jeudi 29 mai 2008

Georges Moustaki

Une erreur s'est glissée à la révision de mon texte dans le Ici de cette semaine. Il fallait lire que Moustaki avait écrit pour lui et d'autres tels Piaf, Reggiani, Barbara ou Montand. Et non pas tels Piaf.... D'autant plus que Reggiani et Montand n'ont pas écrit leurs chansons.... Voici la bonne version.

L’homme descend du songe

L’un des derniers membres vivant du gotha de la chanson française revient nous faire rêver en compagnie de ses 4 musiciens.

Claude André

Le vénérable septuagénaire, qui a écrit plusieurs standards gravés dans le patrimoine de la chanson française pour lui et d’autres tels Piaf, Reggiani, Barbara ou Montand, revient pour nous présenter son vingtième disque, Solitaire. Un chapitre à la fois mélancolique, engagé et nostalgique où il reprend «Ma solitude» en plus de souffler ses vers en compagnie de Vincent Delerm, Cali, la chanteuse de jazz Stacey Kent et Pink Martini. «C’est peut-être le disque qui me ressemble le plus dans les ambiances et les orchestrations. L’arrangeur Vincent Segal n’a pas voulu à tout prix imposer sa personnalité. Il a épousé la mienne avec beaucoup de modestie», murmure le métèque qui a dédié cet opus au regretté Henry Salvador. «Notre maître à tous», comme le stipule la chanson «Le temps de nos guitares» dans laquelle il se souvient aussi de Brassens, Gainsbourg, Félix, Charlebois et Aristide Bruant ressuscité par Coluche. «Il s’agissait de maître ès guitare bien entendu», précise l’artiste qui a changé son prénom Giuseppe pour celui de Georges en hommage à Brassens tandis que le journaliste se pince pour être sur de ne pas rêver qu’il cause réellement à l’auteur de Sarah, Milord et autres Ma liberté.

Puis, l’auteur de ce texte apprendra, à grands regrets d’ailleurs, à M. Moustaki qu’Aristide Bruant, le célèbre chanteur réaliste peint par Toulouse-Lautrec, qu’il évoque était aussi un ancien candidat politique qui s’était présenté sous une bannière fasciste et antisémite en 1898 à Belleville Saint-Fargeau. Après échange de courriel et vérifications qui l’amènent à me faire part de son désarroi, le juif errant et pâtre grec Moustaki précise qu’il ne modifiera pas le texte en question. «C'est affligeant, mais je n'ai pas l'intention de modifier ma chanson. Bruant garde sa valeur artistique ; même si sa carrière de politicien a été aussi lamentable que ses idées politiques. On pourrait en parler longtemps»…Ça sera pour une autre fois.

La révolution permanente ?

Mais on peut entre-temps causer de mai 68 et de l’engagé Cali avec lequel il interprète «Sans la nommer», une chanson des années 70 dans laquelle il louange la révolution. Pour Cali on le sait, mais Georges Moustaki, au soir de sa vie, croit-il encore aux lendemains qui chantent pour reprendre un slogan soixante-huitard ? « Avec Cali, on a milité dans les mêmes rangs aux dernières élections présidentielles. C’est une chanson qui traduit notre conviction. C’est difficile d’y croire vraiment (sourire) mais on peut espérer. De l’amertume ? Non, mais j’ai parfois d’autres sortes de consternations. Comme je ne suis plus un adolescent idéaliste, j’attends des choses mais sans trop d’illusions et je n’espère pas des autres qu’ils fassent les choses à ma place», confie l’homme qui «n’invente rien» lorsqu’il écrit une chanson. Fut-elle au sujet d’une jeune Mélanie qui se donne à tous ses amis dont Moustaki lui-même comme le raconte la jolie Mélanie faisait l’amour. Une pièce qui fleure bon les effluves de Madame Nostalgie, pour reprendre le titre de l’un des chefs d’œuvres de Moustaki chanté par Reggiani. «Il y a toujours un peu de nostalgie quand on regarde derrière soi mais ce n’est pas attristant. Quant à Reggiani, il nous manque à tous et moi un peu plus parce nous étions très proche. Notre aventure de chanteurs nous a uni dans une amitié qui a duré jusqu’à la fin», soutient l’homme modeste et intelligent comme le sont la plupart de ceux de sa trempe et qui refusera de parler de son influence ou de dévoiler à un collègue qui a été la personne la plus importante parmi toutes celles qui en ennoblie sa carrière.

Une confidence cependant même s’il n’aime pas faire des choix et dont la devise demeure «l’homme descend du songe» : «j’ai un faible pour ma chanson Sarah». Nous aussi…

Solitaire (album et spectacle)

12-13 et 14 juin au Théâtre Outremont

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