dimanche 11 avril 2010

Villa Amalia : le retour d'Isabelle Huppert






La beauté perplexe

Parfois nous sommes en présence de la beauté mais on a du mal à saisir le comment du pourquoi…

 Claude André

Ann (Isabelle Huppert) espionne son mari et le découvre un soir en train d’en embrasser une autre et tombe, par hasard, sur Georges (Jean-Hugues Anglade), un ami d’enfance qu’elle ne reconnaît pas d’emblée.

 À son retour à la maison, alors que son mari (Xavier Beauvois) est déjà revenu et lui fait la scène du «tu rentres tard», elle lui annonce qu’elle le quitte. Désemparé, le conjoint qui a finalement avoué s’interroge : comment peut-elle balancer 15 ans de mariage pour si peu ? Mais ce n’est pas pour cela, lui confiera-t-elle, puisqu’elle s’en fout.


 Et c’est ce que nous tenterons de comprendre nous aussi pendant de très longues minutes tandis qu’Ann,  compositrice/concertiste d’envergure internationale, se départit de tout ce qu’elle possède et annonce même à son impresario qu’elle annule la tournée en cours.


Les tracasseries inhérentes aux départs défilent et seul Georges est mis au parfum de la démarche. Bien que complice involontaire du secret de Ann qui tente de tout effacer de son ancienne identité, le spectateur somnole : où veut-on en venir ?


 Puis, au moment où l’on hésite entre abandonner et continuer, on s’aperçoit que la fuite en avant transforme le personnage sombre et austère à mesure que le film progresse sous le ciel de la campagne italienne.

 Et l’intérêt du spectateur revient tout comme la jeunesse de Ann qui, dans une époustouflante bien que subtile métamorphose d’Isabelle Huppert, rayonne voire irradie. On se surprend alors à envier ce bonheur tranquille grâce aussi aux magnifiques images de baie de mer et de ciel bleu. 


 Vers la fin, un personnage inattendu apportera quelques éléments explicatifs qui, bien que touchants, laissent perplexe. Comme c’est souvent le cas d’ailleurs avec les questions identitaires.


Oeuvre toute en nuances sur les rapports entre ce qui doit être compris ou seulement ressenti, le film Villa Amaria du réalisateur Benoit Jacquot, qui s’inspire du roman éponyme de Pascal Quignard s’avère déstabilisant mais aussi touchant.


 Cela pourra séduire les adeptes du mystère  mais aussi énerver les esprits cartésiens.  À vous de voir.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

une critique toute en nuances qui m'a donné le goût d'aller voir le film. Cette femme qui part en Italie et vends tout après avoir constaté que son mari a une maitresse me fait exactement penser au parcours de ma mère.
Merci pour ce beau moment.