mardi 27 septembre 2011

Raphaële Lannadère alias «L»

L
Initiale

Nouveau phénomène de la chanson française, «L» plaira aux amateurs de Barbara et de Françoise Hardy tandis que la sublime excentrique Brigitte Fontaine la citait récemment comme étant «sa plus belle découverte». 

Raphaële Lannadère, 30 ans, qui se réclame de la grande tradition des Piaf, Ferré et consorts distille à travers une une écriture cinématographique particulièrement relevée sur des climats musicaux à la fois pop et mélancoliques. 

Le chant particulièrement éthéré de la récipiendaire 2011 du prix de la chanson Félix-Leclerc coté français peut cependant constituer un irritant au bout de moment.

*** 1/2





dimanche 25 septembre 2011

Marc Déry : un Numéro 4 pour tous.

Marc Déry
Numéro 4

Précurseur des bidouillages électros chez nous, Marc Déry, après une tournée avec Zébulon, revient à la source sur cet album de facture pop-rock énergique émaillé de nostalgies new wave eighties. 

Comme d’hab, il maitrise très bien l’art de mitonner des pièces fort accrocheuses tout en parlant de la quotidienneté d’une façon simple mais fort fédératrice.

Et cela même lorsqu'il cause de la tentative de suicide d'un proche en évoquant tout simplement l'enfance commune : On ne sait jamais 

Mais outre cela, Déry souhaitait faire un disque plus pop et festif que ses précédents.

Lui qui reprend ici Tomorrow Never Knows du Fab Four (sur Revolver) en version originale : après avoir demandé une traduction à Daniel Bélanger, Déry devait apprendre qu'il est interdit d'enregistrer des traductions des Beatles.

L'astuce ? Il la fera lors de ses prochains spectacles.

 *** ½



vendredi 23 septembre 2011

Sir Paul McCartney dans le Backyard

Paul McCartney
Chaos and Creation in the Backyard

Avec quatre autres albums de l’artiste, Chaos…, qui réapparait ces jours-ci, fait partie d’un plan de réédition. 

Fidèle à l’original de 2005 (lire sans bonus), un diamant rare dans l’écrin McCartney, l’encodé distille un climat clair-obscur intimiste qui s’avère savamment dosé entre joie et mélancolie.

Entre contemporanéité et nostalgie aussi avec toujours en filigrane cette superbe de gentleman britannique qui n'oublie pas d'où il vient. 

Réalisé par Nigel Godrich (Radiohead), qui est parvenu à convaincre Sir Paul de se délester de son groupe et de jouer de la plupart des instruments, l'opus est heureusement dépouillé de certains tics propres à The Wings.

Les explorations musicales, à quelques endroits, font penser à Daniel Lanoie, et, ô bonheur, certaines chansons sonnent aussi très Beatles.

Délectable. **** 



mercredi 21 septembre 2011

Omar m'a tuer (sic) : délit de sale gueule

               Sami Bouajila livre une performance remarquable dans le film «Omar m'a tuer». 

Présumé coupable

S’appuyant sur un fait divers qui a chamboulé la France au début des années 90, le thriller judiciaire Omar m’a tuer (sic) vous tiendra en haleine du début à la fin.

En 1991, Ghislaine Marchal, la veuve d’un riche industriel, est retrouvée morte dans la cave de sa villa cossue située dans le Sud de la France. À ses côtés, sur une porte blanche, écrit en lettres de sang, on peut lire : « Omar m’a tuer ».

Beding, bedang, Omar Raddad (remarquable Sami Bouajila), le jardinier de la richarde au caractère difficile est appréhendé. En plus d’avoir la mauvaise idée d’être un sans-papier marocain, le type possède un penchant pour les machines à sous et, le vilain, ne s’est pas donné la peine d’apprendre le français.

Le coupable est donc tout désigné et il se retrouvera en 1994 derrière les barreaux et condamné à une peine de 18 ans de réclusion.

Heureusement pour lui et l’honneur des causes perdues, un journaliste littéraire partage les doutes de plusieurs de ses compatriotes quant à la réelle culpabilité d’Omar.

Jouant les Zola – le célèbre écrivain qui s’était employé jadis à défendre le capitaine Alfred Dreyfus, injustement accusée et condamné pour haute trahison parce que sa judaïté en faisait un bouc émissaire idéal –, le journaliste Pierre-Emmanuel Vaugrenard (très fort Denis Podalydès qui nous a récemment ébloui en Sarkozy dans La Conquête) mène une enquête sur l’enquête.
 
Et ce qu’il découvre n’a rien pour faire honneur à la justice dans le pays qui a vu naître les droits de l’homme.

Montage serré, dialogues enlevants, indices interrogateurs, le rythme du film vous tiendra captif du début à la fin, tout en vous prenant à témoin.

Doutes

Mais, car il y un mais, les esprits les plus cartésiens resteront un tantinet déçus : avec son parti pris manifeste pour Raddad qui, après sept années de taule, a finalement été gracié partiellement par le président Chirac (à la suite à une intervention du roi du Maroc, chuchote-t-on) et ensuite libéré, le film ne nous dévoile guère le point de vue de l’accusation, l’État français.

Lui qui, à ce jour, n’a non seulement pas officiellement innocenté le jardinier Raddad, mais refuse toujours de comparer des échantillons de tests d’ADN. Pourquoi ? La question demeure entière et elle semble trop facilement évacuée par le réalisateur Roschdy Zem au profit de l’évocation, encore brumeuse bien que possible, d’un complot. *** ½

NB : Une entrevue avec le réalisateur Roschdy Zem réalisée par l'excellente Odile Tremblay et publiée dans Le Devoir d'aujourd'hui nous apprenait que la justice  française a effectué, après la sortie du film,  des tests d'analyses de l'ADN mêlé au sang de la victime dans les lettres ensanglantés inscrites sur la porte. L'État refuserait encore à ce jour de dévoiler les résultats. Crainte de perdre la face donc de la légitimité institutionnelle  ? 

Merci à l'hebdo Accès Laurentides qui a d'abord publié cette critique dans son édition en cours. 

Omar m’a tuer sera à l’affiche au Pine de Saint-Adèle et au cinéma Beaubien dès le 23 septembre.



samedi 17 septembre 2011

Chis Connor rééditée



Chris Connor
Sings Gentle Bossa Nova (réédition)

Décédée en 2009, Chris Connor fait partie du gotha des chanteuses de jazz qui ont marquée leur époque au même titre que ses contemporaines Ella Fitzgerald et Sarah Vaughan.

Et c'est avec cet album publié en 1965 que la chanteuse d'abord associée au «jazz pur» prend un virage pop réalisé sous la houlette de Patrick Williams (déjà directeur de renom à Hollywood et sur la scène musicale populaire, lui qui collaborera plus tard avec Franck Sinatra).

D’emblée, en sifflotant la relecture bossa nova de A Hard Days Night des Beatles, l’auditeur reconnaîtra les titres qui défilent comme autant de visages venus de l’enfance. 

Sourire béat, il se sentira alors littéralement emmitouflé dans un univers à la fois confortable et rassurant grâce à la voix chaude et raffinée de Connor. 

Elle qui nous fait osciller entre climats jamesbondesques et ce qui pourrait s'apparenter à des airs de... Noël sophistiqués.

 ****


mercredi 14 septembre 2011

La Conquête de l'Elysée par Sarkozy


La fin justifie les moyens

Montée façon thrillerLa Conquête est truffée de répliques savoureusement assassines qui, au final, n’écorchent pas trop le président bling-bling, mais démontre bien la nouvelle starification de la politique française.

En 2002, Nicolas Sarkozy était un ministre de l’Intérieur très ambitieux qui, coûte que coûte, taillait sa route vers la présidence de la République française à l’élection de 2007, et cela, en dépit des ambitions de son rival, le ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin.

Épaulé par sa femme Cécilia, Sarko gravit les marches vers le sommet de l’État mais voit, tel un revers de la médaille, sa relation conjugale prendre une tout autre direction.

Et nous, spectateurs, savourons avec un plaisir, qui devient parfois jubilatoire, la joute politique que s’étale devant nous avec ses alliances, ses stratégies, ses coups foireux et autres trahisons.

En nous invitant ainsi à l’intérieur d’une campagne électorale, le réalisateur Xavier Durringer – que seconde le documentariste et ici scénariste Patrick Rotman, bien au fait de la chose politique française – démontre avec justesse comment fonctionne le spectacle électoral où tout événement peut être instrumentalisé pour servir les intérêts des protagonistes.

Instrumentalisation 

Comme l’illustre éloquemment ce moment où Sarko, qui doit recueillir des voix attribuées au Front National de Jean-Marie Le Pen (extrême droite) pour espérer l’emporter, se rend dans les banlieues et parle de les nettoyer de la racaille au Kärcher.

L’image est forte et plait à un certain électorat xénophobe qui se cherche un homme fort…

L’autre atout capital de ce film – outre la magistrale composition de Denis Podalydès, qui se transforme littéralement en Sarkozy sans verser dans le grotesque (le défi était de taille) –, ce sont les dialogues truffés de jouissives répliques assassines que nous ne nous lassons pas d’entendre.

Les performances des acteurs Florence Pernel (impressionnante Cécilia Sarkozy) et Bernard Le Coq (savoureux en Chirac) demeurent dignes de mention, mais on déplorera un tantinet le jeu trop caricatural de Samuel Labarthe en Dominique de Villepin.

Si vous aimez observer l’échiquier politique ou que vous souhaitez mieux comprendre les arcanes du pouvoir, ce film vous captivera et cela, même si on peut lui reprocher une apparente affection pour, comme le dit Villepin, « ce nain qui va nous faire une France à sa taille »…

*** ½ 

La Conquête de l’Élysée est actuellement à l’affiche aux cimémas Pine Saint-Adèle et Beaubien à Montréal

Merci au journal Accès Laurentides, la référence dans la région,  qui publie ce texte dans son édition en cours.

Au sujet de Sarkozy et du bling-bling, il vous est loisible de consulter ce texte que j'ai publié en mai dernier dans le quotidien Le Devoir. 

mardi 13 septembre 2011

La maison qui chante



L’ultime maison de rêve ne se retrouve pas à Beverly Hills mais bien à Portland, Oregon. 

Imaginée par l’architecte Robert Harvey Oshazt en 1997 pour un client mélomane qui souhaitait aussi entendre la musique de la vie, cette époustouflante habitation construite sur un terrain en pente à été logée à hauteur de feuillages afin de procurer l’impression de vivre dans une cabane en bois. 

Plutôt que de couper des arbres pour l’aménager, l’architecte a choisi de magnifier sa création, achevée en 2004, en la fondant au paysage environnant. 

On y retrouve, par exemple, un plafond en bois naturel ainsi qu’un immense mur de verre qui entoure la pièce principale. 

Sublime.



lundi 12 septembre 2011

Salomé Leclerc







Salomé Leclerc
Sous les arbres



Dans la mire des fanas de chansons depuis quelques années, cette récipiendaire de plusieurs concours, dont le prix Socan de la meilleurs chanson lors du Festival de la chanson de Granby en 2009 (Je tomberai),  lance son premier chapitre enregistré à Paris sous la houlette d’Émily Loizeau. 

Guitares accrocheuses à l’avant, batteries pétillantes et ambiances cinématographiques subtiles, cette artiste qui est une fan de PJ Harvey et a grandi e écoutant le Jaune de Ferland  possède une voix claire et forte et démontre un sens de l’écriture elliptique à la fois mature et évocateur. 

On adore ces ambiances électro et folk pénétrantes. ***1/2



vendredi 9 septembre 2011

Anomalie malaisante avec Jack Layton



On parle beaucoup des cônes oranges qui pullulent en ce moment à Montréal.

Mais il subsiste aussi d'autres incongruités de la même couleur...

Hier, le 8 septembre 2011 vers 18h15, rue Sainte-Catherine, j'ai ressenti un étrange malaise en apercevant et en photographiant cette affiche de Jack Layton et du NPD ainsi que celles qui se retrouvent juste en bas.

Plus de 4 mois après les élections fédérales et près de 3 semaines après le décès du chef néo-démocrate comment expliquer la présence d'une anomalie pareille en plein coeur du Quartier des spectacles de Montréal ?

Le piano réinventé




Conçu et imaginé par le designer polonais Robert Majkut basé à Varsovie, cet instrument révolutionnaire à reçu une myriade d’éloges lors de sa présentation lors du Milan Design Week-End Tortona le 12 avril dernier.

Outre une silhouette d qui évoque les courbes gracieuses d’une baleine orque  jaillie de la mer, le «Whaletone Royal Piano» est muni d’un amplificateur intégré ainsi que de haut-parleurs haute-fidélité.

Ce qui  a pour effet de lui  procurer une grande puissance sonore et, paraît-il, une musicalité exceptionnelle.

En combinant un instrument des plus traditionnel à un design à la fois moderne et technologiquement avancé, cet instrument fera-t-il de nombreux nouveaux adeptes ?

Notre Dédé Gagnon national en fera-t-il son nouveau confident de prédilection ?

mercredi 7 septembre 2011

Tous les soleils : comédie lumineuse

                        Tous les soleils avec Stéfano Accorsi et Clotilde Corau, une lumineuse célébration de la vie


Que du bonheur

Comédie lumineuse, euphorique et tout à fait charmante, Tous les soleils vous donnera aussi envie de savourer des pâtes italiennes.

Belle gueule d’Italien intello/romantique, Alessandro, 45 ans (excellent et attachant Stefano Accorsi) est musicologue. Il enseigne plus particulièrement l’histoire de la musique populaire du Sud de l’Italie, la tarentelle.

Passionné, il danse sur son bureau devant ses étudiants. Bref, le genre de type qui fait craquer autant les jeunes filles que leur maman.

Cœur gros comme ça, il dispense également des moments de bonheur à des malades dans les hôpitaux en les visitant bénévolement pour leur lire des œuvres choisies entre deux répétitions de la chorale de musique baroque dont il fait partie.

Malgré cela, Alessandro ne brille pas de mille feux : il porte encore le deuil de la dernière femme qu’il a aimée, la mère d’Irina, son adolescente de 15 ans, décédée alors que la petite était encore un bébé.

Cette dernière, avec l’aide de son oncle Crampone (très juste Neri Marcoré), un anartiste fantasque qui est aussi son confident, tente de s’affranchir de l’amour étouffant de son père en s’employant à lui trouver une compagne qui illuminera sa vie, comme le petit nouveau du lycée l’a fait pour elle.

À travers une réalisation lumineuse signée du romancier Philippe Claudel, Tous les soleils dévoile une galerie de personnages secondaires tous plus étoffés les uns que les autres pour nous mener vers une intense, et légèrement parfumé de mysticisme, réflexion sur la mort, l’amour et le rôle de l’art dans la quotidienneté.

Célébration de la beauté

Bref, une comédie à l’italienne sortie tout droit des seventies où s’entremêlent le rire et le drame dans une célébration de la beauté des choses, qui passe aussi par des engueulades à l’italienne, la magnificence de la ville de Strasbourg et la satire politique par l’entremise du personnage très marqué de Crampone.

Lui, qui se fait entretenir par son frère tout en repassant les chemises et en lui mitonnant de savoureux plats, refuse de jouer le jeu du capitalisme, incite son entourage à la rébellion et revendique, toujours en pyjama, le statut de refugié politique!

C’est que l’Italie, ne l’oublions pas, est sous la botte du « dictateur » Berlusconi.

Évidemment, les beaux sentiments foisonnent dans le long-métrage du réalisateur qui nous avait donné le bouleversant Il y a longtemps que je t’aime (2008), mais ils sont ici appuyés par une histoire et des références qui se tiennent.

Et en cette époque de cynisme triomphant, il est parfois salvateur de ne pas bouder son plaisir.

Voilà en somme un très beau film qu’on ne saurait trop recommander.

Suggestion : réservez une table dans votre resto italien préféré car vous aurez très certainement l’eau à la bouche en sortant de la projection.

***

Tous les soleils de Philipe Claudel est à l’affiche au cinéma Pine Sainte-Adèle ainsi qu’au cinéma Beaubien à Montréal.

Merci à l'hebdo Accès Laurentides qui a publié ce texte dans son édition en cours ainsi que sur son site .



dimanche 4 septembre 2011

DSK love NY

                                         Caricature parue dans le Nouvel Obs du 2 sept. 2M11

vendredi 2 septembre 2011

Zenith Myth : rencontre au sommet





Roger Waters (Pink Floyd) aurait dit qu’il s’agit de l’un des meilleurs albums qu’il ait entendu ces derniers temps. 

Vrai que les structures musicales et les ambiances texturées et lourdes signées Michael Edwards évoquent le cochon rose et Led Zep qui rencontreraient le son planant du trip hop à la Massive Attack. 

Parmi les musiciens invités sur ce projet, on retrouve notamment des membres de Tool et des Smashing Pumpkins dont notre Mélissa Auf der Maur.

Méchant bon buzz pour les mélomanes nostalgiques et autres petits curieux.

 *** ½

jeudi 1 septembre 2011

Aznavour Toujours




Charles Aznavour
Aznavour Toujours


Droit comme un chêne, le vénérable artiste de 87 ans offre des chansons toutes neuves qui oscillent en Paris et le Brésil sur le plan musical avec des incursions jazzy, bossa, swing, flamenco ou parigotes.

L’amour, le temps qui passe, Mai 68 et les bilans sont au rendez vous en plus d'un un duo avec Thomas Dutronc dont la voix ressemble de façon troublante à celle de son célèbre paternel.  

Plume alerte, il faut entendre Va (ci-haut) ce magnifique éloge de la résignation amoureuse, l’Arménien impose le respect. 


Et que dire de J'ai Connu ? Un texte bouleversant au sujet du génocide arménien revêtu d'une musique joyeuse reprenant ainsi le truc de Trenet lorsqu'il chantait Le Pendu dans les années 50.

Hélas, diront les nostalgiques, malgré sa superbe, Aznavour n’appose pas cette fois de nouvelles fulgurances chansonnières  (lire de grands classiques style La Bohèmesur la cathédrale de son œuvre notamment en raison d'arrangements légèrement trop glucosés.

3/5