Une bédé et un bébé
Un nouveau tirage de sa bédé Mile End, une nomination aux prix Bédélys et un bébé qui gazouille
dans ses bras : la vie est belle est pour Michel Hellman!
Claude André
Dans son appart situé juste au-dessus du légendaire et
passéiste resto Wilensky, dans ce même appartement qui sert de repaire à sa
bédé, Michel Hellman a le ton joyeux sous la grisaille de février à l’ombre du
Mont-Royal.
Tenant dans ses bras sa dernière création – son poupon,
qu’il évoque d’ailleurs dans sa réjouissante œuvre artisanale –, celui qui est
également illustrateur (voir pochettes CD de son frère Thomas et de la
chanteuse Bïa) et critique d’art a raison de se réjouir malgré
l’embourgeoisement du quartier.
Phénomène qu’il distille par petites touches de nostalgie dans l’album divisé en quatre saisons.
Phénomène qu’il distille par petites touches de nostalgie dans l’album divisé en quatre saisons.
« C’est une bédé qui parle de ma vie sans être
autobiographique. Une espèce de chronique inspirée de mon quartier, un peu
comme le fait Guy Delisle (Chroniques de Jérusalem)
lorsqu’il part à l’étranger. Je fais la même chose, mais je rentre aussi dans
le côté absurde, le rêve et la fantaisie. Je ne voulais pas créer un journal
intime qui n’intéresserait que les seuls gens du quartier. Je pars donc de
celui-ci pour parler de sujets universels, comme la vieillesse, l’amour, la
mort, la naissance de mon bébé et de choses aussi banales que le déneigement
des rues de Montréal », analyse l’artiste à propos de son livre paru en
novembre dernier.
D' abord conçu pour son blogue, les petites tranches de vie
dans ce lieu à la fois bigarré et multiculturel qu’est le Mile End ont
rapidement trouvé preneur et créé un petit buzz
qui dépasse les « frontières » du quartier.
Réédition
Après avoir vu s’écouler les 1200 exemplaires du
premier tirage en deux mois, la petite maison d’édition Pow Pow a dû procéder à
un nouveau tirage dont la sérigraphie (lire les lettres rouges du titre de la
couv’) a été effectuée à la main à l’aide des bons vieux rouleaux. Ce qui
confère un petit cachet encore plus intimiste à l’affaire.
« Je suis très étonné du succès et évidemment très
heureux. Lorsque je vois les noms qui sont en lice pour les prix Bédélys qui
seront remis en avril à la Grande Bibliothèque, dont celui de Michel Rabagliati
(auteur de la série Paul), je me
rends compte que c’est quand même quelque chose », s’étonne encore
Hellman. Un sympathique personnage dont la propension à la procrastination est
également un des éléments centraux de cette bédé, à la fois réaliste et frivole.
Notamment dans la façon dont son auteur s’y prend pour
détourner les clichés sur l’hiver (clin d’œil au lectorat de l’Hexagonie), le
Québec et ses habitants à travers un style inspiré de Lewis Trondheim, un
bédéiste français qui dessine la quotidienneté en mettant en scène des animaux.
« Je pense que ce que je fais se rattache à
l’expérience de cette école franco-belge qu’on appelle aussi la nouvelle
bédé », avance le titulaire d’une maitrise en histoire de l’art qui
s’attaquera à la vie des Premières Nations dans le Grand Nord du Québec pour sa
prochaine œuvre. Avant de revenir au Mile End, mais de façon plus historique
cette fois. Entre deux biberons, bien entendu.
Mile End
Michel Hellman
Éditions Pow Pow, 136 p
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