jeudi 24 janvier 2008

Nico Lelièvre


Mélancolectro

Près de trois ans après son savoureux «P’tit gamin», Nico Lelièvre se dissèque le spleen sur toile sonore électro pop exploratoire.

Claude André

Il se pointe dans le café du Mile End. Tuque calée, kangourou noir, chainette d’argent à la ganse, l’œil semble triste malgré ce très beau «Parallèle» qu’il doit lancer à l’humanité ces jours-ci. Humanité ? Le mot n’est pas fortuit. Avec la part de rejet dont il a fait les frais au cours de son existence, on sent que Lelièvre poursuit une quête, une lumière, qui lui permettraient de s’accrocher à l’univers. Comme pour se réconcilier avec «ce monde de fous» dans lequel la propulsé un jour sa mère junkie française qui l’a conçu avec un «inconnu».

Pas étonnant qu’il cause d’anges dans ses chansons et s’emmitoufle de l’aura de cette rencontre du hasard avec un homme barbu qu’il aurait croisé une nuit dans une ruelle et lui aurait dit : «Va, suis ton chemin». Puis, une fois l’apparition disparue, il aurait débusqué un vieux clavier jonché dans la ruelle et avec lequel il a enregistré en deux semaines, nu dans son studio, les climats qu’il portait en lui depuis deux ans. «Je pense que c’est mon clavier qui m’a inspiré. J’étais directement connecté sur quelque chose», lance Nico en levant les yeux au ciel.

ADN

Votre humble serviteur lui avoue qu’il craignait beaucoup, vu cette tendresse particulière que je lui porte, ne pas aimer son album dont je trouvais parfois les refrains trop répétitifs. Puis, au final, l’effet hypnotique aura opéré et me voilà sous le charme. « C’est bien ça. Car comme avec les filles, lorsque l’on aime trop vite…», lance t-il en guise de réponse avec ce sourire particulier et familier qui a même un jour déstabiliser Thierry Séchan, frère de Renaud, tant la ressemblance avec celui du «chanteur énervant» est hallucinante.

Un cri de détresse cet album? «Ah, ce n’est plus le «P’tit gamin». J’ai vécu beaucoup d’expériences. Il y a eu des prises de conscience sur l’amitié par exemple… Le changement de compagnie de disque Bref, plein de choses. Tu sais, quand tu es désillusionné… … Je me suis donc enfermé pendant un bout en tentant de contrôler des pulsions bizarres (…). Pour Renaud, tu as dû savoir ce qui c’est passé. Tu as été parmi les premiers à t’intéresser à ça. Je l’ai remercié sur l’album pour les tests d’ADN auxquels il a accepté de se soumettre et qui se sont finalement avérés négatifs. Et le plus étrange c’est, qu’inconsciemment, la personne qui a conceptualisé la pochette a utilisé des formes et des images qui ressemblent étrangement à des résultats de test d’ADN», confie l’ultrasensible qui, bang, a vécu comme un autre rejet de l’univers ce résultat qui lui enlevait cette idée du père qu’il entretenait depuis une dizaine d’années.

Mais Nietzsche n’a-t-il pas clamé que «ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort.» Tel un bouddhiste, le p’tit gamin a donc transformé les épreuves de son existence en quelque chose de beau. Très beau.

Nico Lelièvre
Parallèle
Into/Outside

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