vendredi 30 mai 2008

Arthur H


Rayons H

Sortez vos boules disco et pantalons en fortrel, Arthur H s’apprête à faire danser le soleil de l’été 2008 avec son nouveau vaisseau; L’Homme du monde.

Claude André

Sur le Net, on peut découvrir l’Arthur, lunettes de soleil seventies et veste de paillettes, entouré de nonnes nous balancer l’irrésistible «Dancing with Madonna». Un éventuel tube absolument disco comme à l’époque des boules en miroirs qui devrait embraser les dancefloors. On est loin de l’artiste ténébreux et underground qui plait tant à une certaine faune alternative. Cette nouvelle dégaine pouvait déjà se ressentir en mars dernier lors d’une séance d’écoute où nous étions quelques scribes à savourer l’album à venir en compagnie d’un Arthur visiblement serein tandis que les hauts parleurs diffusaient «Naissance d’un soleil». Une pièce sur sa nouvelle paternité où il célèbre, tel un Aztèque allumé, «le soleil (qui) nous éclabousse du sang de pamplemousse». L’Arthur H nous cachait-il un côté clubber et hop-la-vie ? «J’adore danser mais plutôt tout seul chez moi en général ou alors dans des fêtes comme ça, improvisées. quoi. J’ai toujours dansé en fait depuis que j’ai découvert le reggae quand j’avais quatorze ans. Il ya quelques années, il a nous a fallu assumer sur scène que nous étions des groovers refoulés et lâcher le cheval sauvage qui dormait dans notre ventre», rigole celui qui a intitulé son dernier opus L’Homme du monde parce qu’il se sentirait désormais davantage terrestre qu’autrefois.

Du temps où il dégustait la mélancolie comme d’autre des verres de beaujolais. «Avant ça me rendait heureux d’être mélancolique et, disons, légèrement à l’Ouest. Maintenant ça me rend heureux d’avoir les deux pieds sur terre et de vibrer correctement. Comme tout le monde, j’ai vécu des histoires d’amour très douloureuses et à un moment tu te dis : si c’est très douloureux, ça peut être aussi très merveilleux car si une chose existe, son contraire existe également. Et puis la naissance d’un enfant te fait ressentir à la fois la magie et la précarité d’être vivant.»

Money talk

Et il est vrai également que l’insécurité financière se fait beaucoup plus pesante avec un gamin. En filigrane sur L’Homme du monde, on retrouve souvent des allusions directes au fric. Comme si l’artiste voulait assumer une volonté plus ou moins consciente de toucher du blé. L’album s’ouvre d’ailleurs avec une chanson intitulée «L’abondance» et sa «pluie de milliards sur les goldens boys» sans compter les deux ou trois autres pièces où il est question de tunes dont «Dancing with Madonna» dont le seul prénom évoque le cash. Après avoir discouru sur le rôle fondamental de l’argent dans notre époque, Mister H confiera ce qui explique en grande partie son virage pop. «Lors de mon avant dernière tournée, j’ai joué dans des salles à moitié vides. Et cela peu s’avérer un peu humiliant après un certain moment. Quand tu fais quelque chose de qualité et que tu as envie de donner le meilleur aux gens et qu’ils ne sont pas là, pas curieux, soit tu les accuses ou tu te remets en question. Moi, j’ai choisi la seconde option», explique le fils du grand Jacques Higelin.

Au fait, une autre des très belles chansons de ce dernier chapitre funk, disco, groovy réalisé par Jean Massicotte et arrangé Nicolas Repac, s’intitule Cosmonaute Père & Fils. Inspiré par un passage d’une chanson de Nick Cave, ce texte vêtu de sonorités pinkfloydiennes est-il un clin d’œil à papa Higelin ? « Ce n’est pas un clin d’œil, c’est notre histoire (silence)».

Of course, mais puisqu’il y est question d’un père en orbite, serait-il possible qu’il s’agisse de Gainsbourg dont il serait le fils biologique comme le veut une rumeur qui circule dans le milieu musical (regardez les oreilles des deux !) ? «Non, je ne pense pas». Donc la rumeur est démentie ? «Voilà, tout à fait». Quoi qu’il en soit, cet enfant de la bédé et de la culture pop qui nous reviendra en spectacle dans un an devrait enfin franchir la frontière invisible qui sépare la crédibilité clandestine du succès rayonnant.

Arthur H
L’Homme du monde
Universal


Madonna dansera-t-elle sur du H ?

La Madone a –t-elle entendu la pièce que lui a consacré notre néo-disco préféré ?

«Je pense que Lhasa (une amie proche d’Arthur) et Madonna devait se rencontrer au sujet de la musique qu’a prise cette dernière à Lhasa pour son documentaire sur le Malawi. Elle m’a proposé de lui donner ma chanson à cette occasion mais je n’étais pas très chaud à l’idée. Moi, je parle plutôt évidemment de la Sainte-Vierge que de Madonna. Alors, faudrait que je demande plutôt au pape», explique le plus sérieusement du monde l’artiste avant que le journaliste ne s’esclaffe et lance : «j’ai vu le clip et étudié les paroles mon cher, la référence à l’icône pop de la musique est directe». « En fait ce que tu as vu c’est une blague, un mini clip. On vient de terminer le clip et je suis un super héros et j’attaque la Chine. Si ça serait cool qu’elle le voit ? Je pense qu’elle a d’autres chats à fouetter en ce moment que de regarder un p’tit français qui veut danser avec elle. Je ne pense pas que ce soit une de ses priorités (rires)».On pourra lui demander puisqu’elle s’en vient bientôt. À suivre…

jeudi 29 mai 2008

Georges Moustaki

Une erreur s'est glissée à la révision de mon texte dans le Ici de cette semaine. Il fallait lire que Moustaki avait écrit pour lui et d'autres tels Piaf, Reggiani, Barbara ou Montand. Et non pas tels Piaf.... D'autant plus que Reggiani et Montand n'ont pas écrit leurs chansons.... Voici la bonne version.

L’homme descend du songe

L’un des derniers membres vivant du gotha de la chanson française revient nous faire rêver en compagnie de ses 4 musiciens.

Claude André

Le vénérable septuagénaire, qui a écrit plusieurs standards gravés dans le patrimoine de la chanson française pour lui et d’autres tels Piaf, Reggiani, Barbara ou Montand, revient pour nous présenter son vingtième disque, Solitaire. Un chapitre à la fois mélancolique, engagé et nostalgique où il reprend «Ma solitude» en plus de souffler ses vers en compagnie de Vincent Delerm, Cali, la chanteuse de jazz Stacey Kent et Pink Martini. «C’est peut-être le disque qui me ressemble le plus dans les ambiances et les orchestrations. L’arrangeur Vincent Segal n’a pas voulu à tout prix imposer sa personnalité. Il a épousé la mienne avec beaucoup de modestie», murmure le métèque qui a dédié cet opus au regretté Henry Salvador. «Notre maître à tous», comme le stipule la chanson «Le temps de nos guitares» dans laquelle il se souvient aussi de Brassens, Gainsbourg, Félix, Charlebois et Aristide Bruant ressuscité par Coluche. «Il s’agissait de maître ès guitare bien entendu», précise l’artiste qui a changé son prénom Giuseppe pour celui de Georges en hommage à Brassens tandis que le journaliste se pince pour être sur de ne pas rêver qu’il cause réellement à l’auteur de Sarah, Milord et autres Ma liberté.

Puis, l’auteur de ce texte apprendra, à grands regrets d’ailleurs, à M. Moustaki qu’Aristide Bruant, le célèbre chanteur réaliste peint par Toulouse-Lautrec, qu’il évoque était aussi un ancien candidat politique qui s’était présenté sous une bannière fasciste et antisémite en 1898 à Belleville Saint-Fargeau. Après échange de courriel et vérifications qui l’amènent à me faire part de son désarroi, le juif errant et pâtre grec Moustaki précise qu’il ne modifiera pas le texte en question. «C'est affligeant, mais je n'ai pas l'intention de modifier ma chanson. Bruant garde sa valeur artistique ; même si sa carrière de politicien a été aussi lamentable que ses idées politiques. On pourrait en parler longtemps»…Ça sera pour une autre fois.

La révolution permanente ?

Mais on peut entre-temps causer de mai 68 et de l’engagé Cali avec lequel il interprète «Sans la nommer», une chanson des années 70 dans laquelle il louange la révolution. Pour Cali on le sait, mais Georges Moustaki, au soir de sa vie, croit-il encore aux lendemains qui chantent pour reprendre un slogan soixante-huitard ? « Avec Cali, on a milité dans les mêmes rangs aux dernières élections présidentielles. C’est une chanson qui traduit notre conviction. C’est difficile d’y croire vraiment (sourire) mais on peut espérer. De l’amertume ? Non, mais j’ai parfois d’autres sortes de consternations. Comme je ne suis plus un adolescent idéaliste, j’attends des choses mais sans trop d’illusions et je n’espère pas des autres qu’ils fassent les choses à ma place», confie l’homme qui «n’invente rien» lorsqu’il écrit une chanson. Fut-elle au sujet d’une jeune Mélanie qui se donne à tous ses amis dont Moustaki lui-même comme le raconte la jolie Mélanie faisait l’amour. Une pièce qui fleure bon les effluves de Madame Nostalgie, pour reprendre le titre de l’un des chefs d’œuvres de Moustaki chanté par Reggiani. «Il y a toujours un peu de nostalgie quand on regarde derrière soi mais ce n’est pas attristant. Quant à Reggiani, il nous manque à tous et moi un peu plus parce nous étions très proche. Notre aventure de chanteurs nous a uni dans une amitié qui a duré jusqu’à la fin», soutient l’homme modeste et intelligent comme le sont la plupart de ceux de sa trempe et qui refusera de parler de son influence ou de dévoiler à un collègue qui a été la personne la plus importante parmi toutes celles qui en ennoblie sa carrière.

Une confidence cependant même s’il n’aime pas faire des choix et dont la devise demeure «l’homme descend du songe» : «j’ai un faible pour ma chanson Sarah». Nous aussi…

Solitaire (album et spectacle)

12-13 et 14 juin au Théâtre Outremont

jeudi 15 mai 2008

Berry: Mademoiselle


Berry

Mademoiselle
Universal/Dep

Sur le communiqué, on la présente comme la fille de Melody Nelson. L’allusion au chef d’œuvre de Gainsbourg bien que pompeuse n’est pas dénuée de sens bien que nous, on entende surtout des relents de Françoise Hardy, Keren Ann et Carla Bruni. Journal intime murmuré faussement indolent, la très belle trentenaire possède une jolie plume et chante même Verlaine sur cet album garni d’orchestrations de cordes très classe. Avec des pièces sucrées et très accrocheuses comme «Mademoiselle» ou «Le Bonheur» (qui n’existerait pas), mais qui le deviennent moins en fin au milieu de l’album, l’ancienne comédienne cartonnera assurément. Mais nous, on s’en souviendra encore dans dix ans ? (CA) ***

dimanche 11 mai 2008

Perles journalistiques

Les journaux de la région de Montréal
regorgent de perles savoureuses,
tout particulièrement dans les annonces


Merci à Dominique Richard.

  • Vidal Salvo maison de beauté recherche têtes à couper et coiffer. Participation : 8 00$ pour la coupe.
  • AVIS aux pêcheurs : Si vous trouvez brochets ou perchaudes avec dentier d’humain, dans les environs de Lacolle ou St-Paul, S.V.P. contactez Robert Boudreau, Lacolle.
  • Motoneige Polaris Indy Trail 500, 1500 miles, poignées chauffantes, confort, puissance, économie, jamais sortie l’hiver, $3,500.00.
  • Prenez avis que M. Michel Laberge s’adressera au Ministère de la Justice afin d’obtenir un certificat permettant de changer son nom pour Nhwawhacha-Quenthwane-Nequenchatha.
  • Préparation de Curriculum Vitae, travaux scolaires, corrige les photes. 5 ans d’expérience.
  • Logement à louer, 3 1/2 pces, propre, planchers fournis, libre, possibilité meublé, bon prix.
  • Ensemble de golf comprenant 3 bois, 9 fers, 1 carrosse, 1 sac, 1 paire de souliers, 2 têtes de lit, bibliothèque 39".
  • À VENDRE - Piscine ronde 15 po. de diamètre par 3 po. de profondeur avec accessoires.
  • Vous voulez un grand terrain dans un secteur paisible avec sous-sol fini et combustion lente ?
  • Érablière. 1000 entailles sur tubulures avec tout l’équipement, puits artésien pouvant servir de chalet.
  • Achèterais maison à Saint-Calixte en face d’un lac de préférence non loin du cimetière. Paierais gros prix…
  • À vendre : 2 frigidaires usagés, très propres et en bon état de fonctionnement. Idéal pour chaleur.
  • Perdu: Beagle, partiellement aveugle, dur d’oreille, castré, répondant au nom de Chanceux.
  • Pit Bull à vendre : propriétaire décédé.
  • L’hôtel a des allées de bowling, des courts de tennis, des lits confortables et d’autres facilités athlétiques.
  • Nous construisons des corps qui durent une vie entière.
  • Bas de dentelle. Fabriqués pour aller avec une robe de soirée, mais tellement pratiques que bien des femmes ne portent rien d’autre.
  • À vendre : diamants $20.00; microscope $15.00.
  • Un restaurant superbe et peu coûteux. Fine cuisine, servie de façon experte par des serveuses en formes appétissantes.
  • Spécial du midi : dinde $2.35; poulet ou bœuf $2.25; enfants $2.00.
  • À vendre : un bureau antique parfait pour une femme avec des pattes solides et des grands tiroirs.
  • Voici votre chance de vous faire percer les oreilles et d’obtenir une paire supplémentaire pour ramener à la maison.
  • Demandé : filles célibataires pour cueillir des fruits frais et produire la nuit.
  • Nous ne déchirons pas vos vêtements avec de la machinerie. Nous le faisons avec soin à la main.
  • Fatigué de vous laver ? Laissez-moi le faire.
  • Spécial de vacances : faites exterminer votre maison.
  • Illettré ? Écrivez-nous maintenant pour de l’aide gratuite.
  • Jeune femme demandée pour assister un magicien dans une illusion de coupage de tête. Assurance et salaire.
  • Vente d’après Noël semi-annuelle.
  • Nous huilerons votre machine à coudre et ajusterons la tension dans votre maison pour $1.00.
  • Autos usagées : pourquoi aller ailleurs pour vous faire avoir ? Venez ici d’abord !
  • À vendre : une chaise haute rembourrée pouvant être transformée en table, petite chaise, cheval à bascule, réfrigérateur, manteau de printemps grandeur 8 avec collet de fourrure.
  • Grille-pain : un cadeau que tout le monde apprécie. Brûle le pain automatiquement.
  • Vente de Noël : cadeaux faits à la main pour la personne difficile à trouver.
  • Service de réparation d’auto. Cueillette et livraison gratuite. Essayez-nous une fois et vous n’irez plus jamais nulle part.
  • Nos bikinis sont excitants. Ils sont simplement le top.
  • Homme, honnête. Prendrait n'importe quoi.
  • Demandé : homme pour s’occuper de vache qui ne fume pas et ne boit pas.
  • Professeur de 3 ans demandé pour préscolaire. Expérience un atout.

jeudi 8 mai 2008

L’Alchimiste et les personnages

Alchimiste de la note, le solitaire Yves Desrosiers présente sa première mouture personnelle composée de Chansons indociles.

Claude André

Pour les gens qui ne le connaissent pas et l’aperçoivent déambuler les rues du Plateau sur son tricycle accompagné de son gamin de 11 ans qui s’éclate dans le charriot, ce mal rasé qui arbore converse noirs et chapeau melon peut ressembler à un hurluberlu sorti tout droit d’un film surréaliste.

Imaginez le en train de monter une sculpture de métal faite de bric et de broc ou de jouer d’un des instruments qu’il a inventé, et vous avez là un personnage qui n’aurait pas déplu à un Fellini.

D’ailleurs, comme tous les personnages, le surdoué autodidacte affectionne, lorsqu’il sort de sa solitude professionnelle, s’entourer de personnalités artistiques très fortes.

Il est en grande parti responsable du majestueux premier album, de Lhasa, La Llonora et à réalisé le Kanasuta de Richard Desjardins en plus d’avoir été de la Sale Affaire de Jean Leloup qui se pointera d’ailleurs, par hasard, au resto de notre entretien et avec lequel Desrosiers repartira tailler sa route.

La racontre

Parmi les personnages qui peuplent l’univers de l’artiste, on retrouve bien sûr le poète russe Vladimir Vissotsky auquel il a rendu un hommage marquant dans l’histoire de la chanson made in Kebec avec le sublime Volodia en 2002. Mais voilà, le musicos sollicité de part et d’autres pour son ascendant créatif ne possédait toujours pas d’album véritablement personnel.

Il aura fallu la rencontre avec le cinéaste, comédien et autre personnage Robin Aubert, un compulsif de l’écriture, lorsque ce dernier l’avait réquisitionné pour la création de la trame sonore du film St-Martyre-des-Damnés, pour que Desrosiers planche à un album perso. « Je cherchais du monde pour faire des textes. J’ai essayé avec plusieurs personnes mais ça ne colle pas tout le temps. Jusqu’à temps que je tombe sur Robin et ses textes qui n’étaient pas nécessairement des chansons au départ. Avant ça j’ai essayé d’en écrire et il y en trois sur cet album qui sont des textes que j’ai faits entre Volodia et aujourd’hui. Je me disais : peut-être que je vais finir par écrire un album au complet… On peut-être capable de le faire mais encore faut-il aimer cela (…). La première chanson qui est arrivée est « Maria ». Une commande que j’ai faite à Bïa. Je voulais parler un peu de la religion par le biais de questions à la Sainte-Vierge. Parce qu’on ne l’a jamais entendu parler, on ne connait pas son avis », lance Desrosiers avec un rire moqueur en tartinant ses croissants.

Puis, la suite des choses s’est faite naturellement lorsque Robert lui a fait parvenir des textes en lui demandant « s’il y avait quelque chose à faire avec ça ? ». Nous est avis que le cinéaste sera absolument ravi de la réponse lorsqu’il entendra le trio de Desrosiers donner une nouvelle vie à ses personnages de cahiers entre deux poèmes du déchirant Vissotsky.

Chansons indociles
Audiogram/Select

jeudi 1 mai 2008

Le fou du roi


En hommage au poète Gilbert Langevin, un poème que j'ai écrit en 1995 par une nuit moins blanche qu'à l'habitude tandis qu'il s'apprêtait à fracasser la fenêtre noire depuis l'hosto. Nostalgie.

Le corbeau de la nuit s'est tu
L'albatros a perdu ses ailes
Bientôt les volières de la rue
Nous semblerons un peu cruelles

Le fou du roi s'est exilé
La Saint-Denis se fait vieillarde
Quand les poètes ont la nausée
La bohème devient blafarde

Mais toi l'ange tu seras éternelle
La mort n'est toujours qu'un symbole
Même si nos nuits se font moins belles
Nous buvons encore tes paroles

Aussi immense que l'océan
Encore plus fou que l'univers
Tel un Prométhée du néant
Tu brandissais de chimères

Au banquet des oiseaux de passages
Tâche de nous garder une proie
Car si l'amour est un naufrage
Ta liberté est notre loi

Si un jour Lucifer nous réclame
Et nous invite à te suivre
Les vivants garderont ton âme
Dans tes poèmes et dans tes livres

Zachary Richard discographié

Zachary l'encyclopédiste qui s'esclaffe devant votre hôte il y a trois semaines au restaurant Leméac



Ennobli, notamment, de ses trois derniers grands crûs dont le plus récent Lumière dans le noir, ce maître de l’americana et ses chansons cinématographiques viendra faire danser les louas (lire esprits) au théâtre Outremont le 2 mai prochain en compagnie de 4 musiciens dont l’as guitariste Éric Sauviat. En attendant, c’est l’érudition de son propos sur la musique américaine et son histoire qui devait nous laisser pantois. Beaucoup d’autres infos se retrouvent sur zacharyrichard.com section Rapport mensuel.

Claude André

Le bouddhiste que tu es a –t-il une musique de prédilection pour méditer ?

On n’écoute pas de la musique en faisant de la méditation, d’abord. Mais, il y a plusieurs japonais qui jouent du sakaguchi, une flûte japonaise d’apparence simple mais très complexe. Je trouve ça très charmant et ça se marie bien avec la contemplation dans un esprit de zen.

Outre celle de Lennon «Give Peace a Chance», qu’elle est ta chanson pacifiste de prédilection ?

J’ai un grand fétiche pour les chansons de Bob Dylan des débuts… «Blowin’ In the Wind» est une élégante recherche d’engagement pacifiste.

Tu es à la fois Américain, Québécois et Français, quels seraient tes meilleurs disques de chacune de ces identités ?

Je suis mal pris parce que québécois, je connais un peu et français pas du tout. Il faut comprendre que ma tradition musicale et toute ma formation sont absolument américaines. J’ai été quand extrêmement influencé et bouleversé en arrivant au Québec parce qui se passait ici dans les années soixante-dix. Notamment, par Harmonium qui a eu une influence très directe sur mon troisième album Mardi Gras et le quatrième Migration. Il y a eu aussi Raôul Dugay et «La Bitt à Tibi», il y avait alors une effervescence dans la société québécoise. En France Je viens de découvrir «Amsterdam» du Belge Jacques Brel, c’est merveilleux... Quand je suis arrivé en France, j’ai été propulsé dans le mouvement du folk et ça n’a pas eu une très longue vie ce phénomène là.

Il y a eu Hugues Aufray qui a traduit et chanté Dylan en français…

Je ça trouve ça lamentable qu’une tradition musicale aussi importante que la française soit obligée d’aller traduire… J’ai toujours eu une espèce de mépris, je pense que c’est le mot, pour ça…

Il a quand même permit aux Français de connaître Dylan ce qui n’aurait peut-être pas été le cas autrement (sa conjointe et gérante, Française, intervient pour approuver).

Qu’est-ce qu’ils en ont à foutre de Dylan quand ils ont Jacques Brel…Il y a un côté américanophile dans la culture française que je trouve absurde car ils vont vers ce qu’il y a de plus clinquant et passent à côté de ce qui possède plus de substance. Ce qui me touche dans la culture américaine n’a jamais résonné en France (…) La France, avec toute sa richesse, devrait proposer une vraie alternative à la culture américaine.

Des exemples ?

De nos jours, Lyle Lovett, Nanci Griffith, Joe Eurydice sont des auteurs qui, bien qu’un peu marginaux aux États-Unis, représentent ce qu’il y a de mieux dans la tradition américaine.

Un fantasme musical ?

Jouer de l’harmonica avec Muddy Watters. C’est un vrai un fantasme parce qu’il est décédé mais bon, moi mes idoles sont tous de vieux bluesmans. C’est le blues qui m’a le plus marqué et si j’étais naufragé sur une île déserte il me faudrait «Hard Again», de Muddy Watters.


Dan Boucher et moi, heureux et médusés par la leçon d'histoire de la musique américaine dispensée par le maitre Zachary Richard.