Journaliste culturel au «Journal Métro» (ex «24 H», «Ici», «Ici et là»...) et recherchiste, je cause cd, ciné et livres entre des commentaires politiques, des entrevues et un zeste d'humour frelaté.
lundi 24 décembre 2012
Les 100 commentaires : un certain couple médiatique.....
Aujourd'hui dans la série Les 100 commentaires dessinée par l'excellent Bruno Rouyère, c'est votre serviteur qui fait office de scénariste invité.
dimanche 23 décembre 2012
Dieu est mort, vive Bourdieu !
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Bourdieu et Marx : pour des centaines d'intellectuels de gauche le premier a remplacé le second au sommet de leur panthéon personnel de la pensée. |
Dieu est mort, vive Bourdieu !
Disparu en 2002, Pierre
Bourdieu fut sans doute l’intellectuel français le plus controversé de la fin
du XXIe siècle. Ultra cité partout
dans le monde même 10 ans après sa mort, ce penseur rock qui déboulonnait les
institutions a écrit une trentaine d’ouvrages et compte toujours des milliers
d’adeptes. Coup de bol, le Seuil publiait il y a quelques semaines Sur l’État. Une recension de ses cours
au Collège de France de 1989 à 1992 qui nous donne à voir un Bourdieu à la fois
plus pédagogue que jamais mais toujours aussi transcendant. Nous avons demandé à Fréderic Merand, politologue à l’Université de Montréal et auteur notamment
d’un article (avec Vincent Pouliot) portant sur Bourdieu de nous parler de Sur l’État.
M. Merand, pourquoi, selon-vous, devrions-nous lire
Bourdieu ?
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Le politologue Frédéric Merand de l'UdM |
Bourdieu fixe un
objectif ambitieux aux sciences sociales : mettre au jour les conditions
sociales qui rendent possible la vie économique, politique, familiale,
scientifique ou culturelle. Son œuvre séduit parce qu’elle permet de
« dénaturaliser » ce que nous prenons pour des réalités
évidentes : la nation, le marché, le talent, le goût, la science… Mais
elle dérange parce qu’elle montre que toute relation sociale se fonde sur une
inégalité de pouvoir.
Pour Bourdieu, qu'est-ce que l'État ?
L’État est bien sûr un
appareil bureaucratique, mais c’est surtout une puissante construction mentale.
« Parler au nom de l’État » donne un pouvoir considérable aux groupes
sociaux qui ont accès au sommet de l’État (juristes, hauts fonctionnaires,
médecins, patrons…). Il permet de dire qui est citoyen et qui ne l’est pas,
qu’est-ce que le mariage, où est l’ennemi, qui ira en prison… Bourdieu souligne
la réalité double de l’État, qui sert à réprimer (ce qu’il appelle la main
droite de l’État) mais aussi à protéger (la main gauche).
Bourdieu analyse la « révolution » de Mai-68 en
France. Peut-on établir un parallèle avec le «printemps érable» ?
Oui. Bourdieu analyse Mai-68
comme une crise du champ universitaire issue d’une démocratisation inaboutie.
Comme au Québec, la contestation est portée par ce qu’il appelle les
« facultés dominées » (lettres et sciences), où les débouchés
professionnels sont incertains, alors que les « facultés dominantes »
(médecine et droit… aujourd’hui on ajouterait gestion) sont plutôt indifférentes
au mouvement.
Bourdieu parle de révolution symbolique en donnant
l'exemple du peintre Manet...
Bourdieu aimait
analyser la vie et l’œuvre d’un personnage emblématique (par exemple Manet,
mais aussi l’écrivain Gustave Flaubert ou le philosophe Martin Heidegger) à
partir du milieu social dans lequel il a vécu. Manet intéresse Bourdieu dans la
mesure où sa trajectoire lui permet d’expliquer la formation au 19e
siècle d’un champ artistique moderne, autonome, qui ne dépendra plus des
académies ou des mécènes mais du jugement des artistes eux-mêmes.
Le concept de temps (calendrier, heures) est une
construction de l'État...
Paraphrasant le
sociologue allemand Max Weber, Bourdieu dit que l’État détient le
« monopole de la violence symbolique légitime ». C’est à travers
l’État qu’on obtient le pouvoir d’imposer des « principes de vision et de
division ». Presque toutes nos catégories de pensée ont été inculquées par
l’État, souvent à travers l’école : le calendrier avec ses congés
officiels et ses jours fériés, mais aussi les poids et les mesures, l’histoire
avec ses dates, ses héros et ses grands découpages, la géographie nationale,
etc. Derrière toutes ces distinctions, il y a des gagnants et des perdants,
mais nous nous soumettons de manière inconsciente à un ordre social, celui d’un
État et pas d’un autre.
Bourdieu pose son regard acéré au sujet de l'opinion
publique, il n'y croit pas?
L’un des textes les
plus connus de Bourdieu s’intitule L’opinion
publique n’existe pas. Sa critique des sondages d’opinion va au-delà de la
méfiance dont on doit faire preuve à l’égard de la formulation et de l’ordre
des questions. Pour Bourdieu, les gens n’ont souvent pas une opinion formée sur
quelque chose avant qu’on leur pose la question. En fait, les sondages sont
plutôt des instruments d’action politique. Dire que 66 % des Québécois
veulent ceci ou cela n’a de sens que dans la mesure où ça permet à certains
groupes de promouvoir leur opinion plutôt qu’une autre. C’est une façon de dire
que « l’opinion publique est avec nous » comme autrefois les rois
disaient que Dieu était avec eux.
Sur l'État : Cours au Collège de France (1989-1992)
Seuil, 2012
672 p.
Florilège bourdieusien
« Je
préfère
me débarrasser
des faux enchantements
pour pouvoir
m’émerveiller
des vrais
miracles. »
« La
télévision
a une sorte
de monopole
de fait
sur la formation
des cerveaux
d'une partie
très importante
de la population. »
samedi 22 décembre 2012
Les 100 commentaires : Manuel Foglia
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Aujourd'hui dans la série «100 commentaires» dessinée par Bruno Rouyere (quelle publication aura la bonne idée de la recruter ?), le scénariste invité est l'ami documentariste Manuel Foglia.
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Survol musical 2012
Survol musical 2012
Avec un concert adapté pour le public québécois, Johnny est venu, a vu et a vaincu.
Shows
Johnny Hallyday au Centre Bell
Oui, je sais. Mais justement pour cette démesure, ce clinquant assumé qui est doublé d’un charisme hors norme et d’une générosité sans faille. Parce qu’avec Batman et James Bond, il y a Djeuni. Il est venu, il a vu et il a vaincu en dépit de ses 69 balais. Total respect.
Zaz au Métropolis
Arrivé vers la fin du spectacle cet été au Métropolis, je l’ai observée, langue pendue, me réjouissant de découvrir sur scène cette gouailleuse sauvage. Loin de la fille plutôt fleur bleue subodorée, Zaz distille sur scène une énergie survoltée. Comme si on venait de retirer sa camisole de force à une évadée. Mention honorable à la voix écorchée, l’attitude point levée et le geste théâtral de la nouvelle Mélissmell vu sur You Tube et rencontrée en entrevue.
Richard Desjardins au Club Soda, Plume et Loco Locass aux Francos.
Le premier pour le côté «j’y étais» et la solennité jouissive de ce bilan de carrière, le second pour cette reprise décoiffante du spectacle All Dressed, sa pétarade de hits et son attitude désinvolte, les troisièmes pour avoir su canaliser, l’espace d’un spectacle, le désormais historique «printemps érable».
Disques
Old Ideas de Leonard Cohen
Loupé le spectacle du second soir au Centre Bell où il a chanté La Manic en français, m’en remettrai-je un jour ? Il restera pour les soirs de grandes quêtes existentielles, ce magnifique album auréolé de la magistrale Show Me The Place. Ma chanson de l’année issue de ce disque grandiose sur lequel se retrouve aussi, notamment, la superbe Darkness.
Aux Alentours de Marie Pierre Arthur
Avec cette seconde livraison sur laquelle ont participé le dream team constitué d’Olivier Langevin, François Lafontaine et Louis-Jean Cormier (Karkwa) ainsi que Robbie Kuster (Pat Watson), Marie-Pierre Arthur s’impose comme une artiste majeure au sein de la francophonie. Mentions spéciales à Avec pas de casque et Moran dont les Astronomie et Sans Abris sont à la fois chaleureux, réconfortant et superbement écrits. Vous avez dit addiction ?
Pour le plaisir des trames sonores des séries télévisées seventies, le côté psychédélique/funk, les influences de James Brown et de Frank Zappa, les effluves jazz et le côté sexe et festif de cette meute aussi sauvage qu’exaltée.
mercredi 19 décembre 2012
Les 100 commentaires : scénariste invité André Sauvé
Salut,
long time no see...
Voici le tout premier d'une série de dessins éditoriaux réalisés pas l'ami Bruno Rouyère et scénarisés par un invité différent à chaque fois. Voici celui de notre comique préféré : André Sauvé
ps: pour une résolution maximale, cliquez sur le dessin.
ps: pour une résolution maximale, cliquez sur le dessin.
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