mercredi 25 août 2010

Douze hommes rapaillés vol. 2 : entrevue avec Gilles Bélanger

Après le premier album Douze hommes rapaillés, qui s’est vendu à 35 000 exemplaires, et le spectacle acclamé aux Francofolies, voici le deuxième opus très attendu consacré à l’œuvre de Gaston Miron.
N’eût été de Chloé Sainte-Marie et du regretté Gilles Carle, qui a incité cette dernière à mener à bien son projet de chanter les grands poètes d’ici, cette fabuleuse histoire n’aurait sans doute jamais vu le jour.
En 1998, la chanteuse confie «l’enchansonnement» de quelques poèmes (dont un de Gaston Miron) à l’auteur-compositeur-interprète Gilles Bélanger pour son magnifique deuxième album, Je pleure, tu pleures, sorti en 1999. C’est donc tout naturellement que Bélanger songe à créer un album qui porte sur l’œuvre du poète.
En 2007, Bélanger et sa blonde s’amusent, en buvant du vin rouge, à imaginer à quoi pourrait ressembler un album consacré à Miron et quelle en serait sa facture. «Je n’ai plus travaillé avec Chloé depuis 2005», explique Bélanger, qui a composé 34 titres sur 3 des albums de Chloé.
«Je rêvais de continuer à mettre Miron en musique, mais Chloé ne pouvait pas interpréter tous les poèmes, car plusieurs sont des textes d’amour qu’un homme adresse à une femme, poursuit Gilles Bélanger. Puis, je me suis mis à discuter avec ma blonde du texte Ce monde sans issue, que j’imaginais depuis toujours interprété par Daniel Lavoie.»
Le concept
Ensuite, apparaît le concept des Douze hommes rapaillés, librement adapté du titre du recueil de Gaston Miron, intitulé «L’homme rapaillé». L’idée fait aussi référence aux 12 heures, aux 12 apôtres et aux 12 hommes en colère (un film de Sidney Lumet).
Des artistes se greffent alors au projet, puis les astres se donnent le mot... Au cours d’une balade à vélo, Bélanger croise par hasard Louis-Jean Cormier (Karkwa), qu’il avait connu lorsque ce dernier assurait la direction musicale d’une tournée de Chloé. «C’est lui que je voyais à la réalisation, explique Gilles Bélanger. Lorsqu’il m’a donné son accord, je savais que Pierre Flynn, Daniel Lavoie, Plume, Richard Séguin et tous les autres tripperaient.» Les deux larrons souhaitent mordicus réunir trois générations d’interprètes autour du projet.
«Une fois mon travail de composition effectué, je refile les chansons à Louis-Jean. Elles passent alors dans son tordeur et on tombe en 2010, confie Gilles Bélanger. Le deuxième album nous prouve que l’on peut rocker Miron avec bonheur et fierté.» Ce disque, musicalement plus éclectique que le premier, évoque autant le cirque déglingué de Tom Waits que le blues et le country. Peut-être parce l’aspect militant indépendantiste de Miron est davantage mis en avant dans cet opus que dans le précédent.
Il faut dire que la noblesse des sentiments et la magnificence de Miron sont toujours au rendez-vous: «La première personne qui a écouté les chansons est Marie-Andrée Baudet, la dernière conjointe de Gaston. Elle était très émue, se souvient Gilles Bélanger. Ce qui m’a le plus touché, c’est quand Martin Léon a chanté sa pièce (Avec toi) en studio. Il est ensuite venu l’écouter avec nous autour de la console, où se tenaient quatre ou cinq personnes. J’ai aperçu une larme glisser de l’œil de Martin. J’en ai eu des frissons. On était tous des gars, tu comprends... Je me suis dit: "Si je regarde quelqu’un, je vais me mettre à pleurer".»

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