vendredi 9 avril 2010

Entretien avec Paul Piché




L’inconscient collectif

Après une dizaine d’années d’absence tant sur disque que sur scène, Paul Piché revient nous secouer les idéaux à grands coups de refrains et de mélodies qui tuent

Claude André

Bien sûr, il y a eu ce disque de remix en 2004 qui n’était pas son initiative et quelques spectacles plus ou moins clandestins dans des bars ici et là.

Nous l’avons également aperçu en novembre 2007 alors qu’invité à une célèbre émission dominicale, il y a présenté sa «formule algébrique de notre inconscient collectif». Une théorie des cycles qui en a d’ailleurs laissé plusieurs perplexes (bien que la mode actuelle des albums de reprises)…

Pourtant, qu’il soit actif ou non sur le plan musical, l’artiste demeure constamment présent dans ledit inconscient. Un peu comme un grand frère qui viendrait nous rassurer quant à la justesse de certains idéaux.

Avec la morosité socio-économique ambiante, d’aucuns on pu penser qu’il en avait marre de son personnage de porteur de flambeau. S’y sentirait-il parfois à l’étroit?

«Oui, il peut y avoir un piège là-dedans, une sorte de prison. Pour mq part,  je n’ai jamais arrêté de chanter mes premiers hits et c’est peut-être parce que je les assume tellement, que ça ne se  produit pas… C’est vrai qu’il y a des artistes qui ont de la misère avec cela. Ils préfèrent que l’on découvre leurs nouvelles affaires. Moi, ça ne m’a jamais trop dérangé. Il y a des gens qui me disent : on a joué du vieux Piché sur le bord d’un feu. Ben, je suis le seul qui n’a pas pu faire ça…» rigole-t-il avant de préciser que ses chansons n’étaient pas encore faites à l’âge où il chantait devant un feu de camp.

C’est beau la vie

Pour cette grande rentrée où il sera entouré de son E Street Band à lui, pour faire référence aux supers musicos de Bruce Springsteen, Piché présentera ses classiques «feu de camp» certes mais également des pièces plus modernes et super accrocheuses comme «Je pense à toi» et, bien sûr, engagées comme la magnifique «Arrêtez» tirées de son plus récent album Sur ce côté de la terre.

Un opus aux textures organiques dont il se dégage une très agréable impression de familiarité dès les premières écoutes. Et qui comporte son lot de perles dont «La Vie», chanson qui reflète bien le propos général de l’album et dans laquelle il cause des saloperies humaines mais se dit, en regardant son enfant, que ceci compense néanmoins pour cela. «C’est exactement ça. Je suis vraiment heureux que tu le comprennes de même. C’est le paradoxe de la vie qui est à la fois extrêmement triste et cruelle avec l’injustice, les tremblements de terre, la laideur humaine qu’on y ajoute, les guerres.  En plus, on meurt et on perd des amis mais en même temps on trouve ça beau. On aime la vie et on veut la transmettre à un enfant ».

Parions que c’est ce que plusieurs auront envie de faire ce soir en sortant de la Place des Arts.

Paul Piché
Vendredi 9 avril à 20 h.
Salle Wilfrid-Pelletier

3 commentaires:

Anonyme a dit…

très belle phrase de P.P.:
''C’est le paradoxe de la vie qui est à la fois extrêmement triste et cruelle avec l’injustice, les tremblements de terre, la laideur humaine qu’on y ajoute, les guerres. En plus, on meurt et on perd des amis mais en même temps on trouve ça beau. On aime la vie et on veut la transmettre à un enfant ».'' qui à elle seule a donné un sens à ma journée d'écriture.

Anonyme a dit…

une chanson magnifique de Paul Piché, marié à une femme espagnole, un texte extrêmement fort, qui me rejoint jusqu'au fond de mes trippes. Pour tous mes amis amérindiens, gitans, pour tous ceux qui ne se reconnaissent pas dans un monde sans humanité,obsédé par l'argent,impitoyable,prêt à tuer les plus faibles sans une seconde pensée,
j'envoie à ce grand artiste cette chanson:
http://www.youtube.com/watch?v=uSjmc7AFdZ

Anonyme a dit…

pour Paul Piché, le poème
Liberté de Paul Eluard:


Sur mes cahiers d'écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J'écris ton nom

Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J'écris ton nom

Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J'écris ton nom

Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l'écho de mon enfance
J'écris ton nom

Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J'écris ton nom

Sur tous mes chiffons d'azur
Sur l'étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J'écris ton nom

Sur les champs sur l'horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J'écris ton nom

Sur chaque bouffée d'aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J'écris ton nom

Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l'orage
Sur la pluie épaisse et fade
J'écris ton nom

Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J'écris ton nom

Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J'écris ton nom

Sur l'absence sans désirs
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J'écris ton nom

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l'espoir sans souvenir
J'écris ton nom

Et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

Liberté.

- 1942 -

Ce poème provient du recueil intitulé " Poésie et vérité 42 "

et la chanson qui suit:

http://www.youtube.com/watch?v=rd0R2i5peLs