Crédit : Diane Sagnier |
Du triomphalisme à la
vulnérabilité
Derrière le personnage aussi omniprésent que triomphant se
cachait un homme sensible et humain. C’est du moins ce que dévoile le tout
nouvel album de Patrick Bruel Lequel de
nous deux. Le premier depuis six ans. Rencontre.
Claude André
Lorsque, depuis la périphérie, on examinait le phénomène
Bruel, plusieurs observateurs voyaient en lui une belle gueule plus ou moins
clinquante, fédératrice de minettes, quand ce n’était pas cet ancien joueur de soccer
m’as-tu-vu qui aurait pu faire carrière ou encore ce joueur de poker
professionnel auquel tout réussi.
Puis, voilà cet album qui oscille entre le bon et le très
bon, dont l’écriture se révèle inspirée et les mélodies fort accrocheuses.
Bref, entre les retrouvailles de la bande de la Place des grands hommes, la double lecture que l’on peut faire de
la chanson titre, un hommage aux femmes de sa vie et une réflexion sur le
printemps arabe, Bruel touche et parfois émeut.
Comme si un élément capital l’avait à jamais transformé. «Il
y a peut-être un côté nostalgique et mélancolique parfois, mais c’est un album
tourné vers l’avenir. Surtout à travers le regard de mes enfants. Forcément,
lorsque tu regardes les choses avec lucidité et avec froideur, ce n’est pas
très encourageant. Il faut essayer d’enrober un peu tout ça», explique Bruel qui
a connu le divorce et dont un des copains de la bande de la chanson Place des grands hommes est vraiment
disparu. Ce qui nous vaut la suite; Dans
ces moments là, qui ouvre le disque.
Une œuvre intimiste, certes, mais aussi éclectique sur le
plan musical comme en témoigne ce duo avec le rappeur La Fouine dans Maux d’enfants. Une pièce qui exprime la
cruauté dont font usage certains jeunes sur les réseaux sociaux.
C’est pour faire accepter cet éclectisme que Bruel, qui a
beaucoup travaillé sa voix, a porté une attention rigoureuse aux textes. Ciment
de l’album. «Le mot d’ordre? Où allait le texte? Ensuite, nous installions les
arrangements, les couleurs musicales. Nous ne savions pas que Maux d’enfants serait un hip-hop ni que Lequel de nous deviendrait klezmer. Mais il est vrai que mes textes
sont peut-être plus aboutis. Puis, au final, de voir mon fils Léon, 7 ans, avec
cet objet dans les mains (l’album) et de le voir écouter les chansons en boucle,
ça a été vraiment très touchant, très touchant», enchaine l’heureux papa qui
prévoit se produire dans nos contrées à l’automne.
Lui qui nous quittera en imitant, avec un certain talent,
l’accent québécois : «Arrête don d’me niaiser, toué-là!» Ok, promis.
Lequel de nous deux en magasin dès aujourd'hui.
Bonus track : Qui le droit et le
Père Noël?
Chaque année depuis 9
ans, me revient votre chanson Qui a le
droit? lorsque vient le temps de Noël. Pensiez-vous aussi à ce grand
mensonge consumériste lorsque vous parliez de ces enfants à qui l’on ment? «Non,
non. Qui a le droit de profiter de la fragilité et de la pureté de l’enfance?
Qui a le droit d’abimer ça? Quand je chantais cette chanson, je n’avais pas
d’enfant. Maintenant, j’en ai deux. Noël, c’est comme la Saint-Valentin :
d’un côté, il y a cette immense machine marketing qui est très bien huilée et,
à côté de ça, tu as les yeux qui brillent de la femme pour qui tu as une
attention ou les yeux des enfants devant le sapin. Moi, je suis content de voir
les yeux qui brillent. Mais il ne faut pas que ce soit Noël ou la
Saint-Valentin tous les jours.»
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