mardi 17 avril 2012

Hollywood et la politique : se divertir sans s'abrutir


Hollywood en plywood

Certains ne s’en vantent pas dans les salons, mais la plupart des gens adorent savourer des films hollywoodiens. Dans son captivant essai Hollywood et la politique, paru chez Écosociété, Claude Vaillancourt nous invite à ne pas bouder notre plaisir tout en demeurant attentifs aux messages qui y sont véhiculés.

Votre livre est-il une charge contre le cinéma d’Hollywood?
Non, au contraire. L’objectif est de contribuer à ce que les gens comprennent mieux ce qu’ils voient car de nombreux messages sont transmis par le cinéma hollywoodien. Il s’agit d’un contexte assez particulier où les investissements sont très élevés et où nombre de personnes interviennent dans le processus de production. Dans ce contexte, est-ce que les réalisateurs peuvent vraiment transmettre des idées qui leur sont personnelles ou qui vont à l’encontre des intérêts de ceux qui financent ces films? Un contrôle est-il exercé et, si oui, dans quelle mesure?

Et la réponse est…
Il subsiste un contrôle qui est assez grand mais les gens peuvent y échapper car, malgré tout, on y retrouve une certaine liberté d’expression.

Vous dites qu’Hollywood souffre, en ce moment, d’un grave manque d’imagination. Quel serait l’âge d’or?
Je reproduisais un propos que l’on entend souvent, dont celui du célèbre critique Roger Ebert. Si on analyse les années 40-50, on se rend compte qu’il y a eu beaucoup de bons films à cette époque, dont ceux de Frank Capra. On y retrouvait une grande richesse dans les dialogues, qui s’est transformée avec le temps en scènes d’action. Chaque année, de bons films sont réalisés. Par exemple, en 2011, The Descendants avec George Clooney est un exemple assez intéressant de film qui pose de bonnes questions. L’idée de mon livre m’est venue pendant les années Bush durant lesquelles la presse était soumise aux dépêches et aux communiqués qu’émettait son gouvernement. Or, le cinéma américain a connu une excellente période à ce moment-là. Je pense à des films contestataires, comme Lord of War, Syriana ou Munich (Steven Spielberg).

Parlant de Spielberg, que pensez-vous du discours selon lequel le cinéma hollywoodien serait contrôlé par des Juifs qui s’en serviraient comme d’un instrument de propagande?
Je n’embarque pas là-dedans. Les studios appartiennent à des empires financiers qui sont plus grands qu’eux-mêmes et ces empires viennent de partout. Il y a Sony, qui appartient à des Japonais, l’Australien Murdoch est propriétaire d’un studio, il y a aussi General Electric qui en possède… C’est une sorte de grande sphère financière. Certains, comme Hervé Kempf, ont parlé d’une oligarchie mais j’ai ne crois pas à une oligarchie dominée par une ethnie particulière. Cela dit, aux yeux des républicains, Hollywood est un nid de démocrates et c’est pour cela qu’ils s’y attaquent souvent.


Claude Vaillancourt est romancier, essayiste, conférencier, musicien, professeur de littérature, militant altermondialiste et cinéphile. Membre du comité de coordination de la revue À bâbord, il a écrit Mainmise sur les services et les romans Les années de bataille et L’inconnue. Son dernier ouvrage, Hollywood et la politique, est actuellement en librairie.

«The Descendants avec George Clooney, un exemple assez intéressant de film qui pose de bonnes questions», selon l'auteur Claude Vaillancourt.

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