Roch Voisine © Marco Weber
Americana, c’est le nom du tout dernier opus de Roch Voisine à paraître de ce côté-ci de la grande mare. Mais c’est également le nom d’un concept qui se déclinera sur plusieurs CD, si la réponse du public était positive.
Trois volumes sont déjà parus en France où, paradoxalement, le projet de reprendre des standards du répertoire états-unien a vu le jour il y a deux ans.
L’heureuse initiative a d’abord germé dans la tête de l’un des responsables artistiques de la compagnie de disques française de Mister Voisine, qui avait remarqué une résurgence de la culture country sous le ciel de l’Hexagone.
Phénomène qui croissait avec la venue de vedettes américaines de plus en plus nombreuses et se traduisait même par le retour de la traditionnelle danse en ligne.
Alors, «qui d’autres que notre bon vieux Roch et ses racines nord-américaines pour porter bien haut le flambeau?» se sont sans doute dit les dirigeants de ladite compagnie en flairant l’aubaine.
Une proposition que le créateur d’Hélène n’allait pas refuser. D’autant plus qu’elle lui permettait de revenir aux sources et de faire effectuer à sa carrière un virage radical sur le plan de la direction artistique.
C’est donc à Nashville USA que Rock Voisine est allé enregistrer les chansons (popularisées par Bob Dylan, Dolly Parton, Willie Nelson et même Elvis Presley), que l’on retrouve sur ce premier disque, lancé lundi prochain.
«Si je suis un cowboy noir ou un cowboy blanc? En fait, je me considère surtout comme un cowboy urbain. Je viens presque de la Nouvelle-Écosse. Et c’est cet immense héritage de musique folklorique qui m’a motivé à prendre la guitare et à apprendre des chansons. Or, la musique country s’est mélangée à cela», se souvient l’homme vêtu de noir, qui affiche toujours la même superbe malgré le temps qui passe.
Une question d’équilibre
Après avoir discuté pendant près d’une heure de musique et des musiciens d’envergure qui l’ont accompagné sur ce disque (en plus de Carlos Santana avec qui il a chanté en duo sur une chanson des Red Hot Chili Peppers (Under The Bridge) pour un album encore européen), Voisine déplore un certain snobisme face au country. Un genre que le musicien compare en souriant à des ailes de poulet pour illustrer que chacun peut y trouver son compte: des plus sucrées au plus épicées.
Puis, la discussion devenant de plus en plus chaleureuse, c’est de cet étonnant équilibre qu’il semble avoir affiché tout au long de sa carrière dont le journaliste a envie de causer.
Car, si on se souvient de la fin des années 80, c’est presque une «beatlemania» qu’a connu Voisine au sein de la francophonie.
Comment a-t-il fait pour garder la tête froide là où d’autres se sont brûlé les ailes? «Même les gens qui travaillent avec toi ne peuvent pas comprendre la bulle dans laquelle tu te retrouves, confie le chanteur. Moi, ma drogue, c’était le sport. J’ai toujours continué à en faire: hockey, ski… Même quand cela déplaisait aux compagnies d’assurance, qui craignaient que je me casse une jambe ou m’inflige des blessures risquant de laisser des cicatrices. Et puis, j’ai débuté ma carrière avec un gérant qui se nommait Paul Vincent. Il voyait clair et me surprotégeait parfois. Je crois que c’est lui, en quelque sorte, qui a ramassé toutes les mauvaises énergies inhérentes à se métier. Il en a vu passer des jeunes qui avaient du talent et qui ont sombré dans un précipice.»
Chaque fois qu’il monte sur scène, Roch Voisine a une pensée également pour Jean Bissonnette, le metteur en scène qui lui a jadis appris la base du métier. Deux mentors, comme deux chênes remplis de valeurs, auxquels il s’accroche encore solidement, 25 ans plus tard.
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