mercredi 14 avril 2010

Entetien avec Suroît


photo: James Gray

Flibustiers du bonheur
Toujours attendue en Europe mais encore trop méconnue dans nos contrées, la formation Suroît  hisse sa joie de vivre comme d’autres un drapeau.


Claude André


Les années passent, les musiciens aussi, mais le navire Suroît vogue la galère et propage son trad festif et enthousiasmant depuis plus de trente ans.  À quelques jours du retour du groupe à Montréal, nous avons causé à Henri-Paul Bénard, figure de proue multi instrumentiste et plus ancien membre de cet équipage qui devrait encore une fois «faire virevolter l’adipeuse dans le buffet de Louis XVI».


Quel est le leitmotiv de Suroît et à quoi les gens qui ne vous connaissent pas doivent-ils s’attendre?
Ça swing et ça danse toujours autant. Nous ne sommes pas là pour défendre ou propager un message ou quoi que ce soit d’autre que la bonne humeur. Le groupe existe depuis 34 ans et depuis tous ce temps nous faisons la fête. Par contre, même si nous sommes un groupe à saveur traditionnel cela ne nous empêche pas de composer nos propres tounes. Ainsi, 95 % de notre matériel est constitué de compositions du groupe.
Sur Mi-Carême, votre dernier album paru en 2009, on retrouve la présence d’un nouveau membre : Eloi Painchaud…
Oui, Éloi surtout en tant que réalisateur bien qu’il ait signé des textes et Jonathan qui a joué sur quelques morceaux. Suroît, c’est une famille de 13 musiciens qui jouent ensemble depuis 1997. C’est rendu que les enfants font partie de l’institution si tu veux. Il y a Eloi, Jonathan, mon fils Jérémie qui s’en vient tranquillement. Lorsque nous sommes à la maison, on chiale les uns contre les autres mais une fois à l’extérieur on se sert les coudes. On vient des Iles de la Madeleine hein…






Dans la pièce «Simone» que l’on retrouve sur votre dernier disque, on parle d’un curé, de s’accommoder, de voile et de pays à respecter.           
On dit dans cette chanson-là : N’ayons pas peur d’expliquer nos racines et soyons convaincus de ce que nous sommes ainsi nous n’aurons plus peur des autres religions ou des autres identités. Il s’agit d’une prise de conscience : si on est fiers de notre identité, il n’y a personne qui va nous l’enlever.






Vous jouissez d’un beau rayonnement en Europe mais moins au Québec. Comment expliquer cela et est-ce décourageant?
(Ah ah) Décourageant ? Pas à ce point là car nous aurions arrêté mais c’est décevant. De voir  pendant toutes ces années un groupe se défendre pour demeurer vivant sans obtenir la reconnaissance de ses pairs, du milieu… Heureusement, nous avons la reconnaissance du public. Sans prétention, partout où l’on va on obtient du succès. Que ce soit au Coup de Cœur ou à la Saint-Jean devant des milliers de personnes. L’événement amène le monde et Suroît s’en occupe. Il serait très agréable aussi que ce soit Suroît qui amène le monde.



Snobisme de la part du milieu?
C’est sûr que nous n’avons pas la proximité avec ce qui se passe à Montréal. On sait qu’il s’agit d’un petit réseau. Moi j’a toujours pensé que si nous étions installés à Montréal nous serions amis avec l’équipe de Belle et bum et les rares personnes qui font encore du spectacle à la télévision. Or, si on ne fait pas de télé, on ne fait pas partie du paysage à la mode. Mais à cause du courage et de la détermination, nous nous sommes retrouvés à jouer en France et cela nous permet de vivre très bien. Bien que nous ne soyons pas plaignards, ça serait le fun d’obtenir une certaine reconnaissance.



Suroît en spectacle : Club Soda à Montréal le 15 avril, La P’tite Grenouille à Charlesbourg le 30 avril et au gala des Éloizes le 15 mai.


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