samedi 21 août 2010

Don Giovanni: serial lover


Don Giovanni, naissance d'un opéra



De la musique avant toute chose

Exilé de Venise pour adultère et complot, un prêtre libertin se retrouve à Prague et à Vienne où il écrit le livret de l’opéra Don Giovanni en compagnie de Mozart.

Claude André

République de Venise. 1763. La Sainte Inquisition plane. Un jeune garçon renonce à sa judaïté pour se convertir au catholicisme. Ce qui lui permettra plus tard de se faire ordonner prêtre. Mais le jeune homme en question, maintenant nommé Lorenzo da Ponte (sombre mais efficace Lorenzo Balducci), se révèlera davantage interpelé par les courbes féminines que les voies impénétrables de dieu. Tout comme son ami et mentor, l’illustre séducteur Giacomo Casanova (excellent Tobias Moretti dans la peau du vieux beau cynique) qui est également un «frère» franc-maçon.

Condamné à 15 ans d’exil en 1781, le jeune ami de Casanova se révèle sympathique aux yeux de l’Empereur Joseph II qui lui propose de travailler au livret de l’opéra Les Noces de Figaro avec nul autre que Mozart. Après le succès de l’entreprise, les deux comparses s’attaquent à Don Giovanni, un opéra largement inspiré de la vie de Casanova et, bien sûr  Don Juan,  où La Divine Comédie de Dante se profilera en toile de fond.

Réalisé par l’immense réalisateur espagnol Carlos Saura qui n’a pas craint de s’attaquer au franquisme dans ses jeunes années, ce film théâtro-musical aux emprunts kitsch assumés évacue rapidement l’intrigue mystico-politique qu’il laissait présager pour se tourner exclusivement vers la création romancée dudit opéra.

C’est donc à un jeu de miroir entre la vie tumultueuse de Lorenzo da Ponto et ses conquêtes féminines du moment et le génie douloureux et sans le sous de l’exubérant Mozart (moins fantasque et plus torturé que dans Amadeus, touchant Lino Ganciale) qui se retrouve transposé sur scène petit à petit.

Et c’est dans cette atmosphère de grandiloquence souriante, bien que réalisée de main de maître, que le spectateur se demandera en regardant parfois sa montre s’il n’est pas un fana d’opéra, comment da Ponte conclura l’œuvre : rédemption de Don Giovanni enfin amoureux et fidèle à une seule femme ou triomphe de cet «instant de vie qui a plus de valeur qu’une éternité» si cher à Casanova ?

***/5

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