Pour Denis Chiasson, alias Desson, pas question de laisser un autre artiste s’emparer de ses années pain noir…
Sidney (C-B), Vancouver, Calgary, Toronto, Lancaster (Ont.), Magog, Québec, Charlevoix, Chicoutimi, Saint-Jean-Port-Joli et Terre-Neuve, l’artiste Desson a entrepris de sérieuses démarches pour que ses œuvres inspirées de la recherche de la femme idéale se retrouvent un peu partout au Canada (mais toujours pas à Montréal !).
Cela pourrait en étonner plusieurs, mais s’il a investi autant d’efforts et d’énergie pour effectuer cette répartition, c’est surtout parce qu’il tient à marquer son territoire… comme d’autres plantent des drapeaux.
C’est avec une honnêteté presque candide que l’artiste de 38 ans nous a récemment expliqué, dans la cuisine de sa petite maison de Boucherville, qu’il tient à signaler sa présence partout au pays afin d’éviter que des usurpateurs éventuels ne viennent proposer des œuvres plagiées ou fortement inspirées du style qu’il a développé et peaufiné pendant des années. Parano ? «La peur de me faire copier me hante constamment. Ce milieu est très dur. Cela me ferait beaucoup de peine et ça irait très mal…Je retrouverais la personne», explique l’artiste sur un ton très posé. «Si cela s’est déjà produit ? Non. En fait, oui. Il arrive parfois que des dames d’âges mûrs m’envoient des photos de reproductions de mes toiles mais ce n’est pas comme aller proposer ces tableaux en galerie. Afin d’éviter cela, je me suis dit en 2003 : cette année, je dois être partout. Ainsi, si quelqu’un commence à proposer quelque chose qui me ressemble, ben j’aurai été là avant. Mon but était d’être vraiment présent dans l’ensemble du Canada. Je me suis donc beaucoup activé à la recherche, souvent via Internet, de galeries susceptibles de m’accueillir jusqu’à ce que je me retrouve effectivement partout», explique ce diplômé en arts de l’Uqam.
Avant de confier, d’une voix triste, qu’il trouverait vraiment injuste de voir un autre artiste obtenir du succès avec le style qui est désormais le sien alors que lui, Desson, a un jour quasiment abdiqué et consenti à vivre pauvrement si cela était le prix à payer pour se consacrer entièrement à la vie d’artiste dont il rêvait depuis toujours, un peu à l’image de Van Gogh, une de ses idoles.
Une autre raison
Bien que la persévérance dont il a fait preuve rapporte aujourd’hui sur le plan pécuniaire, Desson possède néanmoins une vision démocratique de l’art. Ainsi, s’il souhaitait étendre «son empire» c’est également parce qu’il espère que le plus grand nombre de gens possible aient accès à ses œuvres.
Lui qui met trois jours à compléter un tableau, en finalise quand même un par jour. C’est qu’il faut les alimenter ces 11 galeries. Ne craint-il pas de diluer la valeur de sa griffe avec une telle production ? «Non, parce que les prix de mes tableaux sont bas. Je sais c’est quoi travailler dur. Or, ce sont des gens qui travaillent qui achètent mes tableaux. Je ne veux pas que leurs prix montent. Pour moi, de la peinture pour les riches, ça perdrait sons sens. J’aimerais que tout le monde puisse s’offrir une de mes toiles», confie cet amateur de littérature en générale et de la beat generation en particulier. C’est d’ailleurs en peignant une Mexicaine glanée dans un roman de Kerouac qu’il déclenché le processus de ce qui allait devenir son style. L’œuvre trône d’ailleurs encore aujourd’hui au dessus de son lit.
Et, avant d’oublier, dernière question : pourquoi ne retrouve-t-on pas de tableaux de ces filles, peintes à l’huile, artistes et urbaines dans des chambres qui donnent souvent sur la nuit dans les galeries montréalaise ? «Contrairement aux autres qui m’offrent 60 ou 50 % du prix de reventes, celles du Vieux Montréal par exemple, ne me proposent que 40%. On me dit qu’il y a des frais de location, de pubs… Je veux bien, mais lorsque l’on vend une toile par Internet, il n’y a pas beaucoup de frais….».
http://desson.ca/