Magnolia
Éponyme
Audiogram/Select
Stupéfaction totale ! Il n’aura fallu quelques instants pour que le premier verset de cette Magnolia (Mélanie Auclair) se retrouve d’ores et déjà sur le top10 annuel de votre serviteur. Faut dire qu’en duo avec Lhasa (pour laquelle elle officie en qualité de violoncelliste) dès la première pièce, cette fille vous fait le grand jeu. Ensorcelante à souhait, elle nous balance, sous l’égide du réalisateur-guitariste Rick Haworth, un cinoche aux teintes country, folk, aériennes et même tomwaitienness top sophistiqué. Multi-instrumentiste reconnue dans le monde de la musique actuelle, le premier album de Mangnolia nous fait donc chalouper dans des grands espaces d’americana avec des textes d’apparences simples mais inspirés. Encore. **** (CA)
Grand Corps Malade
Midi 20
Universel
À un jeune musicien qui lui disait, enthousiaste, avoir apposé de la musique sur ses vers, Victor Hugo répondit : « quoi, il n’y en avait pas déjà ? ». Bien qu’ils n’appliquent pas la rigueur du l’homme qui causait avec Dieu, les slameurs, dont leur figure de proue Grand Corps Malade, redonnent ses lettres de noblesse à la versification. Ami lecteur, si la seule musique des mots ne te suffit pas, saute ce texte. Sinon, tend l’oreille et ouvre ton cœur. Tu risques comme moi d’y trouver des merveilles chez ce porte étendard de la nouvelle poésie urbaine apparue dans les bars de Paris à la fin des années 90 et à Chicago au cours des eighties car : Tel un éclair qui déchire la nuit. Les slameurs réinventent la poésie. Sur ses trois pattes dressé, Grand Corps voix de la Cité, est Voleur du feu de Prométhée. Bouleversant et sincère, ses slams filent des frissons à ma chaire. Il te débusque les mots, ceux tu sais, qui enivrent, et les enrobe de voyages, d’une exquise envie de vivre. Braqueur d’absolu du matin, comme d’autres ont choppé des drapeaux, voleurs des grands parchemins, le voilà sublime desperado. Programmations à l’odeur bitume ou encore des cordes qui tiennent chaud, cet album préserve de l’amertume, un peu comme une « cerise sur le ghetto ». ****1/2 (CA)
Damien Robitaille
L’homme qui me ressemble
Audiogram/Select
Il ne le sait pas encore, mais le Québec et certains de ses « sexys séparatistes » s’apprêtent à vivre un méchant coup de foudre avec un Ontarien aux abords lunatiques, candides et timides. C’est qu’en plus d’être doté d’un charisme certain, le natif du petit village de Lafontaine nous propose un premier album frais comme une jeune fille dans qui se baignerait sous une cascade de juillet. Avec le ton léger voire puéril de celui qui ne saurait pas qu’il incarne le complexe de Peter Pan, Damien propose un folk-rock déjanté mâtiné de chansons carrément western ou pop dont les textes n’auraient pas déplu à un certain Bison Ravi (lire : Boris Vian). Arrangé par Jean-François Lemieux et Simon Godin, que l’on connaît respectivement pour leur travail avec Daniel Bélanger et Jorane, « L’homme qui me ressemble » recèle 14 chansons plus rigolotes ou franchement sympathiques les une que les autres. Le livret de présentation, inspiré des cahiers de La bonne chanson, qui accompagne le tout est également remarquable et décrit bien l’intemporalité de l’opus et son côté à la fois ludique mais second degré à plusieurs égards (ex. Tous les sujets sont tabous). On aime. **** (CA)
Mano Solo
Dehors
Warner
Va te faire foutre la mort, Mano est bien vivant. Même qu’il sourit. “ Parce qu’il y a sûrement des pays qui valent le coup ”, nous dit-il.. Artiste majeur qui nous aide à mieux vivre, le farfadet qui nous avait livré le meilleur show des dernières FrancoFolies n’est plus une victime. Et la galerie de personnages urbains qu’il nous peint de sa plume inspirée marque un tournant radical et inévitable dans la carrière de celui qui avait fait le tour du jardin avec son mal de vivre. Déstabilisant aux premiers abords pour ceux qui ont écouté la trilogie précédente à profusion, cet encodé nous accroche un grand sourire et nous fait voyager aux pays des soleils éclatés. Un album qui a la pêche (et la banane)8.5/10
Raphaël
Caravane
EMI
Amateurs de chanson française, il vous faut impérativement mettre le grappin sur cet album de pluie beau comme les sanglots longs de l’automne. Avec sa voix haut perchée ce trentenaire évoque le Christophe aux mille amours du dernier album. On pense à Bertrand Cantat aussi, côté déchirure. La voix tranchante comme une arme blanche de Raphaël cause de la vie avec une mélancolie et un certain nihilisme paradoxalement rédempteur comme lorsqu’il nous pleure pour relativiser la douleur : « et dans 150 ans on s’en souviendra pas ». Avec ses guitares gypsys, son piano noir et ses mélodies des plus accrocheuses, le type est désormais un incontournable réclamé autant par Stephan Eicher, un Calogero.... Une hyper fragilité qui n’appartient qu’à ceux qui ont eu un jour envie de fracasser la fenêtre noire histoire de s’envoler enfin. 9/10 (CA)
Mari-Jo Thério
La Maline
GSI Musique
Une éclipse lunaire, un moment de grâce ou le grand sablier du temps s’arrête. Avec des chansons comme Café Robinson, Le Maline, T’es le beau Raphaël ou Another love song about Paris, l’Acadienne aux yeux couleur d’absinthe nous proposait un troublant et réconfortant voyage sur les récifs d’une âme féminine qui tanguerait entre mélancolie et colère sur un accordéon. Avec des musiciens issus de la scène de la musique actuelle tels Bernard Falaise et d’Eric West Millette voilà un disque touché par les fées. **** (CA)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire