jeudi 2 septembre 2010

Rencontre avec André Gagnon

La sensibilité lumineuse
Installé confortablement dans son lumineux condo situé tout près de l’ancienne demeure d’Émile Nelligan, André Gagnon, celui-là même qui a fait exploser les ventes de façon inattendue pour des albums instrumentaux, dont le célèbre Neiges (1975) et ses 300 000 exemplaires vendus, nous reçoit, histoire de causer de son dernier opus, Les chemins ombragés.
Un disque mélancolique aux reflets d’automne et d’hiver, sur lequel le compositeur laisse libre cours à la nostalgie de son enfance, passée à Kamouraska dans une famille de 18 enfants dont il était le dernier, mais également, fidèle à son style, il brosse des tableaux mélodiques, inspirés de ce Québec qu’il adore. En plus, notamment, de livrer un touchant hommage à son éternel complice, dans la musique comme dans la vie, Claude Léveillée.
Il s’estime en grande partie redevable, pour sa carrière si rayonnante, à Claude Léveillée, l’un de nos derniers monstres sacrés de la chanson, qui est désormais très affecté par la maladie.
«Oui, Claude a entendu la pièce Le piano de Claude. J’ai attendu que le mixage soit complètement terminé. Ensuite, j’ai fait en sorte que la pièce se rende jusqu’à lui. Il m’a téléphoné tout de suite après l’avoir écoutée. Il était très ému, ce qui a produit le même effet sur moi. Vous savez, les succès à la radio sont venus plus tard, mais c’est lui qui m’a donné confiance en moi. Il m’avait choisi parmi d’autres, à l’époque, pour l’accompagner. C’était au début des années 60, et cela nous a conduits à une véritable osmose artistique», se souvient le créateur du mégatube Wow.
Le temps de prendre son temps
Mais s’il a mis tant d’années avant de proposer un album de matériel original, c’est surtout en raison de sérieux problèmes à sa main droite qui l’ont contraint à subir une opération. Un sujet qu’il n’est visiblement pas à l’aise d’aborder, mais qui semble lui avoir fait craindre le pire, même s’il livrait quand même des spectacles, dont plusieurs au Japon, où il est très sollicité.
Heureusement, il a accepté de subir une opération à la main, et une bonne nouvelle ne venant jamais seule, la fée création a accompagné la flexibilité indolore retrouvée.
Une composition menant à l’autre, il a donc écrit «dans la tranquillité et sans bousculade», sur une période d’environ un an et demi, ce chapitre musical qui annonce son grand retour. «Je n’ai jamais écrit un album avec autant de spontanéité. Pour conserver 11 pièces, j’en a peut-être composé 22. Il n’y a pas de recette. J’ai fait 30 albums, au cours de ma carrière, et le succès d’hier n’est jamais garant de celui de demain. Il en est ainsi pour tout le monde», analyse l’artiste, fermant les yeux.
Il semble revoir ce soir de Noël où son frère aîné lui avait offert une biographie de Chopin écrite pour les enfants. Ce soir scintillant, où l’étincelle du destin venait de s’allumer. Déjà, le petit Dédé venait de comprendre ce qu’il ferait de sa vie. Il ouvre les yeux et sourit. Un rayon plonge dans la pièce. Je crois qu’il est temps de quitter.
André Gagnon fera bientôt une tournée de spectacles au Québec. Pour connaître les dates de ses spectacles, rendez-vous sur leandregagnon.net
Son album Les chemins ombragés sera disponible dès le 7 septembre.

1 commentaire:

Louise a dit…

Merci Claude pour ce texte très touchant, et merci aussi de croire aussi aux fées !
Quand tu écris : "Un rayon plonge dans la pièce. Je crois qu’il est temps de quitter", là, j'ai vu un ange passer...