jeudi 22 mars 2007

La Nuit



C'est le refuge des naufragés
Le pays de ceux qui souffrent
Unique royaume des éclopés
Ou dernier port avant le gouffre

C’est l'étincelle du rêve
Qui fout l'feu à nos passions
C'est l'endroit ou l'on achève
La souffrance de nos illusions

La nuit

Elle parfume de ses caresses
Le grand voile de nos défaites
Ses yeux d'argent ont la noblesse
De la révolte et des poètes

Et lorsqu'elle souffle tendrement
Son vent sucré sur notre peau
On aperçoit des continents
Peuplés d'anges et de chevaux

La nuit

Elle nous entraîne dans son ivresse
Nous fait danser sur ses étoiles
Et on devine cent mille promesses
Dans la blancheur de son teint pâle

Puis lorsqu'elle nous sait envoûté
Laissant glisser enfin sa robe
Pour encore nous mystifier
Elle nous fait cocu avant l'aube

La nuit

Alors elle tend ses verres fumés
Comme quand l'amour a des remords
On laisse un peu sa dignité
Dans le matin qui s'évapore

On cherche en vain dans nos goussets
De la monnaie pour l’dernier cab
Mais on y trouve que des regrets
Une dernière clope pour le voyage

La nuit

Puis on décroche un téléphone
On cherche un port pour accoster
Mais y'a qu'un silence qui résonne
Quand même la nuit veut nous quitter

Quand même la nuit, nous a quitté…

Claude André

3 commentaires:

Dianerythme a dit…

...(silence)..Je suis impreigné de ce que je viens de lire, mon corps ressens l'intensité de ces mots..C'est par mon corps que je ressens les choses moi et quand ca vibre en dedans pour moi c'est un signe...Merveilleux...xox

Anonyme a dit…

félicitations, il est magnifique ton texte, bravo

claude andré a dit…

Merci mesdames.
À bientôt.