jeudi 28 février 2008

Thomas Fersen : Discographié

Texte paru dans l'édition en cours du Ici

Discographie : Thomas Fersen

Lors de son précédent passage, le zazou de la chanson nous apprenait que «le ukulélé est à la guitare ce que le string est au caleçon». Exhibitionnisme ou raffinement, pour sa prochaine visite, Fersen et son complice nous présenterons encore à nouveau l’univers chansonnier bestiaire et fort en gueule si joliment dépouillé du plus québécois des chanteurs français. Thomas Fersen-Duo Ukulélé à Latulippe, «parce que j’adore le restaurant à côté», les 28 et 29 février à 20h00.

Claude André

Premier disque acheté ?

Il était une fois la révolution ou Il était une fois dans l’Ouest d’Ennio Morricone en 1969. Parce que moi j’aimais bien les cowboys, hein. (Thomas se promet d’assister au concert du Spaghetti Western Orchestra lorsqu’on lui explique ce dont il s’agit et lui signale sa présence à Montréal au même moment).

Le plus récent encodé acheté ?

Amy Whinhouse pour la chanson «Back to Black» que j’aime bien.
Quelle musique écoutes-tu lorsque tu prends ton bain ?
J’écoute surtout de la musique dans la salle de bain. Elle communique avec la chambre…Heureusement je l’ai emmené dans la salle de bain parce que je n’en écoutais plus lorsqu’elle était dans le salon. Je ne suis pas tellement du genre à m’asseoir dans un fauteuil pour écouter de la musique. Ça c’était mon père. Il fallait mettre des gants blancs pour toucher à la chaîne.

Ton disque québécois préféré ?

Moi je suis fan d’un artiste québécois qui s’appelle Fred Fortin.

Tu connais Galaxie 500, son groupe ?

Ouais, ouais, ouais. Bien sûr. D’ailleurs je les ai vu à Paris l’année dernière à côté de chez moi à La flèche d’or. Fred, il est en train de réaliser mon nouvel album là…

C’est étonnant parce qu’on penserait que tu aimes la musique disons plus douce que celle de Galaxie 500.

Oui mais j’aime bien aussi le rock bien fait. Mais il est vrai que je suis plus porté sur le côté chanson de Fred. Ce qu’il faisait sur ses deux premiers albums. Ce qu’il refait d’ailleurs en ce moment un peu, des chansons avec des personnages un peu forts. Forts en odeur, quoi.

Et en chanson française ?
J’écoute Loic Lantoine, un gars qui s’appelle Fantazio, Les Têtes raides…

La chanson qui te fait rire ?
Il y en a certaines de Serge Gainsbourg, de Jacques Dutronc, de Bobby Lapointe, de Charles Trenet. Un titre ? «Le serpent python» de Charles Trenet.

Et la chanson la plus triste ?

«Avec le temps» de Léo Ferré. Alors ça, pour me foutre les boules, c’est bien. Et c’est agréable en même temps.

Tu considères que c’est la plus belle chanson française ?
Elle est pas mal. Vraiment pas mal.

Il y a «Ne me quitte pas» de Brel aussi….

Je suis moins fan. Parce que là c’est un peu plus larmoyant. Dans le sens où le mec il pense à lui quand même. Il se pose un peu en victime en s’apitoyant sur lui-même.

La plus belle chanson du monde selon toi ?
C’est une chanson qui va m’emmener les pieds à l’étrier. Qui va me donner l’envie de faire quelque chose, de me lever le matin, de travailler, de partir en voyage…

Ta chanson préférée de toi ?
Ça change mais c’est forcément une des dernières chansons que j’ai écrites mais vous ne la connaissez pas encore.

Tu es plus Beatles ou Rollings Stones ?

J’ai commencé par être plus Beatles quand j’étais petit. Puis, quand j’ai grandi un peu à l’adolescence, ils m’ont fait peur la première fois que je les vu. À l’époque, on a montré un genre de clip à la télé où on les voyait jouer Angie en concert de très loin. On ne les voyait pas bien et ils avaient les cheveux longs. J’ai beaucoup aimé cette peur.

Chanson la plus ringarde que tu aimes et faut pas dire la Compagnie Créole parce qu’ils sont à Montréal…

Ah oui, la Compagnie créole. Très bon choix. «Au bal masqué». Mais honnêtement, je n’ai pas de chansons dont j’ai honte.

Pas de plaisirs coupables ?

Si je te le dit, ils ne vont pas me laisser revenir au Québec la prochaine fois…

Le prochain disque que tu achèteras ?

Le Spaghetti Western Orchestra

mercredi 27 février 2008

Blues au coeur



Assité hier au Lion D'Or au lancement de l'excellent album de l'harmoniciste Guy Bélanger en compagnie de l'ami Pierre, son fils Malek et ma Nounou à moi.

Un peu de blues sur ces lancinantes notes de pluie glengouldiennes qui m'accompagnent depuis bientôt deux semaines.

Parait qu'il y a une esthétique de la douleur. Parait que nos petites noirceurs font aussi parti de la vie. Qu'elles nous enseignent la résilience.

Malgré de belles rencontres de la semaine dernière avec Bruel, Birkin et Fersen et le spectacle de la muse de Gainsbourg samedi avec ma super pote Karine, pas encore libéré de cette chape de mélancolie qui serait le bonheur d'être triste selon Hugo.

Mais bon, la vie continue.

J'aurais voulu l'aimer celle -là. L'est encore trop empêtrée dans une dynamique d'accessibilité-fuite genre: «je te veux si tu n'es pas accessible histoire de monter plus haut dans mon propre estime de moi».

Comme plusieurs, elle cherche à débusquer le bon,. «J'en passerai tant que je ne trouverai pas le sentiment amoureux», qu'elle m'a dit. Comme s'il attendait quelque part tapi dans l'ombre.

Mais l'amour, n'est-il pas un sentiment volontaire? Un truc que l'on décide de vivre avant que la petite euphorie s'installe ?

Hâte de changer de disque...

jeudi 21 février 2008

Guy Bélanger

Guy Bélanger
Éponyme
Bros/Fusion 3
Figure emblématique des nuits écartelées du Bistrot à Jojo et des musiciens de l’excès depuis 25 ans, le souffleur d'étoiles Guy Bélanger présente son premier album solo. Révélé au grand public grâce à sa participation au film «Gaz Bar Blues» réalisé par son frère Louis, l’harmoniciste y revisite ici la pièce Retour à Berlin tiré du film. Avec, notamment, l’excellent Claude Fradette aux guitares dobro, électrique, et acoustique, l’homme aux mille harmos propose donc un album de blues soft et accrocheur surtout instrumental malgré les apparitions de Bob Walsh sur une pièce de Lyle Lovett (My Baby Don’t Tolerate) et Kim Richardson en plus de se commettre sur une chanson avec modestie avec propre voix qui, hélas, ne casse pas la baraque. Très bon. *** ½. CA

lundi 18 février 2008


Naïla
Compteuses d’Étoiles
Outside/Indica
Si on dit qu’elle aurait commencé, petite, à enregistrer et siffloter des chansons en écoutant des casettes de Gainsbourg c’est également des teintes de M et surtout des Rita Mitsouko et Niagara que l’observateur entend. Dégaine sixties kitsh mais électrop-pop contemporaine avec quelques clin d’oeils au passé, Naïla et sa voix d’hélium proposent des récits amoureux enveloppés d’un lyrisme urbain plutôt accrocheurs. Réalisé par Watcat (Lhasa, Jean Leloup, Arthur H) ce premier opus devrait lui permettre une entrée remarquée dans le petit monde de la musique kèbe trop conssensuelle. En voilà une que ne renierait pas Diane Dufresne de l’époque extravagante. La voix haut perché peut cependant devenir un irritant à l’occasion. Tiens, tiens…*** (CA)

dimanche 17 février 2008

jeudi 14 février 2008

Citizen Jane



Escale à Montréal de la grâce incarnée et fragile

Claude André


Voir Birkin en spectacle c’est comme s’attendrir du vol affolé d’un oiseau aux ailes fracassées. Une forme de sublimation de la beauté frêle Pas étonnant d’apprendre qu’elle décida de s’exiler de la chanson à la mort de Gainsbourg en 1991 quelques jours avant celle de son père, le commandant de la Royal Navy David Birkin. Puis, les ailes recousues, tant bien que mal, elle devint prêtresse du mythe de l’homme à tête de choux et choisit de faire rayonner son œuvre à travers la planète. Il aura fallu 5 ans de deuil pour enfin publier Versions Jane en 1996, puis À la légère en 1999 et le très célébré Arabesques, consacré à l’œuvre de Gainsbarre, en 2002.

Après une séance de visionnement de vieux clips du tandem Gainsbourg-Birkin sur Youtube, c’est avec, notamment, une question relativement délicate au sujet d’Arabesques que l’auteur à téléphoné à l’Anglaise mercredi dernier de bon matin. Citizen Jane souhaitait-elle, avec ce disque, contribuer au rapprochement entre deux peuples en interprétant des classiques de Lucien Ginzburg sur des orchestrations arabisantes ? «Ah oui. Il y a des trucs comme ça sur Youtube. C’est super. Je ne vais jamais là-dessus», commencera-t-elle par s’exclamer avant d’énumérer sa douzaine de venues au Québec dont une, hélas pas enregistrée, avec Seige en 1990. Puis, après cet échange de bons procédés, elle plonge dans ses souvenirs : «Des musiques arabes sur les chansons du Juif, vous mettez le marteau sur le clou comme on dit», lance –t-elle en souriant avant d’expliquer avec moult détails la naissance du concept. «France Culture m’avait donné carte blanche pour un spectacle en direct, à la radio, du prestigieux Festival de théâtre d’Avignon. Comme je ne suis pas quelqu’un qui aime faire des lectures, contrairement à ma fille Lou qui est géniale, j’ai téléphoné à mon directeur artistique pour lui demander ce que je pourrais faire pour surprendre les gens. Il m’a dit : Vous avez chanté des chansons de Serge depuis 20 ans. Donc ils ont tout entendu. Tu peux en faire deux ou trois au piano, mais si j’étais toi, quitte à choquer les gens, j’essaierais de trouver un autre angle complètement. Écoute Djemel Benyelles. Ce que j’ai fait. Puis, quand j’ai demandé à Djamel de faire un essai sur Élisa, les gens de la maison de la radio étaient sidérés (…). Puis, j’ai rencontré un manager, je n’en avais jamais eu. L’idée d’aller chanter à Ramallah,Gaza et Tel-Aviv est venue plus tard. Fallait d’abord demander aux musiciens s’ils voulaient jouer à Tel-Aviv, ce qui n’était pas évident . Djamel Benyelles m’a répondu : écoutez, nous serions fiers de jouer des chansons de Serge Gainsbourg et d’avoir une audience de Juifs, debout, qui nous applaudit», se souvient la Jane avec émotions.

La sélection naturelle

Mais toute bonne chose ayant une fin, comment la muse de Gainsbourg choisit-elle ses chansons, désormais. Pour Fictions, son dernier album paru en 2006 par exemple ?«Je n’ai pas choisi les chansons pour «Fictions». C’est Gonzales et Renaud Letang qui ont fait un tri de ce qu’il leur semblait être les meilleurs nouveaux artistes en France et en Angleterre. La seule chose que je voulais faire moi était de chanter «Alice» de Tom Wait (paroles Kathleen Brennan). Je voulais aussi faire une chanson de Kate (Bush). Sinon, je n’ai pas d’idées moi, généralement. Et ils ont eu la bonne idée de récupérer Cali que j’avais refusé, et j’ai été bien bête, pour l’album «Rendez-vous» (2004). Et il y a eu Rufus Wainwright, j’ignorais qu’il avait du temps pour m’écrire des chansons quant à Divine Comedy, je n’aurais jamais osé leur demander des chansons. Pour Beth Gibbons cependant j’ai osé et pour The Magic Numbers, j’ignorais leur existence. C’est Gonzales qui était au courant de tout ces artistes qui ont écrit des chansons merveilleuses pour moi, qu’ils auraient du garder pour eux d’ailleurs. Les cadeaux sont somptueux. Est-ce qu’il m’est arrivé de dire à un artiste, même célèbre, que ça ne me convenait pas ? Oui, souvent. Mais je ne demande pas, en principe, aux personnes dont le travail est susceptible de ne pas me convenir. C’est moi qui fais la demande, donc c’est a priori, des personnes que j’aime. C’est plutôt eux qui ne trouvent pas l’inspiration ce jour-là où qui n’ont pas envie. Et ce n’est pas la moitié de la planète qui m’envoie des chansons», révèle l’attachante interprète. «Mais c’est vrai que nous avons reçu des réponses positives de toutes les personnes à qui nous en avons demandé. Même des personnes un peu obscures comme Tom Wait. Cependant, il m’arrive parfois d’écrire des choses comme la pièce Oh ! Pardon tu dormais. Quand on me demande de la jouer, je suis plus que contente car une pièce de théâtre ou une chanson n’existent pas si elles ne sont pas jouées. Mais de se mettre devant une page blanche pour vous écrire une chanson en plus de courir le risque de se faire dire «ce n’est pas ce que j’avais en tête» relève pour moi d’une modestie sans nom ».

Cette incarnation de la féminitude aérienne ailée d’humilité nous proposera un amalgame de chansons tirées de Fictions, Rendez-vous et, bien sûr, du répertoire de Seige. Mais que des chansons qu’elle n’a pas interprétées lors de ses trois escales montréalaises pour Arabesques comme «Manon» ou «Le moi et le je». Et si Seige se retourne dans sa tombe, ce sera pour mieux écouter. Of course.

Samedi 23 février 2008 à 19 h 30
Théâtre Maisonneuve - PdA
514-790-1245

jeudi 7 février 2008

Sandrine Kiberlain cd.


Sandrine Kiberlain
Coupés bien net et bien carré
EMI/Fusion 3
Deuxième encodé pour cette valeur sûre du cinéma français et ex petite amie de Vincent Lindon dont elle pleure ici le départ sous l’angle de la retenue en public malgré les sanglots intérieurs (excellente Parlons plutôt de vous). Avec des compositeurs doués pour les mélodies qui tuent tels Bazbaz, Daho, Mickey 3 D ou Souchon fils, la comédienne écrit des petits scénarios enveloppés de sonorité sixties et britanniques qui ne sont pas sans rappeler Françoise Hardy. La voix, bien sûr, n’est pas exceptionnel mais le climat général est agréable et devrait plaire aux amateurs d’une pop légère et un brin branchouille. Pour votre serviteur, l’impression qu’il s’agit d’un truc de calories plutôt vides, finalement. ** ½ (CA)

mercredi 6 février 2008

Yann Perreau dvd.


Yann Perreau
Perreau et la lune live au Quat’Sous.
Bonsound Records/Fusion 3

Réalisé par Éric Morin (Mange ta ville, ARTV), cette captation du dernier spectacle présenté au Quat sous avant sa démolition est tout simplement exquise. À la fois poète lunaire, crooner, rocker et farfadet de la nuit, Yann Perreau flanqué de l’excellent Alex McMahon au piano, claviers, voix, batterie, programmations… nous offraient un spectacle énergique et inspiré qui a subjugué tous ceux qui y ont assisté. Sacrés veinards que nous sommes, ils nous l’offrent en plus des six clips, d’images de coulisses et des deux cd live du spectacle sur lesquels on retrouve une relecture électro kitsh de La vie n’est pas qu’une salope et une rare Alabama Song. **** (CA)

mardi 5 février 2008

Bernard Lavilliers. cd


Bernard Lavilliers
Samedi soir à Beyrouth
Universal
Pour les uns, il est catalyseur de colères et témoin des affres de l’époque. Pour les autres, parlez-en aux Fatals Picards (tordante Bernard Lavilliers sur Youtube), il est à la chanson de ce que le président Chavez, auquel il rend hommage avec Tryo, est au général Alcatraz dans Tintin : une caricature. C’est en chaloupant les hanches sur les rythmes reggaes mâtinés de soul, de r & b et de calypso que nous tantôt rêvé de marins en cavale, de beautés du désert et d’amoureuse qui revient et tantôt lever le poing à l’endroit du capitalisme bimbo à la Sarko et poufiasse. Capté à Kingston dans le studio de Marley et à Memphis, ce chapitre plus intime succède superbement au magistral «Carnets de bord». **** CA.

vendredi 1 février 2008

Barbara cd.


Barbara
Le temps du lilas
Le chant du monde/Fusion 3
Ange de velours sombre, Barbara devait nous quitter en novembre 1997. Elle demeure à ce jour, au même titre que Ferré et Brel, une auréole qui plane au dessus des âmes mélancoliques et autres aficionados de la grande chanson à textes sublimatoires. Voici donc un coffret de 4 cd qui réunit 77 chansons recoupant 15 années de sa carrière, parfois entrecoupés de commentaires de la dame débusqués dans les archives de Radio-France et de l’INA. En plus de l’excellente qualité sonore des pièces voix et accordéon électrique ou piano, captées tantôt sur scène tantôt en studio, on y recèle 7 chansons inédites en plus d’un savoureux livret de 64 pages. De Nantes au Mal de vivre, voici l’ultime frisson noir de l’émotion. ****1/2