Bédé et catharsis
Avec une économie de mots et un crayon noir au style graphique, le bédéiste reconnu Philippe Girard livre un récit captivant de sa propre adolescence.
Claude André
En raison du divorce de ses parents, Philippe se voit contraint de changer de ville, d’école et d’amis. Comme il s’ennuie dans son nouveau décor, sa mère décide de l’inscrire dans les Oies blanches.
Peut-être y trouvera-t-il la même fraternité que lorsqu’il était louveteau, pense –t-elle au sujet de ce groupe de jeunes qui s’adonne à plusieurs activités sous la férule d’un prêtre top cool qui arbore jeans et running shoes.
Déjà méfiant en regard de certains comportements de l’ecclésiastique, Philippe se joint néanmoins au groupe qui partira passer un week-end dans une maison de Dannaconna.
C’est là que le prêtre fait visionner des diapositives de l’été d’avant au groupe en demandant aux jeunes de se tenir cois face à leurs parents «qui ne comprendraient pas».
Le religieux, qui avait déjà amorcé son stratagème en disant à Philippe qu’il devait tuer son Vélasquez intérieur, ce peintre conservateur inféodé à l’église catholique, au profit du libre-penseur Picasso, dévoile la vraie nature de son ouverture d’esprit...
Puis il invite les jeunes, par groupe de deux, à partager son lit.
Mort de peur avant que son tour ne vienne, Philippe s’enferme dans sa chambre et puise du courage en lisant des vieux romans de Jack Bowore. Un aventurier qui affronte avec panache les pires situations.
À l’heure où les scandales sexuels s’abattent encore une fois sur l’église catholique, voici une bédé qui, sans tomber dans le discours CLSC, démontre qu’art et catharsis font souvent très bon ménage.
Tuer Vélasquez. Éd. Glénat Québec
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