samedi 14 juin 2008

Helvète underground


Un K unique

Avec ses mélodies top accrocheuses, ce K zen se pose en doué chroniqueur de la vie et ses petites gens.

Claude André

Nouvelle coqueluche des observateurs de la chanson, le Suisse Nicolas Michel baptisé «K» involontairement par son petit neveu qui n’arrivait pas encore à prononcer son prénom est en voie de se faire une légion d’amis chez les cœurs purs qui n’ont pas encore cédé au cynisme.

Idéaliste assumé, il reçoit de chaleureuses accolades partout où il se répand dont le festival de la chanson de Granby et à la prestigieuse académie Charles-Cros qui l’a sacré «coup de cœur».

On comprend d’emblée pourquoi en écoutant «Je suis bien», la première chanson de L’Amour dans la rue, l’encodé qu’il s’en vient nous présenter. Une promesse d’amour si bien confectionnée que l’on aurait envie de l’expédier à une nouvelle fiancée qui nous promet d’heureux guili-guili. En observant le cas K sur You tube, on découvre aussi une présence scénique remarquable alliée à des sémaphores qui, dans une certaine mesure, évoquent la mémoire du grand Brel. L’influence du Belge n’est pas loin non plus lorsque l’on est happé par la chanson «La Cendre». Sujet morbide, certes, que le tandem Ferré-Caussimon suggérait d’éviter («Ne chantez pas la mort») mais qui aura finalement contribué fortement à ce que le jeune trentenaire paraphe un contrat de disque avec le prestigieux label Wagram en France.

Zen attitude

C’est qu’en plus de d’observer les petites gens et autres immigrés sur des airs mâtinés de reggae, de country, de rock et de musette, Mister K réfléchit sur les chose de la vie et médite façon vissapana. «Il s’agit d’une méthode qui s’inscrit dans la tradition bouddhiste. J’ai fait un stage salvateur de 10 jours il y a quelques années. Cela consiste à s’asseoir en silence dans un cadre assez strict et à observer ce qui se passe de la manière la plus détachée possible pour atteindre une espèce de lâcher prise où tu te rends disponible à la vie sans désir ni aversion. L’idée est d’atteindre un état de libération complet par rapport aux circonstances de la vie (…) Depuis, mon inspiration vient davantage du silence et du bien être que de la douleur. À un moment donné j’ai lu «Conversation avec Dieu», un livre qui parle du fait que la pensée, l’action et la parole sont créatrices. On y apprend que la manière dont on voit les choses leur donne aussi une réalité. Or, le fait de croire en soi et aux choses qui nous font plaisir leur donne une chance de se réaliser. C’était une manière nouvelle pour moi de fonctionner et cela a beaucoup correspondu à ce qui a fait en sorte que je me lance dans la chanson», poursuit cet ancien comédien qui avait écrit «La Cendre» pour l’anniversaire de son grand-père qui célébrait ses 80 ans en s’imaginant à sa place. «À l’époque, je commençais cette histoire de musique et je n’avais pas très fortement confiance en moi avant de monter sur scène. Le fait dire «je t’aime la cendre» comme je le fais dans la chanson, c’était aussi dire je t’aime à l'échec. C’était comme dire : «je suis d’accord de mourir». Et lorsqu’on lui demande s’il se réclame d’une religion, celui qui a été fortement influencé par la vulnérabilité du regretté Balavoine nous répond qu’il adhère plutôt à la spiritualité. Serait-ce parce que «la religion est pour ceux qui ont peur de l’enfer tandis que la spiritualité serait plutôt pour ceux qui en reviennent ? «Ah ah ah, j’adore. Oui, c’est tout à fait moi ça. C’est de qui ?»

K
L’amour dans la rue
Spectra/Select

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