jeudi 8 mai 2008

L’Alchimiste et les personnages

Alchimiste de la note, le solitaire Yves Desrosiers présente sa première mouture personnelle composée de Chansons indociles.

Claude André

Pour les gens qui ne le connaissent pas et l’aperçoivent déambuler les rues du Plateau sur son tricycle accompagné de son gamin de 11 ans qui s’éclate dans le charriot, ce mal rasé qui arbore converse noirs et chapeau melon peut ressembler à un hurluberlu sorti tout droit d’un film surréaliste.

Imaginez le en train de monter une sculpture de métal faite de bric et de broc ou de jouer d’un des instruments qu’il a inventé, et vous avez là un personnage qui n’aurait pas déplu à un Fellini.

D’ailleurs, comme tous les personnages, le surdoué autodidacte affectionne, lorsqu’il sort de sa solitude professionnelle, s’entourer de personnalités artistiques très fortes.

Il est en grande parti responsable du majestueux premier album, de Lhasa, La Llonora et à réalisé le Kanasuta de Richard Desjardins en plus d’avoir été de la Sale Affaire de Jean Leloup qui se pointera d’ailleurs, par hasard, au resto de notre entretien et avec lequel Desrosiers repartira tailler sa route.

La racontre

Parmi les personnages qui peuplent l’univers de l’artiste, on retrouve bien sûr le poète russe Vladimir Vissotsky auquel il a rendu un hommage marquant dans l’histoire de la chanson made in Kebec avec le sublime Volodia en 2002. Mais voilà, le musicos sollicité de part et d’autres pour son ascendant créatif ne possédait toujours pas d’album véritablement personnel.

Il aura fallu la rencontre avec le cinéaste, comédien et autre personnage Robin Aubert, un compulsif de l’écriture, lorsque ce dernier l’avait réquisitionné pour la création de la trame sonore du film St-Martyre-des-Damnés, pour que Desrosiers planche à un album perso. « Je cherchais du monde pour faire des textes. J’ai essayé avec plusieurs personnes mais ça ne colle pas tout le temps. Jusqu’à temps que je tombe sur Robin et ses textes qui n’étaient pas nécessairement des chansons au départ. Avant ça j’ai essayé d’en écrire et il y en trois sur cet album qui sont des textes que j’ai faits entre Volodia et aujourd’hui. Je me disais : peut-être que je vais finir par écrire un album au complet… On peut-être capable de le faire mais encore faut-il aimer cela (…). La première chanson qui est arrivée est « Maria ». Une commande que j’ai faite à Bïa. Je voulais parler un peu de la religion par le biais de questions à la Sainte-Vierge. Parce qu’on ne l’a jamais entendu parler, on ne connait pas son avis », lance Desrosiers avec un rire moqueur en tartinant ses croissants.

Puis, la suite des choses s’est faite naturellement lorsque Robert lui a fait parvenir des textes en lui demandant « s’il y avait quelque chose à faire avec ça ? ». Nous est avis que le cinéaste sera absolument ravi de la réponse lorsqu’il entendra le trio de Desrosiers donner une nouvelle vie à ses personnages de cahiers entre deux poèmes du déchirant Vissotsky.

Chansons indociles
Audiogram/Select

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