jeudi 1 mai 2008

Zachary Richard discographié

Zachary l'encyclopédiste qui s'esclaffe devant votre hôte il y a trois semaines au restaurant Leméac



Ennobli, notamment, de ses trois derniers grands crûs dont le plus récent Lumière dans le noir, ce maître de l’americana et ses chansons cinématographiques viendra faire danser les louas (lire esprits) au théâtre Outremont le 2 mai prochain en compagnie de 4 musiciens dont l’as guitariste Éric Sauviat. En attendant, c’est l’érudition de son propos sur la musique américaine et son histoire qui devait nous laisser pantois. Beaucoup d’autres infos se retrouvent sur zacharyrichard.com section Rapport mensuel.

Claude André

Le bouddhiste que tu es a –t-il une musique de prédilection pour méditer ?

On n’écoute pas de la musique en faisant de la méditation, d’abord. Mais, il y a plusieurs japonais qui jouent du sakaguchi, une flûte japonaise d’apparence simple mais très complexe. Je trouve ça très charmant et ça se marie bien avec la contemplation dans un esprit de zen.

Outre celle de Lennon «Give Peace a Chance», qu’elle est ta chanson pacifiste de prédilection ?

J’ai un grand fétiche pour les chansons de Bob Dylan des débuts… «Blowin’ In the Wind» est une élégante recherche d’engagement pacifiste.

Tu es à la fois Américain, Québécois et Français, quels seraient tes meilleurs disques de chacune de ces identités ?

Je suis mal pris parce que québécois, je connais un peu et français pas du tout. Il faut comprendre que ma tradition musicale et toute ma formation sont absolument américaines. J’ai été quand extrêmement influencé et bouleversé en arrivant au Québec parce qui se passait ici dans les années soixante-dix. Notamment, par Harmonium qui a eu une influence très directe sur mon troisième album Mardi Gras et le quatrième Migration. Il y a eu aussi Raôul Dugay et «La Bitt à Tibi», il y avait alors une effervescence dans la société québécoise. En France Je viens de découvrir «Amsterdam» du Belge Jacques Brel, c’est merveilleux... Quand je suis arrivé en France, j’ai été propulsé dans le mouvement du folk et ça n’a pas eu une très longue vie ce phénomène là.

Il y a eu Hugues Aufray qui a traduit et chanté Dylan en français…

Je ça trouve ça lamentable qu’une tradition musicale aussi importante que la française soit obligée d’aller traduire… J’ai toujours eu une espèce de mépris, je pense que c’est le mot, pour ça…

Il a quand même permit aux Français de connaître Dylan ce qui n’aurait peut-être pas été le cas autrement (sa conjointe et gérante, Française, intervient pour approuver).

Qu’est-ce qu’ils en ont à foutre de Dylan quand ils ont Jacques Brel…Il y a un côté américanophile dans la culture française que je trouve absurde car ils vont vers ce qu’il y a de plus clinquant et passent à côté de ce qui possède plus de substance. Ce qui me touche dans la culture américaine n’a jamais résonné en France (…) La France, avec toute sa richesse, devrait proposer une vraie alternative à la culture américaine.

Des exemples ?

De nos jours, Lyle Lovett, Nanci Griffith, Joe Eurydice sont des auteurs qui, bien qu’un peu marginaux aux États-Unis, représentent ce qu’il y a de mieux dans la tradition américaine.

Un fantasme musical ?

Jouer de l’harmonica avec Muddy Watters. C’est un vrai un fantasme parce qu’il est décédé mais bon, moi mes idoles sont tous de vieux bluesmans. C’est le blues qui m’a le plus marqué et si j’étais naufragé sur une île déserte il me faudrait «Hard Again», de Muddy Watters.


Dan Boucher et moi, heureux et médusés par la leçon d'histoire de la musique américaine dispensée par le maitre Zachary Richard.

Aucun commentaire: