samedi 27 mars 2010

Bédé : Nemi, une gothique qui a du chien



«Si j’étais Dieu, je changerais tous les bouchers en porcs. Comme ça je pourrais recommencer à manger de la viande», lance Nemi dans l’une de ses réflexions cyniques.

Ce n’est pas qu’elle soit violente outre mesure mais la gothique norvégienne au teint blafard et aux cheveux de jais possède le sens de la formule et ses fantasmes sont parfois des plus étonnants.

Née il y a une dizaine d’année en Norvège, Nemi fait désormais figure de personnage culte en Scandinavie où ses aventures sont publiées dans plusieurs journaux.


Veinards que nous sommes, elle est arrivée chez nous voilà quelques mois bien que sur la pointe des pieds cependant.

 Dans la tradition des comics strip à l’américaine où les sketchs se livrent en 3-4 cases, ce sympathique personnage de jeune femme d’environ 25 ans que certaines aimeront détester craque pour Darth Vader,  Batman et autres Alice Cooper.

 Et si elle a débutée sa carrière en noir et blanc, elle décline aujourd’hui ses remarques parfois assassines sur les potes, la vie, l’amour et les petits boulots dans une ambiance intensément colorée où les décors, sobres, respirent énormément.



Collectionneuse de mecs qu’elle vire au réveil,  très portée sur l’alcool et fumeuse Nemi est une rockeuse dans l’âme qui se fout de tout et ne verse assurément pas dans le sentimentalisme mièvre.

Malgré quelques chutes parfois surréalistes, on se laisse prendre au jeu de Nemi grâce à ses moues qui font toujours mouche.

Et, comme le dit Tori Amos sur la jaquette de l’album numéro 1 publié chez nous «il y a une petite Nemi» en chacun de nous.

Nemi 1
Lise Myhre
Éditions Milady

vendredi 26 mars 2010

Stacey Kent: Vénus du mélo


Vénus du mélo

L’icône pop jazz Stacey Kent nous revient avec un chapitre entièrement francophone

Claude André

Promue au sein du gotha aux côtés de Norah Jones et autres Diana Krall avec le succès de son sixième album «Breakfast On The Morning Tram» (2007), l’américaine qui y insérait déjà deux chansons de Gainsbourg poursuit sa quête francophile.

Magnifiquement orchestré par son mari et producteur, le saxophoniste Jim Tomlinson qui a travaillé avec la légèreté d’un chat, ce dernier a laissé toute la place aux textes et au phrasé délicieux de la chanteuse intimiste.

«Raconte-moi», c'est donc un bouquet de reprises signées Barbara (Le mal de vivre), Benjamin Biolay-Karen Ann (Jardin d’hiver, Au coin du monde) ou Michel Jonasz (Les vacances au nord de la mer) ainsi que quelque inédites dont la très réussie La Vénus du mélo.

Savoureux jeu de mots que n’aurait pas renié Gainsbarre. «C’est bien vous ça, la Vénus du mélo ? » lui demande le journaliste au bout de l’onde. «Ah, ah, ah, peut-être», s’esclaffe-t-elle. «Oui, bien sûr, mais je suis aussi le personnage qui existe dans la pièce Raconte-moi. Métaphoriquement, l’album est une autobiographie», souligne la star en parlant de ces textes, comme La Vénus… (Bernie Beaupré-Émilie Satt-Jean) qui lui ont été offerts et de ceux qu’elle a choisi dans le grand répertoire de la chanson française.

«Vous savez, je voulais depuis toujours faire un album en français. J’ai pris plein de temps pour faire la recherche liée à cet album et quand j’ai commencé à recevoir ces chansons, j’étais bouleversée de découvrir des inédites aussi belles qu’elles. Dès que j’ai entendu et lu le texte de Raconte-moi, j’ai su que c’était la chanson titre. C’était ça, exactement, que je voulais créer sur cet album».

Les nuances

Et si, de prime abord, se distille l’impression d’écouter un album printanier émaillé de moments lumineux, notamment grâce à la présence du saxophone, on découvre également une tristesse qui s’installe, subrepticement, jusqu’à l’avant-dernier titre, la bouleversante Le Mal de vivre.

Un peu comme si nous chaloupions entre clairs-obscurs et vagues à l’âme. «Ah voilà», chuchote-t-elle à présent : «Exactement. C’est la clé. Vous parlez de la fondation. Je ne veux pas dire que ça n’existe pas dans les autres langues ou les autres cultures mais pour moi, dans la musique française et aussi la musique brésilienne, il existe une balance entre la douceur, la tendresse, la joie et la… douleur.»

Puis elle décrit l’intense et exquise émotion et le besoin de la chanter qu’elle a ressentie en entendant Jardin d’hiver pour la première ou encore la tristesse qui l’a envahie lorsqu’elle a découvert Le mal de vivre, sans connaitre l’aura qui entoure ce grand classique. Ce qui lui a permis, confie-t-elle, dans ce cas comme dans les autres, de se les réapproprier avec une certaine «virginité».

Virginité qui amalgame à la fois grâce et volupté, pourrions-nous ajouter.

Stacey Kent
Raconte-moi
EMI

mardi 23 mars 2010

Appel à tous : Les ados et la culture.

Sacrée famille !

Nous cherchons une famille qui a des ados et/ou des jeunes adultes, entre 14 et 25 ans, dont les parents et grands parents aiment la culture et les arts.

Nous voulons une discussion trans-générationnelle sur leur rapport à la culture, comment ils la défendent, comment ils la consomment. Quelles différences entre les années 50 et aujourd’hui ?

Certains pensent que tout fout le camp et que les jeunes en adhérant à la culture de masse ne voient pas l’intérêt de défendre la culture québécoise. Est-ce vrai ?

"Sacrée Famille!" est une série radio-documentaire de 8 épisodes de 1 heure qui sera diffusée à la radio de Radio-Canada au cours de l’été 2010. Le concept de la série tourne autour du souper de famille et du dialogue entre les générations. Dans bien des familles, le repas donne lieu à des discussions animées entre les différents membres de la famille mais aussi, et surtout, entre les différentes générations. Cette série est le témoin de ces discussions enflammées.

claude.andre@radio-canada.ca

Santé !

samedi 20 mars 2010

Huis clos


Vu la semaine dernière l'excellente version TNM de Huis clos, pièce majeure écrite pendant la seconde guerre mondiale, en 1944, par l'égérie du courant existentialiste Jean-Paul Sartre.

Je ne saurais trop vous recommander d'assister à la supplémentaire qui aura lieu le samedi 10 avril à 15 h00.

Avec une mise en scène signée Loraine Pintal et une scénographie qui est l'oeuvre du sculpteur Michel Goulet, cette lecture de la pièce de Sartre s'avère des plus réussie.

Le jeu des Pascale Bussières, Julie Le Breton, Patrice Robitaille et Sébastien Dodge (dans un rôle de soutient discret mais très efficace) est percutant et on plonge dans cet «enfer» avec un intérêt captif.

Réflexion profionde sur le mal que l'on s'inflige soi-même en jaugeant notre estime de soi à l'aune du regard des autres, Huis clos est une pièce ont ne peut plus moderne à l'ère du succès à tout prix et de la volonté de tout un chacun d'accéder à la popularité.

mercredi 17 mars 2010

À l'agenda

  

L’autre gothique

Après la déferlante Lisbeth Salander, héroïne de la trilogie Millenium, voici Nemi Montoya. Une autre gothique de la mi-vingtaine qui pourrait bien marquer les esprits. Plus drôle et légère que la Suédoise qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette, cette Norvégienne qui vit en colocation et admire Batman, Alice Cooper et Darth Vader est née il y a une quinzaine d’années dans l’esprit de sa créatrice Lise Myhre. En Scandinavie, elle fait l’objet d’un véritable culte et la voici qui débarque, en français, chez nous. Dans la tradition du comic strips, Nemi balance ses réflexions cyniques sur la société entre deux virées dans les bars où elle pêche une collection d’inconnus qu’elle vire les lendemains. Et nous on se régale. Car, comme le dit Tori Amos en préface, «il y a une petite Nemi en chacun de nous».







Rencontres au sommet
Le réalisateur Milos Forman (Amadeus) qui cause cinoche au célèbre Chelsea Hotel (celui-là même que chante Leonard Cohen), le magnifique Jacques Tati créateur du film Jour de fête, l’immortel Philippe Noiret et sa voix grandiose, la majestueuse Romy Schneider (César et Rosalie), le génial André Malraux, auteur de La Condition humaine, sans parler d’Antonine Maillet (la Sagouine), de Boris Vian et de…. Cayouche, voilà une belle brochette de personnages plus colorés les uns que les autres qui seront virtuellement réunis à l’occasion du 28ème Festival International du Film sur l’Art. Cet événement majeur qui se consacre à la promotion des arts propose cette année 230 films provenant de 23 pays. Une véritable bacchanale artistique dont on serait fou de se priver. Enjoy !
Du 18 au 28 mars dans plusieurs salles.
Programmation : http://artfifa.com



Franco jazz
L’icône du jazz Stacey Kent, qui a connu la consécration avec son 7ième encodé «Breakfast On The Morning Tram» (2007), proposera son plus récent chapitre «Raconte-moi» le 23 mars. Un opuscule composé de reprises entièrement francophones de pointures telles Benjamin Biolay, Moustaki, Michel Jonas et, notamment, Claire Denamur. À la fois élégante et sensuelle, l’Américaine Stacey possède une voix de velours et son phrasé unique s’avère des plus mignon. Dans une ambiance feutrée et intime, on se délecte en écoutant la sublime Jardin d’hiver popularisé par Henri Salvador ou la tragique Le Mal de vivre de Barbara. Ambiance piano-bar nappée d’orchestrations subtiles et raffinées, «Raconte-moi» est promis à un bel avenir.




La nuit je mens
La beauté de meurt pas et l’ombre majestueuse de Bashung planera à travers les voix de Louis-Jean Cormier, Daniel Lavoie, Stéphanie Lapointe, Bïa et Stefie Shock lors de l’Hommage à Bashung qui sera diffusé à Artv (ainsi que sur Tou.tv dans le Web) dans le cadre de l’émission Studio 12, le 17 mars prochain à 20h00.

dimanche 7 mars 2010

Victoire pour Coeur de pirate



À l'abordage du public français depuis bientôt 10 mois, Béatrice Martin alias Coeur de pirate a vu hier sa chanson Comme des enfants remporter le prestigieux titre de «chanson originale de l'année» à la cérémonie des Victoires de la musique.

Pébliscitée par le vote du public, la timide jeune femmes de 19 ans, qui s'inspire notamment de Pierre Lapointe sur le plan musical , a remercié «mes parents qui m'ont forcée à apprendre le piano et tous mes petits amis qui m'ont larguée, ce qui m'a fourni matière à écrire des chansons».

Devrions-nous lui souhaiter de multiples ruptures pour les années à venir ?

En tout cas, bravo. Et chapeau à Ariane Moffat qui a livré, encore une fois, une performance électrisante de Je veux tout.

vendredi 5 mars 2010

Appel à tous !

Je cherche actuellement une personne militante ou conscientisée de gauche et/ou altermondialiste dont les parents seraient plutôt conservateurs ou libéraux, donc politiquement plus à droite, pour la future émission «Sacrée famille !»

Le projet "Sacrée Famille!" est une série radio-documentaire de 8 épisodes de 1 heure qui sera diffusée à la radio de Radio-Canada au cours de l’été 2010. Le concept de la série tourne autour du souper de famille du dimanche et du dialogue entre les générations.

On n'entendra donc pas (sauf rares exceptions) de questions d'animateur/trice mais bien la discussion entre les membres d'une même famille (trois générations/Max. 6 pers.) qui aura au préalable acceptée de se prêter au jeu.

Dans bien des familles, le repas du dimanche donne lieu à des discussions animées entre les différents membres de la famille mais aussi, et surtout, entre les différentes générations.

Cette série fait écho à ces discussions passionnées. Nous cherchons des familles dans lesquelles il y a des divergences d'opinions, de points de vue et/ou interrogations et qui prennent plaisir à en discuter ouvertement. Chaque épisode porte sur une famille et un thème différent dont une sera consacré à la thématique droite/gauche.

Merci de votre attention,

claude.andre@radio-canada.ca

mardi 2 mars 2010

Agenda culturel



Un Prophète

Amateurs de cinéma relevé comme ceux craquent pour les histoires de bandits genre les vieux Pacino, vous de ne devez absolument pas rater le magnifique Un Prophète de Jacques Audiard. Œuvre qui a d’ailleurs obtenu le Grand prix du jury à Cannes en 20009 et qui vient d’arriver chez nous. Un jeune arabe de 19 ans analphabète (magistral nouveau venu Tahar Rahim) est condamné à 6 ans de bagne. Naïf et fragile, il est rapidement repéré par le chef du clan mafieux corse (très crédible Niels Arestrup) pour lequel il fera les sales besognes en plus de lui servir de boniche. À la fois par admiration et intérêt, notre jeune arabe en profitera pour s’élever dans la hiérarchie criminelle grâce à son humilité et sa facilité à transiger avec les «barbus» ainsi que son lien d’amitié avec un gitan exalté. Un film de taule magnifique, subtil, habilement mené et, en quelque sorte, antiraciste a contrario. Captivant.




Photo: Jean-François Gratton

L’enfer c’est les autres !

Si nous connaissons tous la célèbre réplique de Jean-Paul Sartre, elle devient sublimement savoureuse lorsque restituée dans son contexte originel, la pièce Huis Clos rédigée en 44. Porte-étendard du courant existentialiste, le compagnon de Simone De Beauvoir souhaitait, à travers cette œuvre empreinte d’humour noir et très accessible, démontrer comment notre existence se ressent, se perçoit, à travers les autres. Dans une mise en scène signée Lorraine Pintal, la magnifique Pascale Bussières et les excellents Sébastien Dodge, Julie Le Breton et Patrice Robitaille nous livrerons ce tour de force théâtral. Maintenant reste à espérer que si l’enfer c’est les autres, le bonheur c’est les uns ?
Huis Clos
Du 9 mars au 3 avril
TNM
514-878-7878



Les derniers humains

Photo: Teatro Sunil

Spectacle mythique acclamé plus de 700 fois sur les 5 continents, cette pièce écrite en prison par un l’objecteur de conscience Daniele Finzi Pasca raconte l’histoire d’un patient qui, en arrivant à l’hôpital, propose un voyage imaginaire à son compagnon de chambre histoire de tromper la mort qui rôde. À travers l’unique acteur, l’autre personnage étant incarné par un spectateur invité à regardé la pièce depuis la scène, Pasca nous entrainera dan un univers fantaisiste où il devient tout à tout clown, acteur, diablotin, improvisateur et tout le bazar. Il parait que la pièce et son créateur désormais célèbre (Cirque Éloize, Cirque du Soleil, Jeux de Turin) sont si magistraux qu’on en ressort plus humain qu’avant notre arrivée.
http://www.youtube.com/watch?v=WsdwbH8OK_0
16 mars au 3 avril
Usine C
514-521-4493

Complexe d’Oedipe

La toute récente parution bédéesque de Joan Sfar, Oedipe à Corinthe, dessins Christophe Blain, est le troisième d’une série de 4 albums qui revisitent la mythologie à travers les aventures de Socrate le demi-chien. Irrévérencieux, brillant et drôle.

Benjamin Biolay: Ton héritage



Très beau montage sur une des perles de l'écrin «La Superbe». Un album qui redéfinit sans doute les cadres de la pop française et qui marquera assurément son époque.