Drogue dure (1ère partie)
L'auteur de La trilogie berlinoise Philip Kerr |
Avec sa captivante
série La Trilogie berlinoise, le
romancier britannique Philip Kerr a imaginé un personnage fascinant qui nous
fait revivre l’Histoire de l’intérieur. La dernière parution francophone qui
porte sur les aventures de Bernie Gunther, Hôtel
Adlon, trône comme ses prédécesseurs au sommet des palmarès. Bonheur, il
nous en restera deux autres à savourer avant la fin imminente de la série.
Quelques questions à son auteur.
Claude André
Comment vous est
venue l’idée de créer le personnage de Bernhard Gunther, ce flic allemand
antinazi qui assiste à la montée et à la chute de Hitler?
Cela fait plus de 25 ans, alors il difficile de me souvenir.
Cela dit, j’étais davantage intéressé par le fait d’écrire une histoire au
sujet de Berlin et de l’Allemagne ordinaire pendant cette période que sur un
flic. L’idée d’utiliser un policier était donc une bonne façon de découvrir ce
que l’Histoire avait cachée.
Où avez-vous puisé
votre inspiration pour créer ce personnage?
Sincèrement, je n’avais pas beaucoup de temps à consacrer à
l’inspiration. Je n’ai jamais lu beaucoup de polars et pour être honnête, c’est
encore le cas. Les détectives que j’ai aimés et qui couvrent la même période
que celle de Bernie sont ceux imaginés par Raymond Chandler et par Dashiell
Hammett. J’ai peut-être trouvé en eux une part d’inspiration.
On retrouve plusieurs
dictateurs dans vos livres. Qu’est-ce qui vous fascine tant chez eux?
Les gens sont toujours fascinés par le mal. C’est pour cette
raison que nous aimons regarder des films sur les vampires et les monstres. Les
dictateurs nous attirent car nous voulons comprendre ce qui les motive. Comme
si nous souhaitions nous rapprocher d’eux sans avoir à en subir les affres. Les
gens lisent ces livres pour rencontrer des individus terrifiants et vivre
leur vie par procuration.
Vous n’effectuez pas
de distinction franche entre le peuple et les hommes politiques en ce qui a
trait à la montée du nazisme. Comment votre série a-t-elle été reçue en
Allemagne?
En Allemagne, sa réception a été mitigée. À Berlin, elle
s’est révélée plus positive. Les Berlinois ne sont pas comme la plupart des
Allemands. Ils ne l’ont jamais été. D’ailleurs Hitler détestait Berlin, tout
comme Bismarck. Les livres de cette série ont toujours eu davantage de succès à
Berlin qu’ailleurs dans ce pays. Les autres Allemands préfèrent mes autres
livres, ceux qui sont exempts de nazis.
Pouvons-nous espérer
une adaptation cinématographique de votre série?
Il est toujours difficile de faire des prédictions à l’égard
de la télé ou du cinéma. En fait, cela ne me préoccupe pas vraiment, mais si je
pouvais choisir quelqu’un pour incarner Bernie Ghunter, j’opterais pour Michael
Fassbender.
La suite de l'entrevue demain.
Au sujet de La
Trilogie berlinoise : « Pour vous dire à quel point j’ai apprécié
ces polars historiques, je vais me permettre une affirmation audacieuse :
comparé à ces récits bouleversants, Millénium
m’apparaît aujourd’hui comme du fast food
pour midinettes! », Norbert Spehner. La
Presse, 17 mai 2009.
Philip Kerr est né en 1956 à Édimbourg, en Écosse. Il a
publié 17 romans pour adultes, dont Une
enquête philosophique, ainsi que 6 romans pour enfants sous le nom P.B.
Kerr. Sa série articulée autour de La
Trilogie berlinoise comprend huit volumes, dont deux ne sont toujours pas
traduits en français.
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