racines d'irréductible communiste toujours près des choses vraies. Voici ses derniers enregistrements en version symphonique où se greffent Daniel Lavoie, Christophe, Kent, Enzo Enzo et Sanseverino. Pour aficionados de chansons à textes. ****




Cette petite recension marque la fin de ma collaboration avec le 24 H à titre de critique musical. Une époque se termine pour moi et une nouvelle aventure m'attends dans les pages du quotidien Métro. Merci.