mercredi 7 mars 2007

Le beau bobo



Entretien de votre serviteur avec Vincent Delerm paru dans le Ici, il y a deux semaines.


Selon Renaud, le fils du célèbre écrivain Philippe Delerm (La première gorgée de bière) serait le porte étendard de cette classe sociale nommée les bourgeois bohèmes ou bobos pour les intimes. Qu’à cela ne tienne, Vincent Delerm et son piano noir, sa poésie de la quotidienneté ainsi qu’une certaine propension au names droping ont néanmoins réussi a redonner ses lettres de noblesse à une chanson française empreinte classicisme voire de cinéma. Causette avec la très volubile coqueluche des étudiantes en lettres quelques jours après la publication de son troisième chapitre chez-nous : Les piqûres d’araignées, un opus dont l’atmosphère évoque Barbara et Trenet et dont la réalisation suédoise est signée Peter Von Poehl


Hormis un show case, je crois que vous vous ne vous êtes jamais produit sur une scène québécoise?

Pour le premier album, on avait joué avec Mathieu Boogarts à Montréal. On est pas revenu parce qu’il y a eu pas mal de papiers qui bien que pas du tout méchant laissaient entendre que nous étions toujours dans le parodique, dans le second degré. Ça m’a vachement marqué. Il y avait un petit malentendu, imputable à je ne sais quoi, et je n’avais pas tellement envie d’être perçu comme cela. Il y avait un petit décalage entre mes intentions de départ et la perception qu’on en faisait ici.

Dans le milieu de la nouvelle chanson française, vous connaissez la musique du Québec mis à part ses têtes d’affiches qui incarnent la variété?

Oui, ça a bougé ça avec Ariane Moffat et Pierre Lapointe qui est en train d’arriver fort. Il y a des trucs chez lui qui sont vraiment excellents. J’aime vraiment bien.

Comment avez-vous réagi lorsque vous avez entendu la chanson Les Bobos de Renaud qui fait de vous une figure emblématique de cette « classe sociale »?

Ah c’était marrant parce que, en fait, j’écoutais les chansons de Renaud quand j’avais 15 ans et c’était un petit peu difficile à croire pour moi. Renaud, il avait dit beaucoup de bien de mon premier album et il m’avait parlé de la chanson lorsque je l’avais rencontré au comité de soutien à Ingrid Betancourt (…). Après, à la rentrée, on s’est dit « putain !» : Tout le monde s’est mis à nous parler de la chanson. À moi, plutôt négativement. Ça nous emmerdait tous les deux alors on s’est dit ; « tiens on va faire un truc ensemble ». Et c’est ainsi qu’on s’est retrouvé ensemble à faire les pubs de nos albums respectifs (… ). Les bobos, tu sais, tout le monde possède sa propre interprétation de ce mot là en France. Ça repose sur un axiome un peu curieux : comment est-ce qu’on peut être socialiste et avoir un certain pouvoir d’achat…

C’est ce qu’on appelle aussi la gauche caviar?

La gauche caviar, c’est encore autre chose. Il y a derrière ce terme l’idée d’être dans les salons, d’être proche du pouvoir (…).

Ce parallèle avec les « bobos », il vous a offusqué?

Non, s’ils existent, j’en fais vraiment partie. Et puis j’ai l’habitude, depuis mon premier album…Au début, je m’en suis un peu défendu mais maintenant j’assume à fond.

Vous utilisiez beaucoup le names dropping sur les premiers albums, pourquoi?

Quand tu commences, les mots qui sont des références précises, permettent d’aller à un endroit où tu sais que les gens vont comprendre ce que tu veux exprimer. Du coup, même si les gens te connaissent à peine ça permet d’installer une familiarité (…). Aussi, quand tu construit des chansons, tous les mots courant ont été utilisé. Les noms propres permettent une certaine variété de la langue.

Même s’il y a très peu de références cette fois, hormis Stefie Grafff, on retrouve le même Vincent Delerm mais un peu influencé par la Divine Comedy…

Sur le second album, il y avait quelques morceaux comme ça qu’on voulait d’inspiration pop baroque. Et puis là, je me suis un peu laissé porté avec Peter (Von Poehl) après lui avoir fait part de tout ce j’aime en musique.

On retrouve même un duo sur la superbe Favorite song


Oui, avec Neil Hannon. J’étais content de ça parce qu’il est devenu mon idole lorsque j’étais en première soit à l’âge de 16 ans. Maintenant j’en ai trente, tu imagines! Divine Comedy était mon groupe préféré à l’époque et ça l’est resté.

Les piqûres d’araignées
Tôt ou tard

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Incroyable !
Sur le blog www.thedino.org, une vidéo aujourd'hui d'une chanson INEDITE de Francis Cabrel où il parle de tout, de la vie en général, des nouvelles technologies, et puis surtout de ses relations avec son frère, et avec sa mère.
Un texte magnifique. Et cette voix qui vous prend aux tripes !..
Le billet s'intitule "FRANCIS CABREL - DROIT DE REPONSE".
J'en pleure de joie.
Bisous à tous,