Les bleus du coeur
Désormais beaucoup plus sage qu’à l’époque où il faisait tanguer les bouteilles de scotch en compagnie de la tribu des écorchés de la nuit, Bob Walsh n’a rien perdu de son lyrisme musical poignant.
On s’est rendu récemment dans son appartement du Plateau Mont-Royal histoire de causer de la vie et de son dernier album Inside I’M All Blue.
Un opus émaillé de reprises dont celles de Jimi Hendrix (Angel) et de B.B. King (Never Make Your Move Too Soon), qui s’avère lumineux et optimiste et cela malgré les nombreux écueils qu’à dû affronter le guitariste/chanteur au cours de sa longue carrière amorcée fin sixties.
Et si sur la chanson titre de l’album il affirme être tout bleu à l’intérieur, ce n’est pas par hasard que Bob Walsh reprenait déjà, sur son premier véritable vinyle, le classique de Nino Ferrer Je voudrais être Noir.
Pourtant, c’est avec les chansons folk de Bob Dylan et Joni Mitchell ou country de Roger Miller qu’il a amassé la monnaie de son premier chapeau sur une terrasse de Québec, sa ville natale. «J’interprétais ce qui me passait par la tête. Déjà à cette époque, j’embarquais dans la musique, les yeux fermés, comme je le fais aujourd’hui. Mais mes versions n’étaient pas celles de la radio. Je jouais à l’oreille en intégrant mon style à moi, ma propre couleur», se souvient l’artiste en savourant café et biscuit mitonnés par sa conjointe Maggie.
La couleur de l’âme
Cette couleur «soul» à laquelle il fait allusion a été fortement inspirée par Ray Charles et Louis Armstrong, qui l’ont marqué au fer rouge lorsqu’il les a découvert au cours de sa jeunesse.
Mais également par le souvenir indélébile d’un matelot américain de passage, comme c’est souvent le cas dans le port de la Vieille ville, alors que Bob avait neuf ou dix ans. Le type, un grand Black musclé et beau comme un super héros de cartoons s’affairait, pour le bonheur des quidams, à soulever d’énormes caisses de poissons. «Il faisait quelque chose de beau, les gens appréciaient le show puis il y a un cave qui lui a lancé une insulte. Mon frère ne l’a pas pris et il est allé lui péter la gueule», rigole encore Bob aujourd’hui.
Puis, il ajoute: «Ce n’était rien de nouveau pour moi car souvent j’avais vu mon père et mon frère se battre et ma mère les séparerait avec un tisonnier. Mais j’étais content pour le Black qui ne méritait pas cela. Mon frère a ensuite reçu des applaudissements de la part de la foule présente», se souvient l’artiste. «Je crois, en effet, que cela a éveillé inconsciemment mon amour pour la culture black. En fait, je vais là avec toi en ce moment et je me découvre un peu moi-même», confie cet attachant hyper sensible.
Lui qui est d’autant plus vulnérable puisqu’il doit organiser sa vie en tenant compte de sa bipolarité diagnostiquée il y a quelques années.
Heureusement, il reste lui reste le blues pour trouver un certain équilibre et alléger ses souffrances. Ce même blues qui, paradoxalement, nous permet à nous aussi d’exulter. Ce n’est pas rien.
Bob Walsh sera en spectacle le 30 octobre à 20 h à l’Astral de Montréal et le 25 novembre au Théâtre Le Petit Champlain à Québec.
L’album Inside I Am All Blue sera lancé le 29 septembre au Lion d’or à Montréal.
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