samedi 26 avril 2008

Alexandre Désilets

Alexandre Désilets

Escalader l’ivresse

Maisonnette/Select

Finalistes partout, Désilets et cette voix perchée là-haut ont finalement remporté les grands honneurs à Granby en 2006. Avec l’excellent Jean Massicotte (Lhasa, Arthur H…) à la réalisation, aux claviers et à la programmation, Désilets propose une pop alternative qui plane entre électrop-pop, drum and bass et même un assemblage a cappella (Aléatoire) qui font fis des structures traditionnelles. Voix plaintive au propos plutôt sombre et impressionniste (dont à parfois du mal à saisir le sens et comme il n’y a pas de livret..), il s’est fait une légion d’amis chez les observateurs. Le public suivra-t-il toutefois cet artiste qui maitrise bien les codes de la pop d’avant-garde de son époque genre Radiohead ou Portishead ? *** ½. (CA

vendredi 25 avril 2008

Ariane Moffat


Ariane Moffat

Tous les sens

Audiogram/Select

D’emblée, la qualité sonore de la production frappe. Réalisé par l’Ariane et Jean-Phi Goncalves de Plaster, ce troisième chapitre fleure bon une joie de vivre qui chaloupe entre des ambiances cabaret sixties et super club troisième millénaire. Avec le doué Alex McMahon (l’autre Plaster) aux arrangements, la pétillante musicienne accomplie nous a mitonné des tubes en puissances telles «Réverbère» que ne renierait pas Catherine Ringer et des trucs plus intimistes touchants comme «Briser un cœur»où elle ne se donne pas le beau rôle. Moments plus faible en ouverture et mélodie convenus pour le bel exercice d’une chanson tirée des nouvelles du journal. Voilà qui la confirme néanmoins bien installée dans le gotha pop d’ici et de la francophonie. *** ½ (CA)

À télécharger :

Réverbère

Je veux tout

mardi 22 avril 2008

Rock, papier, roseaux


Pour la seconde année, Daniel Boucher mets les bouchées doubles pour l’environnement et se fait porte parole de la campagne «Allo la terre» qui s’inscrit dans le cadre du «Jour de la terre».

Claude André

«L’autre fois, je venais de faire l’épicerie. L’emballeur, qui faisait sa job d’étudiant, voulant bien faire sortait un sac en plastique après l’autre et les remplissaient. Alors, je me suis tourné vers la caissière et lui ai demandé :

-tu sais combien de temps ça prend pour que se décompose un seul de ces sacs ?

-euh, un an ?

-Non

-15 ans ?

-Non

-20 ans ?

Non, ça prends de 100 à 1000 ans !, s’exclame Daniel Boucher en se remémorant la scène. Surtout associé à la cause souverainiste, l’artiste tente désormais de «penser globalement et d’agir localement» en matière d’environnement en s’associant à la campagne «Jour de la Terre». Une initiative verte à laquelle l’adhésion de Vidéotron en 2007 a fait en sorte que 100 000 abonnés du câble ont choisi de troquer la traditionnelle facture en papier (une dizaine de tonnes sauvée!) pour celle en ligne et, c’était la part du «deal» proposé par Vidéotron, de contribuer à la plantation de 100 000 nouveaux arbres au Québec via des «corridors verts».

Cette année, en plus d’inviter ceux qui ne l’ont pas encore fait d’opter pour sa facture en ligne, Vidéotron lance une grande campagne de récupération des téléphones sans fil afin de recycler les différentes composantes des appareils défectueux ou plus à la mode, de recycler les métaux précieux qu’ils contiennent et d’éliminer de façon sécuritaire les matières dangereuses qui s’y trouvent. Rappelons qu’un cellulaire peut contenir jusqu’à 1 000 composantes ― dont des métaux précieux comme l’or, l’argent et le platine ― qui peuvent être récupérées. Il contient également des substances toxiques ― arsenic, mercure, cadmium, plomb ― qui présentent des risques élevés pour la santé humaine et l’environnement si elles ne sont pas convenablement gérées.

«On demande aux gens de les rapporter leur vieux sans-fil ainsi que les accessoires qui les accompagnent dans les clubs vidéos Vidéotron et autres point de ventes de l’entreprise et de les déposer dans les boites prévues à cet effet. Il ne faut surtout pas les jeter, c’est dégueulasse ces trucs là. Plein de polluants. L’organisme «Le jour de la terre» procédera ensuite à un recyclage et les ventes serviront à planter des arbres», raconte Boucher en avalant sa salade…verte.

Planter des arbres ? Ces fameux «corridors verts» relèvent en fait d’une vaste et importante stratégie de reboisement au Québec qui s’attaquera à l’une des premières causes de régression de la biodiversité : l’extrême fragmentation écologique des paysages et des écosystèmes. Les détails et autres aspects techniques ne seront communiqués qu’en mai à l’occasion d’une importante conférence de presse qui réunira tout les acteurs impliqués dont les maires des municipalités touchées par le projet et, bien sûr, Daniel Boucher.

Boucher débouche

Pour avoir connu le Boucher dans des circonstances beaucoup plus rock and roll, disons que l’image peut faire sourire. Mais «le monde et les temps changent», chantait Dylan.

Puisqu’il conduit 4x4, vu qu’il passe le plus clair de son temps en Gaspésie et qu’il s’agit du moyen le plus sur de ne pas s’embourber dans la neige (il l’utilise le moins possible à la ville) Boucher incarne en quelque sorte le consommateur ordinaire. Lui qui, pauvre comme Job avant le succès de son premier album 10 000 matins, n’avait même pas de quoi s’offrir une épicerie décente, aurait-il cru s’associer un jour à une grande entreprise comme Vidéotron ? Aurait-il crû qu’il nous fût un jour possible de vivre cette entrevue à caractère environnemental au temps des nuits écartelées ? «C’est flyé hein… Moi, j’ai un comportement normal. Je vis sur la même planète que tout le monde et je respire le même air que tout le monde. Probablement qu’ils m’ont choisi parce qu’ils pensaient que ça aiderait à faire en sorte que le message se rende dans les maisons. J’ai accepté parce que je pense que la cause est bonne. Je n’ai rien contre la compagnie en tant que telle, mais ce n’est pas mon genre de m’associer à une entreprise pour m’associer à une entreprise. C’est sûr que je me suis posé des questions. Tu sais la pureté de l’artiste… En tout les cas, viens un moment où il faut passer par-dessus ça. La cause est là et il y a plus d’avantages que de désavantages, alors…», analyse Boucher sans fausse pudeur. Et ça fait un moment qu’il se sent interpelé par l’écologie ? «C’est sûr que je ne me suis pas réveillé un matin en me disant : ça y est, je suis écolo. Ça s’est fait graduellement. (Il imite une vieille pub de Maurice Richard pour du colorant à cheveux: Ce fût graduel. Personne ne s’en ai aperçu. Encore aujourd’hui, je garde juste un peu de gris. Les femmes aiment bien ça)». Puis on s’esclaffe comme des gamins. Avant de, évidemment, causer hockey et même d’envisager une petite trempette à Boston histoire d’assister à un match.

C’est qu’il est heureux l’artiste par les temps qui courent. En plus de cette verte campagne (sans jeu de mots) qui le stimule sincèrement, il ne porte plus cette angoisse de la page blanche qui le rongeait à notre dernière rencontre. «J’ai maintenant quelques nouvelles tounes que j’aime vraiment beaucoup. Ça commence à débloquer. Quand ça ne sort pas, tu te poses de sérieuses questions», raconte le bummer funambule qui prévoit se produire en solo dans quelques festivals au cours de l’été et aimerait bien rencontrer le chanteur de l’excellente formation hip-hop Gatineau. En effet, le dernier album de la bande, en plus de la découverte du chanteur Devandra Bannhart et son album Cripple Crow, sont en grande partie responsable du retour de Madame l’inspiration chez Monsieur le Boucher. Souhaitons-lui qu’elle lui permettra de mettre là aussi les bouchées doubles. Comme pour l’environnement.

www.jourdelaterre.org

dimanche 20 avril 2008

Coups de coeur

Dans le cadre de la dernière de la saison de l'émission Ici et là, en rediffusion ce soir à Vox à 17h00 et disponible sur canoe.ca, le réalisateur Sylvain Bouchard m'a demandé, voilà deux semaines, de lui dresser la liste de mes coups de coeur de la dernière saison. Les voici.


• Le film de la saison : Le fils de l’épicier (mais je n’avais pas encore vu le formidouble Ben X que je ne saurais trop vous recommander)
• la pièce de théâtre de la saison; Oreille, tigre et bruit
• l'émission télé de la saison; Les Lavigueur
• le comédien de la saison; Pierre Verville
• la comédienne de la saison; Isabelle Blais

- politicien: : Yolande James
- musicien : Carl Bélanger


• l'album québécois de la saison; Nocturno de Bïa, ex aequo Le Volume du vent de Karkwa
• l'album international de la saison; Bleu pétrole Alain Bashung
• Le concert de la saison : Starmania haïtien
• le livre de la saison; Léon, coco et Mulligan, Christian Mistral
• la révélation artistique de la saison; Rachid Badouri




• le bon coup de la saison; L’affiche de Blasté qui a permis à sa metteure en scène déchirer sa chemise à l’hôtel de la libre expression
• la gaffe de la saison; La série René Lévesque
• la personnalité-zéro de la saison ; Tricot Machin et Richard Martineau

• le héros de la saison; Le club de hockey les canadiens de Montréal ainsi que les boxeurs Joachim Alcine et Lucian Bute

-auteur : Dany Lafferrière pour l’ensemble de son œuvre

vendredi 18 avril 2008

De la peur


Pierre au Café Pico ce matin.





Deux Hells Angels. Nuit d'encre. Pleine lune. Brume épaisse. Ils s'apprêtent à pénétrer une vaste forêt des Laurentides. Le plus petit lance à l'autre:




-J'ai vraiment honte de te le dire mais je l'avoue, j'ai peur !




Et l'autre de rétorquer illico:




-Eh moi donc. Imagine, en plus je devrai revenir seul...

Raphaël: Je sais que la terre est plate


Je sais que la terre est plate

Raphaël

EMI/Fusion 3

Quand nous avons découvert Raphaël en 2005 (même s’il avait déjà 3 disques) plusieurs amateurs de chansons françaises d’ici ont été stupéfaits : le jeune prince au cœur fêlé et à la nostalgie pure incarnait fabuleusement ce fameux «bonheur d’être triste» propre aux mélancoliques. On retrouve tout cela encore cette fois en plus, bien sûr, de cette variété top qualité aux mélodies qui tuent. Coréalisé par Renaud Letang (Birkin, Manu Chao, Feist…) et Tony Visconti (Bowie) cet opus ne devrait pas déplaire aux 1 500 000 personnes qui ont acheté Caravane mais il les marquera moins notamment parce que l’idée d’une vie bohémienne y est moins présente. Cela dit, Je sais que… demeure un disque qui possède son souffle. Chose rare. *** ½ (CA).

Jean-Louis Murat


Tristan


Universal

Avec Murat, c’est à tout prendre. Feu pour feu. Soit on aime ou on déteste ce côté dandy sombre, cette pop souvent vaporeuse, cette voix vibrante et cette langue rare et précieuse qui sculpte tel l’artisan qu’il est. S’inspirant de la légende de Tristan et Iseut, l’Auvergnat qui poursuit une quête à la fois mystique et charnelle, tel Leonard Cohen, a mis la main sur tous les instruments électriques et acoustiques pour ennoblir seul cet album emmitouflant où «l’amour est toujours en fuite». Malgré le thème médiéval, ces dix chansons, où le bonheur et la douleur sont intimement liés, demeurent intemporelles. Ne vous fiez pas surtout à vos premières impressions….Reste maintenant à l’inviter chez nous. **** (CA)

jeudi 17 avril 2008

Vieille âme : Raphaël


«Je sais que la terre est plate», chante Raphaël. Comme on le croyait en ce temps-là. Au temps où l’on brûlait les vieilles âmes et autres hérétiques…

Claude André

Avec la publication de l’album Caravane en 2005, la tribu des vieilles âmes s’était trouvé un autre Prométhée beau comme la nuit et triste comme les amours mortes. Raphaël et ses chansons d’errances les avait littéralement subjugués. D’ailleurs, ils n’étaient pas les seuls. D’autres chantres de la mélancolitude tels Miossec reconnu pour son penchant pour la quintessence éthylique, Cali l’exalté et Daniel Darc, cet ancien adepte de la haute couture (lire junkie) se sont tous laissé séduire par le beau Raphaël comme on peut le constater en visionnant leurs duos sur le web.

En plus de plaire à un très vaste auditoire donc (1.5 millions d’exemplaires de Caravane ont trouvé preneurs), le jeune homme est top crédible auprès de ses pairs comme a pu l’être Dassin à une autre époque. Les vieilles âmes, celles qui ont eu un jour envie de fracasser la fenêtre noire, se reconnaissent assurément. De la même façon que le font les Aliens. «Ah oui, j’ai une âme centenaire, ça c’est sûr. Je suis d’accord. Je traîne une impression de nostalgie de quelque chose que j’aurais détruit», acquiesce l’artiste peu loquace en entrevue. Serait-ce la «maladie de ma (sa) jeunesse», comme il l’évoque dans la chanson «Le petit train», qui lui fait appréhender les choses avec un certain recul? «Pas vraiment. Il s’agit plutôt de ce truc qui vous brûle et vous dévore comme une maladie, quoi. C’est souffrant cette jeunesse qui s’en va, c’est ça en fait que ça voulait dire», analyse Raphaël qui venait de l’école de Lou Reed et Alain Bashung avant de découvrir et de travailler avec Gérard Manset. Papa de sa manager et amie et artiste mythique quasi invisible avec lequel a d’ailleurs créé la pièce «Concordia» pour cet album.

Haïti chérie

Si Je sais que la terre est plate semble moins bohémien que le précédent, le mouvement et l’exil demeure présents comme avec la très belle «Quand c’est toi qui conduis» et «Adieu Haïti» où l’on retrouve un duo avec le célèbre reggaeman Frederick «Toots» Hibbert. «J’ai une fascination pour Haïti depuis que je suis tout petit. C’est venu de films, de livres… Ce pays représente un peu le cœur traumatisé de l’Amérique où quelque chose comme ça. À Montréal il y a énormément d’Haïtiens, cela a un peu contribué à cette chanson. Je me souvenais également de cette pièce d’Arcade Fire qui parlait d’Haïti…», explique ce lecteur de Dany Laferrière qui devrait revenir nous rendre visite en avril 2009 après une longue tournée européenne. Nous aurons alors le bonheur d’entendre ces autres chansons engendrées avec Boris Bergman et, notamment, Stephan Eicher.

Comme d’autres dégustent des vins, on écoutera souvent cette œuvre qui comporte sa cohorte de pointures dont le percussionniste Mino Cinelu (Lou Reed, Miles Davis…), le pianiste Robert Aaron (Wyclef Jean) et le guitariste Carlos Alomar (Bowie). Il est parfois si bon de se laisser macérer l’âme.

dimanche 13 avril 2008

Camille : discographiée


En attendant sont retour à Montréal «prévu mais je n’ai pas le droit de le dire», la chanteuse exploratrice Camille nous propose son nouveau projet majoritairement anglophone. Trois ans après l’envoutant et étonnant Le Fil, son dernier album studio, voici donc Music Hole une œuvre «Gospel with no Lord» à la fois pétaradante, festive, extrovertie et céleste où l’on retrouve Sly de Saïan Supa Crew ainsi que les Barbatuques, un groupe de percussions corporelles.

Claude André

Premier disque acheté ?

Je crois que c’était un disque de Withney Houston (elle se met à chanter I Wanna Dance With Somebody «Who Loves Me» au bout du fil).

Le disque qui te fait tripper en ce moment ?

Le mien ! (rires). Je m’affaire à le mettre sur scène et je trippe dessus avec ma formation. Nous sommes en train bien rentrer dedans histoire de créer un son de groupe. À part ça, j’ai eu un coup de foudre récemment sur un single de Sébastien Tellier qu’il a fait avec les Daft Punk. Kilometer, c’est un single.

Le meilleur disque anglo toutes époques confondues pour toi ?

Oh la la la la…Il y en a tellement. En top, j’adore Breakfast in America de Supertramp. En folk, j’aime aussi beaucoup Joni Mitchell sinon Michael Jackson et son Thriller.

Le meilleur album franco cette fois ?

Québécois ? J’en connais pas mal. J’aime bien Yann Perreau, j’aime beaucoup Ariane Moffat, Charlebois et l’autre avec les fourmis là ? Ah oui, Jean Leloup. Moi, je ne cesse de promouvoir la musique québécoise en France. Je pense qu’il y a un potentiel énorme en France qui est complètement sous-estimé. Je dis souvent aux producteurs de spectacles : «Allez, allez, écouter la musique québécoise. Parce qu’il se passe énormément de choses». Le dernier, là, Pierre Lapointe, il est super. Mon disque français préféré, par ailleurs, est L’Histoire de Melody Nelson de Gainsbourg. Ça me touche énormément.

Le plus récent disque français que tu as acheté ?

Je ne les achète pas, on me les offre. J’appelle la maison de disque et je dis : «Envoyez-le moi» (rires). Le dernier que je me suis fait offrir, mais j’aurais pu l’acheter, est celui de Jeanne Cherhall. Le dernier Bashung ? Ah oui, ça ne m’étonne pas qu’il soit excellent. J’adore ce qu’il fait.

Un disque pour aller sur la planète Mars ?

Steve Reich. Je ne sais pas lequel tant il y en a.

Tes idoles dans ce métier ?

Je n’en ai pas car qui dit idole dit idolâtrie. Cependant, je n’ai pas de modèles non plus. Pour être créatif, il faut surtout s’écouter avant tout, je crois. J’apprécie cependant plusieurs artistes pour ce qu’ils font mais ce ne sont pas des modèles. Parmi les artistes merveilleux vivants il y A : Steve Reich, Björk ET Jean-Louis Murat, notamment, qui possède une très belle manière de travailler, tel un artisan.

Tu as des fantasmes musicaux genre livrer un spectacle dans une soucoupe volante ?

(Elle s’emporte) Oui, tout à fait, c’est une excellente idée ça un spectacle dans une soucoupe volante la tête à l’envers. J’aimerais ça chanter un peu n’importe où dans des endroits insolites et pas seulement dans des salles de concerts. (Avis à Laurent Saulnier des Francos !)

Et tu l’as déjà fait? Ton plus beau souvenir de spectacle dans un endroit iconoclaste ?

Une fois, après un spectacle, on est sorti et ça s’est terminé sur le Pont des Arts à Paris. C’était sympa (voix émue).

Il y avait un attroupement ?

Ben le public a suivi hein !

samedi 12 avril 2008

Ici et là en ligne !

Évelyne Côté, votre hôte, Nelly Arcan et Pierre Thibeault


Dernier enregistrement de la saison hier à Ici et là. Pour l'occase, nous avons fait état de nos coups de coeur/gueule culturels des derniers mois.

Ensuite, après le traditionnel coquetel dans un bar-resto du Village gay, j'ai appris de la part de l'ami Max Catellier que les émissions de la saison 2007-08 (sauf celle d'hier qui sera en ondes jeudi prochain), sont désormais en ligne sur le site de Canoe.ca dans la section TV sous section culture.

Voilà une heureuse initiative qui, je l'espère, saura satisfaire mes potes orphelins du câble qui se désolaient de ne pourvoir l'écouter et, quelques amis français, belges et africains que la chose intrigue.

ps: Je constatais récemment que la fonction «commentaires» de ce petit blogue était out of order comme on dit à Paris. L'est maintenant revenue. Ils sont bienvenus : à vos touches de clavier!

Le pugiliste romantique


Fort en gueule à la ville, Jean-Louis Murat nous plonge néanmoins dans la noblesse de l’amour courtois médiéval en s’inspirant de Tristan et Iseut pour son nouveau chapitre.

Claude André


C’est en bossant sur des poèmes de Baudelaire mis en musique par Ferré pour l’album et le dvd Charles & Léo (pas encore distribués ici), après que Mathieu Ferré lui eut confié des bandes de son illustre paternel, que Jean-Louis Murat s’est senti interpellé par la légende de Tristan et Iseut pour son nouveau disque Tristan.

Une œuvre qui prouve à nouveau l’importance de l’artiste au sein du gotha français. En plus des musiques feutrées et des paroles posées sur sa voix vibrante, Murat est revenu à la maison et a joué de tous les instruments refusant d’attendre que le major qui venait de racheter le label V2 lui donne à nouveau le feu vert pour poursuivre le projet d’enregistrer en Irlande. Contrée où se déroule une partie de la célèbre légende. Mais pourquoi l’appel de cette époque, métaphore d’une rupture qu’il aurait vécu ? «C’est peut-être l’appellation sous le thème générique de Tristan qui solidifie un peu le propos. Mais je pense que je tourne toujours autour de la même thématique ; une quête amoureuse et érotique d’une sorte d’inconnu obsédant qui confine parfois au mysticisme», confie celui qui nous apprendra qu’enfant il se prenait déjà pour Tristan vu que la tristesse est l’élément essentiel de sa nature.

La nature de l’homme


Triste , peut-être mais pas désespéré, nuancera l’artiste au cours de cet entretien pas banal. C’est que Murat aime bien le pugilat. Une recherche sur You Tube permet de constater à quel point certains dont Laurent Voulzy ont gouté à sa médecine. Si le Léo Ferré déclara un jour : «i am un immense provocateur», Murat, son fils spirituel selon Mathieu Ferré et cela même s’il porte à droite !, ne dédaigne pas la rixe. «Vous vous avez la chance de pouvoir jeter un œil un neuf sur la société française qui est un monde constipé. Avec ses artistes et ses hypocrisies. Ce n’est pas très compliqué de gueuler pour dénoncer l’hypocrisie. Je ne vois pas pourquoi certains pourraient le faire alors, qu’apparemment, ça leur convient parfaitement. Et personne ne dit, rien, je suis un peu seul là dedans. La confrontation ? Oui, j’aime bien qu’il y ait un peu de virilité dans les rapports. Moi, je suis d’un milieu populaire où on réagit rapidement», souligne l’artiste qui a débuté sa carrière dans la controverse avec sa chanson «Suicidez-vous le peuple est morts» avant de poursuivre avec une diatribe à l’endroit du chanteur Renaud. Propos dont nous pouvons reproduire ici la teneur pour des raisons légales. «Je dis aux Français : il n’y a rien de mieux pour la santé que de dire la vérité ! C’est ce que j’enseigne à mes enfants et j’essaie de l’appliquer à moi-même», assure–t-il en précisant qu’il souhaite vivement une invitation à venir se produire au Québec. Sans doute aussi pour y retrouver ses femmes et leur «port altier» comme il le confiait au journaliste il y a quelques années.

Jean-Louis Murat
Tristan
Universal

mercredi 9 avril 2008

Alain Bashung : Bleu pétrole


Alain Bashung
Bleu pétrole
Universal
Déjà cette voix qui jette un maximum respect et nous transporte dans un long métrage. Puis, ce retour à une pop à la fois accrocheuse et sophistiquée dont ont se réjouit des influences «enniomorriconnienne» du surdoué guitariste Marc Ribot. Et ces six offrandes de Gaëtan Roussel (Louise Attaque) qui, différents de la grandiloquence distingué de Fauque ou Bergman, font preuve de exquise originalité sensible. Et le grand maître invisible Gérard Manset qui propose un sublime «Comme un lego» (9 min. !) puis son classique «Il voyage en solitaire», bref cette réalisation de Mark Plati, alchimiste de Bowie, est propice à embraser les bleus couleur pétrole du… cœur. Magnificos. **** (CA)

dimanche 6 avril 2008

Charles le boâ : Épik Épok


Épik épok


Propulsé depuis l’Étoile de Brossard, Robert Charlebois nous fera franchir le mur du son histoire de passer Avril sur mars.

Claude André



Frais, dispos et pas de bedaine, l’artiste qui est allé voir aux Indes s’il y était en janvier dernier avant son habituel hiver guadeloupéen semble des plus enthousiaste à l’idée de présenter ce nouveau spectacle où il sera entouré de quinze musiciens, Le Mur du Son Orchestra, à L’Étoile de Brossard. Pardon ? Oui, oui là.
Il s’agit d’une toute nouvelle salle de spectacle acquise récemment par La Tribu. La boite en grande partie responsable du concept de Tout écartillé, le précédent lifting artistique de Charlie Wood comme le nomme son ami David McNeil dans son roman Tangage et Roulis.

Le voilà donc qui revient, au printemps encore, avec une affiche de l’époque des seventies psychédéliques nous proposer un «Avril sur mars», comme le titre de sa chanson préférée de lui parue sur l’album Solidaritude en 1973.

Et si on lui avait dit à l’époque qu’il se produirait 35 ans plus tard dans la «chic» banlieue de Brossard, Garou 1er nous aurait-il rétorqué : «T’en fumes du bon man ?» «Oui, je t’aurais cru parce que c’est à cet endroit que la chanson «Lindbergh» a été créée», s’esclaffe Charlebois avant de redevenir plus sérieux. «Tu m’aurais dit Longueil, peut-être, mais Brossard, non. Mais ça a beaucoup changé. Ce n’est pas mon bag, moi, de découvrir de nouvelles scènes, mais celle-là, c’est vraiment quelque chose, oh boy ! Je ne dirai pas que sommes en Roll Roy, parce que ça coûte très très cher, mais nous sommes en Austin Martin, tu sais, la voiture de James Bond», s’emporte le gars ben ordinaire.

Place au spectacle

Bien qu’il se conserve le droit de modifier le contenu de son spectacle, Charlebois n’interprétera pas les deux habituelles de Plamondon («Les talons hauts» et «J’taime comme un fou») (yé) mais pas non plus la superbe «Fais-toé z’en pas» (snif) écrite par Réjean Ducharme. Il nous en ressortira plutôt une «aussi bonne» de l’auteur invisible avec lequel il a créé plusieurs tubes durant l’épik épok des seventies au cours de ces 5 soirées souper-spectacle éclairage tamisé. «Ça ne sera donc pas le spectacle psychédélique que laisse entrevoir l’affiche ?», s’inquiète le journaliste. «Le Mur du Son, Avril sur Mars, donc c’est sidéral. On va rouler sur les planètes c’est sûr là, mais ce n’est pas radicalement différent du dernier que les gens ont tellement aimé. Il y aura 4 ou 5 nouvelles tounes mais le noyau restera sensiblement le même sauf celles que t’aimes pas.»

Outre l’aspect marketing qui lui est bien sûr profitable avec cette pléthore de boomers qui carburent à la nostalgie et leurs enfants qui découvrent comment trippaient leurs vieux, Charlebois le businessman se plonge –t-il si aisément dans les seventies pas nostalgie ? Est-ce qu’il souhaite revivre des émotions qu’il n’aurait pas vu passer, trop occupé à «buzzer» ? «Non, c’est parce que je n’ai jamais savouré le plaisir d’être un chanteur. Mon gros fun dans la vie c’est de composer de la musique davantage que d’écrire des paroles. Aussi, je dois dire que jusqu’à récemment, il y a six ou sept ans, je n’avais jamais eu de fun à chanter. Avant que je ne découvre cette mystérieuse colonne d’air qui me permet d’interpréter à peu près n’importe quoi dans n’importe quelle clé», assure celui qui a de nouveau décidé de quitter l’alcool après Noël avant d’expliquer avec détails qu’il a redécouvert, il y a quelques semaines, le plaisir de jouer «Fu man chu» en la chantant comme elle a été crée avec un ton plus haut. «C’est la toune qui m’excite en ce moment». Ajouter à cela un batteur chinois, une autre batterie, une basse, des cuivres, des cordes, des percus, des claviers rétro-futuristes, des choristes blacks et pleins de guitares… ça promet d’être excitant sur Mars.


Charlebois et Le Mur du Son Orchestra
8 au 12 avril 2008
L’étoile, Brossard
450-676-1030
514-790-1245

Grand Corps Malade



Grand Corps Malade
Enfant de la ville
Universal/DEP

Barre très haute pour ce second titre clin d’œil à Bohringer (C’est beau une ville la nuit). Gros Tas de Salades comme le disent ses détracteurs ? D’emblée on retrouve cette petite explosion de lumière quasi spirituelle : «Mental» (nous la retrouverons sur Avec eux). Il faiblit avant de devenir rigolo avec «les pères verres». GCM reprend ses thèmes de prédilection tels la banlieue, le courage et l’amour sauf que… rebelote un hommage aux soirées slam et un triste aveu dans «Comme une évidence»: amoureux, il craint que ses potes se foutent de sa gueule. À 30 balais! Cela dit, l’influence du Renaud perfecto se fait encore plus manifeste (L’appartement) et le second degré y est parfois fort efficace (Underground). Faudra pour la suite resserrer et zapper la putain de flûte. *** (CA)

jeudi 3 avril 2008

Souffle


5 ans déjà que j'aperçois la lumière dans les yeux de l'absolu. Bonne fête Noa !

Il fallait les entendre, tous les clients du Café Pico, entonner le «Bonne Fête» comme ça, de bon matin, à l'initiative de Vince. Plus tard, elle m'a dit : «J'ai pleuré parce que c'était trop jolie». M'est avis qu'elle s'en souviendra longtemps.

L'est où ce putain d'appareil photo numérique lorsqu'on en a besoin ?