jeudi 24 mai 2007

Le Petit Prince


Nous apprenions hier que l'excellent Pierre Lapointe sera de la prochaine édition de la fête nationale du Québec au parc Maisonneuve le 24 juin prochain en plus d'offrir le grand concert de fermeture des 19 ième FrancoFolies de Montréal. Cela me donne un bon prétexte pour sortir des boules de naphtaline cette entrevue qu'il m'accordait pour le Ici il y a presqu'un an en vu d'un concert au Métropolis.
Par ailleurs, pour ceux que ça intéresserait l'émission Ici et là possède, grâce aux bons soins de Mélissa-Maya, sa propre page my space avec une pléthore de photos : www.myspace.com/icietla


Il se camoufle souvent derrière un personnage, mais le nouveau petit prince du showbizz québécois est également un splendide créateur dont la démarche noblement artistique n’a pas fini de nous déstabiliser.

Claude André

Lorsque nous l’avons rencontré la première fois dans un café de la rue Laurier dans le cadre des nouvelles têtes à surveiller pour la nouvelle année, Pierre Lapointe était allumé, certes, mais ne possédait pas encore la superbe qu’il trimbale aujourd’hui.

Ancien étudiant en théâtre qui ne se destinait pas à la chanson, le jeune homme nous expliquait alors que son personnage de dandy condescendant qu’il affichait sur scène servait en fait à camoufler une maladive timidité.

Puis les années ont passées. Le jeune homme, aussi grâce à ses gérants, un couple qui a tout laissé tomber pour se consacrer au rayonnement de l’artiste, a paraphé un contrat de disques avec la boite Audiogram.

Contre toute attente, le succès de son premier encodé qui donne dans un genre plutôt vieille école style Boris Vian était au rendez-vous avec plus de 60 000 exemplaires écoulés.
Mais si nous savions dès le début ses chansons géniales, il nous restait à apprendre que Lapointe est un artiste intégrale (et intègre) dont la démarche singulière pour notre époque s’inspire de celle d’une Diane Dufresne.

En ce sens qu’il ne craint pas de déstabiliser le public en lui proposant des expériences musicales hors du commun où il revisite ses chansons ou encore en lui offrant des spectacles mis en scène de façon théâtrale.

Comme il l’a fait, notamment, avec le Consort contemporain de Québec ou dans le cadre de son spectacle « La forêt des mal aimés ».

Au lendemain du gala hors d’onde de l’Adisq où son équipe et lui devaient rafler 4 prix (avant les six autres du gala télévisé d’il y a deux semaines), l’homme arborait une dégaine remplie de cette belle confiance en soi que confère le sentiment d’être apprécié mais brillait également par son franc parler et sa connaissance intime de l’art contemporain sous de nombreuses facettes. Furent-elles musicales, architecturales, design ou picturales.

Comment explique –t-il la reconnaissance de cette démarche qui se destinait à une diffusion clandestine?

« Merde, réveillez-vous »

« Je n’ai jamais espéré écouler plus de dix mille exemplaires de mon premier disque. Au-delà de ce chiffre, ça représentait un gros succès. J’avais en tête une fille comme Lhassa Desela qui vend des tonnes de disques mais qui demeure inconnue du grand public. Je me disais : il y a sans doute moyen de vivre de ce boulot sans être une grande vedette et en ne jouant pas cette carte là. Lorsque tu choisis ce métier pour faire de la création, travailler un univers qui est à toi, tu n’as pas de problème avec le fait de te retrouver sur un marché en marge», se souvient-il.

Mais le hasard qui fait parfois bien les choses a fait en sorte que Lapointe est apparu à un moment où le public québécois amateur de diversité se manifestait de plus en plus. Avec les Cow-Boys et Loco Locasss, vinrent ensuite Les trois accords et autres DobaCaracol. L’Adisq ne pouvait plus faire la sourde oreille : money talk.

« Les gens ont une écoeurite générale du préfabriqué. Cela aide notre cause en créant un fossé. C’est comme s’il y avait nous et eux autres. Un peu comme lorsque les yéyés sont arrivés dans les années soixante. Un fossé c’est créé entre eux et les chansonniers. Puis il y a eu un retour du pendule avec des gens comme Charlebois où tout a fini par se mélanger. La pop devenait de la chanson et vice versa. On ne savait plus trop. Prends l’album « Jaune » de Ferland où le disque psychédélique de Donald Lautrec. On revit peut-être le même phénomène », analyse Lapointe en regardant l’heure sur son bracelet qui cache une montre lumineuse crée par son idole, le designer français Philipe Starck.

« Sur le prochain album, il y aura beaucoup de clins d’œil à la musique pop sur le plan mélodique. Les textes cependant appartiendront encore à mon univers », échappe celui qui souhaitait, il n’y a pas si longtemps, laissé tomber son personnage de chanteur pédant et hautain et qui se fait un devoir de demeurer sympathique lorsqu’on lui demande un autographe même si cela le « fait chi… » (Première fois que j’entends un tel aveu en 12 ans de métier!)

Influencé par Diane Dufresne bien sûr, mais également par les Beasties Boys, Beck, Björk, les Beatles et Stereolab, Pierre Lapointe revient à Barbara par les temps qui courent et étudie scrupuleusement l’œuvre de Mc Cartney. « J’ai envie de dire au monde : hey, j’existe pour autre chose que la chanson française. J’ai fait la scénographie du show, j’ai travaillé avec l’arrangeur pour trouver les musiciens. Je m’éparpille partout ».

Même en France où il ira tâter le cœur des Hexagonaux le printemps prochain avec la parution du prochain album.

Le prix du Coup de cœur de l’Académie Charles Cros qu’il a remporté en juin dernier ne devrait pas lui porter préjudice lorsqu’il se pointera chez les Gaulois…

Entre deux voyages dans les galeries tendances new-yorkaises, le Prince Lapointe consentira bientôt à rencontrer la plèbe en lui proposant non pas du pain et des jeux mais une nouvelle mouture de « La forêt des mal aimés ».

À quoi doit-on s’attendre de celui qui se situe à mi-chemin entre la commedia d’elle ARTE avec ses personnages tordus et son romantisme mélo-dramatico-mélancolique à la Barbara?

« Pendant le processus de création de La forêt des mal-aimés, je me suis assis avec Michel, mon gérant, et je lui ai dit : je veux que les gens comprennent que lorsqu’ils vont voir un spectacle de Pierre ce n’est pas pour assister à la reproduction de l’album. On ne vient pas pour voir un show classique mais plutôt pour assister à quelque chose de différent, un événement. Je mets toujours la barre un peu plus haute histoire d’aller ailleurs. Il y aura beaucoup de différence avec La forêt…. Pour la première fois, on retrouvera un batteur dans un des mes spectacles en plus de mes 4 musiciens habituels. Le décor sera le même mais s’ajouteront quelques éléments surprises. J’interpréterai également plusieurs nouvelles chansons qui donneront une bonne idée de ce qui s’en vient pour le prochain album. Les arrangements sont signés Philippe Breault, un jeune créateur de 24 ans qui possède un sens inouïe de la pop, du jazz et de la musique classique. On veut amener La forêt au stade de l’événementiel. J’aime jouer avec les émotions des gens et les étonner. Il y a une pièce, par exemple, avec une mélodie très très grandiose et juste au moment où cela devient très prenant, on câllisse une scie mécanique dessus..! Vous êtes bien, vous trouvez ça beau, et vlan, on vous rentre un couteau dans le ventre! Si je serai fendant? En show, je suis fendant parfois. Mais je le suis aussi quand je déconne avec mes amis. J’ai abandonné le personnage pour mieux y revenir de façon plus modérée. Je ne veux quand même pas faire un show d’humour. »

En espérant marquer son époque comme l’a fait l’icône pop trash Leigh Bowery qui l’a un jour bouleversé au point de le traumatisé, le petit prince s’apprête à nous dessiner bien plus qu’un mouton.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Tous Les Visages

Y'a les regards
De ceux que l'on croie
Et ceux que l'on habite
Avant d'avoir
Eu le temps de voir
J'ai fermé les yeux trop vite

Tous les visages
Parlent d'eux même
Avant qu'on les connaisse
Le mien t'a dit:"Va t'en, cours au loin
Je ne serai que tristesse"

Y'a les sourires
De ceuz que l'on croise
Et ceux que l'on habite
Avant d'avoir eu le
Temps de boire
Tu as craché trop vite

Tous les visages
Parlent d'eux même
Le miebn t'a dit:" Va-t'en,
cours au loin
Je ne serai que tristesse"

On s'est brisé
La tête et le coeur
Avec bien trop d'adresse
On a noyé nos yeux
Dans les pleurs
Prétextant notre ivresse

Tous les visages
Parlent d'eux même
Avant qu'ils se connaissent
Les nôtre on fait semblant
Jusqu'à la fin
Aodés de fausses promesses

(Merci à Laurie pour cettes paroles)
Paroles Mania de Pierre Lapointe

claude andré a dit…

Merci à Laurie... Qui es-tu Laurie que je te remercies commeil se doit...

Anonyme a dit…

À propos du Petit Prince, on peut lire un récit au livre (en espagnol) Este Sol de la Infancia (écrit par Saiz de Marco). Son titre est «Ce n´est pas un mot ».

CE N´ EST PAS UN MOT

Ce matin j´ai rentré au temps, cours de franÇais, treize ans, quand Marie dit « Nous allons lire Le Petit Prince ». C´est un livre étrange, avec d´ émotions connues qu´ on ne peut pas exprimer. Chaque jour deux pages, mais maintenant c´ est impossible de s´ arrêter. J´ai besoin de le lire entier, donc je cherche au dictionnaire les mots que j´ ignore. Cependant « baobab » n´apparait pas. Je demande à Marie et elle me dit « ce n´est pas un mot franÇais, c´ est un arbre africain ».

C´ est à cause des baobabs que le Petit Prince est venu à la Terre. Il avait besoin d´ un mouton qui mangeait les burgeons de baobabs, avant qu´ ils grandissaient et faisaient éclater son petit astre.

Ce matin nous avons fait l´ essai. Ces singes s´ alertent entre eux quand ils voient un prédateur. Si celui qui attaque est un aigle, ils font un son pour que leurs compagnons se cachent aux arbustes ; si celui qui vient est un félin, ils font un son différent por leur dire qu´ ils doivent grimper à un arbre. Quelques zoologistes appelons « proto-mots » à ces sons. Et ce matin, quand le singe était près de notre poste d´ observation, je l´ ai écouté. Quand le singe a vu qu´ une lionne s´ approchait, il a ouvert ses lèvres et a dit clairement « baobab ».

claude andré a dit…

Sympa et touchant. Merci Charles. Au plair de vous retrouver sur ce petit blogue. merci