dimanche 28 août 2011

Guillaume Grand : magnifier la banalité



Guillaume Grand

L’amour est laid

Il y a eu Raphaël pour venir illuminer la pop française il y a quelques années. 

Grand est du même ordre et il doit d'ailleurs au premier sa signature d'un contrat avec EMI et des invitations à effectuer des premières parties qui l'on fait connaitre du grand public.

Avec son mega tube Toi et moi, vu plus de 5 millions de fois sur Youtube, il s’est aussi fait un prénom. 

Voix rocailleuse, textes fichtrement bien tournés, vieille âme d’écorché de l’amour et progressions d'accord qui tuent, Grand ne réinvente pas le genre mais ça façon de causer  des relations humaines  peut nous aider à magnifier les choses d' apparence banale.

Comme un ami qui nous comprendrait. Ce n'est pas rien.


****/5



vendredi 19 août 2011

Un album plutôt moyen pour Jeff Bridges



Jeff Bridges
Éponyme

Auréolé de sa performance magistrale de chanteur country sur le déclin dans le film Crazy Heart, l’acteur Jeff Bridges propose un second album étiqueté Blue Note cette fois et réalisé par le légendaire T-Bone Burnett. 

Entouré d’un florilège de songwriters, Bridges qui signe aussi quelques pièces, livre une œuvre de facture à la fois sobre et raffinée grâce aussi à la présence de l'excellent Marc Ribot et de celle de Rosanne Cash.

Célèbre chanteuse isue du premier mariage du célèbre homme en noir du country, Johnny pour les intimes, qui compte à son actif plusieurs titres qui se sont hissés au sommet des palmarès country.

Mais, hélas, triple hélas, le pétard s'avère humide et l’émotion ne passe pas suffisamment surtout en raison du chant peu inspiré de Bridges.

Et cela même s'il s'apparente parfois à Leonard Cohen.

Moyen.

**1/2/5


mardi 16 août 2011

Rap and roll !


311
Universal Pulse

Réalisé par Bob Rock (Metallica, Aerosmith, The Cult, Mötley Crüe…), le dixième album de cette formation rap/rock aux penchants reggaes basée à Los Angeles se rapproche du son qu’elle livre sur scène, son milieu naturel. 

Bien que court avec ses huit titres, ce chapitre plaira à leurs nombreux fans grâce à d’efficaces mélodies chaloupées juxtaposées à un happy sound à la fois rock et estival. *** ½

vendredi 12 août 2011

Eddie Vedder de Pearl Jam presque nu


Ukulele Songs
Eddie Vedder

Comme le disait un jour le chanteur français Thomas Fersen : «le ukulele est à la guitare ce que le string est au caleçon.»

Mais tout le monde ne possède pas le même sex appeal.

Il est fort à parier que s’il ne s’agissait pas du chanteur de Pearl Jam aucune compagnie majeure n’aurait investi dans ce projet aussi dépouillé qu’audacieux.

Résultat ? 

Bien qu’au départ la facture musicale folk romantique ultra minimaliste semble rébarbative, l’intensité de Vedder ainsi que son registre vocal nuancé incitent à tendre l’oreille.

Intimiste et introspectif, ce second opus en solo en forme d’hommage rendu à sa femme et ses deux filles s’avère étonnant, intéressant et parfois touchant. 

Parmi les seize titres, on y retrouve, notamment, une reprise de Pearl Jam (Can't Keep) et une autre de la formation légendaire The Mamas & the Papas (Dream a Little Dream). 

Mais ce minimalisme musical, ukulele parfois ponctué de violoncelle, peut devenir lassant.

Au final, une question demeure : le réécoutera-t-on ? ***


jeudi 11 août 2011

Joss Stone ou Aretha Joplin ?

Joss Stone
LP1

Surnommée «Aretha Joplin» par le légendaire Smokey Robinson, la chum de fille du prince Machin, paradoxalement, distille un rock blousé ponctué de soul loin du cliquant auquel on pourrait s’attendre. 

Réalisé par le surdoué Dave Stewart (Eurythmics), qui a également participé à l’écriture, le cinquième album de cette jeune prodige de 24 ans sonne rugueux, organique et vrai. 

Ce n’aurait pas, effectivement, déplu à Janis Joplin. ****


 

mercredi 10 août 2011

Tu te reconnaitras... encore


Sur le rythme : première fiction québécoise autour de la danse





Alors on danse ?

Le premier film québécois qui porte sur la danse plaira certainement à une majorité d’ados, le public auquel il est destiné.

Claude André

Delphine (Mylène St-Sauveur), une jeune femme de 20 ans sabote ses études de médecine afin de réaliser son rêve : faire carrière en danse… aux États-Unis!

La perte de son partenaire ralentira ses ardeurs, mais l’arrivée d’un nouveau danseur (Nico Archambault) pourrait bien faire renaitre l’espoir. Hic : le danseur en question, à la fois suintant d’assurance et de présumée prétention, est aussi l’ancien flirt de sa meilleure amie (rôle difficilement défendu).

D’autres écueils viendront se dresser sur les chemins du rêve : une mère hyper contrôlante (Marina Orsini) qui menace de « tout lui couper », un père plus ou moins présent (Paul Doucet) et un deuil inopiné, celui de sa grand-mère (France Castel), qui se révèlera comme un catalyseur des émotions. Et hop! bonjour la résilience!

Personnage principal

Précisons-le d’emblée : le personnage central de ce film est bien évidemment la danse. Pour les non initiés, les chorégraphies imaginées par le danseur et acteur Nico Archambault – ancien lauréat du célèbre concours So you think you can dance – sont accrocheuses et demeurent éminemment sympathiques, même si elles ne sont pas toujours époustouflantes.

Du point de vue dramatique, disons-le poliment, aucun des acteurs principaux ne remportera de prix d’interprétation à la remise des Jutra, un gros irritant pour le cinéphile.

Qu’à cela ne tienne, l’histoire se montre crédible, avec des dialogues parfois souriants et plutôt bien tournés, et une facture visuelle, hyper léchée et chaude, un véritable régal pour les yeux, notamment les plans aériens de Montréal dont l’identité est pleinement assumée.

La musique originale, signée Mario Sévigny, qui nous entraine dans le rythme et se juxtapose à merveille au film, n’a rien à envier aux méga productions américaines dont elle s’inspire largement.

Bref, Sur le rythme devrait s’offrir une belle carrière non seulement auprès des ados québécois, mais aussi auprès de ceux du monde entier grâce notamment à son vernis underground au contenu bien propret, porteur de valeurs universelles.

Maintenant, effet de mode oblige, à quand un film qui mettra en vedettes des… cuisiniers?

Sur le rythme sort en salle le 10 août 2011.

NB : Merci à Accès Laurentides qui a publié ce commentaire dans son édition en cours.



samedi 6 août 2011

Tu te reconnaitras....

Michael Bolton : la gammick




Micheal Bolton
The Duets Collection

Dans la catégorie «Gammick Internationale», voici le sirupeux Michael Bolton qui y va à son tour de sa parade de duos sur des reprises de classiques pop. 

On y retrouve notamment The Prayer avec Lara Fabian et Hallelujah, le chef d’œuvre de Cohen, reprit avec un chœur d’enfants de pompière façon. 

Un encodé qui vivra quelques mois sur les FM matantisées avant de s’engouffrer dans l’oubli.

** 

vendredi 5 août 2011

Le magnifique film «Le coeur d'Auschwitz» maintenant en dvd.

Puisqu'il sort en dvd cette semaine, revoici mon texte sur ce film magnifique écrit au moment où il était présenté en salles. 


Un cœur dans l’horreur

Même au milieu de l’horreur, la grandeur de l’âme humaine peut parfois fleurir et traverser le temps.

Claude André

Alors qu'il s'est retrouvé au Centre commémoratif de l’holocauste de Montréal par hasard parce qu’il attendait un rendez-vous, le documentariste Carl Leblanc a posé son regard sur un objet qui l’a illico fasciné : le cœur d’Auschwitz.

Pas plus gros qu’un caillou, cet objet en forme de cœur et recouvert d’un tissu arborait un «F» brodé. Se déployant tel des origamis, il contenait une dizaine de page de papier collées entre-elles sur lesquelles étaient inscrits des vœux signés, parfois d’un simple prénom.

L’objet avait été confectionné dans le plus grand secret par des codétenues qui l’ont offert, le 12 décembre 44, à la jeune Fania qui célébrait ce jour-là ses 20 ans à …Auschwitz.

Une histoire touchante

Au moment d’écrire ces lignes votre interlocuteur ressent encore une profonde émotion qui lui dresse les follicules pileux au garde-à-vous : huit ans après sa visite au Centre commémoratif, Carl Leblanc nous livre un film qui s’avère un triomphe des mots et des petits gestes d’apparences banales sur l’horreur la plus abjecte.

Puisqu’il ignorait s’il tenait une  histoire, Leblanc qui a pu s’appuyer sur le travail exceptionnel de la recherchiste Catherine Pelchat, a entrepris de filmer l’enquête. Son but était non seulement de retrouver la fameuse Fania devenue octogénaire mais également ses compagnes d’infortunes s’il en restait encore en vie.

On ne vous dévoilera pas les effets chocs mais, parmi les moments porteurs d’une lourde charge émotive, mentionnons le retour à Auschwitz de Fania, la réunion de rescapées qui comparent leur numéros tatoués à l’avant bras, cette petite fille au Centre commémoratif fascinée par le cœur qui arbore le keffieh palestinien, une rencontre intergénérationnelle bouleversante dans une école franco de Montréal et, notamment, la chanson de fermeture de Daniel Bélanger, La folie en quatre, on ne peut plus pertinente et en français (bravo à Leblanc pour sa détermination) !

Bien qu’en première partie le docu semble aller nulle part, et c’est ce que souhaite nous partager le réal, on se retrouve donc avec un casse-tête qui, au gré des voyages en Israël, au Brésil, en France et en Allemagne, finit par constituer une œuvre d’une profonde beauté qui touche à l’universel : la noblesse du cœur. ****/5

mercredi 3 août 2011

Alcôves sonores



Washed Out
Within and Without

Après avoir engendré un  buzz sur le Net avec «Life Of Leisure» voilà deux ans, Ernest Greene alias Washed Out s’est imposé parmi les gourous d’un nouveau courant en électro pop : la chillwave. 

Cet album plaira aussi aux touristes de ce genre musical, comme votre serviteur, grâce à des ambiances lo-fi à la fois caressantes et hypnotiques parfaites pour les journées caniculaires et/ou les étreintes charnelles langoureuses. *** ½ 


mercredi 27 juillet 2011

Starbuck : succès boeuf annoncé

Patrick Huard livre une performance remarquable dans Starbuck.

Mâle Alpha

Le très attendu Starbuck, du tandem Ken Scott – Martin Petit qui met en vedette Patrick Huard dans le rôle d’un géniteur en série, devrait frapper fort au box-office québécois.

David Wosniak (excellent Patrick Huard) est un adulescent de 42 ans qui enfile autant les gaffes que les t-shirts à l’effigie de ses super-héros. Endetté, il cultive de la marijuana dans son appartement bordélique afin de se sortir du pétrin. Au grand dam d’ailleurs de ses frangins avec qui il travaille comme livreur dans la boucherie familiale.


Alors que sa petite amie Valérie (lumineuse et craquante Julie Le Breton) lui annonce qu’elle est enceinte de lui, mais qu’elle le quitte car il est trop irresponsable, David apprend dans la foulée qu’il est le géniteur de… 533 enfants !
D’où le lien avec le célèbre taureau Starbuck, décédé en 1998, dont les 685 000 doses de sperme qu’il produisit furent vendues dans 45 pays, ce qui donna naissance à plus de 200 000 vaches laitières. 
Bel exploit!
Mais ici, la horde d’enfants a formé une association pour entreprendre un recours collectif visant à lever la clause d’anonymat que le mystérieux Starbuck a signé lors de ses multiples dons de sa semence.
Afin de convaincre leur géniteur de se révéler, ils ont également envoyé à la clinique de fertilité une enveloppe contenant le profil de chacun d’eux. 
En dépit des conseils de son meilleur ami, un avocat raté (efficace Antoine Robitaille), El Masturbator rencontrera anonymement certains de ses descendants et interviendra dans leur vie, comme le ferait un ange gardien.
Et c’est au travers ces rencontres que l’éternel ado irresponsable se transforme et se découvre une empathie filiale qui donnera lieu à des scènes souvent intenses et touchantes.
De la viande autour de l’os
Si d’emblée l’annonce des 533 enfants pouvait laisser craindre le pire sur le plan du scénario («Où cela nous mènera-t-il?», pense-t-on avec scepticisme), les auteurs Ken Scott et Martin Petit, deux ex-Bizarroïdes, ont su respecter avec maestria les règles de base du 4 briques + 1 associées au genre Feel-Good Movie : l’émotion, l’humour, le rythme et l’étrangeté, reliés par une leçon humaine qui transcende le tout en guise de happy end.
Mais là où ce film se démarque avantageusement de ses petits cousins américains qui pullulent sur nos écrans est qu’il s’adresse, pour une fois, à un large auditoire masculin qui y trouvera son compte assurément.
À travers les dialogues rythmés et efficaces de cette histoire qui n’est pas si improbable – les journaux devaient apprendre aux auteurs l’existence d’un géniteur de 500 enfants au moment de l’écriture – c’est à une célébration de la paternité et de certaines valeurs humaines que nous assistons.
Ajoutez à cela une touche d’exotisme, un sens de la famille, du sport en sourdine, de la charcuterie en avant-plan et des superbes images captées dans les rues du Mile End et vous avez là un divertissement savoureux qui ne vous laissera pas sur votre appétit.


Nb: Merci à l'hebdo Accès Laurentides qui a d'abord publié ce texte dans son édition papier  ainsi que sur son site ouèbe.



lundi 25 juillet 2011

Plastic Bertrand pour adultes




Jacno Future
Collectif

Sous l’image de dandy français qui rappelle comment les années 80 étaient quétaines, se profile un musicien (et producteur) qui a toujours eu la reconnaissance de ses pairs dont Higelin et Daho. 

Ils sont entourés de Christophe, Dominique A, Brigitte Fontaine, Katerine et autres Miossec sur cet hommage posthume à Jacno, artiste majeur décédé en 2009.

 Ça sonne comme du Plastic Bertrand pour adultes : inspiré, accrocheur et pas con. *** 

samedi 23 juillet 2011

Maxime Le Forestier revisité

La maison bleue
Collectif

Le premier opus de Maxime Leforestier comportait la chanson culte San Francisco alias La Maison Bleue. Un endroit mythique où il a vécu quelques semaines en compagnie de sa soeur au moment de l'effervescence hippie.

Tel le cultissime album Jaune de Ferland ici, ce disque a marqué plusieurs générations et inspiré une pléthore d' artistes dont Renaud. 

Marketing-ting-ting oblige, 40 ans plus tard Polydor publie cet hommage où l’on retrouve l’imbuvable Calogero et la voix atrocement haute de Daphné mais aussi Juliette (Parachutiste) et, entre autres, Daby Touré (San Francisco). 

Bon malgré les irritants ***


vendredi 22 juillet 2011

Sortie dvd : Deux fois une femme

Deux fois une femme

Afin d’échapper à l’emprise de son mari violent (Marc Béland), une femme décide de fuir la maison de banlieue avec son fils adolescent et de commencer une nouvelle vie dans le Nord du Québec. 

Entre l’onirisme et la peur qui rôde, le road movie de François Delisle se révèle à la fois très dur et, paradoxalement, lumineux. 

Excellente performance d’Évelyne Rompré dans le rôle principal. *** ½


mercredi 20 juillet 2011

«L'Âge de raison» et les seins de Sophie Marceau

Sophie Marceau semble posséder un bouton où  appuyer pour pleurer...

Deviens-tu ce que t'as voulu ?

Et si un jour, plutôt que de se demander si nous avons atteint le but, on se demandait si nous avons choisi la bonne voie…

Margaret (Sophie Marceau), une redoutable femme d’affaires quarantenaire dont l’horaire est réglé au quart de tour vend des centrales nucléaires. Un jour, un vieux notaire (excellent Michel Duchaussoy) de province vient à sa rencontre dans son environnement post moderne afin de lui remettre une série de lettres.

Si au départ la cynique Margaret semble en avoir rien à cirer, elle se rendra vite compte qu’au travers ces missives c’est son passé qui lui parle : ces lettres, à forte teneur interrogative, elle se les étaient adressées à elle-même alors qu’elle n’était encore qu’une gamine de sept ans.

D’entrée de jeu, les références sont manifestes. Il y a du Amélie Poulain tant sur le fond que dans la forme chez le réalisateur Yann Samuell qui, on le devine, est également un fervent amateur de l’écrivain Paulo Cohelo et autres chercheurs «de l’enfant intérieur».

Dans un monde où les marques de luxe, le compte en banque et le standing social semblent déterminer la valeur des individus, il n’est pas vain de prendre du recul et de se poser la question : et si nous avions tout faux ?

La prémisse de départ était donc des plus pertinente. D’autant plus que Sophie Marceau crève encore l’écran et qu’elle ne manque pas d’autodérision comme en témoigne ces quelques références à ses seins dans le film. Elle qui, on s’en rappelle, avait été profondément outrée lorsque le chanteur Julien Clerc avait fait allusion à sa poitrine avec la sortie de la chanson Assez…Assez.

Juxtaposition de clichés

Mais là où un réalisateur chevronné nous aurait entrainer dans une réflexion pertinente, Yann Samuell juxtapose les clichés pour les faire jouer les uns contres les autres. La vie à 200 à l’heure ponctuée de repas mondains ennuyeux versus les valeurs de la campagne profonde. Le vide clinquant contre le vrai rustique en somme.

Et cela devient parfois si grotesque que le spectateur pourra éprouver un certain malaise. Comme c’est le cas pendant cette scène où la belle dialogue avec l’enfant qu’elle était dans une glace. Ou encore celle ou elle se libère de ses tensions internes en compagnie de son amoureux, un attachant ambitieux anglais (efficace Marton Csokas), en lançant des assiettes pour les fracasser.

Elle qui revient d’une rencontre avec son petit ami d’enfance pour lequel elle semblait éprouver un savoureux désir nostalgique encore diffus.

Les bons sentiments étant ce qu’ils sont, la belle Margeret renouera avec son enfant intérieur, celui qu’elle était lorsqu’elle se nommait encore Marguerite, tandis que le petit amoureux des années d’innocence deviendra son partenaire pour une aventure humanitaire dans le Tiers-Monde. Là où ils pourront délivrer un village asséché qui n’attendait qu’elle.

Une finale prétentieuse où Sophie Marceau, qui décidément semble posséder un bouton où  appuyer pour pleurer, nous la joue encore une fois Cover girl de grands magazines dans ce qui ressemble à une forme de néo-colonialisme de la bonne conscience. Moyen.




Nb : Ce commentaire à d'abord été publié dans l'édition en cours de l'hebdo Accès Laurentides que je tiens à remercier pour la confiance.

On se retrouve sur twitter ? @Claud_Andre

mardi 19 juillet 2011

Nazisme, flashs d'écrivains et autres pérégrinations







En direct de la plage 


Canicule. Fuir la lourdeur plombée du Mile End. Internet. . Plage Saint-Timothée, Valleyfield, Westfalia avec le pote Denis. Bon plan.

Glisse deux bouquins entre mon Speedo et mes lunettes soleil : Musulmane mais libre de Irshad Manji (Le livre de poche), que je me promettais de lire depuis sa parution en 2006, et Des gens très bien (Grasset, 2010) d’Alexandre Jardin. Romancier dont la mièvrerie triomphante m’indifférait jusqu’à son passage, il y a quelques mois, à Tout le monde en parle .

Exit l’auteur de romans roses qui racolait Lynda Lemay dans les magazines, Jardin causait, des sanglots dans le trémolo, de son dernier bouquin où il est question de son aïeul Jean Jardin dit le Nain jaune.

Lui « qui fut, du 20 avril 1942 au 30 octobre 1943, le principal collaborateur du plus collabo des hommes d’État français : Pierre Laval, chef du gouvernement du maréchal Pétain. Le matin de la rafle du Vél’ d’Hiv, le 16 juillet 1942, il était donc son directeur de cabinet; son double. Ses yeux, son flair, sa bouche, sa main. Pour ne pas dire sa conscience », lance Alexandre Jardin d’entrée de jeu dans ce livre où il entend régler ses comptes avec son grand-père, mais aussi son père Pascal Jardin, dialoguiste célébré et auteur, entre autres, du livre La guerre à neuf ans (Grasset).

Un roman festoyant où il donnait le beau rôle au Nain Jaune sans jamais remettre en question son rôle effectif et organisationnel de cette nuit tragique qui coûta la vie à 12 884 personnes, dont 4051 enfants.

Alexandre Jardin démystifie les effets d’artifices de son père qui a su célébrer le fait que son grand-père a été chef de cabinet de Laval dans ledit roman qui fut primé par l’Académie!

« Se placer sous les projecteurs, meilleur moyen de camoufler l’ignominie! », nous dit Jardin fils en substance.

Filiation oblige, l’Alexandre a aussi participé à cette mascarade, confie-t-il, en écrivant à son tour de nombreux romans suintant de glucose en guise de subterfuge.

Au fil des pages de cet essai rédempteur, on croise donc des « gens très bien » dont certains 
« aficionados mondains du IIIe Reich » qui auraient eu de nombreux comptes à rendre au Tribunal de l’histoire : Cocteau, Guitry, Yvonne Printemps et même Mitterrand, ce résistant de la onzième heure.

Si on se désole que l’ancien étudiant de Science Po qu’est Jardin ne nous entretienne guère des origines de l’antisémitisme français, qui remonterait au boulangisme selon l’historien Zeev Sternhell, ni n’étaie son propos lorsqu’il nous fait part de sa méfiance à l’endroit de Tariq Ramadan, l’intellectuel sulfureux de l’islam croisé sur un plateau télé, on y retrouve de merveilleux passages, notamment sur le judaïsme, qui portent le reflet lumineux des perles dans la nuit.


Havanes de Paul, Chanel de Nelly

Le soleil grille. Trempette en eau glaciale. Une femme, vingtaine élancée, batifole près de moi en arborant un costume intégral qui lui couvre aussi la tête. Envie de lui demander si elle fait de la plongée mais il s’agit de son maillot de bain!

Le Prophète ne savourait-il pas le corps des jolies femmes?

Je reviens sur le sable et replonge dans le Jardin. Une pensée pour l’ami Paul Marchand, écrivain et ancien correspondant de guerre, qui s’est enlevé la vie voilà deux ans ces jours-ci.

Lui qui me téléphonait pour m’inviter à « aller capturer des filles » en ville alors qu’il vivait à Montréal. Ce grand efflanqué qui broyait du Nietzsche et avait détesté le film La Vie est belle qui « banalisait la Shoah ».

L’un des seuls qui au cours de ma vie m’ait encouragé à pousser davantage l’écriture. Bien qu’il fût discret sur la question, être correspondant de guerre au Liban entraine le réflexe de la discrétion, l’était Juif le Polo. Un jour que je m’étonnais de la consonance de son patronyme plutôt neutre, il me répondit tout de go : « Tu voudrais que je porte l’étoile jaune? »

On ne sait pas ce que les morts deviennent. Nous parlent-ils à travers la mémoire? Tendresse virile et volutes de ses Havanes parfument mes souvenirs.

Pas le temps pour Musulmane mais libre. Je songe à l’offrir à ma voisine des clapotis. Puis, j’observe à ma droite immédiate cette jeune, belle et grande fauve tatouée dans le dos et piercing sur la langue qui minaude le grand Black style basketteur plutôt indifférent.

Elle et ses copines enfilent des verres de rhum. Séance photos improvisée avec appareils portables. Les girls rigolent en envoyant dare-dare les clichés suggestifs sur Facebook.

Le besoin de séduire les pousse à de plus en plus d’audaces dans les poses : « Burqua de chair », disait avec tant d’à-propos la pauvre Nelly dans ses romans, elle qui était fasciné par l’hypersexualisation et le culte du corps. Souvenir d’effluves de Chanel et de rires aiguës.

Je me demande, là, « sous le soleil exactement », qui de nous tous est vraiment le plus libre finalement ?

Un ange passe.


Bienvenue sur Twitter : @Claud_Andre

lundi 18 juillet 2011

Bashung tel quel



Tels Alain Bashung spécial Québec
Collectif

Deux ans après la mort de Bashung (qui aimait  s'approprier des oeuvres majeures pour les adapter à sa manière), une pléiade d’artistes qui possédaient une légitimité à ses yeux a reçu carte blanche pour l’adaptation d’un titre.

Du très fort (Noir Désir, Gaëtan Roussel, Christophe) du pas mal (V. Paradis, M, Christophe, Dyonisos) et du sans risque (Eicher, Miossec, Raphaël, Biolay).

Au Québec, bonus tracks: Yann Perrreau et Ariane Moffat, piano voix svp,  tirent plutôt bien leur épingle du jeu. *** 

mercredi 13 juillet 2011

Gerry : entre la coke et le Coke Diète

Éric Bruneau et Mario Saint-Amand personnifient Pierre Harel et Gerry Boulet dans Gerry le film

Le film tant attendu consacré à la vie de Gerry Boulet n’est pas sans défauts mais la remarquable interprétation de Mario Saint-Amand transcende le tout.
L’histoire, qui a la mémoire courte, zappera la période yéyé des Gants Blancs et retiendra de Gérald Boulet deux images différentes : celle à la fois attrayante et rébarbative d’un animal sauvage et primitif qui incarnait de façon chevelue le célèbre «sex, drug and rock and roll» made in Québec.  Et l’autre, celle de la rédemption où, se sachant atteint par la maladie, l’artiste amorça un virage solo beaucoup plus «mainstream» voire sirupeux sur le plan musical. Tournant qui l’a consacré icône populaire auprès du grand public. Et cela même si Offenbach demeure le premier groupe québécois à «avoir fait le Forum» (note pour les plus jeunes : l’ancêtre du Centre Bell). 
Or, c’est ce Gerry «pipeulisé» qui a triomphé lorsqu’est venu le moment de choisir l’angle et surtout le ton du film. Une oeuvre qui, pour un Pierre Harel par exemple (membre originel d’Offenbach et parolier), semblera beaucoup trop aseptisé. 
Gerry, après tout, ne carburait-il pas davantage à la coke qu’au Coke Diète ?
Divisé en trois partie : jeunesse et formation d’Offenbach, période française trash et rencontre de sa seconde épouse, puis cancer et succès populaire, Gerry le film aura le mérite de survoler de façon parfois captivante, en raison d’un savoureux souci du détail, quatre décennies québécoises en un peu plus de deux heures. 
Ce qui demeure un tour de force sur le plan de la réalisation signée Alain DesRochers (La Bouteille, Nitro, Cabotins). Lui qui n’a cependant pas su éviter certains tics du cinoche populaire telle cette voiture qui flambe en plein écran derrière le héros qui marche à l’opposé vers son destin. 
 Quel destin?
Le film, outre quelques esquisses de flashs spirituels, ne nous en apprend guère hélas sur la psychologie du personnage qu’était Gerry et certaines des répliques écrites par Nathalie Petrowski évoquent, involontairement, ce qui pourrait être un cousin pas si éloigné d’Elvis Gratton. 
Ses saintes colères sont hélas quasi évacuées ainsi que son nombrilisme et les nombreux conflits qui ont jalonné sa vie.
Outre le fait qu’il souhaitait percer aux États-Unis et qu’il était un hédoniste exacerbé tiraillé entre deux femmes en particulier et toutes les autres en général, l’étoffe du personnage ne tient, finalement, qu’à l’idée qu’il ne souhaitait pas finir travailleur à la petite semaine comme son père. 
Malgré des choix scénaristiques qui tirent parfois le film vers une mièvrerie de type roman Harlequin (la biographie écrite par Mario Roy était pourtant foisonnante), Gerry le film, bien qu’il ne possède pas la finesse artistique de Dédé à travers les brumes, demeure un savoureux et émouvant divertissement dont on retiendra la musique, l’ambiance et surtout l’époustouflante performance de Mario Saint-Amand.


Gerry le film est actuellement à l'affiche dans plusieurs cinémas au Québec.


Nb: Ce texte est d'abord paru dans l'édition en cours de l'hebdo Accès Laurentides. Merci.